CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS. Séance du 2 septembre. Séance du 3 septembre. On les accusa de corrompre la morale. Qui les accusa? Des prostiiue'es en faveur; une cohue de magistrats et d'ecrivailleurs la plupart perdus de débauches et grands admirateurs de la morale de la Pucelle. On les accusa de compromettre la dignité et la sûreté des gouvernements par leurs intrigues, leur esprit de domination; et leurs calomniateurs ne furent pas plus tôt maîtres des affaires, qu'ils signèrent le plus honteux traité qui souille nos annales, livrèrent h l'Angleterre des colonies fon dées bien plus par les vertus de nos missionnaires que par la puissance de nos armes, et préparèrent tous les désastres qui ont désolé la France, l'Es pagne et le Portugal. De nos jours encore, qui a provoqué le massacre des Jésuites a Madrid et leur barbare expulsion de toute la Péninsule, sinon l'infâme faction qui, pour dévorer plus tôt les restes sanglauts de la patrie, convie h l'horrible festin tous les vautours de l'Angleterre et d'ailleurs? 11 est impossible de réfuter en moins de mots, les accusations ridicules qui ont été lancées contre les jésuites, par des courtisans, des courtisanes, et de faux philosophes. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet relatif la convention conclue avec la ville de Bruxelles. M. Mercier a déposé hier l'amendement suivant Sous la condition que le prix de cession stipulé l'article i de ladite convention, soit réduit 3oo,ooo francs de rente annuelleet que l'Etat et la ville de Bruxelles renoncent réciproquement toutes prétentions, l'un a l'égard de l'autre, quels qu'en soit l'origine et la cause. M. le ministre de Vintérieur a déposé les deux paragraphes additionnels suivans Les droits attribués en matière de comptabilitéla députation permanente du conseil provincial, par la loi du 3o mars i836, seront quant la ville de Bruxelles, exercés par le gouvernement, la députation permanente entendue. A défaut par le conseil communal soit de dresser les budgets a l'époque fixée par la loisoit de décréter les impositions communales, directes ou indirectes, suffisantes pour couvrir les dépensesil y sera pourvu d'office par le gouvernement, la députation permanente entendue. M. De Brouckere dans un long discours s'efforce de jus tifier les bases de la convention du 5 novembre, et de laver l'administration de la ville de Bruxelles de toute tacbe de dilapidation. Si le projet du gouvernement est rejeté il votera pour l'amendement de M. Mercier. M. Lys refuse les arguments du préopinantet pense que la capitale doit faire comme les autres villes qui ont souffert des pillages et qui les ont payés en contractant des emprunts. M. Coghen croyait que cette convention entamée d'abord par M. De Theux, appuyée par M. Liedts, et proposée enfin par M. Nothomb. n'aurait rencontré aucune opposi tion. Il implore la chambre venir au secours de la capitale, et repousse le reproche que l'on a adressé l'administration municipale d'avoir fait des dépenses inutiles. L'orateur finit en ces termes Je ne m'attendais pas trouver parmi nos adversaires, M. De Mérode, qui a remplacé beaucoup de ministres pendent les vacatures, qui a assisté aux conseils des ministres, et qui a dû sanctionner beaucoup de mesures financières, contre lesquelles je ne sache pas qu'il ait voté, je ne m'attendais pas le voir s'opposer ce projet, alors que je l'ai vu proposer si vivement de livrer nos forteresses l'étanger. M. De MérodeJe demande la parole. On m'accuse de n'avoir pas toujours contesté les mesuies financières, contre lesquelles je m'élève aujourd'hui. Vous vous rappellerez tous, messieurs, que je n'ai jamais laissé échapper une occasion de demander que l'on augmente les voies et moyens. Lorsque M. Mercier était au ministère, il a présenté la chambre des propositions que j'ai appuyées de toutes mes forces. Je ne me rappelle pas qu'à cette époque les solliciteurs d'aujourd'hui soient venus appuyer Mercier. Si les solli citeurs qui prennent toujours le plus beau rôle, celui de faire des cadeaux, et jamais celui de prendre dans la poche des contribuables, m'avaient appuyé alors, peut-être aurions nous aujourd'hui plus de moyens pour satisfaire leur demande. M. Cogben m'a