Nous l'avons dit tant de fois, et nous le
répétons, agissez votre guise, mais ne
nous troublez pas dans notre conduite.
C'est notre droit et votre devoir. Surtout,
que vos actes soient conformes vos prin
cipes; et que vous n'habituiez pas vos
enfants professer d'une part des princi
pes faux et de l'autre remplir maté
riellement et avec dédain certains actes
de la religion au sein de laquelle ils sont
nés.
Si vous suivez la mauvaise voie, soyez
conséquents, ne soyez pas hypocrites.
Ceux-ci sont méprisables, ceux-là ne sont
qu'à plaindre.
La session de la cour d'assises de la
province de la Flandre-Occidentale, pour
le quatrième trimestre de 1841, s'ouvrira
Bruges, le Lundi 15 Novembre, sous la
présidence de Mr Verbaere, conseiller près
la cour d'appel.
Bruxelles, 29 Octobre.
Il se confirme que le nouveau projet
d'une réorganisation de la garde civique
s'élabore activement dans les bureaux
ministériels et sera présenté dans le cou
rant de la session qui va s'ouvrir.
Le 20 de ce mois, vers 6 i/a heures
du soir, une tentative d'assassinat a été
commis dans un bois nommé Binnedael,
situé sous la commune d'Esschene, près
d'Assche, sur le nommé L. Yandenbossche,
âgé de GO ans, marchand colporteur, né
Gand et demeurant Alost, par deux in
dividus inconnus, très-mal vêtus. L'ayant
rencontré ils lui demandèrent la bourse
ou la vie; sur sa réponse qu'il n'avait pas
d'argent, ils le saisirent et le traînèrent
dans le bois une distance d'environ 80
pas, où ils le jetèrent terre et l'un d'eux
lui porta un coup de couteau la gorge.
La blessure est transversale de la longueur
d'un pouce et demi. Ils lui ont pris la
somme de sept francs dont il était porteur.
Toutes les recherches faites jusqu'à pré
sent pour découvrir les auteurs de ce
crime ont été infructueuses; la brigade de
gendarmerie d'Assche continue ses re
cherches.
FRANCE*
Le 23, après le conseil qui s'est tenu
deux heures au palais de Saint-Cloud, M.
Guizot est revenu au ministère des affai
res étrangères, d'où il a immédiatement
fait partir trois courriers, l'un pour Ma
drid, l'autre pour Londres et le dernier
pour Vienne.
Il paraît qu'à tout événement le gou
vernement français veut se mettre cou
vert des représailles provoquées par ceux
qui se sont fait chez nous les complices de
la révolution espagnole. (Presse.)
Une correspondance de Madrid du
10 octobre, parlant des coups de feu diri
gés contre des personnes qui sortaient de
l'ambassade française Madrid, ajoute les
lignes suivantes que nous copions textuel
lement
Le chargé d'affaires belge est extrême
ment mécontent de ce que, dans la nuit
du 7 au 8, son domestique, en passant
tranquillement dans la rue, a reçu une
balle qui lui a enlevé la peau du menton,
et cependant c'est un fait bien moins
grave, puisqu'on ne le connaissait pas.
La mort de Diégo Léon, dit le Jour
nal des Débats, a fait une profonde sensa
tion Madrid. Toutes les instances faites
auprès du régent par des généraux et par
des notables citoyens de Madridont été
vaines. La garde nationale demandait la
tête du général rebelle et vaincu; elle le
retenait prisonnier. Espartéro a cédé la
garde nationale; d'autres disent Linage,
ennemi particulier de Diégo Léon. L'ordre
d'exécuter la sentence prononcée par le
conseil de guerre a été donné.
Le Diario donné quelques détails
nouveaux sur l'exécution de don Diégo
Léon
Le conseil de guerre permanent des gé
néraux, a condamné être passé par les
armes, le général don Diégo Léon, dont
l'exécution aura lieu demain, 15, une
heure, au-delà de la porte de Tolède. Un
détachement" de chaque corps des troupes
composant la garnison et de la garde na
tionale assistera cette exécution. Hier et
aujourd'hui, de nombreuses précautions
ont été prises deux bataillons de la garde
nationale ont été consignés, et ce matin
ils occupaient toutes les avenues condui
sant au bâtiment où se trouvait le mal
heureux général. Plusieurs maisons voi
sines, entre autres celle du Gremios,
avaient été militairement occupés.
