N° 2786. Samedi, 15 Juin 1844. 27me année.
7? 3.3 S, 15 J«IN.
Les protestants anglais donnent de
temps autre des preuves que les pré
jugés de secte s'affaiblissent parmi eux
et que les voies se préparent dans la Gran
de-Bretagne pour opérer un rapproche
ment sincère avec le catholicisme. Voici
un fait nouveau qu'on peut enrégister
côté de tant d'autres Un ministre an
glican, qui vient de quitter la ville de
Bruges, eut la curiosité d'aller voir der-
nièrement son passage par Malines, le
cardinal-archevêque. Après une confé
rence qu'il avait eue avec ce digne prélat,
le ministre protestant se prosterna ge
noux et demanda la faveur de recevoir sa
bénédiction épiscopale. 11 emporte de celte
entrevue des souvenirs qui pourront un
jour exercer sur lui la plus salutaire
influence. Nous tenons ce récit d'un com
pagnon de voyage du ministre anglican.
Bruges. Mardi, dans l'après-midi,
on monsieur extrêmement bien mis, entre
l'exposition de l'industrie brugeoise, et
laisse la porte le domestique qui l'accom
pagnait, après avoir admiré et loué en
connaisseur les divers produits, il exprime
le désir qu'il éprouve d'acheter les beaux
meubles du principal exposant, pour gar
nir la nouvelle habitation qu'il vient de
faire construire, la personne d£ la com
mission qui il s'adresse, s'empresse d'en
voyer chercher l'ébéniste; celui-ci arrive
tout essoufflé, on entre en pourparlers, le
monsieur marchande peu, il est riche,
mais il ne veut pas attendre la fin de l'ex
position pour faire enlever les meubles, il
veut les avoir de suite, on accepte cette
condition; une commande de 7 8 mille
francs vaut bien la peine qu'on dégarnisse
le salon. Après avoir traité avec l'ébéniste,
il passe aux autres exposants et continue
ses emplettes; chacun se regarde,on craint
une mystification et on detnaude le nom
de cet homme si riche, qui veut tout ache
ter; il tire sa carte qui porte un nom connu
et montre en même temps plusieurs let
tres, signées des noms les plus honorables
du pays; tous les soupçons tombent alors
et on ne voit plus dans cette personne
qu'un homme qui veut faire un noble
usage de sa fortune en encourageant l'in
dustrie. Cependant le domestique inquiet
de ne pas voir sortir son maître,, entre
dans la salle, on l'interroge et on apprend
que ce monsieur est un pensionnaire de
l'établissement d'aliénés, dirigé par M. le
chanoine Maes.
D'après une communication qui a
été faite par l'autorité provinciale de notre
Flandre dans le courant du mois de mai
dernier aux administrations des commu
nes, il résulte des rapports qui sont par
venus au département de l'intérieur que
la charlatanisme s'exerce avec ardeur,
nobobstant les précautions légales. Des
empyriques exploitent d'une manière ou
verte la crédulité publique, il importe que
les polices des campagnes surtout aient
l'œil ouvert sur ces abus souvent funestes
la santé et toujours fatales la bourse
des hommes trop confiants dans les pro
messes séductrices des vendeurs de spéci
fiques.
Le gouverneur de la province demande
que les régences prennent des mesures
efficaces pour défendre l'exercice d'une
industrie aussi coupable et1 expriment le
désir que ces mesures lui soient soumises.
oïl s'abonne l'prM, Grand'-
Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités a 4
Prix d'un numéro
Tout ee qui Concerne là rédac
tion doit être adressé I Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le 0ARED1 et le MERCREDI
de chaque semaine. c
PRIE DES INSERTIONS*.
43 centimes par ligue. Les -
clames, 33 centimes la ligne.
REVEE POLITIQUE.
