Dans un article sur les études moyennes, le Courrier belge révèle les faits suivants concernant quelques établissements d'en seignement Le collège d'... dans ledevait subir une réorganisation complète. Le conseil communal, de concert avec l'auto rité supérieure, procéda la nomination d'un professeur de poésie, qui, deux mois après, fut expulsé de sa chaire, pour igno rance extrême, et convaincu en outre d'un délit, que je m'abstiendrai de nommer, et qui prouve que le commerce du latin va fort bien avec certaine industrie, qui ne présente pas, il est vrai, les mêmes sûretés, mais offre parfois, quand elle réussit, de grands bénéfices. Le professeur de syntaxe est un ancien surveillant des ouvriers, dans une mine, et qui l'enseignement du grec et du latin doit paraître aussi étrange, que la méthode de faire de sucre indigène avec du jus de navet et de l'écorce de bouleau. Le professeur de rhétorique n'a jamais été dans l'enseignement, et ne doit sa nomination qu'à l'intervention de certain personnage, qui me saura gré de ne pas le nommer ici. Dernièrement encore un professeur du collège d'Y...., Fl. Occ. s'étant présenté aux examens subir, pour l'obtention d'une chaire de sixième l'athénée de G..., répondit aux examinateurs qui lui deman dèrent les temps primitifs du verbe venio venio, venias, veuivivenitumvenire. II va sans dire, qu'on lui préféra son compéti teur, qui sait décliner per omnes casas et molos, pulclira rosa, et connaît ses verbes au bout du doigt. A La Haye, un singulier incident s'est élevé dans Ja seconde chambre des états- généraux. Communication ayant été don née l'assemblée de l'arrêté royal qui nomme M. le général de La Sarraz, mi nistre des affaires étrangères, un député a fait remarquer l'absence du contre-seing ministériel au bas de l'arrêté. Le ministre de la justice, M. Van Hall, qui dans le temps passait pour libéral, a bravement soutenu que les arrêtés de ce genre ne doivent pas être contresignés par un mi nistre, doctrine singulièrement inconstitu tionnelle. La question a paru grave la seconde chambre qui a décidé qu'elle s'en occuperait un autre jour. Gand, 22 octobre. Hier matin est dé cédé en notre ville M. Louis Le Begue, conseiller près la cour d'appel des deux Flandres, la suite d'une maladie qui l'avait atteint récemment, pendant son voyage en Suisse. Il vient de mourir Paris un homme qu'on suppose avoir laissé des mémoires de la plus haute importance; c'est le célè bre Montrond, pour lequel M. de Talley- rand n'a point eu de secrets pendant sa longue carrière politique. On se tromperait néanmoins si l'on cherche dans les papiers de son inséparable confident autre chose, que des frivolités et des intrigues commu nes. La vie du comte de Montrond s'est passée dans la dissipation, le jeu et la rouerie vulgaire. C'est peut-être le seul homme de France i[ui ait trouvé le secret de dépenser 200,OCO francs par an, sans qu'on lui ait connu cinq cents francs de rentes, il est vrai qi'il professait et ensei gnait qu'un honnête homme ne devait ja mais se coucher sais avoir fait dix mille francs de dettes dais sa journée. C'est lui qui a le plus repoussé la religion du lit de mort de M. de Talleyrand," et cependant on dit qu'il a mieux fini sous ce rapport qu'il ne voulait laisser finir les autres. On écrit de Bruxelles, 23 octobre Le prince et la princesse de Capoue, qui ont passé Spa la plus grande partie de l'été, ont quitté cette petite ville le 20 de ce mois, pour se rendre Londres. Il paraît, dit un journal, que M. le ministre des finances est menacé de vives interpellations la rentrée des chambres, par suite du grand nombre d'employés parfaitement valides qu'il a mis la re traite, en grevant ainsi outre mesure la caisse des pensions. Le concert donné Cologne par la musique de la Société royale de la Grande- Harmonie, a produit une récette de plus de sept mille francs, lesquels seront con sacrés l'achèvement de l'admirable cat hédrale. Vendredi sont arrivés Anvers par le chemin de fer une centaine d'émigranls allemands qui s'embarqueront bord de la barque belge Jean Key en destination de Galveston (Texas). Ils emportent une grande quantité d'outils aratoires et d'ob jets de ménage. Un affreux malheur est arrivé il y a quelques jours Péruwelz; le propriétaire d'une