JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 2722.
27me année.
QUE FERA L'UNIVERSITÉ DE FRANCE?
Ainsi que l'a fait entendre l'Ami de la
Religion, dont la prudente réserve est
connueles évêques français marcheront
tous d'accord dans la voie où le cardinal
de Ronald est entré par rapport aux au
môniers des établissements universitaires.
Voici même un de ses collègues dans
l'épiscopat, Mgr. l'évêque de Châlons, qui,
peu content d'une adhésion tacite, vient
d'adresser Y Univers religieux une lettre
pour manifester ses sentiments la France
tout entière. En présence de ces protesta
tions solennelles que fera l'université de
France?
Nous avons cru devoir reproduire cette
pièce importante, vu que les arguments y
invoqués pour justifierlepiscopatfrançais,
militent également en faveur des évêques
belges, dontMgr.de Bonald et ses collègues
ne font que suivre l'exemple.
Après tout, la meilleure preuve de la
nécessité, pour les prélats français, de ne
plus se contenter de former de stériles
plaintes, c'est, notre avis, le violent
dépit qu'éprouvent les feuilles vouées
l'université. Il faut bien que la plaie signa
lée par les gardiens de la foi et des mœurs
soit aussi profonde qu'on le dit, puisque
la mesure prise par les évêques excite un
tel vacarme. De quoi s'agit-il en effet? De
forcer l'université ou mettre son ensei
gnement en harmonie avec la foi catholi
que, ou bien renoncer désormais
demander la coopération des représentants
de cette même croyance. Peut-on imaginer
rien d'aussi raisonnable qu'une prétention
de cette nature? Eh quoi! Un évêque,
pour plaire aux partisans du monopole
universitaire, devrait donc lui-même aider
éteindre la foi, propager la corruption
des mœurs! Certes, il doit avoir abjuré le
bon sens, en même temps que déposé
toute pudeur, celui qui ose soutenir une
thèse pareille. Et voilà pourtant où se
trouvent réduits des hommes qui se ven
tent d'appartenir au progrès!
La lettre suivante vient d'être adressée
par Mgr. l'évêque de Châlons au rédacteur
de Y Univers religieux
Châlons, le 24 octobre 1845.
Monsieur,
La Société des Frères d'armes% instituée
récemment en notre ville, vient de perdre
un de ses membres.
Joseph, Declerck est le premier que la
mort enlève depuis que les anciens servi
teurs de Napoléon qui résident parmi nous
se sont liés par de nouveaux et nobles
engagements.
L'enterrement a eu lieu avant-hier avec
une convenable solennité. Tous les frères
d'armes, ayant la boutonnière une mar
que distinctive, ont accompagné le cercueil
depuis la maison mortuaire jusqu'à l'Église
et depuis l'Église jusqu'au lieu de la sépul
ture. A leur tête marchaient les frères
Dehem et Mieroo portant les drapeaux
français et belge. En outre de l'appareil
religieux, le cortège était rehaussé par
la musique communale.
Avant que la terre couvrît le cadavre
du défunt, le frère C.-B. Gos a prononcé
l'allocution suivante
Frères d'armes,
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, «4, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
prix de i.'tnowi:hi:yt,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4do
Pour les autres localités 4SO
Prix d'un numéro O«O
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES IVNKBTim*.
I* centimes par ligue. Les lé-
clames, s s centimes la ligne.
vérité et justice.
TPS.3S4 Novembre.
Un cas est propose', c'est celui d'un principal
de collège qui ne croit pas en Dieu, qui est ratio
naliste, panthéisteetc., tout ce qu'il vous
plairamais qui veut avoir des e'ièves le plus qu'il
se peut, car c'est toujours là l'important, Comme
dans le pays qu'il habite, il n'a affaire qu'à des
familles qui tiennent faire e'iever leurs enfants
dans les principes de la religion catholique, pour
les contenter et pour que personne n'aitle moindre
petit mot dire, il se pourvoit d'un aumônier, et
c'est selon lui un prêtre tolérant, pour qu'on n'en
soit point effrayé et que l'on sache que tout chez
lui se fait rondement. Puis, sous le manteau de
celui-ci, il débite ses belles doctrines dans un
cours de philosophie qu'il fait lui-même très-
savamment.
Qui pourrait se plaindre? Les élèves vont
la messe deux fois la semaine; ils assistent au
catéchisme de l'aumônier; ils se confessent, comme
bien d'autres; ils font leur première communion;
jusque-là que le principal, qui a assisté la céré
monie en a été enchanté et en a éprouvé, ce qu'il
dit, les plus délicieuses, émotions.
Que fera cependant l'autorité? se fiera-t-elle
toutes ces démonstrations? Elle s'en gardera
biensachant que tout ceci n'est qu'un jeu, joué
même assez maladroitement,* que ce n'est qu'une
suite de la comédie de quinze ans, laquelle en aura
bientôt trente, et qui n'est plus si jeune main
tenant. On fera ce que dit Mgr. le cardinal-arche
vêque de Lyon, on supprimera Vaumônier, qui
n'est là qu'un prête-nom; on lui ôlera ses pou
voirs, ou ils seront tellement réduits, que per
sonne n'en pourra abuser pour faire aucuu mal.
La direction spirituelle et religieuse des élèves
sera remise entièrement au curé de la paroisse,
qui il appartient d'en répondre et d'en avoir soin en
qualité de propre pasteur. Par ce moyen, tout sera
dans la légalité; le principal continuera, puisqu'il
le veut, et que personne ne peut l'en empêcher (ce
qui est un grand malheur), professer son pan
théisme; le curé, de son côté, fera son devoir, et
les parents seront informés, car il le faut bien,
qu'instruits et élevés de cette façonil n'y a
guère d'apparence que leurs enfants soient ad
mis faire la paroisse leur première com
munion.
Pour celle du collège, dont on a eu un échan
tillon l'an passé, il n'en sera plus question.
Ce cas n'est point chimérique, monsieur le
rédacteur, c'est ce qu'on a vu en certain pays que
je connais et que je ne nomme point. Rien de plus
sage, par conséquent, que l'avis de Mgr. l'arche
vêque de Lyon, dont nous partageons, on s'en
doute hien, toutes les affections et les sentiments.
Nous disons comme lui l'Université, car il l'a dit
pour le fond Il ne vous plaît pas d'être catho
lique, et nous il ne nous plaît pas de mettre le
pied dans vos établissements. Pourquoi deux en
seignements dans une maison? Si c'est le vôtre qui
doit prévaloir, que ne le dites-vous? A quoi bon
nous faire jouer dans vos collèges un rôle qui
ne nous convient nullement? C'est nous rendre
ridicules; et vous, c'est dire assez clairement
Nous ne sommes que des hypocrites, des hommes
qui il faut de l'argent. Les beaux titres que vous
avez là!!!.. Je sais qu'il y a des exceptions.
Recevez, Monsieur le rédacteur, l'assurance
de ma très-parfaite considération.
Votre très-humble et dévoué serviteur,
M. J., ÉVÊQUE DE CHALONS.
Vous voyez devant vous les dépouilles mor
telles d'un de vos camarades.
Ces restes inanimés sont ceux d'un soldat de
la grande armée, de Joseph Declerck, né Ypres
en dix sept cent quatre vingt onze.
Il fut incorporé comme conscrit en dix huit
cent neuf, dans le trente sixième régiment d'infan
terie de ligne.
Après avoir fait les campagnes de Russie;
après avoir été bloqué Dantzick, son bras ne
pouvant plus servir la défense de Napoléon,
dont la chute avait été amenée par la coalition
de toutes les Puissances Européennes, il rentra
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