N° 2705. Mercredi, 6 Septembre, 1843. 27me année.
7PF.SS, 6 Septembre.
LE PROGRÈS ATTAQUE LA LOI.
Nous avons montré dans un article pré
cédent, que le Progrès semblait tomber des
nues lorsqu'il parlait de l'institution des
inspecteurs ecclésiastiques, et qu'il ne te
nait pas même compte des votes de son
propre parti; il paraît que ce journal a
trouvé nos observations fort justes, car il
promet ses lecteurs de s'abstenir désor
mais a d'insister trop sur cette matière assez
débattue du reste et par la tribune parlemen
taire, et par l'opinion, et par la presse indé
pendante.
Malgré cette promesse qui semblait avoir
pour principe une bonne résolution, le
journal a cédé sa démangeaison ordi
naire, et il a attaqué de front une loi lé
gitimement votée par tous les pouvoirs
constitutionnels celte loi, sur laquelle il
n'insistera plus, est tout simplement une
loi injuste et partiale; une loi tyrannique
votée par un parti pour opprimer un autre
parti la représentation nationale n'a pas
représenté la Belgique, lorsqu'elle a voté
cette loi, après une des plus belles et des
plus longues discussions dont nos annales
parlementaires aient gardé le souvenir,
mais elle représentait un parti odieux, le
parti clérical, le parti rétrograde; celte loi
est digne de toute la colère, des hommes
du progrès, plût au ciel qu'elle n'eût jamais
été faite;... etc., etc., etc.
Voilà peu près le thème du Progrès et
il croit, le bon journal, que ce langage est
constitutionnel? 11 s'imagine que parler
ainsi ce n'est pas soulever le peuple contre
la loi? Que deviendrait le pays, si toutes
les personnes qui n'approuvent pas une
loi, parce qu'elle blesse un de leurs inté
rêts ou froisse une de leurs opinions récla
maient de cette manière? Si les brasseurs
anathématisaient les lois d'accises sur la
bierre; les sauniers, les lois sur le sel; les
armateurs,celles sur lesdenrées coloniales;
les propriétaires, celles qui règlent l'impôt
loncier?.... Tout le pays serait en révolte,
et il n'y aurait plus de gouvernement en
Belgique.
Nous comprenons parfaitement la mau
vaise humeur du Progrès propos de la loi
sur l'instruction primaire; car avant que
la loi ne fut votée, son parti rêvait le mo
nopole du gouvernement et un régime par
faitement semblable celui de Guillaume
ces grands et sincères amis des libertés
publiques, ne voulaient pas, et ils ne veu
lent pas encore, de la liberté pure et sim
ple de l'instruction; ils sentent trop leur
infériorité en cette matière; et ils ont pour
principe de ne vouloir que des libertés qui
leur profitent; ne pouvant rien par eux
mêmes, ils auraient investi le gouverne
ment d'un pouvoir despotique sur l'éduca
tion, dans le seul et unique espoir d'exclure
l'influence catholique de l'instruction du
peuple, et de satisfaire ainsi leurs aveugles
préjugés.
En se mettant ce point de vue, on doit
considérer la loi sur l'instruction primaire
d'un bien mauvais œil aussi n'aurions
nous aucune remarque faire sur les
plaintes du Progrès, s'il se renfermait dans
les bornes tracées par la constitution; il
est permis tout le monde d'exprimer des
regrets et des craintes; de faire observer
ce qui pourrait paraître défectueux, soit
dans l'examen de la loi, soit dans sa rédac
tion, soit dans son application, pourvu que
l'on respecte la chose jugée car si les lois
légitimement votées n'obtiennent pas ce
respect, c'en est fait du gouvernement con
stitutionnel, et l'anarchie règne en souve
raine.
Le Progrès refuse la loi susdite le res
pect qu'on doit la chose jugée il verse
sur elle grands flots le blâme et la haine;
il la dépeint comme une loi de parti, pleine
d'injustice et de tyrannie, il la décrie et la
condamne, et tout cela sans donner aucun
motif plausible de ses petites fureurs; n'est-
ce pas là prêcher la révolte, et attaquer la
loi?
La correspondance de Madrid émet
l'opinion bien formelle que le parti parle
mentaire l'emportera dans les élections,
et que dès lors il faut s'attendre voir
proclamer au mois d'octobre prochain la
majorité de la reine.
Le gouvernement Hollandais voyant
l'opposition que rencontre dans les sec
tions, le projet de loi qui avait pour but
de soumettre l'impôt, les rentes, les
traitements et les propriétés mobilières,
se propose de le retirer et de le remplacer
par une loi d'impôt général sur le revenu.
Ce sera une taxe semblable Yincome-tax
en Angleterre.
Les membres de la commission mixte
de liquidation ont échangé le 30 août der
nier, Utrecht, la ratification de la con
vention financière qui concerne cette li
quidation entre les Pays-Bas et la Belgique.
La Gazette dAugsbourg publie une lettre
des frontières d'Italie, d'après laquelle
trois cents insurgés, sortis de Bologne
bien armés, pour exercer leurs désordres
audehors avec plus de sécurité, auraient
attaqué un détachement de troupes envoyé
contre eux, fait prisonnier l'un des plus
braves officiers de l'armée et quelques-uns
des siens, et l'auraient passé par les armes.
Le 3 un incendie s'est déclaré dans le
faubourg de Valenciennes Tournay. Des
voyageurs arrivés par le chemin de fer
nous rapportent que c'est une ferme qui
en était le théâtre. Les circonstances de
ce désastre ne sont pas encore connues.
On écrit de Gand, 2 septembre
Un triste accident a eu lieu hier dans
la fabrique de M. Yan Loo, rue des Filles
des Corsets-Rouges Une fille de 17 ans a
eu le bras horriblement broyé dans la
machine dite Carderie. Elle a été trans
porté l'hôpital dans un état alarmant.
Une famille anglaise venant en poste
d'Ypres Ostende, pour s'y embarquer et
prendre la voie d'Angleterre par le bateau
vapeur, a failli périr un de ces jours
derniers. Les chevaux qui traînaient la
voiture ayant pris le mors aux dents
l'intérieur d'Ostende et près du quai, se
dirigeaient droit sur cette partie du port
où se trouvent les bureaux de la douane et
allaient infailliblement se jeter l'eau du
haut des quais, quand les employés de la
douane se sont généreusement dévoués en
se jetant au-devant des chevaux, qu'ils
sont parvenus arrêter, sauvant par ce
trait de courage toute une famille qui
allait indubitablement périr.
Le tir l'arc-à-main qui vient d'avoir
lieu dimanche et lundi derniers Ingliel-
munsler a été favorisé par le plus beau
temps.
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