JOURNAL D'YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N° 2743.
27me année.
TPS.SS, 17 Janvier.
LE JOURNALISME LIBÉRAL EN DÉTRESSE.
Dieu merci, l'épiscopat belge peut s'ap
plaudir de ne pas avoir parlé en vain. Sa
circulaire contre les mauvais livres a
dessillé les yeux une foule de catholiques,
qui jusqu'alors, soit par respect humain,
soit pour d'autres motifs, laissaient péné
trer chez eux les productions littéraires
ou l'impiété et le libertinage se montrent
dans toute leur nudité. Comment douter
du succès qu'a obtenu l'instruction pas
torale, lorsqu'on voit les peines incroya
bles que se donnent les organes libéraux,
grands et petits, pour lui attribuer une
signification qu'elle n'a pas, lorsqu'on est
témoin chaque jour des malédictions que
la presse dévergondée lui lance avec une
fureur toujours croissante? L'œuvre de
nos évêques paraît être le point de mire
d'attaques redoublées surtout depuis la fin
du dernier trimestre. Croit-on qu'en pu
bliant leur instruction les prélats belges
aient eu en vue de s'opposer la lecture
des romans licencieux, des feuilletons or-
duriers? Ce serait se montrer archi-rélro-
grade que de s'imaginer cela. Non, non,
l'épiscopat ne se soucie ni de la foi ni des
mœurs des catholiques belges. Ce qu'il lui
importe avant tout c'est de se maintenir
au timon de nos affaires politiques. Ne
sait-on pas qu'il a la haute main sur la
direction du pouvoir actuel? M. Nothoinb
n'est-il pas l'homme d'affaires du Cardinal
de Malines? Sachez-le donc, et retenez-le
bien, l'instruction pastorale est une œuvre
exclusivement politique, une persécution
atroce contre la presse libérale.
Tel est le langage de maint carré de
papier qui prétend suivre la voie tant
vantée du progrès social.
Ce serait faire injure au bon sens de nos
lecteurs que de réfuter les assertions d'ad
versaires qui se font un jeu de se moquer
du sens commun. D'ailleurs nous croyons
que le désabonnement leur a fait certes
assez de mal, pour qu'on leur permette de
se plaindre. Nous ne leur envions pas cette
consolation dans le malheur qu'ils éprou--
vent, bien qu'ils ne doivent s'en prendre
qu'à leurs propres excès.
L'indulgence, toutefois, doit avoir des
bornes. Par exemple ce serait manquer
notre devoir de publiciste catholique, pen
sons-nous, que de ne pas relever une
phrase comme celle-ci Les prêtres sont
ennemis de l'instructionils n'en veulent le
monopole que pour ne plus rien apprendre
nos enfants. 0 Progrès d'Ypres! Vous
ne rougissez pas de tenir un pareil langage
dans une ville où le parti clérical est
traité par ses gouvernants, par vos amis,
avec la dernière injustice; où un collège
communal, grassement subsidié avec l'ar
gent des catholiques, est organisé de ma
nière inspirer ceux-ci les plus justes
défiances; où ils ne jouissent pas même du
droit commun, obligés qu'ils sont d'entre
tenir nouveaux frais un établissement
qui leur convient sous le rapport de la
religion et de la morale!.... Les prêtres
ennemis de l'instruction! Ils n'apprennent
rien nos enfants!.... Allez, messieurs les
progressistes, allez vite prendre quelques
grains d'ellébore. Sinon, vos pieds d'écre-
visse pourraient fort bien vous conduire
bientôt auxPetites-maisons.
On lit dans le Journal de Bruxelles
Depuis plusieurs jours un honorable
membre de la chambre, M. Malou, est en
butte aux attaques de la presse. On lui
reproche de ne pas toujours être d'accord
avec le ministère, quoiqu'il soit fonction
naire public; on se permet de lui donner
des leçons de délicatesse, et de lui dire
qu'il doit choisir entre sa conscience de
député et son devoir d'agent du gouver
nement: remettez votre démission, ou bien
taisez-vous, tel est le dernier mot de la
morale constitutionnelle qu'on prêche.
M. Malou ne prêtera pas l'oreille, pen
sons-nous, aux avis de ces ardélions qui
vont soufflant autour du char ministériel,
quelque couleur que leur perfidie s'attache
d'ailleurs donner sa conduite parle
mentaire. L'opposition qu'il a faite jus
qu'ici n'a rien d'anti-gouvernemental; elle
touche tout au plus des questions d'ad
ministration qui admettent la divergence
d'opinions non-seulement entre le minis
tère et ses subordonnés, mais encore entre
les différents membres du cabinet eux-
mêmes, comme cela s'est vu en France et
ailleurs.
Quand sa conscience et ses convictions
obligeront l'honorable député d'Vpres
aller plus loin, il verra ce qu'il devra faire
pour mettre les devoirs du fonctionnaire
public d'accord avec ceux du député; et il
n'aura, si nous ne nous trompons, besoin
des conseils de personne pour agir d'après
les règles de la délicatesse et des conve
nances parlementaires. En attendant, il
peut être fort tranquille il a dans sou
passé un précédent qui justifie parfaite
ment sa conduite actuelle c'est ce qui
s'est passé lors de la convention conclue
entre l'État et la ville de Bruxelles. A cette
époque aussi, les convictions de M. Malou
ne s'accordaient point avec les propositions
du gouvernement. Que fit-il? il demanda
M. le ministre de l'intérieur s'il faisait de
la convention une question de cabinet. Sur
la réponse négative de M. le ministre,
M. Malou soutint avec chaleur son opinion,
et personne n'y trouva redire. La con
duite que M. Malou a tenue alors, il la
tiendrait encore aujourd'hui, nous en som
mes persuadés. Elle est conforme aux
règles du gouvernement constitutionnel
les précédents posés cet égard en An
gleterre, en France et chez nous, la justi
fient et l'autorisent.
Nous n'eussions point pris part toute
cette polémique,si l'on n'avait voulu donner
la position prise par M. Malou, dans des
questions purement administratives, une
portée qu'elle n'a point, qu'elle ne peut pas
avoir. Ce n'est pas de cette façon que se
démolissent les ministères, pour nous servir
des expressions qui courent les feuilles li
bérales; ce n'est pas par ces petits moyens
que se créent les combinaisons nouvelles.
Le duc de Bordeaux, voyageant sous le
nom de comte de Chambord, et sa suite
sont arrivés samedi Ostende, par le ba
teau vapeur anglais Earl of Liverpool et
sont descendus l'Hôtel des Bains.
Le duc est parti dimanche matin d'Os-
tende par le premier convoi du chemin de
fer et est descendu Bruges, l'estaminet-
restaurant le Comte de Flandres. De là il
s'est rendu la cathédrale pour y entendre
la messe de huit heures; après la messe
S. A. est retournée l'estaminet pour y
prendre un déjeuner. Le duc de Bordeaux
est parti onze heures par le chemin de
On s'abonne Yprea, Grand'-
Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
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arrivée du duc de dordeaux a ostende
et a bruges.