filature de laine a été pris dans les engrenages de la machine vapeur et a eu la tête broyée. Un crime atroce vient de jeter l'é pouvante et la consternation Braine-le- Chàteau. Jeudi dernier, le nommé Godeau, veillard septuagénaire, atteint de cécité presque complète, cultivateur, Braine-Ie- Château, était resté seul au logis pendant que tous les autres personnes qui habi taient la maison étaient la récolte des pommes-de-terres. Lorsque ces gens rentrèrent vers le soir, un affreux specta cle se présenta leur vue. Le malheureux vieillard gisait horriblement assassiné; on lui avait coupé ou plutôt scié le cou de telle sorte qu'il ne restait plus que les vertèbres. Trois coffres avaient été forcés et les assassins, car ils ont dû être plu sieurs ce qu'on présume, ont enlevé tout ce qui s'y trouvait renfermé, argent, habil lements, etc. La justice, immédiatement informée, s'est aussitôt rendue sur les lieux. Il est espérer qu'elle découvrira bientôt les au teurs de cet exécrable attentat qui rappelle les circonstances d'un crime à-peu-près semblable commis il y a trois ans Virgi nal, situé une lieue de Braine-le-Chàtèau. Un malheureux vieillard idiot avait aussi été assassiné alors pendant qu'il se trouvait seul au logis, et malgré les recherches les plus actives et les plus multipliées on ne put jamais parvenir découvrir les cou pables. FRANCE. Paris22 octobre. Il paraît certain que le ministère est décidé présenter, au commencement de la session prochaine un projet de loi pour l'exploitation du chemin de fer du Nord, maintenant en construction, et une de mande des fonds qui lui seront nécessaires pour la pose des rails et la confection du matériel. Néanmoins plusieurs compagnies se préparent faire des offres pour l'ex ploitation de cette ligne. Celle la tête de laquelle figure le nom d'un grand financier reste pour le moment inactive, tandis qu'une autre compagnie en embryon se divise sur la question de garantie d'intérêt par l'état. Une nouvelle arrestation d'un em ployé infidèle de l'administration des postes qui dérobait les lettres chargées vient en core d'effrayer le commerce et la fréquence de ces délits serait de nature faire perdre beaucoup de crédit l'administration elle- même si elle n'y portait promptement remède. On assure qu'il est question depuis quelque temps dans le conseil des direc teurs de la poste d'admettre les lettres chargées dont déclaration est faite préala blement, aux mêmes taxes que les lettres ordinaires. Les intéressés n'auraient plus alors de prétexte pour envoyer des valeurs non déclarées dans l'intérieur de leurs lettres, et les employés infidèles ne pour raient plusexercer leur coupable industrie. Hier, un événement déplorable est arrivé daus le faubourg Saint-Honoré. Un enfant de dix ans avait été appelé pour ramoner l'une des cheminées d'un hôtel de cette rue. Le domestique, après lui avoir indiqué ce qu'il avait faire, le laissa seul, et le petit Auvergnat grimpa lestement dans le tuyau. Quelques instants après, un autre domestique, ignorant ce qu'avait fait son camarad, vint allumer du feu dans la cheminée, et sortit de l'appar tement après avoir mis le feu au bûcher. Bientôt la flamme s'éleva et gagna le pau vre petit ramoneur, qui jeta des cris dé chirants en appelant du secours. Tout l'hôtel fut bientôt sur pied, cherchant d'où provenaient ces clameurs. Lorsqu'on l'eut reconnu, on s'empressa de retirer du foyer le bois enflammé, et l'on cria l'enfant de descendre. Mais le petit malheureux, qui s'était fortement appuyé des genouillères aux parois du tuyau, ne bougea pas. Alors on pensa le secourir par le haut de la cheminée; mais l'orifice en avait été fermé, et on fit pen dant quelque temps des efforts inutiles pour l'ouvrir. Enfin on se décida démolir la cheminée, et l'enfant fut tiré de son horrible prison. L'infortuné ramoneur avait l'avant-bras dans un état déplorable. On fit aussitôt appeler un médecin, et un premier appa reil fut posé sur l'horrible blessure de l'enfant qui fut soigné dans l'hôtel où d passa la nuit. Ce matin, il a été porté a l'hôpital Beaujeon, où les médecins, après l'avoir attentivement examiné ont été unanimement d'accord sur la nécessité de l'amputation.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1843 | | pagina 2