D'AFFICHES, AMORCES, ATIS ET NOUVELLES DIVERSES.
No 2556.
SAMEDI, 2 April, 1842.
25me Année.
INTERIEUR.
7PP.S3, 2 Avril.
Cela s'entend! quand on ne veut pas
dire du bien et que l'on n'ose pas dire du
mal; quand on ne veut pas être vrai et
que l'on n'ose pas être faux, il y a toute
nécessité de se taire. Donc le Progrès a
commencé par garder le silence l'égard
de Mr le commissaire de district. C'est
même contre-cœur qu'il a enregistré la
nomination, mais il avait remplir un de
voir envers ses abonnés (on ne conçoit pas
de journal sans abonnés),
Le Progrès affecte des ai rs graves d'impar
tial ité (et qui ne le fait point par le temps
qui court); cependant nous prendrons la
liberté de communiquer tout haut nos
lecteurs nous aussi, nous croyons avoir
des lecteurs) que nous n'ajoutons pas foi
entière l'assertion qui précède. Vous
FEUILLETON DU PROPAGATEUR.
NOTRE-DAME DE LORETTE.
vouliez attendre les actes du fonctionnaire,
c'est possible; vous vouliez les attendre
pour approuver ou blâmerce n'est pas pro
bable. Le Progrès ne juge point les hommes
qui ne sont pas de son bord; il les censure,
s'il ne les injure pas. Or, Mr Denecker n'est
pas un homme du Progrès; donc vous atten
diez les actes du fonctionnaire, pour blâ
mer et rien que pour blâmer le choix du
Gouvernement. Cela est ainsi, vous en con
viendrez en vous-même, nous ne devons
pas nous attendre un aveu public.
Une feuille d'annoncesquelle in
sulte!Le Propagateur ne se relèvera
jamais d'un coup pareil!.... enfoncé le
Propagateur!.... Une feuille d'annonces!....
Oserons-nous l'avenir conserver le titre
de Journal d'Ypres? Notre éditeur est-il
bien l'éditeur d'un journal? Eh ma foi,
nous en doutons. Le Progrèsla lumière
de la lumière de l'orient, a prononcé que
nous ne sommes pas un journal. Une feuille
d'annoncesNe rions plus, ces annon
ces-là nous font tant de bien, elles font
tant de mal au Progrès, qu'il y aurait incon
venance rire davantage. Sérieusement
sommes-nous coupables d'avoir des an
nonces, tandis que vous n'en avez pas.
Avons-nous jamais employé un moyen
quelconque pour détourner une annonce
qui se dirigeât vers vous? Si cela était vous
auriez le droit de nous accuser. Ce qui
vous chagrine, provient d'une cause que
finalement vous ne pouvez plus vous dis
simuler votre entreprise a été fondée sui
de vaines et téméraires espérances.
En faveur de qui s'il vous plait? Et
qui est-elle adressée? Est-ce une réclame
en faveur du fonctionnaire? Nous serions
les derniers croire qu'il pût en avoir
besoin la confiance de la majorité de ses
concitoyens lui est acquise, et il se gar
derait d'invoquer l'appui de la minorité
imperceptible que représente le Progrès
il n'en voudrait pas, il n'en a pas besoin.
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1*1 SsC
'>1 Sil
Dans notre dernier numéro, nous avions
annoncé sans commentairesla nomination
de MDenecker aux fonctions de commis-
saire de Carrondissement d'Ypres.
Nous voulions attendre les actes du
nouveau fonctionnaire pour approuver ou
blâmer le choix du Gouvernement.
LÉGENDE ITALIENNE.
La superstition rat fille de
l'ignorance et de l'idolâtrie.
P. D. de Lascacx.
L
Le Choix (Tune Vierge.
La petite ville de Lorette est située au S.-e. d'Ancône,
sur le penchant d'une colline, une lieue de la mer
Adriatique; c'est un tableau grandiose et pittoresque, que
de voir du haut de cette montagnese dérouler les eaux
bleues et argentées du fleuve, dont les bords plantés d'ar
brisseaux odoriférans, répandent une douce senteur, que la
brise apporte avec elle.
