rien. Eblouissant de lumière, il s'est élevé
majestueusement au milieu des hourras
de la foule accourue sur la Grand'Place.
Poussé vers le nord-est, on l'a pu quelque
temps contempler comme un brillant mé
téore nageant dans un ciel azuré. Ensuite
ce n'était plus qu'une tâche blanche, s'a-
moindrissant, tremblotant, bleuissant, et
s'effaçant enfin dans l'espace. Il semblerait
que le ballon, comme le Progrès, eût pris
tâche de démentir l'adage Fama crescit
eundo.
On lit dans la Feuille (TOstende
Notre héroïne est partie avant-hier ma
tin pour Bruxelles, afin de donner l'ad
ministrateur de la sûreté publique les ren
seignements dont il pourrait avoir besoin
pour découvrir la vérité.
Jusqu'à présent nous n'avons pas voulu
faire un jugement anticipé sur cette mal
heureuse, qui est aussi peu espagnole que
nous espagnols; mais que nous croyons
tout simplement une irlandaise. Nous di
sons malheureuse, parce qu'une jeune fille
livrée, par le hasard ou par sa faute, un
sort incertain, ne peut être qualifiée autre
ment.
Nous présumons qu'il y a enjeu une in
trigue amoureuse, dont personne n'a pu
découvrir le fil et dont elle a caché la
moindre circonstance. Elle a reçu jeudi
matin une lettre de Bruxelles, qu'elle pré
tendait venir de sa famille, mais qu'elle a
refusé de montrer même aux personnes
qui la traitaient avec tant d'égards. Depuis
elle a insisté pour aller Bruxelles, où la
vérité ne tardera pas se découvrir.
Nous avons rapporté précédemment
tous les faits comme nous les avions ap
pris; nous avons pensé d'abord, comme
tout le monde quie nous avions faire
une infortunée, sauvée d'un naufrage; mais
plus tard des doutes se sont élevés chez
nous en remarquant qu'elle commençait
parler trop bien l'anglais, et qu'elle ne
songeait plus que rarement baragouiner
une langue dont on ne comprenait mot, et
qui semblait être un dialecte irlandais.
Alors nous avons cru qu'il s'agissait de
toute autre chose que d'un naufrage, et,
en apprenant sa conduite étrange la ré
ception de la lettre, nous avons été totale
ment désabusés. Nous avons été convain
cus que nous étions en présence d'une
jeune femme, qui, pour cacher son aven
tureuse et blamable démarche, dont elle
sentait incontestablement toute la gravité,
avait dù inventer une histoire pour cacher
son but et y parvenir plus facilement.
Telle est notre opinion sur l'aventure
de cette jeune femme, dont les manières
n'indiquent pas une naissance obscure et
qui sait inspirer l'intérêt tous ceux qui
l'environnent. Plût au ciel qu'elle fut
bientôt démentie.
On écrit d'Enghien, 8 octobre
La foudre est tombée, 2 heures du
matin dans le globe qui domine la tour de
l'église paroissiale, située au milieu de la
Grand'Place de cette ville. En un instant,
le globe était embrassé, et l'intensité du
vent, jetant au loin des étincelles incen
diaires, menaçait et la tour et les maisons
avoisinantes. Grâce au concours et au zèle
empressés des habitants; grâce surtout
la bonne organisation de la compagnie
bourgeoise des pompiers, nous sommes
maîtres du feu. L'éternel carillon de cette
ville, qui a l'art de plaire et d'ennuyer,
selon le goût des voyageurs, se fait enten
dre en signe de réjouissance et annonce
aux habitants que tout danger a disparu.
Mardi dernier, un enfant de 6 7 ans,
est mort ivre Warinpage, hameau de la
commune d'Ortho. Les circonstances de
ce triste événement sont particulièrement
pénibles et repoussantes; la jeune et mal
heureuse victime a succombé un excès
de boisson, provoqué, encouragé par de
grandes personnes, par son propre père,
ivre lui-même, sans doute, et qui, rendu
la raison, doit maintenant éprouver de
cruels remords.
Cet enfant avait été envoyé par sa mère
rappeler son père et d'autres parents qui
étaient au cabaret l'occasion de la ker
messe. Ceux-ci, avant de retourner dîner
ont fait boire de l'eau-de-vie au pauvre en
fant, qui bientôt est tombé ivre. On l'a
rapporté dans cet état, et il en est mort
peu de temps après.
