JOURNAL 0 APRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N« 2783
27me année.
7PB.3S, 5 Juin.
Souscription au Bureau du Propagateur, en
faveur des Incendiés de Dickebusch.
M. CAESTRYCK ET M. LAFFITTE.
Ou s'abonne l'prrs, Grand'-
Place, 34) vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'ABOXXEMEIVT,
par trimestre j
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 4
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé I Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES 1XSKDTIOXS
4 3 centimes par ligue. Les lé-
clames, *3 ceulimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
REVUE POLITIQUE.
Une correspondance de Malte du 24 mai, venue
par le dernier paquebot d'Alexandrie, signale,
d'après des lettres de Constantinople du 17, et
d'Athènes du 20, la présence dans ces contrées
d'agents russes qui parcourent toutes les provinces
turques, et cberchent y exciter des troubles.
On assure, ajoute cette correspondance, que les
provinces de la Turquie européenne et les îles de
l'Archipel, surtout Candie, sont la veille de se
révolter contre la domination turque. Le gouver
nement grec a fait arrêter Valentzas et d'autres
chefs de parti, qui étaient sur le point d'entrer en
Thessalie pour se mettre h la tête de l'insurrection.
On a aussi saisi un navire chargé d'armes et de
munitions destinées aux populations qui doivent
s'insurger.
Les nouvelles de Grèce mandent d'un autre côté
que malgré uce opposilion systématique, le nou
veau ministère se consolide, et le pays était tran
quille. Tous les vrais amis des Hellènes cherchent
h ramener l'union. La conduite de MM. Piscatory
et Lyons tend h ce but.
La tranquillité règne a Madrid, mais il parait
que le miuistère n'est pas sans inquiétude, a en
juger parles précautions militaires qu'il prend dans
celte capitale. On continue y faire des bruits fâ
cheux sur la santé de la jeune reine qu'on dit être
arrivée souffrante Valence. Ces bruits sont dé
mentis par les journaux ministériels. Nous devons
ajouter que les nouvelles de ce genre, publiées par
la presse du mouvemeut en Espagne, méritent
toujours confirmation.
Une correspondance de Genève publiée par le
Journal des Débals, rend justice aux Haut-Va-
laisans, a la boune discipline observée par les
troupes et l'humanité des chefs, ce qui est d'au
tant plus remarquable que ni les protestants gene
vois, ni le Journal des Débatsn'ont jamais
montré une grande sympathie aux catholiques
suisses.
Les prêtres, ajoute cette correspondance,
quoiqu'on n ait dit, n'ont point figuré, ostensible
ment du moins, dans cette dernière prise d'armes,
qui n'a été en réalité qu'un acte de légitime défense
de la part du gouvernement valaisan contre une
faction qu^ avait annoncé ouvertement l'iutention
de le renverser. Si les insurgés eussent eu le dessus,
leurs proclamations menaçantes pouvaient faire
craindre que les proscriptions ne signalassent leur
victoire. Leurs bandes armées se sont rendues,
tant dans leur marche aggressive que dans leur
retraite, coupables de beaucoup d'excès, que les
feuilles radicales suisses ne se sont pas fait scrupule
d'imputer aux troupes du gouvernement.
On n'a du reste signalé l'intervention d'aucun
réfugié politique étranger dans les troubles du
Valais, ce qui est un fait a peu près nouveau dans
l'histoire des troubles de la Suisse.
Le gouvernement français a reçu le 1" juin au
soir une dépêche télégraphique de Calais, annon
çant que l'einpéreur Nicolas était arrivé a Londres
dans la matinée.
La commission du chemin de fer du Nord s'est
décidément prononcé pour l'achèvement complet
par l'Etat et pour l'exploitation par un court bail.
Deux journaux qui sont habituellement bien in
formés, la Presse, et le Constitutionnelconfirment
h la fois cette nouvelle.
Une dépêche officielle, datée de Valence le 20
mai, porte que les deux reines et la jeune princesse
sont arrivés en bonne santé dans cette ville, qu'elles
y ont été reçues de la manière la plus convenable,
et qu'à la suite d'un baise-main pour les dames
un banquet a été offert par la ville au général
Narvaez et a tous les personnages de distinction
accompagnant S. M.
Les journaux de Lisbonne du 23 mai, ne disent
rien du changement ministériel qui a été annoncé.
