No 2732.
27me année.
LIBERTE D'ENSEIGNEMENT.
M. le comte Montalembert vient de des
cendre dans l'arène pour appuyer les
évêques de France dans la lutte qu'ils ont
engagée contre le monopole universitaire.
Dans un écrit intitulé Du devoir des catho
liques dans la question de la liberté d'enseigne
mentle noble pair, avec la verve qu'on lui
connaît, fait ressortir tout ce que le systè
me d'enseignement actuel offre de dangers
pour l'Église catholique. Il représente
l'Université et ses défenseurs comme étant
d'accord avec la marche continue de cet
odieux despotisme qui se déguise partout
sous le nom d'esprit moderne ou de progrès
social, et qui consiste absorber dans
l'unité factice de l'État toute la sève et
toute la force de la vie sociale. L'Univer
sité, dit-il, ne représente pas seulement
l'orgueil du nationalisme et de l'anarchie
intellectuelle, où conduit l'incrédulité
elle représente surtout et elle sert merveil
leusement cette tendance de l'Etat tout
ployer sous l'implacable niveau d'une sté
rile uniformité. C'est par elle que ce nou
veau despotisme, qui menace le monde,
tend se substituer l'Église et la famille,
ces deux foyers sacrés de la liberté morale
du genre humain.
Voici de quelle manière le catholique
écrivain répond une objection que les
partisans de l'Université renouvellent sans
cesse pour donner le change aux personnes
irréfléchis
Mais, vous disent les chefs du mono
pole, l'Université ne repousse pas le con
cours du clergé; tout au contraire, elle le
recherche et le facilite partout où elle
peut. Je le crois bien, en vérité! Prêtres
de Jésus-Christ, l'Université sachant bien
qu'elle ne peut d'un seul coup anéantir
votre influence et se substituer partout
vous, ne demande pas mieux que de vous
prendre son service et de vous donner
sa livrée c'est d'elle que vous tiendrez vos
gages et votre passeport auprès des géné
rations nouvelles. Elle vous demande votre
concours, dit-elle mais quelles condi
tions? Sont-ce vos conseils qu'elle suivra?
est-ce votre esprit qu'elle inoculera? votre
symbole qu'elle imposera? Et ne sont-ce
pas là les seules conditions possibles du
concours d'un prêtre? Tout au contraire,
c'est elle qui vous imposera ses méthodes,
qui vous prescrira ses systèmes, et qui
surveillera votre langage; elle qui ne
compte pas un seul ecclésiastique parmi
ses chefs, et qui est gouvernée par des
hommes dont la croyance est souvent un
mythe plus impénétrable encore que leur
doctrine.
Ici l'auteur ajoute en note Je me suis
souvent demandé, quand j'étais élève de
l'Université, comme depuis que j'en suis
sorti, ce que l'aumônier de n'importe quel
collège royal de Paris pourrait répondre
l'élève qui lui dirait Mais M. l'abbé,
pourquoi voulez-vous nous faire croire
des choses que n'admet aucun de nos pro
fesseurs?
Nous avons cité exprès ce passage en
entier parce qu'il s'accorde parfaitement
avec ce que nous avons dit plusieurs fois
pour justifier la conduite du digne chef de
notre diocèse l'égard de notre collège
communal. Dès qu'un professeur avons-
nous dit, d'un établissement quelconque
d'instruction donne lieu de suspecter sa
foi ou ses mœurs, la présence d'un prêtre
dans cette maison devient non seulement
inutile, mais encore un véritable piège
pour les parents chrétiens. Du reste, les
prélats belges auraient tort de se laisser
émouvoir par les reproches que leur adres
se le faux libéralisme, lorsqu'ils voient
déchoir de jour en jour les institutions qui
refusent de donner les garanties qu'ils
réclament.
Pour en revenir M. de Montalembert,
il termine en faisant un appel tous les
catholiques français. Il les conjure d'agir
avec ensemble, avec énergie et persévé
rance, leur prédisant que le monopole
universitaire n'aura rien craindre tant
qu'ils ne seront pas pour le gouvernement
un embarras sérieux. Alors seulement,
dit-il, on comptera avec eux, on daignera
prendre en considération leurs droits,
leurs vœux et leurs plaintes.
Nous en savons quelque chose, nous
autres Belges. Jamais nous n'eussions ob
tenu la liberté d'enseignement, sans le pé-
titionnement général qui s'organisa dans
toutes les communes du pays.
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
Ï'HIY DE L'.lBOmEMEXT,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4—O®
Pour les autres localités 45t»
Prix d'un numéro20
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES IXSERTIOXS.
II centimes par ligue. Les la-
clames, 33 centimes la ligne.
7PP.ES, 9 Décembre.
M. De Lamartine publie dans tous les journaux
français une espèce de Mémoire sur la question qui
a été soulevée en France entre les suppôts du mo
nopole universitaire et les défenseurs de la liberté
d'enseignement garantie par la charte. Cette pièce
comprend déjà neuf fortes pages, et l'auteur pro
fesse n'avoir posé que les principes généraux, dans
une continuation il en déduira les conclusions.
L'argumentation du député de Mâcon est poétique
mais fausse; car il part de suppositions que l'exa
men le plus superficiel fait tomber. Ses élucubra-
tions, disent les journaux anglais, pouvaient se
réduire h une cinquantaine de lignes écrites en
style serré.
Le Mémoire De Lamartine se résume en ce peu
de mots La religion catholique est salariée par
l'étatl'enseignement est libre aux termes de la
charte française. Ces deux propositions s'entrede-
truisent, l'une ou l'autre doit se modifier. Que le
clergé veuille le maintien des allocations du budget
et de la promesse de la charte ne pourra devenir
une vérité ou bien que la promesse de la charte
soit respectée, mais alors qu'on retranche les pen
sions ecclésiastiques. C'est là la déduction qu'on
laisse entrevoir, et encore les bases sur lesquelles
elle repose sont elles brillantes au point de vue
poétiquemais dépourvues de toute solidité au
point de vue logique. Le salaire du clergé français
lui est accordé par le gouvernement titre de res
titution des biens que celui-ci a confisqués son
profit dans des temps de trouble, et la liberté
d'instruction'est un droit commun que la volonté
nationale française a stipulé, indépendamment de
toute autre considération, en faveur du citoyen,
quels que fussent ses principes en matière de reli
gion ou de politique quelle corrélation existe-t-il
entre deux droits incontestables de nature si diffé
rente
Pour nous, nous trouvons l'opinion De Lamar
tine remarquable en ce sens qu'il n'y a pas d'autre
conclusion possible que l'abrogation de la rente
ecclésiastiquec'est-à-dire un déni de justice na
tionale et de restitution consacrée par les loisou
l'abrogation d'un article formel de la charte
savoir la liberté d'enseignement, abrogation qui
ruine la fois la liberté, symbole de la profession
libérale, et froisse l'amour des institutions natio
nales proclamées unanimement inaltérables par le
libéralisme peine de crime de lése-naiiou. Reste
voir comment nos soi-disant feuilles libérales
composeront avec le confrère français pour adopter
sa proclamation.
Voici le relevé des inscriptions faites l'univer
sité catholique pendant les deux premiers mois de
la nouvelle année académique i845-i844
Humanité 161 philosophie, i" année 134j
sciences 83 philosophie 2m° année, 97 médecine
77 droit 158 théologie 52 total 762.