JOURNAL D YPRESIT DE L'ARRONDISSEMENT. No 2694. 27me année. Dans deux articles successifs, l'Univers de Paris s'est occupé de la brochure de M. De Decker, membre de la chambre des re présentants, qui a paru récemment sous le titre De l'Influence du Clergé en Belgique. La tâche que s'était proposée notre hono rable compatriote, il l'a entreprise, dit ce journal, dans une brochure pleine de talent, de modération, de sincérité et de sagesse. L'Univers signale dans le tra vail de M. De Decker d'utiles renseigne ments pour la France. Un des faits, ajoute-t-il, qui témoignent le plus haute ment de la puissance de l'Eglise dans notre temps, c'est sans contredit la crainte réelle ou simulée qu'inspire le clergé aux hom mes politiques, c'est la frayeur sincère ou feinte que beaucoup d'esprits éprouvent de l'influence occulte et des envahissements du sacerdoce dans l'ordre temporel. Ce texte favori de l'ancien libéralisme, qu'il a commencé du reste avec assez de constance et de force pour en faire éclore une révo lution, ce texte est repris sans cesse par l'opposition nouvelle et par les organes du pouvoir, et il a encore le privilège, tout usé qu'il soit, de séduire trop souvent les imaginations faibles ou prévenues. En France, il exerce encore une influence in contestable, et bien qu'il ne supporte pas un instant l'examen, comme il sert parfai tement les desseins des habiles et les ini mitiés des impies, il est assuré d'être bien accueilli par le grand nombre. Au fond, il cache la querelle sérieuse et redoutable du rationalisme et de la foi, de l'erreur et de FEUILLETON DU PROPAGATEUR. Ia vérité. C'est une forme de la lutte anti que du bien et du mal; voilà le secret de sa force et de son énergie. On ne s'étonnera donc pas que là où le catholicisme est plus vivant, comme en Belgique, le libéralisme se montre plus passionné, que la question des envahisse ments du clergé soit chez nous le grief dominant de 1 opposition, et que, selon l'expression de M. De Decker, comme le remarque YUnivers, elle soit au fond de toutes les questions qui s'agitent aujour- d'hui avec tant d'aigreur. C'est continue l'honorable représentant, l'idée de l'influence occulte du clergé qui, chez beaucoup de gens de bonne foi, légitime les plus brusques revirements d'opinion, qui chez d'autres, sert de prétexte aux palinodies les plus étranges; c'est cette idée qui donne aux partis leur physio- nomie,auxévénementsleursignilication; c'est elle qui est la cause de cette irrita- lion, descendue aujourd'hui jusque dans les entrailles de la nation. L'Univers cite encore quelques passages de la brochure de M. De Decker, qui, en Belgique, se trouve dans les mains de tous ceux auxquels les affaires publiques ne sont pas étrangères. Il fait remarquer la justesse de la distinction établie par l'au teur qui, tout en éprouvant un sentiment de répulsion pour la domination politique du clergé, croit sérieusement la nécessité de conserver en Belgique comme partout, son influence religieuse et morale, son in fluence sociale. D'après les renseignements qu'ils ont puisés, disent-ils, des sources non équi voques, le Journal du Limbourg belge de Hasselt, et YOrgane des Flandres viennent de laver, leur tour, le ministère belge du reproche d'avoir coopéré la non-reélec tion de M. Raikem et de quelques-uns de ses collègues. En présence de déclaration aussi expli cites, faites par ces organes de la presse modérée, on est forcé d'admettre avec le Journal de Bruxelles que l'éloignement des membres les plus méritants de la majorité mixte parlementaire est bien le fait de l'exclusivisme aveugle d'un parti aux pas sions haineuses, qui ne rêve que vain queurs et vaincus. Si l'on en croit le Rapport présenté der nièrement au conseil provincial, par la députation permanente, notre collège com munal serait en voie de progrès. Dût-on de nouveau nous accuser de nous laisser uider par une basse envie contre cet éta- lissement, nous dirons avec notre fran chise habituelle que nous ignorons en quoi consiste le progrès dont on parle. Tous ceux qui connaissent l'organisation du col lège de la ville conviendront que les au teurs du Rapport, en s'exprimant ainsi, n'ont pas fait preuve d'une précision ma thématique. Loin de nous cependant de suspecter en rien la bonne foi de ces mes sieurs. L'on sait que d'ordinaire ils n'ont la prétention que de coordonner les ren seignements que leur fournissent les au torités locales. On s'abonne l'pres, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Pour Ypresfr. 