encore accusé d'avoir voulu livrer nos forteresses l'étranger. Messieurs, quand il s'est agi de livrer trois cent mille de nos frères, j'ai fait tout mon possible pour empêcher cet abandon. Quand on veut opposer de la résistance il faut bien risquer quelque chose le meilleur moyen de retenir les puissances allemandes, c'était de proposer la Fiance d'occuper trois ou quatre de nos forteresses, dans le cas où on voudrait s'emparer par la force de trois cent mille habitants. Quant moi, je me me repens nullement de cette proposition, et si on avait bien voulu y réfléchir, si on avait appuyé ma proposition, il est très-possible que nous n'aurions pas livré nos forteresses, et que nous n'aurions pas abandonné trois cent mille de nos frères. Je n'ai rien autre ajouter. Très-bientrès-bien. M. Ilenot combat la convention. Il soutient qu'on a déjà fait beaucoup pour la ville de Bruxelles, qui a trois stations du chemin de fer, et tant d'autres établissements. La station du midi a été faite spécialement dans l'intérêt de la ville de Bruxelles. M. Verhaegen. Répondant aux discours prononcés par MM. De Mérode et Lys, s'attache démontrer que la ville de Bruxelles n'a pu empêcher les pillages en t83o, et 1831 1834, et par conséquent on ne doit pas l'en rendre responsable. La séance est levée 4 heures. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi relatif a la convention conclue avec la ville de Bruxelles. Plusieurs orateurs sont encore entendus tant pour que contre le projet. M. le ministre de Vintérieur. M. De Theux nous a parlé d'un article de la convention qui stipulait que les collec tions ne pourraient être déplacés de Bruxelles; 11 n'existe rien de ce genre dans la convention. L'honorable préopinant nous a dit vous avez stipulé que si les biens n'étaient pas dégrevésvous pourriez suspendre le paiement de la rente. Mais la ville peut déléguer la rente pour contracter un emprunt; je propose d'ajouter un paragraphe additionnel ainsi conçu La rente ne pourra être déléguée directe ment ni indirectement sans l'autorisation du gouvernement. M. De Brouckere. Plusieurs honorables membres ont cru qu'on ne pouvait émettre sur une convention qu'un vote positif ou négatif. Pour lever toute dificullé, je proposerai de voter un projet de loi ainsi conçu Le gouvernement est autorisé conclure définitivement une convention avec la ville de Bruxelles sur le pied de celle du 5 novembre 184*» mais sous les conditions suivantes 1® Que la rente annuelle de 400,000 francs stipulée l'art, a de ladite conventionsera réduite 3oo,ooo fr. 2° Que la ville de Bruxelles renoncera toutes les prétentions qu'elle pourrait avoir la date de la présente loi charge du gouvernement. M. Mercier. Je déclare me railler cette rédaction. M. De Theux. Elle vaudrait mieux que les autres. La discussion est closè* Le chiffre de 4°o,ooo francs est d'abord mis aux voix; il n'est pas adopté. M. le ministre ayant déclaré qu'il se raillait dans le cas du rejet de la conventionla rédaction proposée par M. De Brouckere, cette rédaction est mise aux voix par appel nominal. La rédaction proposée par M. De Brouckere est adoptée, par 32 voix contre 3o. Ont voté pour MM. De La Coste, Coghen» De Behr, De Brouckere, Dechamps, De Decker, De Muelenaere, De Sécus, Desmaisières, De Tcrbecq, De Theux, D'Hoffschmidt, Dubus (Bernard), Duvivier, Fallon, Jadot, Jouet, Lebeau, Lejeune, Liedts, Meeus, Mercier, Morel Danheel, Nothomb, Orts, Osy, Rogier, Smits, Van Der BelenVan Volxem, Verhaegen, Zoude. Ont voté coutre MM. Cools, De Garcia de la Vega, Delehaye, De Man d'Atteurode, De Meer De Morsel, De Mérode, DemonceauDe Nef, Potter, De Reuesse, De Smet, De Villegas, Donny, Dubus (aîné), Éloy De Bur- dinne, Henot, Huveners, Lange, Lys, MalouPeeters, Pirmez, Puissant, Raikem, Sigart, Simons, Thienpont Tren- tesaux, Troye, Van Cutsem. L'amendement présenté dans cette séance par M. le mi nistre de l'intérieur, et qui formera le 3e de l'article, est mis aux voix et adopté. Deux paragraphes additionnels avaient aussi été présentés par M. le ministre dans une séance précédente, ces deux paragraphes sont ainsi conçus 55 2 et 3. Les droits attribués en matière de comptabilité la députatiou permanente du conseil provincial, par la loi du 3o mars