B'IMilt
D'AFriCDES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERSES.
No 2519.
MERCREDI, 24 Novembre, 1841.
25me Année.
BELGIQUE.
Le Projet de loi sur l'exercice des diffé
rentes branches de l'art de guérir par MM.
Lepoutre, médecin Poperinghe, et Petit,
médecin Watou (auteur des observa
tions sur le Projet Bruxellois, Anvers,
Dewever frères, rue Bourse Anglaise.
1841), est sous presse. Quelques jours
encore, et il sera soumis l'appréciation
du monde médical.
La création inattendue et par simple
arrêté royal d'une Académie de Médecine,
a déterminé les auteurs supprimer de
leur ouvrage la partie qui y était relative.
Nous allons la communiquer nos
lecteurs, tant pour donner un aperçu du
travail de ces hommes dévoués et capables,
que pour faciliter le rapprochement entre
les dispositions de l'arrêté créateur de
l'Académie et ce que l'on eût pu obtenir
d'une loi, mûrement préparée par ceux
qui y ont le plus d'intérêt et publiquement
discutée dans le sein des chambres par
les mandataires de la nation.
EXPOSÉ DES MOTIFS.
PROJET DE LOI.
LE PROPAGATEUR,
Ce Journal paraît le MERCREDI et le SAMEDI. L'a
bonnement est de 4 fr- par trimestre pour la Ville, et 4
fr, 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste.
Les insertions se paient 17 centimes la ligne. Affranchir
les lettres.
flnrtnrtnnnrtnnnnnrytnrinnnfTinrtnnrinnnnrtnnnrinnnnnnnrtnD
Ypres, 24 Novembre.
DE L'ACADÉMIE DE MÉDECINE.
Depuis que la Belgique s'est émancipée de la domination
étrangère, elle rivalise en toutes choses avec les autres
peupleselle devance même, dans plusieurs cas, l'industrie,
les arts et les sciences chez les premières nations du globe.
Pas plus que la Belgique politique, industrielle et com
merciale, la Belgique médicale ne doit être tributaire de
ses voisins. Pour qu'elle, soit affranchie, sous un nouveau
rapport, il lui manque un parleiueut scientifique constitué
sous la protection du Roi, qui rende la hiérarchie médi
cale belge tout l'éclat de gloire et de prospérité dont elle
est susceptible de briller.
Si Ton considère, d'une part, que de toutes les sciences,
celles qui concernent l'art de guérir ont le plus besoin d'un
pouvoir modérateur qui les domine et les guide dans leurs
progrès, qui eu prévienne ou en réprime les élans désor
donnés; et, d'autre part, que l'arbre médical ne ileurit et
De fructifie pour un peuple quo lorsqu'il le cultive chez
lui qui pourrait contester l'utilité, la nécessité d'une académie
de médecine en Belgique?
Les bienfaits qui découlent en abondance de nos jeunes
institutions doivent nous inspirer le désir de les compléter,
et il est plus que tems de mettre la main l'œuvre pour
créer un aréopage dont les lumières répandent la fois du
bien-être et de la gloire sur la patrie. Contester ses avan
tages, serait contester ceux de la médecine elle-même, de
cette science qui est indispensable l'homme d'état comme
au simple particulier; au chef d'un établissement public
comme au plus obscur père de famille; la conservation
des nations comme celle des individus.
Le principal but de l'académie sera d'opposer une espèoe
de digue au débordement de ces esprits exaltés qui, soit
dans l'intention de se frayer une route la gloire et la
fortune, soit dans celle de forcer la marche lente et aride
de l'observation, rêvent des doctrines qui ne tendent le
plus souvent qu'à imprimer une impulsion partielle la
science au préjudice de ses progrès généraux. Afin que le
monde médical ne puisse plus se laisser éblouir par des
leurres charlatauesques et des systèmes erronés ou exclusifs,
nous proposons que l'académie s'oblige publier une analyse
critique de tout ouvrage de médecine qui contiendrait des
principes contraires ou opposés aux principes généralement
établis par le temps et l'expérience.
Si l'académie doit être composée d'hommes animés
de l'amour du travail et de la science, pour qu'elle puisse
répondre complètement sa destinée, aucun mode d'orga
nisation ne nous semble présenter plus de garanties, que
celui qui a lieu par concours. Le concours, cette pierre de
touche des capacités, préviendra les nominations dues la
protection, la prévention, des dehors séducteurs qui
usurpent trop souvent la place méritée par des hommes
instruits, mais peu renommés, parce qu'ils sont plus modestes,
ou moins favorisés de la fortune.
Cette voie a été embrassée par nous dans toute sa largeur.
Il n'y a pas d'exception pour l'établissement primitif de
l'académie. Ceux qui présideront au concours général, devant
être les envoyés du corps-médical même, l'intrigue sera
moins redouter; l'impartialité plus sûre, plus complète.
