'est vraiment eux-mêmes s'ils voient ar
river leur curé chez eux dans le but de
s'assurer s'ils sont en règle. Pourquoi ne
l'informent-ils pas que pour de très-bonnes
raisons, sans doute, ils ne veulent plus
vivre sous sa houlette? Il est beau d'avoir
le courage de son opinion. Jamais, que
nous sachions, nos curés n'ont été cher
cher des billets de confession chez des
protestants connus pour tels.
Invoquer contre ledit usage l'art. 15 de
la Constitution, en vertu duquel Nul ne
peut-être contraint de concourir d'une
manière quelconque aux actes et aux cé
rémonies d'un culte, c'est une mauvaise
plaisanterie, et rien de plus.
Trois victimes d'une erreur judiciaire,
Bonné père, Bonné fils et Geens, attendent
encore en prison la révision de leur pro
cès. Cela fait sentir la nécessité d'abréger
la procédure, si lente, suivie sous l'empire
du code, dans les demandes en révision.
Malgré le zèle actif des magistrats que
la chose concerne, plusieurs mois s'écou
leront encore avant qu'on arrive au dé
nouement de cette cause mémorable. En
effet, si Janssens et ses co-accusés sont dé
clarés coupables et condamnés comme au
teurs de l'acte de brigandage commis le 4
mai 1841, en la maison du curé de Cor-
temberg, cet arrêt nouveau sera en contra
diction avec celui du 12 mai 1842 qui avait
condamné du même chef, Geens et Bonné
père et fils. Ces deux arrêts formant dès
lors la preuve évidente de l'innocence ou
des uns ou des autres condamnés, le
ministre de la justice chargera le pro
cureur-général prés la cour de cassation
de dénoncer ces deux arrêts cette cour,
et celle-ci, après avoir vérifié que les
deux condamnations ne peuvent se con
cilier, cassera les deux arrêts et renverra
tous les accusés devant une cour d'assises
autre que celle du Brabant, pour qu'il
soit procédé de nouveaux débats sur
les deux actes d'accusations subsistants.
Telles sont les formalités suivre pour
les demandes en révision. On attendra
avec calme et confiance le dénouement
de ce drame judiciaire, sans exemple en
Belgique, mais qui en résultat proclamera
sans doute l'innocence des victimes, tout
en frappant les vrais coupables!
On vient d'arrêter un entrepreneur de
messageries entre Anvers et Bruxelles,
coupable de détournements d'une nature
assez singulière. Cet entrepreneur, dé
posait aux monts-de-piété d'Anvers et de
Bruxelles, les ballots de marchandises
dont on lui confiait le transport. Quand
un négociant le menaçait de poursuites,
il remboursait la valeur du ballot; mais
ce manège ne pouvait durer et la fripon
nerie a été constatée. Le greffe est en
combré d'indiennes que les expéditeurs
viennent reconnaître.
Mercredi dernier, le tribunal de pre
mière instance de Courtray a confirmé
le jugement rendu le 12 avril dernier
contre l'avocat Jaspin, fils, condamné par
défaut une année d'emprisonnement,
50 francs et aux frais du procès. On sait
que le condamné avait fait opposition
ce jugement.
Il allait se rendre au tribunal pour y
défendre sa cause, lorsque, ayant appris
que des huissiers, nantis d'un mandat
d'amener obtenu pour d'autres faits, se
trouvaient là pour se saisir de sa per
sonne, il crut prudent de ne pas s'y
présenter et disparut.
Un cultivateur, de la commune, de
Lubersac, (Corrèze), Pierre Mercier, vient
de mourir l'âge de 109 ans 7 mois et
17 jours. Cet homme avait conservé une
force de corps extraordinaire jusque dans
les dernières années de sa vie. On rap
porte qu'à l'âge de 100 ans il eut quel
ques démêlés avec le maire de sa com
mune, et que dans un moment de colère,
il le terrassa, et qu'on eut beaucoup de
peine tirer ce magistrat de ses mains.
On mande de Namur, le 27 mai Un
déplorable accident a eu lieu Namur;
l'enfant d'un officier de cette ville a suc-
combé l'emploi d'un poison violente qui
lui a été administré dans l'intention de
combattre le croup. Si nous sommes bien
informés, le poison est de l'acide muriati-
que, ou esprit de sel, et il aurait été pres
crit par une de ces personnes étrangères
toute connaissance médicale, qui cepen
dant n'hésitent pas manier les substan
ces, les plus corrosives. Nous croyons
savoir que la justice est saisie de cette
affaire, et nous faisons des vœux dans
l'intérêt du public, pour que la vérité se
fasse jour.
On écrit de Courtray, ie 27 mai Jeu
di dernier la gendarmerie a conduit dans
la prison de cette ville, le meurtrier du
sieur Carpentier, brasseur Meulebeke,
qui a succombé ses blessures dans la
soirée de mercredi.
Il s'est mis volontairement la dis
position de la justice Bruges.
Les journaux de Mons publient un pro
gramme fort long et fort détaillé de la fête
communale de Mons, qui aura lieu les II,
12,14,15, 16 et 17 juin. Il y aura exposi
tion de tableaux, de fleurs, d'ouvrages de
main, festival de musique, tir l'arc,
l'arbalète, la carabine, courses aux ânes,
tombola, jeu de grosse balle, fête champê
tre la Société d'Harmonie, etc.
