jyo 2720.
27me année.
On connaît les désolantes doctrines qui
ont envahi les chaires de l'Université de
France. De zélés et doctes prélats ont élevé
la voix pour protester contre un enseigne
ment destructif de toute religion positive.
On sait également que grâce au monopole
dont elle jouit, rien n'est plus facile l'U
niversité que d'infecter du venin de l'hé
résie et de l'impiété les coins les plus
reculés du royaume. Autant de collèges
universitaires, autant de centres de pro
pagande irréligieuse, moins que des dif
ficultés locales ne s'y opposent; c'est-à-dire,
moins que dans tel ou tel département
la foi ne soit encore assez vivace pour s'a
larmer des monstrueux systèmes des pro
fesseurs de Paris.
C'est ainsi que dans une lettre adressée
au Recteur de l'Académie de Lyon Mgr.
l'archevêque de cette ville, le Cardinal de
Bonaldse félicite de ce que son diocèse
est en ce moment privilégié sous le rap
port des maîtres que l'Université a donné
ses établissements. Nous voyons, dit son
Em., dans les collèges des hommes qui
unissent la culture des lettres la pratique
sévères des devoirs religieux. Toutefois,
peu rassurésur l'avenir, le vigilant pontife
se demande si cet heureux état de choses
ne sera pas troublé par l'arrivée d'un pro
fesseur qui mêlera l'erreur son enseigne
ment. Ensuite, et c'est là l'objet principal
feuilleton du propagateur.
de la lettre, l'archevêque, tout exprimant
l'espoir qu'il n'en sera pas ainsiprévient
M. le recteur de la ligne de conduite qu'il
se verra forcé de tenir dans le cas con
traire.
Voici en quels termes Son Em. expose
et j ustifie en même temps la marche qu'elle
suivra dans la suite.
Je ne veux point empiéter sur les droits
de l'Université, je rends hommage sa
science. Vour savez, M. le recteur, que
c'est avec empressement que je rends
vos collèges les services qui dépendent de
mon ministère; je nomme, quand je le
peux, les aumôniers que vous me désignez;
j'envoie dans vos établissements des sœurs
pour soigner la santé des élèves; j'entre
tiens, en un mot, avec l'Académie les rap
ports d'une bienveillance sincère. Mais
jamais je ne puis oublier le compte que
j'aurai a rendre a Dieu de mes jeunes
diocésains. Le Seigneur m'a envoyé pour
les conduire dans les voies du salut, pour
détourner les dangers qui menaceraient
leur foi, et veiller sur eux. Si le loup entre
dans le bercail, je dois signaler sa présence
si l'erreur veut faire irruption dans les
âmes, sentinelle d'Israël, je dois élever la
voix et ne cesser de me plaindre. Ni les
injures de la presse, ni les déclamations
des chaires académiques, ni la persécution
ni la calomnie ne doivent un seul instant
ralentir l'ardeur d'un zèle puisé une
source que le monde ne connaît pas, et
diminuer quelque chose de cette vigueur
apostolique dont mes prédécesseurs m'ont
laissé de si grands exemples. J'aime me
rappeler ces paroles de Saint Paul aux
habitants de Corinthe Pour moije me
mets fort peu en peine d'être jugé par vous ou
par quelque hommes que ce soit.... Mais c'est
le Seigneur qui méjugé (1). Le jugement du
Seigneur, oui, voilà pour un chrétien et
pour un évêque le seul redoutable, et non
pas la censure tombée d'une chaire, quel
que éloquente, quelque retentissante qu'el
le soit. Je n'ai me mettre en peine que
d'une chose, c'est de conserver le dépôt
des vérités que m'ont transmis les glo
rieux Saint Pothin et Saint Irénée!
Que les élèves catholiques n'entendent
que des leçons catholiques, j'applaudirai
l'enseignement de vos écoles; mais si un
professeur, l'esprit infecté d'une phi
losophie sceptique ou matérialiste, venait
distiller, dans de jeunes cœurs, le poison
de ses doctrines; s'il profilait de sa position
pour ébranler l'autorité de la révélation et
saper les fondements de la réligion cat
holique le silence ne pourrait convenir ni
au ministère dont je suis honoré, ni la
dignité, du siège que j'occupe. Je vous
avertirais, Monsieur le recteur; et si la foi
de mes diocésaius catholique n'était pas
bientôt a l'abri de tout danger, je regarde
rais dès lors la presence d'un aumônier
dans vos collèges comme une amère dé
rision; et je ne pourrais balancer un in
stant sur la mesure adopter. Je ne serai
pas contraint, j'espère, d'en venir des
extrémités bien douloureuses pour moi;
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, S<fvis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
|.||1\ DE I/ADOWlIIîMEWT,
par trimestre,
Pour Ypresfr-
Pour les autres localités 4—«O
Prix d'un numéro
11 centimes par ligue. Les lé
clames, *3 centimes la ligue.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS,
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7PP3S, 28 Octobre.