4OO Pour les autres localités 4 Prix d'un numéro O30 Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur a Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. i 1 centimes par ligue. Les ré clames, 34 centimes la ligne. vérité et justice. 7??lSS, 29 Juillet. HISTOIRE. Bauduin de Lille. Bauduin de Mons. (tKJITE.) Quand l'empereur fut de la sorte engagé Lien avant dans un pays qu'il ne connaissait pas, Jean le pria de lui faire octroyer la châtellenie de Cam brai, disant que sinon il se verrait obligé de quitter son service. Outre que Jean servait de guide a l'armée d'invasion, Il y avait encore amené bon nombre de satellites, et la défection de tout ce inonde aurait mis l'empereur dans l'embarras. Henri manda l'éveque Uébert, qui venait d'ar river au camp pour rendre hommage h son suze rain, et l'engagea a donner satisfaction l'avoué dépossédé, eu l'investissant de la châtellenie qu'il réclamait. Liébert fut consterné de cette proposi tion. Après avoir été délivré de la présence de Jean, il s'était empressé, selon droit et justice, de conférer la châtellenie un jeune baron du nom de Hugues, neveu et héritier de l'andien châtelain. L'empereur considérait ce qu'il réclamait de l'évê- que connue peu important, et, pressé qu'il était par Jean, ses instances devenaient de plus en plus vives. L'évêque, d'un autre côté, se trouvait dans la plus grande perplexité il ne pouvait sans injustice reprendre la châtellenie h l'héritier légi time. En le faisant il péchait gravement, et de plus s'exposait aux violences des parents de Hugues. Il refusa net l'empereur. La colère de celui-ci fut extrême. Par sou ordre, des hommes d'armes mi rent la inain sur le pieux et saint évêque; 011 le jeta en prison; et le monarque allemand agit de mauière h arracher par la violence ce qu'il n'avait pu obtenir par le seul ascendant de ;.on autorité (1). Cédant aux exhortations de ses coévêques, et sachant que, selon l'Apôtre, il faut toujours se soumettre au souverain (2), Liébert consentit en gémissant a donner la châtellenie h Jean de Bé- thune. Celui-ci alors se prépara de nouveau h G) .1 Coepil abnti violent il, priecipiens episcopuiu a mi- lililius rapt, et exiia polcslatim cjus positionîu cuatodijy rcaervari. Bald. Chrom., 3->8. (■i) a Tandem episcnpus eoepisonporum et amicorura fi- beri unis omis il lis correpius, scieosque quod, sccuudum Au>s- toiu 111régi debeat esse subjectus, auiiuit unperatori Me Jolianue ijuoil pelebal. Jbid. guider l'armée impériale qu'il avait laissée dans les marais aux environs d'Hennin-Liétard. Bauduin et son fils s'étaient retranchés avec leurs chevaliers dans les forteresses qui bordaient les rivières de la Scarpe et de la Sensée. Ils ne paraissent pas avoiressayé d'attaquer les impériaux en rase campagne. Ceux ci s'avancèrent d'abord vers l'Écluse, petite ville sur les confins «le la Flandre, de l'Artois et de Cambrésis. Soit par ruse, soit par force, ils en enlevèrent le château au milieu d'une nuit, et firent tin grand carnage des habitants qui voulurent se défendre 1 L'armée [>assa au delà de l'Écluse, et, continuant ravager e pays, elle arriva sur les bords de la Deule, h un endroit où cette rivière se partage en deux bras et forme une sorte d'île. Ce lieu, appelé Bue, où existait de très-ancienne date un château qui passe pour avoir été le siège de la domination du premier forestier de Flandre, et qui par la suite a vu s'é- le"fret sous le nom de Lille, u»e-eâ£si florisante, ce liiù\servait de refuge ji marquis et celf^de ses fils. 11 av^U-pif^ fortifié «nÇjyiuveau, facla iuiuiicou|iu suuiuiu ruMsii/rtP^lolvuUuiii Ri«u mjoyLi caede. Ibùf.' ~J v. w

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Le Propagateur (1818-1871) | 1843 | | pagina 1