D'AfFICDES, ANNONCES, AVIS Et NOUVELLES DIVERSES. N« 2543. 25me Année. INTERIEUR. 7??L3S, 16 Février. La proposition de Mr Ganneron tendant exclure les fonctionnaires de la chambre des Députés, n'a pas obtenu les honneurs d'une prise en considération. Destiné rallier autour de lui différentes nuances d'opposition, le bill d'incapacité a été combattu surtout par trois arguments. L'égalité est le principe dominant de la société française c'est aller contre le principe, que d'étendre légèrement les éliminations par catégories; La France n'a pas se plaindre de la chambre telle qu'elle a été composée de puis la Révolution de Juillet donc une innovation serait inopportune; Enfin la proposition jetée sur le tapis n'est qu'une vœu de la minorité désireuse de remplacer la majorité, sans offrir en perspective aucun bien réel pour le pays. Invoquer l'égalité, c'était attaquer la gauche avec ses propres armes; mais si ce moyen était le plus adroit, le deuxième était le plus fort selon nous. Quel en seignement peut-on admettre en politique qui soit plus grave que l'expérience? Et FEUILLETON DU PROPAGATEUR. PREMIÈRE RÉPONSE QUESTION PRÉTENDUE GRAVE. si malgré le reproche de servilisme par fois passionnément prodiguéles Députés fonctionnaires appelés par quelques col lèges électoraux, n'ont pas influé d'une manière dommageable sur les tendances de la chambre législative, pourquoi, re bours d'un passé honorable, se jeter dans les utopies d'un puritanisme exagéré? Mais remarquez que la même argumen tation se présente pour réfuter les ré clamations des progressistes qui tachent parfois de se populariser en Belgique, en provoquant une révision de la loi élec torale. Quand on juge cette loi par ses effets, par les travaux des différentes lé gislatures qui se sont succédées, par l'at titude digne et prudente de nos chambres dans les circonstances les plus difficiles où puissent se trouver engagées les insti tution encore jeunes d'un peuple, il faut convenir que la sagesse conseille de ré léguer un avenir indéfini le moment où il sera utile, où il sera permis de toucher une matière tenant de si près aux fon dements de l'édifice social et constitution nel de la patrie. Lundi dernier, la police a fait de nou velles recherches l'endroit où le mal- heureux Goeman a été assassiné. 11 faut que l'on ait découvert quelques indices de nature donner de la consistance aux soupçons qui, de prime abord, avaient pris naissance dans le public, car M' le juge d'instruction s'est immédiatement rendu sur les lieux et la femme de la victime a été conduite Ypres sous man dat de dépôt le jour même. Une fille, qui a été servante dans plu sieurs maisons de cette ville et qui de meurait dernièrement Vlamertinghe vient d'être écrouée sous la prévention d'avoir commis l'infanticide dont nous avons parlé dans notre dernier numéro. Quiconque veut être du Progrès, n'em- ployera plus, pour boire le Champagne, ni les petits verres, ni les grands verres. Au le bon vieux temps, la bonne heure! Mais aujourd'hui on boit le Champagne dans la bouteille même. Lecteur incrédule, vous aurez votre apaisement chez les commissaires de ser vice au dernier bal de la Concorde. LE PROPAGATEUR, A CKB En quoi la solution de cette question, prétendue grave, peut-elle être utile la science et l'art Mais d'abord qu'on veuille nous dire quels remèdes la science du médecin a su apporter jusqu'à présent aux souffrances de l'àme, et quel parti son art a pu tirer de l'analyse des mouvemens de l'âme? Que lui importe l'âme? il n'y croit pas. Cette puissance si forte, qui tour-à-tour domine la femme et l'élève au- dessus de la terre, n'est pour lui que le résultat de l'orga nisation nerveuse, plus ou moins modifié par les circonstances ou l'éducation. Plaisante explication! C'est donc alors le résultat de l'organisation même qui détruit l'organisation? S'il en est réellement ainsi, où trouver le remède? A quoi bon analyser les effets bizarres produits par