On écrit de Kermpt
M. l'architecte provincial n'a pas tardé
se rendre dans cette commune, l'effet
de visiter le clocher et les ouvrages inté
rieurs. Ce fonctionnaire, après une inspec
tion minutieuse, a de suite ordonné la
descente des cloches pour alléger le poids
qui pesait sur les poutres vermoulues. Il a
été étonné de ce que ces poutres aient pu
soutenir aussi longtemps le poids de 5 clo
ches et les ouvrages qui les supportent. Il
pense que la dépense de la réparation né
cessaire dépassera 6,000 fr.
Le conseil de fabrique de l'église et le
corps communal ont de suite voté une
somme de 1,500 fr. pour commencer les
premiers ouvrages. On a été forcé de pla-
[La fin au numéro prochain
devint haletante et son nez se cardinalisa.
Vous vous êtes trompé h votre préjudice,
mon cher monsieur, lui dit Featherington; votre
note doit s'élever k 3,026; revoyez l'addition.
Van Rysoort empocha les 3,026 florins; il crut un
moment qu'il allait rougir.
Les étrangers firent aussitôt transporter leurs
effets dans le pavillon. Ils mettaient rarement
le nez dehors, et leurs journées se passaient com
me précédemment k fumer et k lire sept ou huit
journaux dans la matinée; ils continuaient de pren
dre leurs repas k l'hôtel et se faisaient servir dans
leurs chambres. La chère qu'on leur apprêtait
était des moins exquises; depuis longtemps le vin
ne pouvait devenir pire qu'il l'était; en revanche
on le leur faisait payer comme premier crû des
meilleures années. Van Rysoort avait bu toute
honte; il écorchait de jour en jour plus audacieu-
sement ses hôtes; jamais ils ne manifestèrent le
moindre mécontentement.
C'était un étrange phénomène, car l'on sait
combien les Anglais sont mal aisés k satisfaire. Le
propriétaire de l'hôtel de l'Escaut avait renoncé k
se creuser la tête pour trouver la cause de cette
merveille; il se bornait k juger de l'effet.
Un autre motif de surprise lui donnait k penser.
Les Anglais avaient annoncé qu'ils changeraient
de domicileafin de dormir en paixde reposer
loin du bruit, et chaque nuit, l'on voyait de la
lumière dans leur appartement. Van Rysoort se
leva souvent pour s'en assurer. Que signifiait cette
clarté? A quoi s'occupaient; durant la nuit, ces
deux étrangers qui paraissaient tout le long du
jour livrés k la plus complète des oisivetés?
Van Rysoort fit part de cette circonstance mys
térieuse k ses amis rassemblés en petit conciliabule.
Le conciliabule décida k l'unanimité que les étran
gers faisaient de la fausse monnaie. N'en fait pas
qui veut; il faut des appareils considérables, des
fourneaux, des balanciers, et nulle trace de tout
cela n'existait chez les énigmatiques personnages.
L'hôtelier crut cependant devoir porter k en
changer une certaine quantité de pièces d'or ou
d'argent, prises au hasard parmi celles que les
Anglais lui avaient données en payement de ses
comptes. Le changeur examina les espèces, les
pesales éprouva avec la pierre de touche et
garantit que c'était d'excellent argent et du meil
leur aloi. Pour le coup, Van Rysoort et ses amis
y perdirent décidément leur latin, ils revinrent
alors k l'opinion que les insulaires étaient deux
fous sérieux, deux excentrics d'un genre sans
exemple. Trois semaines se passèrent sans qu'il y
eût rien de nouveau; on était parvenu k la mi-
octobre.
Les Anglais firent de rechef appeler l'hôte et lui
■W—B^—i—
demandèrent de leur procurer deux fusils et deux
carnassières. Nous avons besoin de faire de l'exer
cice, et nous allons le long des dunes et des
canaux, faire feu sur les oiseaux. Nous serons
absents trois jours. Nous vous laissons nos efiets et
nous emportons la clef du pavillon. Une demi-
heure après, le fusil en bandoulière, les e'trangers
sortirent de l'hôtel de l'Escaut; Van Rysoort les
accompagna jusque dans la rue, se confondant en
salutations et souhaitant bonne chasse.
Trois jours se passèrent et les deux Anglais ne
reparurent pas. On les attendit vainement tout le
quatrième jour, c'était un mardi. Le mercredi Van
Rysoort resta plongé dans une sombre méditation.
Le jeudi, le conciliabule tint une séance fort
animée; on se perdit dans une mer de conjectures,
dans un océan de suppositions folles, inadmissibles,
absurdes. Le vendredi, Van Rysoort alla faire sa
déclaration an commissaire de police.
Le samedi, le commissaire, ceint de son écharpe
et flanqué de trois gendarmes, se rendit k l'hôtel
de 1 Escaut; un rassemblement nombreux stationna
dans la rue. L'autorité frappa k la porte du pavil
lon et un silence absolu ayant seul répondu, ordre
fut donné d'enfoncer la porte.
Elle tomba.