JOURNAL D APRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
N« 2784.
Samedi, S Juin 1844.
27me année.
7PK32S, 8 JUIN.
Nous avons examiné loisir quelques
portraits au daguerréotype par Spotbecn
(ils. 11 nous est heureusement permis de
dire qu'ils se recommandent sous tous les
rapports et ne laissent regretter en aucune
façon les daguerréotypeurs français qui
ont successivement passé quelques jours
en notre ville. Le dessin est franc, les
fonds sont clairs et purs, les nuances net
tement tranchées. M. Spotbeen travaille
meilleur compte qu'un artiste étranger,
ce qui s'explique par le motif qu'il n'a
point, comme celui, supporter des frais
de déplacement. Aujourd'hui du reste il
est hors de doute que l'empreinte amenée
par le daguerréotype n'est pas éphémère;
nous pouvons ajouter qu'elle se consolide
par le cours du temps. En preuve de ce
dire, nous citerons une observation qui a
été faite sous nos yeux une plaque pré
sentait la tour de Notre-Dame Paris;
c'était une épreuve imparfaite que l'on
effaça; on polit la plaque pour la faire
servir prendre un portrait; l'opération
réussit, mais l'empreinte que l'on avait
considérée comme entièrement détruite
reparut et la figure semblait être collée
sur la tour de Notre-Dame. Apres cela,
qui oserait encore prétendre que les por
traits au daguerréotype ne tiennent point?
Cette condition de durée et celle d'une
ressemblance parfaite suffisent pour en
gager toutes les personnes, qui désirent et
peuvent se donner des portraits, recourir
au daguerréotype.
A propos d'une adresse que les étudians
de l'Université de Louvain auraient envoyée
M. De Montalemhert, Y Observateur fait
les réflexions suivantes
Vendredi dernier, les élèves de l'Uni-
versité de Louvain ont signé colleclive-
ment une adresse M. le comte De
Montalemhert, pour le féliciter sur la
conduite qu'il a tenue la chambre des
pairs, dans la discussion de la loi de
l'instruction. Voilà donc une partie de la
jeunesse belge appelée prendre part
une lutte politique et religieuse. Pourquoi
et par qui Personne ne se méprendra
sur la cause et les conséquences de cette
démarche.
L'Observateur a complètement dénaturé
le fait dont il s'agit. Une partie de la jeunesse
belge n'a pas été appelée prendre part une
lutte potitique et religieuse. Les étudiants de
l'Université catholique de Louvain ont
voulu remercier le noble pair d'avoir vengé
la jeunesse belge de l'injurieuse accusation
d'ignorance qui lui avait été jetée la face
par les organes du libéralisme en France.
Cette protestation est de leur part un acte
spontané et dont la légitimité et la conve
nance ne sont pas contestables.
L'Observateur accepte-t-il par hasard les
allégations de M. Villemain qui, du haut de
la tribune de la chambre des pairs, a osé
dire que la liberté d'enseignement avait
produit en Belgique l'affaiblissement des
études? Nous serions tentés de le croire,
d'autant plus que YObservateur et les jour
naux de son parti n'ont trouvé que des
paroles de blâme pour les efforts qu'ont
fait en faveur de la liberté d'enseignement
quelques membres de la chambredes pairs,
tandis que les défenseurs du monopoîe ont
été loués et applaudis par eux. La conduite
de nos libéraux dans cette circonstance
sera sévèrement jugée par tous les hommes
impartiaux; on s'étonnera que ceux-là
même qui combattent avec tant de passion
l'étranger les principes de notre consti
tution, vantent ensuite leur attachement
celle constitution. Il y a là une confusion
d'idées ou un manque de bonne foi vrai
ment inconcevables. Nous espérons que
cet enseignement ne sera pas perdu pour
la Belgique, et qu'il achèvera de mettre eu
lumière les véritables intentions de nos
adversaires.
Le R. P. Walle, dont les journaux
ont annoncé le retour de la colonie belge
de Santo-Thomas, a traversé notre ville se
rendant Poperinghe où il passera quel
ques jours dans sa famille. On nous in
forme que le but du voyage de M. Walle
est de donner suite au projet d'établir un
collège de jésuites dans la ville de Guate
mala. Le R. P. partira sous peu de jours
pour Rome afin de conférer avec le général
de l'ordre et d'obtenir du souverain Pon
tife l'autorisation de satisfaire aux vœux
ardents de l'évêque administrateur de
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Royaume.
