JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N» 2678. 26me année. YPriSS, 3 JUIN. La feuille exclusive de cette ville a fait sonner bien haut l'extrême modération dont elle a usée envers le collège de S'- Vincent de Paul. Tandis que, selon elle, nous n'avons négligé aucune occasion d'at taquer avec autant d'acharnement que de déloyauté le collège de la ville, elle s'est abstenue de faire intervenir dans ses dé bats l'établissement ecclésiastique, non pas (ajoutait-elle) qu'il n'y eût matière. Tout en remerciant notre confrère de sa réserve, que nos concitoyens sauront ap précier sa valeur, nous lui ferons obser ver que lors même que les griefs qu'il pourrait reprocher au collège de Saint- Vincent seraient aussi réels, que nous les croyons imaginaires, il n'aurait aucun droit de s'en mêler. C'est l'affaire des pa rents et nullement celle des rédacteurs du journal exclusif. Puisque cet établissement n'est point soutenu par la caisse commu nale, il n'est pas soumis au contrôle de ces messieurs. Quant au collège de la ville, c'est autre chose. Les 11 12 mille francs qu'il ab sorbe annuellement, nous y contribuons pour notre part. Nous avons donc le droit de nous plaindre de ce qu'il n'est pas or ganisé conformément aux convictions re ligieuses de la généralité des contribuables. C'est là une vérité si simple que nous éprouvons quelque honte y revenir aussi souvent. Mais nous répondons des ad- versaires qui semblent se complaire em brouiller les questions les plus communes. Il est d'ailleurs faux qu'en ce qui con cerne l'enseignement moyen l'attaque soit venue de notre côté. A-t-on oublié que nous ne sommes entrés en lice qu'après avoir enduré longtemps, trop longtemps {>eut-être, de bien absurdes accusations ancées par le Progrès contre les catho liques en masse? Ceux-ci, au dire de ce journal, possédaient presque partout le monopole de l'enseignement; il en voulait même au Gouvernement parce que celui-ci ne se hâtait pas de mettre le clergé hors d'état de profiter de la loi garantie tous les belges. Repousser des accusations souveraine ment odieuses, est-ce attaquer? Non, sans doute. Montrer; la frëbve la main, que dans quelques endroits, notamment Ypres, les libéraux eux-mêmes ont se reprocher les griefs, qu'ils mettent la charge des catholiques, est-ce calomnier Qui osera le dire?.... Eh bien, nous défions quiconque a étudié avec quelque attention la controverse que nous occupe depuis trop longtemps, de prouver que nous ayons fait autre chose. Les catholiques français ont lieu de se réjouir. La liberté de l'enseignement, pro mise depuis tant d'années, réclamée avec tant d'instance par les hommes religieux, cessera enfin d'être un vain mot. A mesure que l'Université est mieux appréciée, le monopole dont elle jouit paraît tous les jours davantage aux yeux des esprits droits ce qu'il est en réalité, c'est-à-dire, une cho quante anomalie, ou plutôt une injustice révoltante. Ce n'est pas que la victoire soit déjà tout-à-fait certaine. Non, les partisans du monopole universitaire ne se rendront qu'à la dernière extrémité. Us ne savent que trop que la concurrence sera peu fa vorable aux maîtres actuels. Le clergé, si odieux nos soi-disant philosophes, disons mieux, la religion catholique y gagnera immensément mais c'est là, comme on sait, ce que les esprits forts redoutent le plus. Quoiqu'il en soit, le branle est donné et il est hors de doute que les nombreux fiétidonnaires en faveur de la liberté de 'enseignement doivent s'applaudir de la démarche qu'ils viennent de faire. Plu sieurs députés, la séance du 27 mai, ont fait ressentir avec force ce que le mono pole de l'Université présente d'alarmant pour les citoyens qui mettent la foi avant l'instruction. Des exemples ont été cités pour prouver que dans les branches en apparence les plus étrangères la religion il arrive d'ordinaire que les croyances des professeurs sont loin d'être sans influence sur les sujets qu'ils traitent. Les efforts de ces honorables députés n'ont pas été stériles. Le ministre de l'ins truction publique s'est formellement en gagé apporter, l'ouverture de la pro- On s'abonne Ypres, Grand'- Plaoe, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. Plll\ DE L'IBOn'EMEXT, par trimestre, Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités 430 Prix d'un numéro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IXSERTIOAS. 