Dans l'intention de faciliter la marche des travaux, et
de faire traiter les divers objets par ceux qui y sont spé
cialement versés, nous divisons l'académie en cinq sections,
dont chacune comprendra une ou plusieurs branches de
l'art, selon leur importance et leur étendue, ou le lien
réciproque qui les unit.
Si les hommes de l'art sont seuls compétents pour juger
de la capacité que leurs collègues possèdent dans ses diffé
rentes branchesil faut que l'académie élise dans son
sein, les membres qu'elle juge couveuir chaque section.
L'absence étant souvent déterminée par maladie ou autre
cause, le nombre de onze membres par section nous paraît
nécessaire.
Les assemblées trop fréquentes gênent les membres, et les
réunions trop rares ne sont pas assez profitables la science.
Pour éviter les inconvénients que les extrêmes produisent,
nous proposons une réunion mensuelle pour les membres
résidants, et une réunion quatrimestrielle générale pour
délibérer sur les objets les plus importants. L'une de
celles ci serait annuellement en partie publique et destinée
rendre compte de tous les objets qui intéressent le corps
médical et la société entière
Sans doute, il faut que, dans la grande hiérarchie con
stitutionnelle, tous les pouvoirs soient liés enlr'eux, et se
rattachent un pouvoir central. Mais pour arriver ce résultat,
nous n'avons pas cru devoir soumettre l'admission des ti-'
tulaires la volonté suprême; la qualité de Belge, le doctorat
dans l'une des branches de l'art de guérir, et la supériorité
reconnue au concours sont des garanties qui excluent le
besoin, l'utilité de toute autre sanction. En revanche, nous
avons jugé propos de confier au Roi, sur les listes des
sections, de désigner les membres qui constituent le conseil
d'administration ou le bureau général de l'académie. Nous
avons en outre accordé au gouvernement la faculté de
faire des convocations extraordinaires; nous avons réservé
au chef de l'état, pour des motifs de haute gravité, la
faculté d'enlever son titre un membre de l'académie.
Art. 1. La Belgique aura une académie royale de mé
decine.
Elle sera établie Bruxelles et composée de membres
titulaires, honoraires et correspondants.
2. Cette institution aura pour but spécial a) la solution
des questions que lui adressera le gouvernement ou les
chambres médicales provinciales; b) les études et recherches
sur tout ce qui peut intéresser les progrès de Part de guérir,
la dignité de ses ministres et le bien de l'humanité; c)
Uexamen des remèdes nouveaux et secrets.
3. L'académie se divisera en cinq sections ayant les at
tributions suivantes
irc section Anatomie et physiologie anthropologiques et
comparées.
3me section Médecine théorique et pratique.
3me section Chirurgie et obstétrique.
4me section Hygiène publique, médecine légale; police
et philosophie médicales.
5m« section Pharmacie, physique, chimie et histoire
naturelle médicales; médecine vétérinaire.
4. L'académie formera ses sections par voie d'élection.
5. Chaque section sera composée de onze membres titu
laires, dont cinq résideront Bruxelles.
6. La place d'un titulaire devenue vacante sera remplie
au moyen d'ua concours.
A défaut de concurrents, le Roi nommera chaque titulaire
nouveau sur une liste de trois candidats proposés par
l'académie.
Les membres titulaires qui donneront leur démission
seront membres honoraires.
8. Les membres correspondants seront élus par les titulaires.
Les présidents et secrétaires des chambres médicales seront
de droit membres correspondants,
9. Nul ne pourra être membre titulaire s'il n'a reçu le
droit d'exercer en Belgique une branche de l'art de guérir
et s'il n'est Belge de naissance ou par naturalisation.
10. Les questions proposées pour le concours une place
vacante seront les mêmes pour tous les concurrents et re
latives la section laquelle le membre remplacer
appartenait.
11. Le titre d'académicien est vie.
Cependant le Roi pourra, pour manque aux devoirs ou
pour négligences graves, démisionner les membres de l'a
cadémie.
12. Le mode d'élire et de délibérer sera le même que celui
adopté pour les chambres médicales.
13. Chaque section élira son bureau parmi les membres
résidants, il sera formé d'un président, d'un vice-président et
d'un secrétaire.
14. Le bureau général sera composé d'un doyen, d'un
vice-doyen, d'un secrétaire, d'un secrétaiie adjoint et d'un
trésorier, pris parmi les membres résidants. Ce bureau
formera le conseil d'administration desliné gérer les
affaires de l'académie.
Le conseil d'administration sera nommé par le Roi sur
une liste double de candidats présentée par chaque section.
15. Les bureaux, tant de l'académie que des sections,
seront renouvelés tous les trois ans les membres seront
rééligibles.