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VÉRITÉ ET JUSTICE.
REVEE POLITIQUE.
Des lettres arrivées du royaume de Naples an-
noncent que l'agitation qui s'y était manifestée
commence se calmer. Le journal anglais qui se
publie a Malte avait beaucoup exagéré les troubles
de Sicile. Les journaux allemands et en particulier
la Gazette d'Augsbourg, n'ont pas rendu un
couipte exact des faits qui se sont passés dans les
légations. Tout est apaisé, et les corps autrichiens
qui s'étaient réunis auprès de Ferrare vont rentrer
daos leurs garnisons respectives.
Le roi de Prusse se prépare a quitter sa capitale
il doit visiter successivement la Lusace supérieure,
la Poméranie et les provinces occidentales de son
royaume.
- L'empéreur Nicolas est arrivé samedi Londres,
t est descendu a l'ambassade russe, où le prince
Ibert est allé immédiatement lui rendre visite. Le
oi de Saxe est arrivé le même jour dans la capi-
ale de l'Angleterre.
Le voyage du roi Louis-Philippe a Londres anra
lieu, paraît il, plus tôt qu'on ne le croyait. C'est
du moins ce qu'il est permis de conclure des pré
paratifs qui se font en Angleterre pour la réception
du roi des Français. Déjà l'escadre, qui doit lui
servir d'escorte, se réunit a Portsmouth.
Le lord-maire de Dublin a dû réunir hier la
corporation de cette ville pour protester contre la
condamnation du libérateur. La plupart des corpo
rations des grandes villes suivront cet exemple.
On disait le 3i mai h Toulon, qu'une division
de l'escadre d'évolution, qui se trouve en ce moment
aux îles d'Hyères, venait de recevoir l'ordre de
faire route immédiatement pour lescôtes du Maroc.
Toutes les oppositions se ressemblent b les
entendreon dirait qu'elles sont toujours a la
veille de devenir majorité et qu'elles n'ont qu'a
étendre la main pour saisir le pouvoir qui leur
sourit. Chez nous comme en France l'opposition
est toujours victorieuse, le pays ne cesse de venir
h elle, chaque élection lui assure un triomphe
nouveau, et au bout de tous ces succès que
voyons-nous? l'opposition reste ce qu'elle est, ce
qu'elle a toujours été, une minorité bruyante qui
supplée h l'importance qu'elle n'a pas par celle
qu'elle se donne.
Qui a oubliée les déclamations des élections
parlementaires de l'année dernière? L'opposition
était victorieuse et elle se couronnait de lauriers.
Qu'en est-il resté? Qu'elles sont ses œuvres, son
influence, ses prétentions même? Hélas, elle est si
bien morte, que la majorité est réduite h la galva
niser elle-même de temps eu temps pour lui
donner un semblant de vie.
A voir le mouvement qu'elle se donne, a en
tendre le bruit qu'elle fait, les passions qu'elle
met en jeu, les déclamations dont elle assourdit le
pays, ou la croit forte et puissante, et on se
demande si la nation tout entière n'est pas entraî
née par ce tourbillon de feu. On doute de soi-
même, ou s'arrête plein d'anxiété le tourbillon
passe, la fumée se dissipe, l'illusion s'évanouit, et
on est tout surpris, au bout de quelques jours, de
retrouver tout a sa place, le pays calme et labo
rieux, les institutions debout, la majorité a côté
d'elles et le pouvoir dans la majorité. Quant
a l'opposition, Dieu sait ce qu'elle devient
un mois de session, on n'en parle plus.
Voila quatre ans que ce jeu se joue, et toujours
avec le même succès. A chaque élection nouvelle,
le même devoir sort des coulisses, la même ma-
chiuc se dresse, le même char de triomphe brûle
l'arène, les mêmes bulletins répandent au loin leur
pathos vainqueur depuis huit jours, nous ne
voyons que cela et ce n'est pas près de finir. Encore
quelques jours de patience et nous saurons ce
qu'il y a derrière toute cette fantasmagorie
quand la vérité apparaîtra dans toute sa simplicité,
lorsque l'opposition sesera dépouille'e des oripeaux
menteurs que la passiou lui prête, nous comp
terons.