raiii» D AFFICHES, AMOÏCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERSES. N<> 2520. SAMEDI, 27 Novembre, 1841. 25me Année. BELGIQUE. Quels hommes que les Messieurs du Progrès! Ne voilà-t-il pas qu'ils ont décou vert un abus, une odieuse absurdité dans le refus d'un évêque d'attacher un prêtre un établissement qui ne lui offre pas les garanties nécessaires. Et l'occasion de cette bonne découverte, ils viennent de traduii'e leur barre nos évêques en masse, l'effet de s'y entendre dire qu'ils ont manqué toutes les convenances (con venances! là où il s'agit de principes et de foi; cela s'entend-il?) et tous les devoirs comme prêtres et comme fonctionnaires pu blics. Ah j'en suis sûr la Belgique ne se doutait guère qu'il y eût tant de mauvais vouloir de la part de ses évêques fonc tionnaires. Pour s'en convaincre, il a fallu que le Progrès dénonçât aux Yprois Monseigneur de Bruges, auquel il dénon çait, il y a peu de jours M'le doyen des Yprois. Quoique nous ne soyons guère initiés aux secrets des évêques, la mesure qu'ils ont prise ce sujet nous semble facile justifier. Un ancien inspecteur de l'uni versité de France qui, en cette matière, est une autorité compétente, en convaincra le public. Quel serait, dit Mr Laurentie, Coffrée d'un aumônier de collège, qui enseignerait soigneu sement et péniblement la religion aux enfants, tandis qu'à côté de lui des maîtres indiffé rents ou légers, je ne dis rien autre chose, laisseraient aller tout hasard leur esprit parmi toutes les folles erreurs qui se rencon trent dans les études humaines? Cet aumônier serait là pour déguiser un grand égarement et souvent une grande corruption. Sa parole serait emportée par les vents, et il n'en reste rait qu'un vague souvenir de jeunes âmes bientôt séduites et précipitées par d'autres leçons. Faisons observer que cet inspecteur des études, par sa longue expérience, était même de juger de l'état des collèges communaux. En effet, quoi de plus légitime, quoi de moins odieux, de moins absurde que de refuser son appui et son concours une institution qui ne donne pas les garanties nécessaires? L'évêque doit-il donc agir avec témérité et en aveugle? ou faudra-t-il que chaque fois qu'une administration com munale ou un gouvernement s'avise d'é riger un collège, le prêtre s'empresse de lui donner son assentiment, de lui vouer sa confiance et de lui accorder son con cours et son appui Cette administration, ce pouvoir serait acatholique, impie, ennemi de la religion, qu'il faudrait encore, ce sont les consé quences de ce que le Progrès a avancé, en accueillir favorablement la demande. Et les chaires du collège seraient oc cupées par des hommes indifférents, voire même hostiles la morale et la religion, qui ne manqueraient pas d'inculquer la jeunesse leurs principes antisociaux et antiréligieux, des hommes qui prêche raient (surtout d'exemple, enseignement, auquel de jeunes cœurs ne résistent point) l'indifférence en matière de religion, le mépris des lois de l'église et la haine de ses ministres. Sans doute, il en est qui remplissent la sublime mission d'aller éclairer de la foi les peuples ignorants des contrées les plus lontaines; mais prêcher l'évangile, montrer la vérité ceux qui ont des yeux pour ne point voir, des oreilles pour ne point entendre, serait un acte que la reli gion ne requiert point évidemment, un acte qui porterait en quelque sorte l'em preinte de la folie. Qu'on n'envisage donc pas comme une mesure générale le refus que le collège communal vient d'essuyer. Nous connaissons plus d'un collège municipal qui sont appuyés par l'autorité ecclésiastique, parce qu'ils offrent des élé ments de succès. Au surplus, il pourrait paraître assez étrange que le refus d'un ecclésiastique au collège communal allarme tant ces messieurs qui pour eux-mêmes se passent si facilement des prêtres et de leur minis tère. La raison en est simple ce prêtre serait là, pour aveugler les parents sur le sort de leurs enfants. On vient de découvrir Ypres un magnifique tableau caché depuis nombre d'années dans l'épaisse maçonnerie d'un mur d'un vieux bâtiment. Ce tableau très bien conservé et peint sur bois est haut de 10 pieds 1/2 et large de 6 1/2; on a la cer titude qu'il est le même qui ornait jadis l'autel d'une des nefs latérales de la ci- devant église des Jésuites, démolie comme tant d'autres monuments pendant la ré volution Française. Rien notre avis, ne saurait égaler la correction de dessinla transparence du coloris et le fini extraor dinaire de ce chef-d'œuvre, où le peintre a réuni la richesse de la composition et des couleurs l'entente de l'ensemble. Ce tableau représente plusieurs Saints; au haut la Ste-Vierge étend gràcieusement la main gauche pour donner une branche de laurier; du côté droit se tiennent S'e- Cathérine et une Vierge, cette dernière semble demander une grâce ou implorer la protection de la mère de Dieuportant sur sa tête une couronne soutenue par deux Anges. Plus haut et du même côté on voit aussi S-Jean, près de lui est un agneau, et du côté gauche Sl-Pierre et S-Paul. Plus bas sont les portraits de deux RR. PP. Jésuites agenouillés, ils sont de grandeur naturelle; l'un a les mains jointes et l'autre tient un rosaire; deux livres se trouvent devant eux. On apper- çoit assez distinctement sur ce tableau ces trois lettres PPR., qui selon l'opinion des amateurs ne signifieraient rien moins que Pierre-Paul Rubens; et en effet, cette admirable production est digne du grand- maître, du prince de l'école flamande; tout y est d'un mérite supérieur, d'une vé rité frappante. Ce tableau est sans contredit le plus beau morceau de peinture qui soit dans la ville d'Ypres. 11 se trouve momen tanément au salon de la société de Saint- Sébastien. (Art. communiqué.) LE PROPAGATEUR, Ypres, 27 Novembre.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1841 | | pagina 1