i836, seront, quant la ville de Bruxelles, exercés par le gouvernement, la députation permanente entendue. A défaut par le conseil communalsoit de dresser les budgets l'époque fixée par la loi, soit de décréter, les impositions communales, directes ou indirectes, suffisantes pour couvrir les dépeusesil y sera pourvu d'office par le gouvernement, la députatiou permanente entendue. Ces paragraphes sont également adoptés. Le second vote du projet est remis mardi. La séance est levée 3 heures et demie. MOT EL LIS Notre correspondance de Paris contient les lignes suivantes Un employé' supérieur du ministère du com merce est parti, il y a deux jours, pour Bruxelles. On dit qu'il est porteur de dépêches importantes relatives au dernier arrêté du gouvernement belge, qui réduit le tarif des droits d'entrée sur les vins et les soieries de provenance allemande. On nous assure qu'il existe dans le sein du cabinet de Bruxelles un parti très-puissant qui insiste pour que la Belgique entre dans une union commerciale intime avec le Zollverien allemand de préférence h un traité de commerce avec la France. On sait que depuis la dernière convention qui a été conclue entre la France et la Belgique, le cabinet des Tuileries avait cherché a entamer de nouvelles négociations pour arriver un traité de commerce plus complet avec cette puissance. Il est probable que le dernier arrêté du roi des Belges va interrompre toutes les négociations. Une fatalité inconcevable s'attache a l'Al lemagne pas un jour ne se passe que nous n'ayons h enregistrer quelque incendie terrible qui em porte en quelques heures des villages ou des villes entières aujourd'hui c'est le duché de Nassau qui paye le tribut. Le village de Lollschied vient d'être, a l'exception de quelques maisons, la proie des flammes, et plusieurs personnes ont péri dans l'incendie. Le 5 septembre, a deux heures, le fils du sieur Stadbois, âgé de 9 ans, était occupé a pêcher sous le Pont de Paille, lorsqu'il est tombé dans l'eau, et il allait infailliblement périr quand un des nombreux spectateurs, le nommé L. Van La- beke, ouvrier, ne consultant que son courage, s'est jeté tout habillé dans le canal et est parvenu a sauver cet enfant d'une mort certaine. Nous espé rons que cet acte de dévouement ne restera pas sans récompense. Journal de Bruges.) Un arrêté royal du 3o août, décerne un grand nombre de récompenses pour actes de cou rage, d'humanité et de dévoûment. Dans la Flandre occidentale nous remarquons qu'il est accordé a 38 personnes 35 médailles en argent, 3 médailles en vermeil et une somme de 610 francs. [Idem.) La cour d'assises du Hainant, dans son au dience du 24 août dernier, a eu h juger l'affaire du sieur Goffin, ex-receveur des contributions, a Chàtelet. Le jury, après cinq minutes de délibé ration et a l'unanimité, a répondu négativement aux questions qui lui étaient posées, et M. Goffin a été rendu immédiatement h la libérté et a sa famille. Singuliers effets de la foudre. Un accident bien fâcheux vient de répandre la tristesse et la consternation dans le village d'Albinen (canton du Valais.) Deux jeunes gens étaient montés au clocher pour sonner l'angelus; l'un était assis près d'une fenêtre sur une poutre, tandis que l'autre faisait mouvoir la cloche. Tout coup le premier est atteint de la foudre, qui le jette raide mort aux pieds de son camarade sur le plancher de la tour. L'élément destructeur fondit en même temps le fil de fer qui retenait le marteau de l'horloge, de manière a n'en laisser aucune trace, la foudre atteignit et suivit de la la barre de fer qui sert k diriger les aiguilles, et, s'étant divisée en deux, une partie continua de suivre la barre, traversa les aiguilles, descendit en dehors du mur, où elle laissa des creux et des traces de son passage, et alla se perdre en plusieurs branches sur la terre au pied de la tour. L'autre partie suivant directement la corde de l'horloge fendit en deux la pierre qui y était attachée, et, par une direction perpendiculaire, vint frapper une seconde victime près de la porte de la tour; c'était le neveu de M. le curé; il était venu chercher là un abri contre l'orage, il fut frappé et renversé sans connaissance.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1842 | | pagina 2