A une heure, une foule immence en
combrait toutes les rues que devait tra
verser le général quand l'heure a sonné,
un escadron de cavalerie et un détache
ment de provinciaux sont sortis précédant
la voiture où se trouvait le condamné avec
deux gardes et son confesseur D. Eduardo
José Carasas. Le général portait un uni
forme élégant de hussard, il était coiffé
de son shako et il avait des gants blancs.
Sa physionomie ne trahissait par la moin
dre crainte et il n'a pas cessé de regarder
le public. Cette sérénité imperturbable
honore le peuple espagnol, elle rappelle
la valeur des générations passées.
Arrivé au lieu de l'exécution, le général
a déclaré qu'il ne fléchirait pas le genou
et qu'il ne tournerait pas le dos. attendu
qu'il n'était ni un traître, ni un lâche. Il
s'est frisé la moustache, a assure son
shako sur sa tête et a ordonné aux soldats
de viser ceux ci ne se pressant pas ou
hésitant le viser, il a crié avec une sorte
i
pour exciter les guerriers aux combats. Tantôt elle exha
lait des aroens aussi doux que ceux du ramier et de l'a
moureuse fauvette. Chacune de ses cordes avait une vertu
différente. L'une guérissait la mélancolie, une autre, plus
puissante, pouvait, par ses sons ravissans, chasser du coeur
la colère, la jalousie et toutes les passions haineuses et
cruelles. Une autre apaisait les transports douloureux de la
fièvre, et ranimait les forces du guérrier épuisées par des
fatigues ou des blessures. Ainsi parlaient les bons villageois.
Le cœur de Palmina tressaillit ces récits.
On l'aimait la douoe Palmina; on la plaignit la pauvre
orpheline.
Elle aussi, savait calmer les peines et les douleurs quand
une fièvre contagieuse désormait les hameaux de l'Ultonie (i).
Palmina volait partout où le fléau avait pénétré. Par des
paroles consolantes, elle inspirait ceux qui souffraient, le
courage et la résignation. Elle connaissait la vertu des
plantes salutaires plus agile qu'un jeune chevreuil, elle
allait les cheicber sur les montagnes, et les apportait avec
joie ceux que leur suc bienfaisant devait guérir.
Mais sur le front de la jeune vierge, régnait une indé
finissable mélancolie. Elle pensait ceux qui lui avaient
(i) Partie de l'Irlande.
PARIS, 28 OCTOBRE.
donné l'être et dont ses yeux n'avaient jamais contemplé
les traits, sa mère dont elle n'avait jamais reçu les
caresses. Car Palmina était comme le rosier qui fleurit sur
un tombeau.
Seule; au fond de la vieille tour, quelquefois, d'une
main timide, elle effleurait la harpe d'Ulin, suspendue
dans la salle d'armes, au milieu des antiques boucliers et
des ramures de cerfs. Quelquefois elle allait rêver sur les
bords du lac d'azur, et sa voix faible mais douce s'unis-
sant au murmure des brises de la nuit. Elle chantait
Jeune rose, amour du zéphir,
Que ses baisers ont embellie,
Hier, sur ta tige affaiblie,
Tu languissais, prête mourir.
Souffle d'amour t'a ranimée
Pour ne vivre hélas, qu'un matin;
Un matin, tu sera aimée;
Ne déplore pas ton destin!
Je vois s'accumuler des jours
Que n'embellit point l'espérance,
De mon inutile existence,
Je vois se prolonger le cours.
Toi que l'amour a ranimée
Pour ne vivre hélas! qu'un matin,
Toi qui fus un moment aimée,
Ne déplore pas Ion destin!
Tu meurs, zéphir te cherche en vain,
Tu meurs... hélas! je vis encore?
Pauvre fleur, tu venais d'éclore;
Mais j'ai langui dans le chagrin.
Souffle d'amour t'a ranimée
Pour ne vivre hélas! qu'un matin,
Mais un moment tu fus aimée;
Rose, il fut heureux ton destin
Palmina chantait encore... Elle croit entendre un soupir
douloureux. Elle écoute... serait-ce le bruissement des
feuilles non, des gémissemens, des plaintes articulées par une
voix humaine, sortent de l'épaisseur de la forêt.
Le jour baisse et la forêt est noire. Mais nulle terreur
n'arrête la fille des héros. Elle pénétre dans le bois sombre.
Elle voit couchée au pied d'un chêne, un guerrier qui semble
mortellement blessé. Sa cuirasse a été brisée sur son sein, d'où
le sang s'échappe grands flots. Une effrayante pâleur s'étend
sur son front. Pourtant, il respire encore. Muette de douleur