insigne mauvaise foi, ont été vingt fois réduites leur juste valeur. Mais puisqu'on s'obstine répéter les mêmes prétendus griefs, il nous sera permis de présenter de ce chef au public les arguments que la logique nous fournit pour les détruire. Dans un prochain article, nous tâcherons de discuter avec impartialité la question du monopole en matière d'enseignement. Le Progrès de dimanche dernier a inséré plusieurs articles destinés convaincre les esprits les plus obstinés que la patrie est deux doigts de sa perte parce que les modi fications projetées de la loi communale paraissent devoir être adoptées par nos chambres. Il serait impossible d'entasser dans le même espace plus d'invectives et d'accusations de tout genre, dénuées, comme de coutume, de la moindre preuve, que n'en contiennent ces diatribes violen tes. Vraiment, si nous étions ennemis de la liberté de la presse, nous aurions lieu de nous réjouir en voyant les écarts, aux quels se livrent quelques publicistes em portés par l'esprit de parti. Rien, notre avis, n'est capable de nuire la liberté d'écrire comme l'abus journalier qu'on en fait. Or, nous le demandons tout homme de bon sens, est-ce user simplement d'un droit, ou bien, est-ce en abuser indigne ment, que de traiter ses adversaires, et cela sans le moindre ménagement, comme s'ils n'étaient qu'un vil tas d'hypocrites, d'ambitieux, d'oppresseurs, d'ennemis de toutes les libertés? Voilà cependant quel ques-uns des épithètes honorables, que le Progrèsacolyte fidèle, mais un peu naïf de l'Observateurjette la figure de tout homme qui ne suit pas son drapeau. La noblesse, le haut clergé du pays, le pape lui-même sont tour-à-tour l'objet de ses attaques aussi furieuses qu'impudentes. La noblesse revendique les anciens privi lèges; les évêques, le clergé en général, ne défendent rien que leurs préjugés, que les ténèbres qui empêchent le peu- pie de lire dans leurs cartes. Le pape est le véritable souverain, politique s'en tend, du parti clérical, c'est-à-dire des hom mes modérés. Veut-on savoir maintenant ce que c'est que le libéralisme? Selon le Progrès le libéralisme, c'est le maintien de nos libertés, c'est la vénération pour la religion, c'est le bien-être pour le peuple et son admission aux affaires et aux emplois du pays. C'est l'instruction sans condition. Alons donc! La plai santerie est un peu forte. Si un jour le libéralisme, comme l'entend le Progrès, était maître du pays, nous en verrions de belles. Déjà on l'a vu l'œuvre il y a cin quante ans, et l'on connaît parfaitement son amour pour la véritable liberté, son profond respect pour la religion; personne n'ignore combien le peuple était heureux alors et l'instruction dans un état pros père. Du reste, il est une chose qui console dans la polémique dévergondée du jour nal de la loge c'est que de telles inepties portent leur remède avec elles. Les per sonnes, qui jusqu'à ce jour ont été les dupes du parti exagéré, ne tarderont pas d'ouvrir les yeux. Le bien quelques fois naît de l'excès du mal. Que les hommes modérés de toutes les opinions se don nent la main, et la mauvaise presse sera bientôt mise dans l'impossibilité de nuire. Il y a quelques jours, le Nouvelliste de Bruges, l'occasion du récent désastre de la ville de Hambourg, présentait ses lec teurs quelques réflexions générales sur la conduite de la Providence, ou, pour parler avec le roi de Prusse, sur les décrets impé nétrables du Tout-puissant, lequël se sert des éléments pour punir les crimes des hommes. On connaît ces paroles du Pro phète Ignis, grando, nix, glacies, spiritus procellarum quœ faciunt verbum ejus. Ps. 148. Feu, grêle, neige, glace, vents qui excitez les tempêtes; vous tous qui exé cutez sa parole. S'imaginerait-on que le Progrès s'est cru en droit d'adresser au journal catholique une verte réprimande pour avoir cru que les éléments sont sou mis aux ordres de leur créateur? Et com- ments'y prend-il pour réfuter \e Nouvelliste? Il répond que lui, Progrès, ne voit dans le feu que du feu. Nous ne croyons pas, nous! Voilà sa profession de foi. Ensuite, après avoir terrassé son adversaire au moyen de cet argument sans réplique, il parle d'une calotte de feu, qu'à tort on a prédit devoir couvrir la ville de Paris en l'an de grâce 1840, puisqu'elle n'a point paru alors, quoique les parisiens en criant gorge déployée bas la calotte! dûssent natu rellement l'attirer sur leur tête. 0 logique! 0 Progrès! Notre confrère a tant et tant progresséde haut en bas, qu'il se trouve comme enseveli tout entier dans la matière. Il lui est impossible de voir autre chose que ce que ses mains peuvent tou cher. On nous écrit de Rousbrugge, 14 mai La première foire aux Chevaux et au Bétail qui s'est tenue Rousbrugge, au 3 mai 1842, a été bien fournie en Chevaux et en Bêtes cornes. On y comptait également plusieurs ache teurs. Il s'y trouvait 28 Chevaux et 91 Bêtes cornes dont la plupart étaient d'une su perbe qualité. Il s'y est vendu des chevaux de 730 fr., des vaches grasses de 700 fr., et des vaches maigres de 500 fr. La vente aurait été plus considérable si le manque d'herbe ne s'était pas fait sentir par le temps froid et sec qui n'a cessé de regner pendant tout le mois d'avril der nier. Les primes suivantes ont été décernées, savoir Une prime de 23 fr., au sieur Verlynde de Rousbrugge pour le plus beau cheval de selle. Une idem au sieur Devloo d'Oostvleteren pour le plus beau cheval de trait. Une prime de 20 fr., au sieur Morysse de Rousbrugge pour la plus belle vache grasse. Une idem au sieur Desaegher d'Ha- ringhe, pour la plus belle vache maigre. A l'occasion de la seconde foire qui y aura lieu au 2 août 1842, il sera décerné des primes aux vendeurs et aux acheteurs. On écrit de Courtrai, 19 mai Avant-hier, une femme qui s'était jetée par désespoir dans un ruisseau Bisse- ghem en a été retirée par son fils, qui a travers mille dangers et au péril de sa vie est parvenu sauver les jours de celle qui il doit l'existence. Ce fut une bien malheureuse circon stance qui mit au cœur de cette mère le funeste projet de se suicider. Le Lundi de la Pentecôte, jour de fête, de joie et de réjouissance dans les campagnes, son fils était venu fort tard au foyer paternel. Sa mère, sujette l'épilepsie, terrible infirmité qui s'aigrit et s'irrite la moindre contra riété, au moindre changement de tempé rature, jusqu'à en perdre la raison, lui avait adressé de vifs et sanglans reproches. Le père, présent celte scène, avait pris la défense de son fils, et avait observé qu'il n'y avait rien a dire un jour de Pentecôte. Une dispute s'engagea alors entre le père et la mère, et elle se termina malheu reusement par un soufflet donné par le mari sa femme. "Vous n'aurez pas occasion de me frappé longtemps, et de m'empêcher de corriger mon enfant, s'écria-t-elle dans un paroxisme de rage, et l'écume la bouche. Toute la nuit, elle fut agitée, et quand les premiers rayons du soleil vinrent éclairer l'horizon, elle se leva et sortit précipitamment. Mais le fils veillait sur sa mère malade, et il la suivit aussitôt. Quand il arriva haletant au bord de la rivière, sa mère avait déjà exécuté son projet, elle avait disparu sous les flots.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 2