4» centimes par ligue. Les ré clames, 33 centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. FEEILLETONDU PROPAGATEUHT L2S 2C7SS 117ST33.I27Z. (SUITE ET FIN.) On ne vit rien, on n'entendit rien; les spec tateurs groupés dans le jardin, s'enfuirent en pous sant des cris d'effroi; Van Rysoort, le commissaire et deux gendarmes furent entraînés dans celte dé route. Un autre gendarme, vieux militaire décoré, ne partagea point cette terreur panique; il tira son sabre et s'élança héroïquement dans l'intérieur du pavillon. Il n'y trouva rien de remarquable si ce n'est deux malles entr'ouvertes et une feuille de papier posée sur une table. Cet écrit fut porté au commissaire. Lecture en fut donnée. Rapportons fidèlement le texte de ce document Mon cher monsieur Van Rysoort, pour peu que vous ayez quelques connaissances historiques, vous devez savoir qu'au commencement du XVII0 siècle et lors des guerres de la Hollande avec l'Es pagne, votre bonne ville d'Ostende soutint un fort long siège; elle fut successivement bloquée, dé livrée, assiégée de nouveau, et parmi ses défenseurs, parmi ceux qui combattirent maintes années sous les drapeaux des Provinces-Unies, on compta un grand nombre d'Anglais des premières familles. Un de nos ancêtres s'y trouvait; il était trésorier de l'expédition britannique, et lors de la reddition d'Ostende, il ensevelit secrètement une somme considérable qu'il avait a sa disposition; il voulut ainsi la dérober k l'avidilé des ennemis. En fouil lant dans de vieux papiers oubliés depuis deux siècles, le hasard nous a dernièrement fait con naître cette circonstance, nous avons en même temps retrouvé l'indication exacte du lieu où cette cachette devait s'offrir a nos recherches C'était chez vous. Nous sommes venus Ostende, nous avons pris domicile dans votre hôtel, et après avoir tout reconnu, tout inspecté, nous nous sommes avisés des moyens les plus efficaces pour empêcher sans scandale et sans bruit, que ces valeurs ne restassent plus longtemps a moisir sous terre, car c'était réellement dommage. Vous savez comment nous nous y sod pris, et certes, la main sur votre conscience# pouvez avouer que nous ne vous avons pJ tort, et que notre séjour chez vous a été une aubaine, telle que vous n'en rencontrerez jar Vous nous avez pillé, comme dans un mais nous fermions les yeux, tant nous avions, et pour cause, désir de rester chez vous, et volonté de vous faire partager notre envie. Vous trouverez dans la dernière pièce du rez-de-chaussée le par quet enlevé en partie, vous y verrez un trou de la profondeur d'une quinzaine de pieds, et au fond une grande caisse en fer. 11 nous a fallu du temps pour creuser ce puits, pour enfoncer cette caisse, pour enlever peu k peu et faire passer en lieu de sûreté les vieux ducats k l'effigie de Charles- Quint, et les liogots sur lesquels nous avions mis la main. Nous vous faisons cadeau de la caisse, nous vous conseillons de faire combler le trou; ne pre nez pas la peine de savoir qui nous sommes; nous avions des noms d'emprunt, et lorsque vous lirez ceci, nous serons bien loin d'Ostende, où nous comptons ne jamais revenir. Le ministre des fi nances de la reine Elisabeth aurait seul et tout au plus le droit de nous faire quelques observations; ais comme il estmorhj^a deux cents ans, nous arrangerop£>sî)e«etii&ijjhtf ec lui. Si nous vous ans en détail, c'es^uk^Kt de prendre pour îrs condr.ije yoos. dfiu M unes bien aises de Ir un montent avec un tôûî/c jui nous a inspiré 'parfaite ekurie,.^ Van Rysoort n'çiituieilà^Jîre, rien k faire; et les commères d'OstendeTécdîuiurent que les deux An glais n'étaien l pas aussi excentrics qu'on l'avait cru.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1843 | | pagina 1