Les journaux napolitains annoncent une
nouvelle e'ruption de l'Etna. La lave cou
vre déjà la route de Palerme. Cette érup
tion menace d'être une des plus effrayantes
qui se soient déclarées depuis un siècle.
On écrit de Louvain, 6 décembre
Le récit de l'affreux malheur qui vient
de désoler notre ville, n'est que trop réel,
si vous en exceptez toutefois quelques in
exactitudes de détail, comme l'arrivée de
Bruxelles d'une marraine pour un enfant
en espérance. La sœur du malheureux
Coene était logée chez lui; le dernier enfant
de celui-ci, qui était âgé de 3 mois, est au
nombre des victimes; ce n'est donc que
cinq morts qui ont été déposés l'hôpital.
Une telle cathastrophe ne pouvait man
quer d'exciter la compassion. Dès diman
che une liste de souscription a été ouverte
la Société de l'Académie de musique, et
l'on assure qu'hier au soir les souscriptions
en faveur du petit orphelin, échappé
comme par miracle ce triste désastre, se
montaient environ mille francs.
Le clergé de Saint-Pierre a voulu y con
tribuer aussi pour une parten décidant
qu'un enterrement solennel avec service
gratuit serait fait pour ces tristes victimes.
Hier matin, 10 heures, il s'est rendu en
cortège, l'hôpital pour chercher leurs
restes mortels, qui ont été déposés dans la
grande nef de la vaste église. Il faut re
noncer décrire l'effet produit sur la foule
pieuse la vue de ces cinq cercueils. Aussi
avec quel recueillement l'on a assisté ces
funérailles la douleur l'affliction se voy
aient peintes sur toutes les figures.
Après le Dies trœ, M. le doyen, qui offi
ciait, a prononcé une petite allocution en
flamand, analogue la triste circonstance.
Ayant démontré l'obligation d'assister de
nos prières les âmes de nos malheureux
concitoyens, il a dit qu'il restait un autre
devoir remplir, celui de venir au secours
du petit orphelin que ce malheur venait
de priver d'un père d'une mère, d'une
tante et de deux sœurs. M. le doyen a an
noncé que l'offrande qui allait avoir lieu,
serait destinée entièrement au petit mal
heureux; il a engagé tout le monde se
montrer généreux et compatissant.
L'allocution terminée, l'offrande a com
mencée, et des dames se sont spontané
ment prêtées faire une collecte dans
l'église. D'après ce que l'on dit, l'une et
l'autre ont été fructueuses.
Après l'absoute, les cercueils ont été
portés bras, comme leur entrée dans
l'église, jusqu'au cimetière. Chaque cer
cueil était entouré de lanternes; une mu
sique ouvrait la marche et faisait entendre
des airs lugubres; une foule immense a
suivi le triste cortège.
Une horrible cruauté commise au cap
de Bonne-Espérance, au centre même
d'une grande population, dans la ville du
cap où les ministres anglicans fourmillent,
par un néoconverti au protestantisme,
homme de rang et de distinction, fait en
ce moment une profonde sensation dans
le royaume-uni. La tragique histoire est
citée par les journaux comme preuve de
l'impuissance du protestantisme pour ci
viliser les nations; jusqu'ici aucune feuille
tory n'a osé reproduire l'histoire dont
voici un résumé.
Kona, le fils de Moqcomo, le grand
chef des chrétiens (protestants) était tom
bé malade; conformément l'usage on
consulta le médecin l'effet de découvrir
l'auteur 4e l'influence malveillante, cause
présumée des souffrances du maladie. Un
homme courageux de la tribu de Maqcomo
fut désigné et condamné expier par la
mort son prétendu crime. On ne lui laissa
pas l'occasion de fournir la preuve de son
innocence, le médecin l'avait reconnu
coupableil devait mourir! En consé
quence une troupe d'hommes fut expédiée
de la maison de Maqcomo pour assurer la
guérison du fils par le sacrifice barbare
d'un des sujets du père. Ce fut par hazard
le jour d'une réjouissance domestique dans
la famille de l'infortunée victime et celle-
ci venait de jugaler un nourrisson de son
troupeau et faisait gaîment les apprêts du
festin lorsque les hommes de la ville sur
vinrent. Le pauvre homme ne songea qu'à
la part du festin qu'il réserverait ces
respectables hôtes! Mais ceux-ci lui tom
bèrent inopinément sur le corps, le terras
sèrent et le garrotèrent. Alors commença
la sommation on voulut savoir de lui par
quel maléfice il avait appelé la maladie
sur la tête du fils de Son chef. Vainement
il protesta qu'il n'avait la conscience d'au
cune faute et que deux fois déjà il avait
été soumis la torture sous pareille accu
sation, sans qu'on l'eut trouvé coupable,
les forcénés poursuivirent leur tache. Ils
percèrent le corps du patient d'aiguilles
de caffres une profondeur de deux pou
ces dans tôutes les parties charnues. Après
ce supplice qui n'amena aucun aveu, sa
femme, qu'on avait également saisie, fut
son tour soumise aux plus indignes
traitements. Entretemps on avait rougi au
feu un tas de briques, et la victime cou
chée sur le dos fut serrée entre ces briques
incandescentes dont la chaleur carbonisait
ses chairs. La graisse fondue qui bouillon
nait de ses plaies fit glisser les briques et
le malheureux patient n'expirait point.
