D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERSES.
No 2557.
MERCREDI6 Avril, 1842.
25me Année.
m
lUJlitV) OflUÎ
INTERIEUR.
I!U
7PB.3ÎS, 6 AVRIL.
Aujourd'hui, l'occasion du projet de loi
qui confère au Roi la faculté de nommer le
bourgmestre en dehors du conseil, comme
naguère, l'occasion de l'adresse du sénat
déclarant que le ministère ne satisfaisait
point les vœux du pays, les conseils com
munaux de quelques grandes villes qui
affectent une opposition quand même, et
après eux un petit nombre de conseils
communaux de villes secondaires, adres
sent aux chambres des pétitions tendentes
ce que la disposition que l'on se plaît
considérer comme attentatoire aux fran
chises communales ne soit point revêtue
de sanction législative.
Plusieurs journaux ont traité avec talent
la question de savoir si les conseils com
munaux sont compétens pour traiter des
questions politiquesdes questions qui se
rattachent au gouvernement général de
l'État. Quiconque est l'abri de toute pré
vention doit avouer que la solution néga
tive s'appuie des raisons les plus solides
et les plus convaincantes. L'article du
FEUILLETON DU PROPAGATEUR.
NOTRE-DAME DE LORETTE.
II*
II saute aux yeux que les électeurs n'ont
conféré aux conseillers communaux d'au
tre mandat que celui de gérer les affaires
de la commune. Aucun ne reconnaîtrait
qu'il a entendu les constituer représentants
de son opinion politique, de ses vues gou
vernementales. Les pétitions qui émanent
d'un conseil communal n'expriment donc
pas l'opinion d'une communauté d'habi
tants, mais celle de quelques individus.
Et dès lors quelle importance peuvent-
elles avoir aux yeux des législateurs du
pays?
Notre conseil communal, qui affiche des
prétentions ultra-libérales, s'est empressé
dans le temps de rédiger une protestation
bien énergique en faveur du ministère
Lebeau. Pourquoi n'avons nous pas encore
appris qu'on élabore une pétition contre
le projet de loi dont les minorités se font
une redoute? Ce n'est pas probablement
qu'il y ait du mystère. Nous croyons plutôt
que certains de ces MM. ont senti que le
moment est venu où il faut ménager non-
seulement les électeurs mais encore le
Gouvernement. Cela est difficile, mais on
Veut essayer. Voilà le motif qui nous porte
parier dix contre un qu'il ne sera pas
pétitionné par notre conseil. On s'abs
tiendra..
-i Le sacre de Mgr Fornariarchevêque
de Nicée, a eu lieu hier dimanche, la
cathédrale de Malines; tous les évèques de
la Belgique s'y trouvaient, ainsi que Mgr
d'Argenteau, de Tyr. Le sacre a été fait
par S. Em. le cardinal-archévêque, assisté
par les évêques de Liège et de Bruges.
Le chœur de l'église avait été orné, pour
cette cérémonie, d'étendards aux armoi
ries de tous les prélats présents et du
chiffre de Mgr. Fornari; des chaises avaient
été disposées pour les personnes invitées.
Lé chapitre cathédral assistait au grand
complet; un clergé nombreux y avait aussi
été appelé. Les nefs de l'église étaient en
combrées d'une foule accourue de tous les
environs; des détachements de lanciers
formaient la haie depuis la grande porte
de la cathédrale jusqu'au chœur. Après la
cérémonie, le clergé, le chapitre de la ca
thédrale et les évêques sont retournés pro-
cessiallement l'archevêché au milieu de
I
LE PROPAGATEUR,
LÉGENDE ITALIENNE.
La superstition est fille de
l'ignorance et de l'idolâtrie.
P. D. ne Lsscaux.
Une Fcte Italienne.
