On lit dans le Journal des Débats la lettre suivante Madrid, 3 octobre. Pendant que le gouvernement prend des mesures énergiques pour porter le coup décisif l'insurrection de Barcelone et de Saragosse, une ville de peu d'impor tance aux confins de la province de Gre nade, vient de faire son pronunciamento en faveur de la junte centrale. Le courrier arrivé aujourd'hui de l'Andalousie a apporté la nouvelle qu'une insurrection s'était accomplie Almeria qui a été une des premières se pronon cer contre l'ex-régent. Cette ville se trou vait dégarnie de troupes, car le capitaine- général a été obligé de concentrer des forces considérables dans la Runda et Grenade où quelques symptômes anarchi- ques ont eu lieu. En effet, la date du 28 septembre il y avait Grenade une colli sion entre la garde nationale et la troupe de ligne d'où il est résulté quelques blessés de part et d'autre; néanmoins l'autorité a su maintenir l'ordre, et le capitaine-géné ral a fait changer le chef politique soup çonné de connivence avec les partisans de la junte centrale. ANGLETERRE. Londres, 6 octobre. Le baron Brunow doit donner samedi et dimanche deux grandes fêles l'ambas sade de Russie, en l'honneur du grand-duc Michel. De nombreuses invitations ont été adressées pour ces deux soirées aux nota bilités de l'aristocratie anglaise et du corps diplomatique. Il paraît que le relevé trimestriel des recettes sera relativement favorable. Il paraît qu'il y a une augmentation sur les accises et une autre d'un demi-million ster ling par suite de l'importation des grains. Les propriétaires fonciers du pays de Galles ont tenu un meeting pour con certer des mesures de répression contre les rebeccaïtes. Une toque nationale, qui devra être portée par tous les Kepealers affiliés au Mouvement doit être bientôt distribuée, Dublin par les agents de l'association du Deapel. On vient d'apprendre par le steamer Tay> qu'un terrible incendie a ravagé Kingston, capitale de la Jamaïque, le 26 août. Quatre cents maisons ont été rédui tes en cendres; les pertes sont évaluées au moins 13 millions de fr. Une pièce de campagne ayant été em ployée détruire des constructions, pour arrêter le feu, a tué deux personnes, d'au tres ont été blessées. ITALIE. On écrit de la Suisse, 4 octobre, la Gazette d" Augsbourg Des voyageurs et des lettres venant de Naples nous apportent les bruits les plus étrangers touchant un attentat projeté contre la famille royale l'occasion d'un feu d'artifice; mais le projet a été décou vert. Sans doute ces bruits sont fort exa gérés, mais il est cependant certain que le gouvernement prend encore en ce moment toutes les mesures de précaution possibles, et que les chefs des régiments suisses sur tout ont reçu des ordres secrets. Ce qui fait grande sensation, c'est que les colo nels de ces régiments ont défendu leurs officiers de continuer se faire apporter par les recrues les feuilles politiques de la Suisse. On ne voit plus dans les états de l'église de bandes armées. Les véritables chefs du mouvement sont hors du pays, et les chefs de bandes sont presque tous en prison. La commission spéciale chargée d'instruire cette affaire poursuit activement sa tâche en silence; le nombre de personnes com promises est très-considérable. ALLEMAGNE. lunebourg, 30 septemb. Des désordres assez fâcheux ont eu lieu hier au camp et voici quelle occasion. Les marchands de comestibles et de bois sons qui s'y sont établis, ont voulu tout vendre des prix énormes, et comme ils n'ont pas voulu sé rendre aux réclamations des soldats, ceux-ci ont cru pouvoir se rendre justice eux-mêmes, et ils ont ren versé les tentes, brisé les ustensiles, etc. Un de ces marchands ayant voulu interve nir, a reçu la tête un grand coup de sa bre qui l'a grièvement blessé. Ayant eu la présence d'esprit d'arracher l'épaulette du coupable, qui indiquait le numéro du ré giment, il est parvenu le faire arrêter sur-le-champ. Seize autres soldats ont été également arrêtés. Pour prévenir de nou veaux désordres, il a été arrêté que chacun des marchands devait présenter la liste des prix des comestibles, laquelle doit être visée par l'adjudant du camp, et être affi chée dans la tente du marchand. GRECE. On écrit de Trieste, 28 septembre, la Gazette d'Augsbourg Des lettres