JOURNAL D'ÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2775.
27""' année.
7FR3S, 8 MAI.
Le Progrès se félicite de ce que depuis
3 ans il ne cesse d'élever la voix contre ce
qu'il appelle l'esprit inquisitorial du clergé
de la ville, qui ose encore rechercher
domicile les billets de confession. Oui, le
Progrès a élevé la voix, il l'a fait avec un
courage héroïque, et qui ne se dément pas
encore, quoique ses efforts aient été si mal
payés jusqu'à ce jour! Cependant, mon
bon petit confrère, consolez-vous; vous
avez fait votre mieux, et il n'a pas tenu
vous que vos réclames n'aient eu un plein
succès. Non, les arguments ne vous au
raient pas manqué, si vous eussiez voulu
puiser dans votre merveilleuse faconde, et
si cette fois-ci, vous vous êtes contenté
d'un seul, c'est qu'il était tranchant, pé-
remptoire, formidable même; car il n'est
pas venu votre connaissance que telle
chose ait lieu dans aucune autre localité du
pays. Vaste connaissance.qui le borne
indubitablement aux murs de la ville
d'Ypres.
Après cela, le Progrès, s'élevant toute
la hauteur de ses conceptions théologiques,
la confessiondit-il, est un acte de con
science et comme tel ne doit être connu que
du confesseur et du pénitent tirons la
conséquence en recherchant les billets de
confession, la confession ne sera plus un
secret donc les billets contiennent la
confession de chaque pénitent. Ha! ha! Je
parie que, cette année au moins, la feuille
libérale a fait ses pâques et que son billet
contient l'aveu de ses péchés politiques.
Cependant quel dommage que la Consti
tution ne soit pas plus explicite touchant
les billets de confession! Il est vrai que le
Progrès se rassure complètement sur l'es
prit de nos lois en cette matière; mais
quelle avance, avec un clergé qui n'y en
tend rien, ou qui pour opprimer n'y veut
rien entendre! Si nos prêtres étaient aussi
éclairés que la feuille libérale, ils verraient
que tout ce qui tend forcer les hommes au
trement que par la protection est contraire
la loi, et que par conséquent les visites
domicile pour recevoir les billets de con
fession, sont pour ainsi dire une violence
morale. Si nos curés pouvaient partout
faire cesser ce mal, un jour le Progrès
pourrait espérer peut-être d'élever la voix
avec succès contre un autre abus très-
grave, très-préjudiciable la liberté de
conscience, je veux dire contre les ser
mons, qui sont pour ainsi dire une autre
espèce de violence moralepropre jeter le
trouble dans des âmes aussi délicates que
celle du Progrès. Et même si l'oppression
des billets de confession continuent de
peser sur la conscience du confrère, il est
craindre que pour pouvoir respirer un
peu librement, il ne soit forcé de se faire
catholique, au grand dommage et au grand
scandale de l'opinion qu'il représente.
Un des savants les plus illustres dont la
France s'honore, M. le baron Cauehy,
vient d'adresser la Chambre des Pairs et
la Chambre des Députés un mémoire
consulter. Il plaide la cause de ces congré
gations religieuses qui ont dans tous les
temps servi si efficacement au développe
ment et aux progrès des sciences. Il s'élève
avec énergie et avec courage contre l'ar
ticle 3 du projet de loi de M. Villemain,
qui proscrit de l'enseignement toute per
sonne faisant partie d'une association re
ligieuse non autorisée. Rappelant les vrais
principes de liberté des cultes inscrits dans
le pacte constitutionnel, M. Cauchy in
voque leur protection en faveur de ces
citoyens humbles et soumis qui ne sollici
tent que le droit de vivre sur le sol de la
patrie en y répandant les bienfaits, l'ins
truction et la vertu. Et il ajoute la voix
des pères de famille la voix de la science,
qui ne pourrait sans douleur et sans détri
ment voir éloigner de l'enseignement des
hommes si capables de lui rendre d'im
menses services.
Les membres des deux Chambres se
rappelleront, dit en terminant M. Cauchy,
que dans la Mécanique céleste de Laplace,
dans les Asironomies de Delambre et de
Bailly, dans les Mémoires de l'Institut, se
trouvent cités avec honneur les noms d'un
grand nombre de religieux qui ont enrichi
les sciences d'utiles découvertes, les noms
des Gaubil, des Clavius, des Mersenne, des
Guldui, des Grimaldi,, que de nos jours
encore l'Institut et la Société royale de
Londres ont approuvé ou couronné les
travaux mathématiques, astronomiques ou
archéologiques des Martin, des Cahier, des
Vico; et ils ne voudront pas, dans un siècle
de liberté, faire subir le privilège de l'os
tracisme des savants dont le crime
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, 14, vis-à-vis de la Garde, et
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Royaume.
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Ypres. Le Propagateur parait
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clames, S S centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
REYCE POLITIQUE.
La Chambre des Pairs a enfin émis un vote dans
la question de l'enseignement, et ce vote est d'un
heureux augure. Après avoir entendu, dans la
séance du 4 mai, MM. de Barthélémy et de Broglie,
elle a adopté l'amendement proposé par la com
mission. Il est, comme on sait, ainsi conçu
La matière et la forme de l'examen de ha
it chelier seront réglées par une ordonnance rendue
comme les règlements d'administration publi-
que.
Ce qui veut dire que le ministre prendra l'avis
du conseil royal, le soumettra d'abord h la délibé
ration du cabinet tout entier, puis l'enverra au
conseil-d'Étatqui lui fera subir une nouvelle
épreuve, le rapportera de nouveau an'conseil des
ministreset enfin le publiera par ordonnance
royale. On voit tout de suite que les mandarins du
conseil royal ne seront plus que des commis
chargés de préparer un travail auquel ils ne
pourront plus donner ni autorité, ni sanction.
Il résulte de ce nouvel état de choses, que
le conseil royal sera amoindri et qu'il n'aura plus
la direction suprême des études a laquelle il s'était
si bieu fait. C'est la portée réelle de l'amendement
adopté par la Chambre des Pairs. Personne
n'ignore, en effet, que l'instruction secondaire a
précisément pour but de préparer <i toutes les
carrières civiles, a toutes les professions libérales,
et que le baccalauréat est la première porte qu'il
faut ouvrir. Le cours d'études avait donc pour but
principal l'examen du baccalauréat, et il est évi
dent que ceux qui en ordonnaient le programme
conservaient, par cela même, une influence domi
nante sur toutes les écoles publiques ou privées.
Jusqu'à présent, c'était le conseil royal qui réglait
seul la matière et la forme de l'examen; un arrêté
y suffisait. Rien de tout, cela n'aura plus lien a
l'avenir la noble Chambre vient de faire quelque
chose contre le monopole, comme le dit bien
l'Univers] mais elle n'a encore rien fait pour
la liberté. Espérons; son premier vote est une
promesse.
Nous devons constater que l'amendement de la
commission a été adopté a la presque unanimité
des voix. M. Villemain, ministre de l'instruction
publique, MM. Cousin, Rossi et les autres uni
versitaires ont seuls voté contre; ils tenaient
apparemment a constater cette première défaite.
Le Journal des Débats, le Constitutionnel
toutes les feuilles du monopole s'inondent des
sentiments les plus douloureux et crient a la
téaction. Hélas!