Enfin il demanda être relâché et se tient
encore débout mais réduit un état hi
deux, effroyable. Le courage ne lui faillit
point. 11 protesta énergiquement de son
innoncence. Ses bourreaux l'achevèrent
par strangulation; ensuite ils attachèrent
son cadavre aux pieux qui servaient de
supporta sa cabane laquelle ils mirent
le feu. Ce drame inouï avait duré depuis
dix heures du malin jusqu'au coucher du
soleil.
Où sont donc ces exploits tant vantés de
nos missionnaires protestants du cap,
s'écrie un journal catholique anglais, si
leurs conquêtes les plus nobles sont jus
qu'à ce jour plongées dans une aussi af
freuse barbarie? Et cela se passe dans une
contrée dont lord John Russell désire
qu'on refuse l'entrée aux prêtres catho
liques.
CHAMBRE DES REPRESENTANTS.
Séance du 5 décembre.
Séance du 7 décembre.
Les inscriptions de l'année dernière, pendant
les deux premiers mois, étaient de 720. Il y a donc
une augmentation de 42.
La chambre n'a tenue le 5, qu'une fort courte
séance.
La demande en grande naturalisation faite par
M. le général Chazal a été prise en considération
par 59 boules blanches sur 71 votans.
Mercredi travail en sections.
La séance est ouverte a midi et demi par
l'appel nominal, la lecture du procès-verbal et
l'analyse des pétitions.
M. Zoude dépose le rapport de la section
centrale sur les amendements de M. le ministre
des finapces, au projet de loi sur le sel; il pro
pose que cette discussion soit mise a l'ordre du
jour après la discussion du budget des voies
et moyens.
M. le ministre des finances. J'appuie cette
proposition; car une fois que la loi sur le sel
sera votée, il y aura parfaite équilibre entre les
recettes et les dépenses de l'État.
Cette proposition est adoptée.
L'ordre du jour appelle la discussion générale
du projet de loi du budget des voies et moyens.
M. Lys insiste sur la nécessité d'introduire
des économies considérables dans les dépenses
de l'Etat. Il demande aussi que le gouvernement
présente le plus tôt possible un projet de loi
sur les attributions de la cour des comptes et
sur la comptabilité de l'État.
Il discute longuement la question du prêt fait
la Banque de Belgique. Il votera pour le budget
dont il trouve les prévisions modérées.
M. Smils dit que les quatre millions prêtés
h la banque de Belgique sont disponibles. Il
croit que M. le ministre doit déjà avoir reçu une
communication d'une décision de la direction
de la Banque de Belgique, portant qu'elle rem
boursera immédiatement les fonds que l'État
lui a prêtés.
M. le ministre des finances n'a pas encore reçu
cette communication, mais a appris indirectement
que la résolution a été prise.
M. Zoude déclare aussi que la direction de la
banque a pris cette résolution.
M. Delfosse soutient que le ministre des finances
a dissimulé la plus grande partie du déficit que
présente les finances du pays et reproche a M.
Smits d'avoir fait la même chose l'année dernière;
il soutient que la situation financière du pays est
beaucoup plus mauvaise que ne le dit le gouverne
ment; il évalue le déficit plus de 4o millions. Il
blâme le gouvernement de vouloir rétablir l'équi
libre au moyen de nouveaux impôts, au lieu de le
faire par des diminutions de dépenses.
M. le ministre des finances déclare que le
projet de loi sur la comptabilité sera incessamment
présenté.
M. Êloy de Burdinne insiste sur la nécessité
de réviser les lois financières et surtout le système
des douanes qui frappe de droits élevés un grand
nombre de matières premières et qui ne gène en
rien l'importation d'une foule de produits fabriqués
a l'étranger.
Il fait remarquer combien les impôts sont géné
ralement mal repartis, ainsi l'impôt sur la boisson
du pauvresur la bierreproduit 4 millions, alors
que l'impôt sur le vin ne donne que i,5oo,ooo fr.;
l'impôt sur le sucre, matière de luxe, ne produit
que 5,200,000 fr. alors que celui sur le selma
tière si indispensable, rapporte 4 millions.
M. Donny se plaint particulièrement de l'état
de décroissance que l'on remarque dans les arriva
ges au port d'Ostende, décroissance qu'il attribue
a diverses injustices dont cette localité est la victime.