La villa du comte de Visconii, située une demi-lieuc
de Lorette, réuuiasait tout oe que l'art et la nature peuvent
enfanter de plus enchanteur. Elle était la pins renommée
sous le 1 apport du goût et de l'élégance. Ses galeries et
ses portiques de marbre étaient ornés de statues antiques,
représentant les dieux oharopélres et toute leur suite de
fauucs et de satyres. Les murs élaieut chargés de bas-reliefs,
d'uu travail esquis, et des grou|«s de nymphes eiubellisaieul
les corridors. Les plafonds élairut d'azur et d'or; ries ou
vertures bien méuagées entretenaient dans les appartemrns
une douce fraîcheur et permettaient aux biises du malin
d'y porter le parfum des fleuis. Les jardins qui eutouraient
la ville s'étendaient sur les bords de la mei Asiatique qui,
toujours calme et pure, reflétait dans ses ondes les sinuo
sités que la ville décrirait. Des escades et des jets d'eau
étaient disposés daus tous les seus. Des viviers pleins de
Journal d'Anversconçu dans ce sens, nous
a paru mériter une attention toute parti
culière.
poissons réjouissaient la regards, et une volière peuplée
d'oiseaux étranger!, du plus beau plumage, resplendiraient
au soleil comme les couleurs de l'arc-en-ciel.
La eaux qui circulaient dans les jardius sortaient d'une
urne que portait un dieu marin, d'environ quatre pieds de
haut, taillié dans le plus beau marbre blanc de Parus. Des
girandoles de fleurs et de lumières se balançaient de dis
tance en distance; des musiciens, cachéa dans la bosquets,
modulaient des symphonies plus suaves que la sous des
hsrpa éolienna, drs paifutns brûlaient dans de vastes
casselolta; da fruits de toute espèce étaient arrangés dans
de vasta coibeilla, da flots d'un vin e-quis rt liquoreux,
coulaient comme de l'ambroisie dansdrs amphores de porphyre.
Le noble duc avait voulu que la fête qu'il donnait fût
digne du rang et de lu faveur dont il jouissait dans la
province d'Anùne. D'ailleurs, c'était la dernière fuis que sa
salous et aa jardins s'illuminaient ponr des danses folles
et joyeuses, la reine de toutes ces fêta allait quitter la
joies terrestres pour nnc vie toute diviue. Les nombreux
convives arrivaient de toutes parts. Bientôt la quadrilla se
furmèrent, et se succédèrent avec rapidité; la jeux s'ani
mèrent tous les regards respiraient la volupté et le bon
heur c'était uue véritable féte italienne
Le visage de la signora Marianna contrastait étrangement
arec Ta ligures fraîches et enjouées de sa jeunes compa
gnes; sa démarche était chancelante, set yeux avaient perdu
leur doux éclat, et l'altération répandue sur tous sa traits
indiquait qu'une souffrance intérieure torturait sou âme!
Elle était vêtue d'une simple tunique blanche, semée d'étoiles
d'or, deux flécha de diamant retenaient ses loogua tresses
d'ébène; sons oe costume, la pâle Italienne paraissait encore
plus belle. Et, plus d'un seigneur regrettait au fond de son
âme le choix que l'évèque avait fait; mais pas un u'oait
s'approcher de la jeune tille. Assise l'écart, triste et
pensiveelle leur apparaissait comme une divinité céleste.
La femme avait disparu pour se revêtir de la forme de
l'ange, elle leur était devenue sacrée. Le due de Visconii
respectait le silence de sa fille qu'il prenait pour une mé
ditation pieuse, et Marianna pouvait se livrer tout entière
la fougue da pensées qui s'agitsirnt dans son esprit. Ses
regards erraient dans les groupa et cherchaient A y dé
couvrir le comte Léonce de Génouillao. Elle l'aperçut eufiu
caohé derrière une statue, et n'osant s'avancer vers elle,
dans la crainte d'attirer les regarda. MariaDna le comprit.
Elle s'enfonça dans la taillis la plus épaii du jardin, qui
n'étaient éclairés que par la lumière de la lune, et ils se
rejoignirent bientôt.
Oh signora, lui dit Léonee en l'abordant, pouvex-vous
exiger de moi un telsacrifioe! Vous m'ordonnex de partir,
de quitter cette nnit même la ville de Lorette, Marianna
avea-vous pu m'éorire ainsi! Voua ne connaisses donc pas
toute la force do mon amour; vous ne savex donc pas qoe
pour voua j'affrooteraij tons la périls, que j'oeerais vous
arracher du pied da autels, que je dirais A tous, que cette
coutume qui me condamne A vous perdreest baibare et
superstitieuse.'....