Le gouvernement s'occupe, dit-on, d'une
manière fort active de différentes ré
formes qui seront soumises aux cham
bres dans la session prochaine. Une com
mission, nommée par M. le ministre des
finances, est chargée d'élaborer un projet
de loi sur le droit de succession. Il paraît
que toute la législation actuelle sera refon
due et complétée de manière prévenir
les fraudes nombreuses qui se commettent
aujourd'hni dans les déclarations de suc
cession, et augmenter, par conséquent,
les ressources que cet impôt procure au
trésor. Il n'est pas douteux, ce que pré
tend un journal, que les 5 6 millions
produits par les successions ne puissent
êtreaugmentés de 1,500,000 fr. 2 millions,
sans léser aucun intérêt. Une autre réforme
dont le gouvernement poursuit activement
la réalisation, c'est celle de notre régime
douanier, surtout en ce qui touche aux
denrées coloniales. Une commission exa
mine tous les systèmes qui ont été présentés
jusqu'ici, son travail, où le principe du
système différentiel est admis, sera plus
complet, paraît-il que les travaux précé
dents; il facilitera les débats des chambres
dont la question des droits différentiels
formera, sans doute, l'un des objets prin
cipaux.
Une circulaire de M. le ministre des
finances, a statué que le montant des
abonnements des communes au Bulletin
officiel sera versé l'avenir dans les caisses
des receveurs de l'enrégistrement et des
domaines des cantons respectifs. M. le
gouverneur prie les commissaires d'ar
rondissements et les administrations com
munales de se conformer cette pres
cription.
Un arrêté royal de date récente crée,
auprès du ministèredesaffairesétrangères,
un collège héraldique, lequel sera chargé
de la vérification des titres de noblesse.
Maintenir l'esprit de corps parmi les officiers de
l'armée et leur assurer le rang qu'il doivent oc
cuper dans l'État, est l'un des objets constants de
la sollicitude du département de la guerre. De
temps en temps les chefs reçoivent des instructions
qui ont pour objet de réaliser cet indispensable
résultat. Récemment encore une circulaire minis—
téiielle a rappelé sur ce point l'attention des supé
rieurs. Si notre mémoire ne nous trompe, le
ministre prescrivait a qui de droit, qu'il serait
formé des sociétés militaires partout où le nombre
des officiers le permettrait, et que si ce nombre
était insuffisant il serait pris des mesures pour ag—
gréger les officiers a l'une ou l'autre société bour
geoise. Mais aucun ministre, aucune époque, n'a
voulu que l'on pût arbitrairement interdire des
officiers de fréquenter telle ou telle réunion hon
nête, sous le seul prétexte, par exemple, qu'elle
n'appartiendrait pas, soit a la plus hante bour
geoisie, soit a la noblesse. Sous l'influence de ces
idées, nous avons vu s'élever dans notre sein une
société militaire, ayant un local intra muros et
un local extra murospossédant ainsi des res
sources de distraction en été comme en hiver
c'était on ne peut plus rationnelvu que notre
ville, comme place forte, aura toujours une
garnison très-nombreuse eu égard a son étendue
et a sa population.. Cependant, il y a dans la
bonne citéd'Ypres une si adorable intimité entre
les plaisirs de la garnison et les plaisirs de la
haute volée, qu'une main connue pour son énergie
avait seule pu arracher les militaires aux bour
geois, et que ces derniers, inconsplables dans leur
douleur, songèrent nuit et jour a rattraper ce
qu'ils avaient perdu. La combinaison de ces deux
tendances, aidée par un changement partiel de la
garnisona ramené l'accomplissement des vœux
communs. La société militaire est dissoute, et ses
débris ont été engloutis par la Concorde. Jusque-la
peut-être n'y a-t-il rien a redire on passe de
l'une a l'autre des alternatives posées par l'ins
truction ministérielle susrappeleé. Les plaintes
que nous avons a enregistrer frappent sur une
mesure accessoire a cette nouvelle et douce fu
sion. La Concordequi veut étendre ses ailes
protectrices sur toute la ville, afin qu'il n'y ait
plus ni insultes, ni outrages, en un mot afin qu'il
n'y ait plus de discorde, n'est pas satisfaite par
l'extinction de son faible concurrent 11 ne suffit
aucunement qu'il n'existe plus de Société mi
litaire, il faut en outre que MM. les officiers ne
puissent fumer la pipe, ni jouer la partie, que dans
le local même de la Concorde. Ainsi, l'on est
parvenu a leur faire interdire les deux estaminets
de S1-André et d'Anvers. Briser une habitude
bien innocente sans doute, c'est vexer gratui
tement l'homme dans l'une de ses plus chères
affections. Enlever leur clientelle a deux Esta
minets notables, c'est commettre un acte de ré
voltante injustice. Et c'est la le fait d'hommes qui
s'arrogent le monopole social, fait contre lequel
il importe de protester. Ceux qui n'appartiennent
pas h cette compagnie, ne sont point par cela seul
indignes d etre en contact avec les officiers et
ceux-ci méritent bien quelque liberté en dehors de
leur service, puisque dans l'exercice de leurs fonc
tions, ils sont entourés d'assujétissements de tous
genres. Cet état de choses ne saurait perdurer
longtemps l'homme qui commande nos troupes
voudra s'éclairer; et lorsqu'il se sera convaincu
que les officiers, en fréquentant S1-André et
Anversne peuvent déroger aux prescriptions
gouvernementales, il lèvera une interdiction qui
n'a pas de but h atteindre, si ce n'est un but que ce
chef respectable n'a certainement pas en vue.