JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N° 2626. Samedi, 3 Décembre, 1842. 26me année.
TPP.3S, 3 Décembre.
La malheureuse Espagne est bien
plaindre. On croyait la guerre civile ter
minée, et voilà qu'elle recommence dé
soler de nouveau ce pays jadis si florissant.
Barcelone est en pleine insurrection. Les
troupes constitutionnelles ont dû évacuer
la ville après une lutte sanglante soutenue
contre les habitants. Si les nouvelles ne
sont pas exagérées500 morts ou blessés
témoignent de l'acharnement des combat
tants.
Il est difficile de préciser la cause de ces
troubles. Il paraît toutefois que les répu
blicains ont organisé et soutenu ce mouve
ment, lequel, après tout, n'aboutira qu'à
des malheurs plus grands encore. Espar-
tero est en marche pour réduire les insur
gés; et si, comme il est présuitïer d'après
les proclamations de la junte barcelon-
naise, le régent ne peut entrer dans la ville
qu'appuyé sur les baïonnettes, Dieu sait
quel sort attend les vaincus. Sans doute
les insurgés feront une vive résistance.
Mais le fort Montjoui, qui domine la ville,
est resté au pouvoir des troupes du gou
vernement. On ne peut donc songer sans
frayeur aux calamités qui sont prêtes
fondre sur la ville la plus commerçante
de l'Espagne.
Les funestes dissensions qui déchirent
pour ainsi dire périodiquement la Pénin
sule, fournissent le sujet de graves réflex
ions au philosophe chrétien. En persécutant
l'Eglise on a donné atteinte toute autorité
légitime. On a semé le vent, et maintenant
on récolle la tempête.
L'insurrection en Espagne menace de
produire des conséquences de la plus haute
gravité.
Les Anglais ont rétabli leur autorité en
Orient. A cette occasion de brillantes so
lennités ont eu lieu chez la nation britani-
que.
Le droit de visite est en France un objet
de discussion qui semble aigrir les esprits.
Nos chambres s'occupent du traité de
commerce avec l'Espagne. Malgré son im
perfection, il faut croire que son adoption
ne sera pas douteuse.
L'abandon des négociations entre la
France et la Belgique relativement l'u
nion douanière doit être attribué, selon
certains organes de la presse, l'attitude
des cours du Nord.
L'Angleterre se disposerait-elle réelle
ment envoyer une flotte Barcelone?
Un pareil fait exciterait l'indignation de
la France moins que son gouvernement
n'envoyât également des forces navales
dans la méditerrannée.
Par arrêté royal du 27 novembre 1842,
la démission du sieur Pierre-Joseph Mulle,
de ses fonctions de notaire Wynkel-S1-
Eloy, arrondissement de Courtrai, est ac
ceptée.
Par arrêté royal du 23 courant est ap
prouvée la délibération des conseils com
munaux réunis de Loo et Pollinckhove qui
conclut la construction d'une route en
gravier pour joindre-, le pont de Loo par
Pollinckhove au pavé de Furnes Ypres.
On écrit de Bruges
La nommée Marie Stevens, qui avait été
transportée l'hôpital de Saint-Jean, la
suite du crime dont elle est la victime,
vient d'y succomber ses blessures. Le
père du caporal Bavay a fait un voyage de
quarante lieues pour voir son fils, auteur
du meurtre, en prison. 11 est lui-même
ancien militaire et père de dix enfants.
Cet infortuné est arrivé hier en ville juste
temps pour porter au coupable la fatale
nouvelle que la victime de son aveugle
jalousie venait de succomber.
Avant-hier matin, M. Ch. Maclagan, fils,
s'est précipité dans un accès de frénésie du
premier étage de sa maison, place de Sl-
Marlin, Bruges. Heureusement, cette
chûte ne lui a causé aucune blessure grave,
il paraît même que la secousse violente a
rendu au malade l'usage libre de ses fa
cultés; il a pu être administré immédiate
ment après.
On a volé dans la soirée du 28, sur le
chemin de fer et au préjudice des époux
Malfait, de Roubaix, une somme de soix
ante francs en espèces. L'auteur de cet acte
de filouterie a été obligé de couper le sehall
de la dame Malfait afin de pouvoir s'em
parer de l'argent qu'elle portait sur elle.
Bruxelles, 2 décembre.
L'instruction de l'affaire Caumartin est
terminée depuis trois jours, et communi
quée au ministère public pour obtenir son
réquisitoire. Si M. Caumartin se constitue
prisonnier, il subira des interrogatoires
devant le juge d'instruction, et les témoins
qu'il indiquera seront entendus; il sera en
outre confronté avec ceux qui ont déjà
donné leur déposition, et qui étaient pré
sents la scène fatale de la nuit du 19 au
20 novembre; le tout l'effet de constater
contradictoirement et d'une manière pré
cise les faits qui se sont passés. Comme
toutes ces formalités de rigueur peuvent
être remplies en peu de jours, le procès
de M. Caumartin ferait partie de la pre
mière série du premier trimestre 1843.
Il paraît que M. Caumartin a choisi
M. Plougoulm, ancien procureur-général
pour le défendre devant la cour d'assises.
On assure que M. Caumartin est venu
hier soir de Paris Bruxelles, pour se
constituer prisonier.
Avant d'autoriser le départ pour Paris
du corps du malheureux Sirey, l'autorité
judiciaire a commis hier un des médecins
légistes du parquet de Bruxelles, pour la
constatation par procès-verbal en due
forme de l'état des blessures.
Le 28 novembre a eu lieu la clôture
de l'installation de la Société de Notre-Da
me de Miséricorde, fondée l'église de la
Chapelle par M. Willaert, le vénérable et
digne curé de cette paroisse, qui s'empresse
toujours de faire le bien qu'il peut. Pen
dant huit jours il y a eu des conférences
en français et en flamand, qui ont attiré
une affluencë considérable de gens pieux
qui, il faut l'espérer, propageront les idées
morales et religieuses qu'ils y ont puisées.
Tout le monde fera des vœux pour que de
pareilles Cérémonies se renouvellent dans
toutes les églises de la capitale; elle ne
peuvent que moraliser le peuple.
EXTÉRIEUR.
FRANCE. paris, 1" décembre.
On lit dans le Journal des Débats
Les journaux allemands ont parlé de la
maladie de M. de Metternich. Hier l'on
disait que le-premier ministre de la mo
narchie autrichienne était dans un état
désespéré. On annonce ce matin sa mort.
M. de Metternich est né en 1773, il avait
près de soixante-dix ans.
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