La Gazelle d'Augsbourg fait un triste tableau
de la situation de l'Albanie. Loin d'en annoncer la
pacification, comme on aurait pu le croire en juger
par les nouvelles publiées par la Porte ottomane
elle confirme tout ce que l'on a dit précédemment
sur le triomphe des Amautes, et sur les innom
brables excès dont ils se rendent coupables. Plu
sieurs pachas, sentent l'impossibilité de résister k
cette soldatesque furieuse, ils ont dû chercher leur
salut dans la fuite.
Il est maintenant certain que Don Carlos consent
au mariage de son fils, le prince d'Asturies, avec la
reine d'Espagne. Le prétendant a lui-même fait a
ce sujet au cabinet de Londres des propositions que
sjr Robert Peel s'est empressé de communiquer au
cabinet de Madrid. Cette combinaison sera fort
avantageuse pour l'Espagne; mais, a en juger par
les idées qui y dominent aujourd'hui, il est douteux
que l'on parvienne k la réaliser.
La guerre entre la France et le Maroc est défi
nitivement commencée, elles journaux ministériels
publient déjà des dépêches du général de Bar,
commandant de la division d'Alger, et du général
Lamorcière. Il paraît que le principal motif qui a
décidé Abd-el-Kader et le fils d'Ab-el -Rhaman
k attaquer si vivement les Frauçais> est le manque
de vivres qui commençait k amener la division
parmi les troupes arabes et marocaines. L'engage
ment a eu lieu le 3n mai b 11 heures, et il a été plus
vif que ne sont ordinairement les escarmouches des
Arabes. La cavalerie noire s'est montrée a ce début
plus entrepreuante que l'on a coutume de voir les
goums arabes.
I.a Chambre des Députés a commencé la dis
cussion des nombreux projets de chemios de fer
dont elle a été saisie par le gouvernement. Elle
examine en ce moment le railway d'Orléans a
Bordeaux.
L'empéreur de Russie et le roi de Prusse doivent
se rencontrer k Kissingen, et, après y avoir pris les
eaux minérales, les deux souverains se rendront k
Carlsbad. ou quelques membres de la maison d'Au
triche et de Bavière et beaucoup de priuces germa
niques se trouveront, dit-on, également présents.
Nous ignorons jusqu'à quel point cette nouvelle est
fondée.
Les journaux anglais prétendent qti'k la date des
dernières nouvelles des îles Marquises, la garnison
française était dans un grand état de détresse,
n'ayant pas été payée depuis quinze mois et n'ayant
que du sel pour provision.
La tranquillité ne paraît plus devoir être troublée
en Suisse, malgré le vif désir qu'ont les radicaux
de prolonger les desseusious. Le canton d'Argovia
en sera pour ses avances quant k l'expulsion des
ordres religieux qu'il veut demander k la diète il
ne sera pas appuyé par les autres cantons. Celui de
Vaud entre autres recommande k ses députés de
soutenir l'incompétence de la diète dans celte
question.
M. le prince de Joinville a dû partir le i3, k
5 heures de l'après-midi, pour Toulon, où il ue
tardera pas s'embarquer pour les côtes du Maroc.
Les catholiques de France viennent de faire une
adresse a M. O'Connell c'est M. le comte de
Montaleinbert qui l'a rédigée. Elle exprime noble
ment les sentiments des catholiques de France pour
le grand homme qui a tant servi la cause de l'Église
en servant celle de sa patrie, et qui, aujourd'hui,
se montre dans sa prison plus fort que le gouverne
ment qui l'y retient.
Nous avons dit que M. Villemain a présenté k la
Chambre des Députés le projet de loi sur l'instruc
tion sécoudaire voté par la Chambre des Pairs;
mais ce que nous n'avons pas constaté, c'est qne
M. Villemain ne se raillie pas k la partie de ce
projet qui, pour la juridiction disciplinaire, soumet
les professeurs aux tribunaux ordinaires. Il veut
que le conseil royal de l'université continue a avoir
la haute main sur le personnel des écoles primaires
comme ci-devant. La loi est déjà si mauvaise que
uous regretterions presque de ne pas y voir intro
duire cette restriction nouvelle. Cela l'empirera
toujours un peu et la fera durer moins.
(Nouvelliste).