JOURNAL D YPRESIT DE L'ARRONDISSEMENT. No 2742. 27me année. Lorsque mercredi dernier nous disions qu'outre la licence des mœurs les feuilles soi-disant libérales se sont donné la mis sion de propager encore l'impiété, nous ne pensions guère que dès le lendemain le Progrès devait venir confirmer nos paroles, et cela d'une manière ôter auprès du public toute valeur des protestations passées ou futures en fait d'orthodoxie. Nous avons, d'après d'autres journaux, rapporté la guérison extraordinaire de M Pauline Du mortier, fille du représen tant. A propos de cette cure merveilleuse, ainsi que de quelques autres opérées en divers lieux, le confrère se permet force plaisanteries sur les miracles. Ses bouffon neries sacrilèges lui paraissent dignes d'oc cuper la place d'honneur, il les donne sous le premier-Ypres en guise d'article de fond. 1 Que le journal arriéré vende ces fripe ries philosophiques, libre lui. Que ses abonnés trouvent de leur goût des turpi tudes de tout genre, nous n'avons rien y voir, c'est leur affaire. Mais la vue d'un scandale public, nous n'avons pu nous empêcher de vouer publiquement au-mé pris de leurs concitoyens des gens qui osent insulter sans aucune retenue la foi de nos pères. Le Constitutionnel a annoncé que le mi nistère français, après avoir agité la ques tion de savoir s'il faillait poursuivre M. l'abbé Gombalot, s'était décidé pour la négative. 11 paraît que le cabinet s'est ravisé. La brochure de M. l'abbé Combalot a été saisie le 8 au matin, chez M. Sirou, imprimeur-éditeur, et au bureau de l'Uni vers. 11 en restait en tout environ 200 ex emplaires dont les agents du gouvernement se sont emparés. M. l'abbé Combalot n'attaque ni le roi ni les chambres, ni la magistrature, ni l'armée, ni la Constitution; il ne prêche pas la révolte, il n'excite pas au mépris des personnes, et qui ne sait que son caractère repousse jusqu'au moindre soupçon cet égard? Il combat uniquement le monopole encore illégal de l'Université; il attaque uniquement des doctrines que tout le monde peut discuter et condamner; il ex horte uniquement les évêques user des droits que leur reconnaissent toutes les lois divines et humaines, et que consacrent les lois mêmes de l'Université. Si cela n'est pas permis, qu'y a-t-il de permis au monde? Si cela est puni, quel citoyen et surtout quel chrétien n'estimera glorieux de pou voir mériter de semblables punitions? On s'abonne Yprea, Grand'- Flace, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PB» DE l.'tBOVVKHEVr, par trimestre, Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités Prix d'un numéro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MEMCDEDI de chaque semaine. PBIX DES M8EBT1DWS. 4 3 centimes par ligue. Les ré clames, SB centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. TPR3S, 13 Janvier. Deux ouvriers, G... et D. C..., demeurent près d'un bois non loin du Scherpenberg. Le Dimanche après S'-Eloi, D. C... alla rapporter au bourg mestre de la commune, que le matin, pendant qu'on sonnait la messe de huit heures a la Chapelle de Clyte, il avait entendu des coups de hache dans la foret; qu'étant accouru, il y avait trouvé son voisin occupé a abattre une grosse perche; que préposé verbalement a la garde de cette pro priété, il s'était opposé au dégât, qu'il s'en était suivi une lutte, et que malgré la disproportion de taille et de forces avec son adversaire, il était par venu lui arracher la hache qu'il montraitLe bourgmestre pensa que l'absence de témoins ren dait inutile la confection d'an procès verbal de ces dires. Huit jours s'étaient écoulés et rien ne semblait devoir jeter un jour quelconque sur cette affaire seulement le bruit se répandait que G...allait déposer une plainte contre D. C..., d'abord en calomnie parce qu'il l'accusait d'avoir maraudé et prétendait lui avoir enlevé une hache en flagrant délit; ensuite parce qu'il avait lui-même vu plu sieurs fois D. C... endommager le taillis, et qu'il l'avait notamment surpris la veille de sa dénoncia tion, de sorte que l'histoire de la lutte du dimanche et de la hache n'était qu'une fable inventée pour assurer l'impunité du vrai coupable. Les esprits étaient flottants parmi ces assertions