une organisation qui a puisé en elle-même des souffrances d'autant plus intimes et plus profondes qu'elle est plus oomplète et plus parfaite? Femmes, on vous demande cependant de raconter la douleur que vous causent les approches de l'âge ou vous cessez de plaire; on vous demande de décrire avec minutie Uabattement où vous jette l'abandon du monde; on vous demande de laisser voir combien vous épouvante la seule pensée de vieillir! Osez répondre Que l'homme regarde en lui-même! que celui qui fut puissant et qui tombe; que celui qui s'éleva par ses dignités au-dessus de tous, et qu'une disgrâce rejette dans la foule; que celui qui se distingua, par les facultés de son intelli gence, et qui sent ses facultés s'affaiblir; que celui qui domina son siècle par l'étendue de son génie, et que sou siècle oublie; que tous ceux enfin qui connurent les jouis sances d'un règle de trop courte durée, disent ce qu'ils éprouvent lorsque ce règne finit, et la question sera résolue et la scieuce et l'art auront reçu les lumières qu'on réclame en leur nom! Vieillir est difficile tous. Vieillir, c'est perdre tout ensem ble ses illusionsses rêves et le pouvoir de s'en créer d'autres; vieillir, c'est devenir la risée d'un monde frivole; vieillir, c'est se survivre dans ce que la vie a de plus aride et de plus amer. Mais que l'homme ne vienne pas dire que seul il sait vieillir sans faiblesse! qu'il voit d'un œil serein le temps lui enlever les grâces extérieures; la génération nouvelle le dépasser dans les lettres ou les sciences; les succès d'hier s'effacer par les succès d'aujourd'ui; son nom, si souvent proclamé aux académies, aux théâtres, dans les salons de la diplomatie, céder le pas d'autres noms! Demandez la compagne de celui que le monde encensa; demandez aux fils de l'hommejadis célèbredemandez tous ceux qui l'entourent comment il supporte la ^>erte journalière de chacun des avantages dont la nature 1 avait doué Et cependantpour l'homme le respect pour nous le On mande de Tournai, 12 février Une quinzaine de boulangers de cette ville viennent d'être condamnés par le tribunal de ridicule Pour l'homme les emportemens d'une vaine colère; Pour nous la souffrance muette! Pour l'homme le droit de faire peser sur tout ce qui l'entoure l'humeur dont son âme est oppressée, le poids des inutiles regrets qui le rougent, les conséquences amères de quelques essais malheureux, tentés dans l'espoir de recouvrir une partie de ce qui lui échappe; pour nous la liberté de pleurer en secret, la dure condition que notre visage ne conservera aucune trace de chagrin ni de pleurs! Mais elle ne pleure pas la femme dont la raison fut de bonne heure cultivée; elle ne pleure pas celle qui sut avant l'âge où sa beauté commence se flétrir, développer en elle une beauté plus durable! Elle ne pleure pas celle qui revit dans ses etifans; elle ne pleure pas celle dont une vie paisible a conservé l'esprit dans toute sa fraîcheur! Seule, elle pleure, celle que le monde a encensée; celle que les hommes ont enivrée d'hommages; celle dont ils ont égaré l'esprit, perverti l'âme, et qu'aujourd'hui la douleur d une première ride vient de livrer leurs risées! car l'homme est sans pitié pour la femme qu'il a faite vaine; pour celle qui il a enlevé les jouissances intellectuelles, comme pour celle qu'il a dépouillée du sens moral. Pour celles-là être aiméesc'est plaire; pour celles-là voir s'éteindre le feu de leurs regardsse faner leur beautés'altérer le jeu de leurs traits charmans; c'est ce que la douleur a de plus profond et de plus poignant Et celles-là ont le droit, chèrement acheté, de répondre l'homme qui leur demande en souriant de livrer au scalpel de l'analyse la cause de leurs souffrances Prétendre trouver dans le récit des maux nui viennent de vous le moyen de les yuerir, c'est joindre l insulte l'ironie la plus amère

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Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 1