MGR. DE RONALD ET L'UNIVERSITÉ DE FRANCE.
(i) M. le recteur est frère de M. le chanoiue Soulacroix.
LUCIUS FELIX CORNELIUS SYLLA.
tes étoiles tremblaient, comme des lampes qui vont s'ëtein-
dre, au milieu de l'azur foncé du beau cieï d'Italie; l'orient,
1 horison commençait s'illuminer des reflets du soleil et
quelques nuages d'un rouge tendre, semblables de larges
'uhanscapricieusement déployés, nageaient dans le firmament
et répandaient une lueur douce et molle sur les hauts édifices
de Rome.
.11 se passa bien une heure avant que la nuit fut entièrement
dissipée et que les rayons du soleil éclairassent l'intérieur des
maisons.
te silence était profond dans cette oapitale qui commençait
mépriser et dépouiller ses mœurs guerrières et cette activité
Persévérante qui lui avait donné le mondepour se reposer
dans la vie oisive et efféminée des peuples de l'Asie.
Toute la grande ville avait suivi l'exemple d'Alexandre;
c°mme le Macédonienelle avait jeté au loin le lourd bouclier
el 'épée de fer mal poli pour revêtir la pourpre du vaincu;
les membres des vigoureux enfants de Romulus allaient s'a-
mollissant sous les huiles parfumées de l'Ararbie.
C'était comme un vent funeste qui soufflait sur l'Italie; on
eût dit que pour se venger, la Grèce lui eût transmis, avec
les restes de sa liberté, ses mœurs lâches et énervées; en
recevant le fatal présent de Mummius, Rome n'avait pas vu
l'aspio caché au sein des fleurs.
Et puis la tyrannie pesait lourdement sur ces hommes
indociles que quelques siècles auparavant le nom seul de
royauté effarouchait Marius et Sylla avaient passé au mi
lieu d'eux, Marius avait son épée illustrée par deux gran
des victoires, Sylla avec les haches de ses vingt-quatre
licteurs; Marins l'homme grossier et le soldat brutal, qui,
en la trempant dans le sang, avait fait de sa toge vulgaire
une pourpre presque royale; Sylla, l'enrichi scandaleux de
Nicopolis et l'ami sans honte de Metrobius, qui avait mis
dans les jeux de sa cruauté tous les rafliuements et toutes
les délicatesses de son élégante éducation.
De ces deux hommes, qui s'étaient si longtempa tenus
en haleine» le dernier seulement vivait encore; l'autre plus
avancé dans la vie, peut-être moins favorisé par la fortune,
avait été ayee plus de 90 sénateurs, avec deux mille che-
<i) Cor. IV, 3, 4.
valiers, proscrit par le tribunal de Lucius Félix Cornélius
Sylla.
Après avoir dépeuplé Rome de ses ennemis, après s'être
fait, chose étrange! Comme un asyle dans sa cruauté
après avoir épouvanté le ressentiment des familles persé
cutées et déconcerté mille vengeances le hardi Sylla devait
abdiquer sa puissance devant un peuple qu'il avait décimé,
et jeter de son plein gré une dignité qui semblait néces
saire son salut; comme s'il eût voulu laisser la place
libre un jeune homme qui s'avançait résolument daus
cette voie d'ambition que lui, Sylla, avait ensanglantée, il
allait se mettre dans l'ombre et léguer Compée son cou
rage et une partie de son bonheur.
C'était vers la sixième heure du jour, midi, que Sylla
devait paraître dans le forum pour remettre sou autorité
entre les mains du peuple.
Tout coup la grande ville s'agita, comme si les Gaulois
et leur tête BreDnus étaient ses portes; le jour où Ca-
rislau parut avec ses Volsques, elle ne fut pas tourmentée
que ce jour-là.
Toutès les portes des maisons s'ouvraient; la voie Toscane
et le Vélabre étaient comme inondés par des flots de la
populace, les rues se remplissaient d'une multitude curieuse