L'einpéreur Nicolas n'était pas encore a Londres
le i*r jniri au malin, mais on avait su, le 31 mai,
qu'il allait arriver d'un moment a l'autre, et M. de
Bruuow, l'ambassadeur de Russie, était parti pour
l'attendre h Woulvvich. C'est cette nouvelle qui a
été transmise le 3 1, et qui avait fait annoncer qu'il
était déjà a Londres.
Montant déjà annoncé des recettes fr. 20 20
M. le Bourgmestre de Voormezeele. 400
Une dentellière, bousculée au concert 500
M. S...e, propriétaire200
Total 3t20
La souscription sera close a partir du iâ juin.
Nous prions les personnes charitables qui vou
draient bien encore contribuer au soulagement des
victimes, de nous faire parvenir leurs dons avant ce
tei me.
M. Caeslryck avait communié le matin du jour
où, pris d'une défaillance subite, il ne put recevoir
que l'extréme-onction. Le lendemain il n'existait
plus. Il avait du reste présagé sa fin, tel point
que deux ou trois jours auparavant, il avait fait
acquitter les petites dettes courantes de ménage
ou autres qu'il avait.
Les obsèques ont eu lieu a Sl-NicoIas. Un
convoi nombreux et distingué accompagnait le
cercueil il était suivi et bordé par une longue
file de pauvres, respectueux et recueillis. L'hono
rable M. Debeir, échevin de la ville de Pope-
ringbe, neveu par alliance du défunt, et lui-même
déjà blanchi par l'âge, menait le deuil. Le cortège
longea les murs de la nouvelle église, pour la
construction de laquelle celui qui recevait les
derniers honneurs avait encore récemment vendu
des biens en vente publique. L'église était comble,
une partie de la foule dut se disperser regret.
Après le service, dans lequel, d'après une volonté
formelle, tout était arrangé le plus modestement
possibleles voitures se dirigèrent sur Voor
mezeele. La repose le dernier anneau brisé d'une
chaîne qui a traversé sept siècles.
Le vieillard a noblement usé des biens dont la
disposition lui était dévolue. De son vivant il les
a partagés entre plusieurs communes avec ordon
nance expresse d'en appliquer exclusivement les
revenus a l'éducation chrétienne des enfants pau
vres. Il s'est ainsi volontairement dépouillé, pour
mieux assurer l'exécution de ses honorables des
seins et prévenir tout embarras après son décès.
Ce bel acte prouve si le prêtre catholique veut
l'ignorance du peuple, comme d'imbéciles li
béraux ont souvent clauhaudélibéraux sans
libéralité, aussi vides de bons sentiments que
d'idées ou de vues élevées, et qui ne dégaineraient
pas une obole dès qu'il s'agit de faire le bien.
Pourvoir pour l'avenir aux besoins de la patrie,
voilà assurément un dévouement plus digne d'élo
ges que les efforts de ceux qui sèment la zizanie et
les divisions au nom de la liberté. Ils dépeignent
le catholicisme comme un système politique, comme
un parti hostile aux libertés publiques, afin d'avoir
le prétexte de s'en séparer, et de le combattre.
Incapables d'en supporter le poids, ils répudient
cette dénomination sublime de catholiqueset
l'abandonnent ceux qu'ils disent leurs adver
saires. L'or et le pouvoir sont l'objet constant de
leur convoitise, afin d'opprimer ensuite, et de
corrompre. Gangrenés de vices, ils ne peuvent ni
tolérer qu'un autre le soit moins, ni souffrir que la
jeunesse reçoive une instruction qui l'en préserve.
Les funérailles de M. Caeslryck n'ont en rien
ressemblé h celles de M. Laffitte. Ce devait être un
singulier spectacle qu'un poêle funéraire tenu par
Béranger, le chantre de la volupté. Eu avant
le clergé, implorant les miséricordes de l'Agneau
sans tâche, derrière lui le persifleur de Passy,
rappelant les cyniques accents des lascivetés sen
suelles. Aussi quel chaos sorti de cet amalgame
œntre nature? Le cimetière pour le peuple de-
Paris, nous disons le mauvais peuple, n'est plus
un lieu de prière et de religieux silencecomme
en Belgique mais une sorte de carrefour jacobin
ou de furieux démagogues vont puiser dans l'in
fection de la mort l'assaisonnement du libéralisme