contradictoires, lorsqu'un vieillard octagénaire du hameau, le nommé D. B... petit cultivateur, alla confier au garde champêtre que le dimanche après S' Eloi, cheminant vers la chapelle, il avait aussi entendu du bruit dans le bois, comme si quelqu'un y avait travaillé qu'étonné qu'on fut a l'œuvre pareil jour, il s'était approché, et avait distincte ment reconnu G..., qu'il avait également vu arriver D. C..., et avait vu ces deux hommes se battre, tout en se tenant h l'écart derrière les broussailles et sans être aperçu d'eux, que le tintement de la cloche avait cessé dans l'intervalle, et que tout troublé, lorsqu'il atteignit l'église, qui est h la distance de dix minutes du bois, la messe était finie. Le vieillard ajoutait qu'il n'avait pas dit un mot de tout cela h personne; mais que maintenant il croyait tlevoir en informer la police afin de con fondre les soupçons qu'on tentait de faire planer sur D. C... innocent. Procès verbal fut dressé, et la cause renvoyée charge de G... devant le tribunal correctionnel, sous prévention de vol de bois et de mauvais trai tements. A l'audience G... fit remettre h M. le Procureur du Roi une note, énonçant qu'il dénonçait pour faux témoignage les sieurs D. C... et D. B... On lui fit observer qu'avant de se plaindre de leur té moignage, il devait attendre qu'ils eussent déposé. Le Président représenta h D. C... et h D. B... l'énormité des peines auxquelles s'expose le faux témoin, et le tort immense qu'ils auraient de se perdre eux-mêmes et leurs familles pour satisfaire peut-être un ressentiment personnel. D. C... et D. B... écoutèrent les menaçantes admonitions de la justice avec calme, et répétèrent littéralement les faits comme ils les avaient déjà exposés au bourgmestre et au garde champêtre. Aussitôt G... déclara qu'il maintenait sa dénonciation en faux témoignage et en subornation, et qu'il demandait h faire entendre ses témoins. Effectivement, un individu qui s'annonçait comme scieur de long et ensuite comme feseur de balais, et un autre quidam, déposèrent que le di manche après S1 Eloi, venant du barbier près de la Chapelle de Clytte, pendant qu'on sonnait pour la messe, et allant a l'église, ils avaient vu également s'y rendre le sieur D. B.... G... se bâta de signaler la conséquence qui en résultait que D. B... n'avait pu au même moment se trouver au bois h dix mi nutes de lkqu'il n'était pas venu a la Chapelle quand la messe était finie, etc. Le tribunal ayant éloigné l'uo de ces deux té moins, l'autre ajouta qne D. B... était quelque? pas derrière euxqu'il les dévança, et qu'ils lui dirent bon jour, qu'ensuite ils causèrent ensemble jusqu'à l'église, et qu'ils s'y placèrent lui (scieur de long) près de l'entrée, l'autre au fond de la nef. L'autre témoin rappelé dit de son côté, que D. B... était k une grande distance derrière lui, que seule ment il avait pu le reconnaître, mais sans lui adresser aucun salut, qu'il n'était pas allé k l'église de compagnie avec le précédent témoinqu'il ne lui avait point parlé; qu'enfin il s'était misa l'église k l'entrée, et le précédent témoin près de l'autel. Sur les vifs reproches qu'on leur fit de leurs révol tantes contradictions, les deux champions aussi dé contenancés que fermes au commencement finirent par dire qu'il se pouvait que ce fût un autre di manche. Je n'ai qu'une mauvaise mémoire, dit l'un; G... m'avait dit que c'était ce dimanche la, ajouta l'autre. Le tribunal a été indulgent. Il s'est borné k livrer G... et ses deux témoins a l'ignominie de leur confusion devant le public, etk condamner G... en trois mois d'emprisonnement pour vol de bois et sévices. Peu s'en fallut, on le voit, que cette affaire d'une importance médiocre dans son origine, ne grandit aux proportions d'un débat d assises. Un innocent, un vieillard sans reproche, faillirent un instant être considérés comme de vils coupables, de misérables parjures, d'atroces calomniateurs; et celui qui avait dans l'âme la conviction de son délit, levait le front affectait la véhémence de l'honnête homme indigné, et portait l'audace jusqu'il vouloir imprimer la

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Le Propagateur (1818-1871) | 1844 | | pagina 1