L'Italie prise en masse et vue d'un point élevé, res
semble un bouquet de fleurs son vaste horizon qui se perd
dans des feuillées de verdureattire fréquemment une foule
d'artistes qui viennent y puiser des inspirations poétiques,
et des esquisses pour leur pinceau. Mais ce qui captive
principalement l'attention des étrangers, o'est l'église mé
tropolitaine, Notre-Dame de Lorette. Tout ce que l'imagi
nation peut se créer de faste et de luxe, est renfermé
Une feuille d annonces de celte ville a
inséré dans son dernier nune réclame où
cet ex-membre de la députation permanente
est présenté comme ayant rendu de grands
services l'arrondissement et son chef-
lieu, comme appartenant celle grande
majorité d'hommes modérés sans Cin fluence
desquels C esprit de parti porterait le ravage
et la désolation dans le pays.
dans ce temple, auquel est attachée une croyance super
stitieuse ce sont les anges, dit-on, qui le 10 mai 1191,
enlevèrent de Nazareth la maisou que la Vierge avait
occupée, pour la transporter en Delmalissur la mon
tagne de Tersato, où elle resta trois années. Au bout de
ce temps, elle fut placée d'une manière non moins mira
culeuse, au milieu d'un bois, près de Hecanaiidans la
marche d'Ancône. Elle devint alors uu lieu de célèbre
pèlerinage; mais les riches offrandes, que chaque étranger
y déposait, ne tardèrent pas exciter la cupidité des La-
zaroniqui habitaient dans les ravins du bois. Non-seulement,
ils osèrent porter une main sacrilège sur les vases divins
et sur les dons précrieux, mais ils attaquèrent les pèlerins,
et la tanta casa allait devenir déserte, quand par un mira
cle qu'on n'attribua qu'à la Vierge, les habitaus de Lorette
trouvèrent un jour sa maison dans leur ville, la plaoe
qu'elle occupe aujourd'hui. Alors, en l'honneur de cet évé
nement miraculeux qui se passait sous le pontificat de
Bouiface VIII, on posa dans une niche, au-dessus de la
cheminée de la ohambre qui fait face l'orient une statue
de bois de cèdre, représentant la Vierge, tenant l'eufant
Jésus sur son bras droit; ensuite, d'après une bulle du saint
prélatil fut arrêté que tous les ans le jour même de la
translation, on consacrerait au culte et au service de la
mère de Dieu, une jeune fille choisie dans nne des familles
les plus notables et les plus estimées de la province d'Ancône.
Trois siècles s'étaient écoulés. Notre-Dame de Lorette se
Une feuille ^l'annonces de cette ville a
inséré une réclame...
ressentait de la présence des médicis. La magnificence de
Léon X, son goût pour les arts, qui surmontait tous les
obstacles et qui créait des prodiges, avait rendu la sainte
église la plus somptueuse et la plus recherchée. Ce n'était
plus la petite maison de Nazareth, bien qu'elle subsistât
toujours; mais ses murs noircis et enfumés avaient été
blanchis et dorés. Vingt colounes de marbre de Carrare
s'élevaient autour d'elle, comme autant de piliers protecteurs,
de riches bas-reliefs, des entablemcns d'or massif, des pein
tures dues aux artistes les plus renommés de l'Italie, de
magnifiques tentures parsemées d'étoiles et de pierres pré
cieuses éblouisaient, les regards, et faisaient douter delà réalité
d'une telle magnificence. S'-Pierre de Rome s'élevait alors,
mais avant que ce temple put réaliser les rêves ambitieux
et artistiques du saint pontife, Léon X avait choisi Notre-
Dame de Lorette, comme uu canevas de la grande entre
prise qui devait étonner le monde entier Un siège épiscopal
avait été établi Lorette, et c'était l'évéque, qui, chaque
année, au |renouvellement de la translation de la sainte
maison, consacrait la Vierge d'Ancône. La conviction et la
superstition avaient crû aveo les siècles. Chaque génération, en
s'éteignant, avait transmis celle qui la suivait ses idées
religieuses; en sorte que la masse du peuple, les seigneurs
même, ne doutaient plus des prodigues que les anges avaient
opérés, et qu'ils traitaient d'impies et d'athées, les curieux
qui, venant visiter leur ville, doutaient de la véracité de
ces faits. La cérémonie de la consécration se perpétuait donc