de la Grèce portent que la sûreté du couple royal et des étrangers est protégée par cinq bâtiments de guerre deux français, deux anglais et un sarde, et qu'on attend encore plusieurs autres vais seaux. Au nombre des passagers que le bateau vapeur nous a amenés aujourd'hui se trouvaient la princesse d'Oldenbourg et un certain nombre d'officiers. Quelques-uns de ces derniers ont été accueillis coups de pierres par le peuple en débarquant en uniforme Patras, et ont été obligés de se réfugier bord du paquebot. Les autres Bavarois qui sont encore en Grèce sont attendus par le premier paquebot. J'apprends de la bouche de plusieurs personnes attachées de près la cour d'A thènes que la tranquillité de ce royaume n'est pas aussi complète que le prétendent les journaux de sa capitale. Les partis commencent intriguer plus que jamais l'un contre l'autre, et chacun d'eux croit pouvoir l'emporter. 11 est très-probable que les agents du Nord étaient instruits de tout ce qui se tramerait, si même ils y étaient étrangers. On lit dans une lettre adressée d'A thènes, 21 septembre, la Gazette d'Augs bourg C'était seulement le 19 que les conju rés voulaient proclamer la constitution, mais le gouvernement s'étant trouvé en possession de lettres qui compromettaient gravement Makrojanni et Kalergiconvo qua un conseil de guerre secret qui reçut l'ordre de les faire arrêter. Dans la nuit du 14 au 13, un détache ment de gendarmerie se rendit donc la demeure de Kakrojanni, pour exécuter cet ordre mais lui, voyant cela, appela 20 30 palicares qui se trouvaient dans le voi sinage et leur dit Nous sommes trahis, il y va maintenant de notre tête. Vive la constitutionEt ces cris, ils en vinrent aux mains avec les gendarmes, dont un fut tué. Les conjurés se rendirent alors dans la ville et altèrent la grande caserne où Kalergi, qui commandait la cavalerie, fit battre la générale. Pendant ce temps-là, d'autres conjurés parcouraient la ville en criant levez-vous, amis, accourez au pa lais et demandez la constitution qui vous a été promise. Bientôt se trouvèrent réunis devant le palais cinq six mille hommes qui, en criant, exigeaient du roi la consti tution. Le roi et la reine étaient presque seuls dans le palais. Le roi envoya un officier d'ordonnance la caserne d'artillerie chercher une bat terie pour protéger le château. Mais l'offi cier qui commandait fit atteler la baterie et le fit conduire sur la place où les canons furent dirigés sur le palais, chargés et la mèche allumée. Le roi se vit alors forcé de signer la proclamation. Il n'a pas juré la constitution, il s'est exprimé ainsi J'ac corde. Kalergi était devant son souverain, le sabre la main. La constitution a été reçue partout dans les provinces avec joie et avec calme, si ce n'est dans la forteresse de Lamia, où elle a donné lieu un engagement dans lequel 60 personnes ont été tuées ou blessées. Je ne puis cependant garantir l'exactitude de cette nouvelle. Le roi, séparé de tous ses amis, voulait d'abord abdiquer, mais la reine et les am bassadeurs étrangers l'en ont détourné. Il est faux qu'on ait demandé S. M. d'em brasser la réligion grecque et de répudier la reine. L'assemblée nationale devait avoir lieu le 13 octobre. remonter sur le trône de ses pèresson ambition se serait tournée d'un autre côté. Voyant la mo narchie du roi Olhon fortement compromise il aurait intrigué a St-Pétersbourg pour obtenir de l'empereur sa protection pour être placé sur le trône de la Grèceet ce projet se serait lié aux idées d'une union matrimoniale avec une grande duchesse de Russie. Mais on sait que l'empereur Nicolas, malgré sa haine contre Louis-Philippe a refusé sa iille au duc de Bordeaux, et il n'a pas voulu l'accepter comme candidat la couronne de la Grèce. C'est toujours le prince de Leuchtenberg qu'il voudrait placer Athènes pour le cas ou le roi Othon serait obligé de retourner a Munich. Les fièvres typhoïdes et intermittentes sé vissaient a la Pointe à-Pitre, malgré la beauté de la saison. On en attribue la cause h l'insalubrité du quartier habité momentanément par le commerce et appelé Nouvelle-Ville, que le manque de bras empêche d'assainir. Les ouvriers sont toujours occupés aux déblaiements.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1843 | | pagina 3