On écrit de Bruxelles, 17 juin Depuis bientôt deux ans, la législature a voté des indemnités pour les victimes des désastres qui ont été la suite des évé nements de 1830, et une commission a été chargée du travail de répartition des in demnités allouées. Les résultats de ce tra vail sont impatiemment attendus par un grand nombre de personnes. On ne saurait assez stimuler le zèle de la commission de liquidation, car il est vraiment pénible pour bien des victimes qui se trouvent dans la gêne, d'attendre aussi longtemps un soulagement qui aurait dù leur être accordé plus tôt. Nous aimons croire que la commission terminera son travail aus sitôt que possible, et qu'elle s'empressera de lever toutes les difficultés secondaires qui peuvent avoir entravé jusqu'à présent le cours de ses opérations. Hier deux heures après-midi, une querelle s'éleva entre la cabaretière de l'estaminet (Empereurrue de ce nom, et une dame demeurant en quartier dans la maison, au sujet d'ordures que les enfants de cette locataire n'auraient cessé de jetter dans la cour depuis le matin; dans la que relle la cabaretière s'empara d'une pelle en fer et en porta, pour se défendre, d'après ce qu'elle dit, des coups la tête de cette dame et l'un des enfants de celle-ci, âgé de 12 ans; ce dernier reçut une blessure la tête, d'où le sang jaillit avec force et qui lui fit perdre connaissance. Le docteur Joly, arrivé aussitôt sur les lieux, donna les premiers soins au petit blessé, la police arrivée également, a fait évacuer la mai son, et a procédé une information sur la gravité et les causes de ces blessures; on craignait que le blessé n'eut le crâne felé. FRANCE. paris, 15 Juin. Le roi et la reine, accompagnés de M. le colonel Dumas, d'une dame d'honneur et d'un officier d'ordonnance, sont partis hier du palais de Neuilly, deux heures, pour se rendre au couvent des loges (forêt de Saint-Germain.) L. M. y ont été reçues par M. le maré chal Gérard, M. le général vicomte de Saint-Marc, M. l'évêque de Versailles et les dames supérieures. Après avoir assisté deschants religieux exécutés par les élèves, L. M. ont visité le couvent. A cinq heures, elles sont remon tées en voitures pour revenir Neuilly. On dit que M. de Chateaubriand et plusieurs autres légitimistes ne vont pas tarder partir pour Goritz. Les journaux légitimistes annoncent que des messes en noir seront dites lundi, mardi et mercredi prochain dans toutes les églises de Paris l'occasion de la mort du duc d'Angoulême. La Mode annonce que le deuil sera porté comme il l'a été pour Charles X. On termine la magnifique église de Saint-Vincent-de-Paul, place Lafayette. Ses alentours viennent d'être dégagés et dallés; le perron a reçu de beaux candélabres pour l'éclairage au gaz. On écrit d'Auch, 11 juin C'est déci dément dans la session de juillet que l'af faire Lacoste sera portée devant le jury. La session s'ouvrira le 8 ou le 15 au plus tard. M"' Lacoste fait plus que jamais la certitude qu'elle se présentera. Elle avait fait annoncer jusqu'ici qu'elle se constitue rait prisonnière vers cette époque. (On assure même qu'elle a fait demander la prison s'il y avait un appartement conve nable.) Aujourd'hui, le bruit circule qu'elle ne se constituera que cinq jours avant le jugement. Toutefois il paraît hors de doute que jusqu'ici elle est bien décidée ne pas se laisser juger par contumace. II va se passer demain, la première chambre de la cour royale, une scène assez curieuse, provoquée par la conduite de M. Séguier, premier président de la cour royale, envers les avocats. Il y a peu de temps, M. Séguier a apostrophé d'une ma nière fort déplacée un pauvre avocat, qui demandait une remise de sa cause, parce que son (ils unique était mort le matin même. Il n'y a pas de jours que ce magis trat ne se permette des incartades pareilles. En conséquence le conseil de discipline de l'ordre des avocats s'est réuni extraordi- nairement vendredi et samedi pour déli bérer sur ce sujet, et il a adopté la résolution suivante Les membres du conseil, agissant en leur nom personnel, ont décidé qu'ils ne plaideraient plus devant M. le premier président Séguier, jusqu'à ce qu'une répa ration publique ait été faite au barreau attaqué dans son indépendance et dans sa dignité. M" Chaix-d'Est-Ange a fait connaître cette délibération M. Séguier, en lui an nonçant qu'il se rendrait lundi matin 17 du courant accompagné de quatre des plus anciens membres de l'ordre, l'audience de la 1™ chambre et qu'eux seuls porte raient la robe. On assure ce matin que des amis de M. Séguier ont été occupés pendant toute la journée d'hier, pour amener une conci liation, mais que le vieux magistrat ne veut entendre parler d'aucune réparation. Il a réfusé d'écrire une lettre d'excuse au conseil de l'ordre des avocats. Le prince Albert vient de poser la pre mière pierre d'un hôpital ou hospice des tiné au traitement des phtysiques. Le prince Henri des Pays-Bas qui commande une faible escadre hollandaise en croisière d'évolutions est arrivé en rade de Plymouth. On écrit de Dublin, 11 juin, que de nombreuses députations venaient d'y ar river de divers points de l'Irlande pour présenter des adresses M. O'Connell. On a reçu des détails relativement au massacre sur la côte de Madagascar du lieutenant Molesvvorth et des sept matelots qui étaient avec lui dans une embarcation de la frégate de guerre la Cléopâtre. Ce sont les natifs qui ont attaqué les Anglais, parce qu'ils étaient irrités qu'on les eût empêchés de voler quelques ustensiles de canot. Les Anglais ont été surpris, ils ne s'attendaient pas le moins du monde cette attaque qui a été aussi rapide que la pensée. Les habitants de cette partie de la côte font la traite sur une grande échelle; on a<ti ibue l'acte auquel ils se sont portés la haine qu'ils ont contre les Anglais qui gênent et arrêtent le trafic des esclaves. Le writ d'erreur dans l'affaire O'Con nell sera porté le 2 juillet devant la cham bre des lords. La sécheresse se fait cruellement sentir dans quelques comtés de l'Angle terre. Depuis 1826 on n'en avait pas res senti une pareille. Dans le comté d'Here- ford par exemple, un des plus riches en produits agricoles, les semailles de l'orge n'ont pu s'effectuer et les fourrages sont devenus d'une cherté excessive. ALLEMAGNE. Dans la nuit de samedi dimanche der nier, un violent incendie a dévoré le bel Hôtel du RhinMayence. Les flammes se sont répandues avec une telle promptitude que c'est grande peine si les voyageurs qui se trouvaient dans l'hôtel au nombre de 160 ont pu se sauver demi-vêtus. Tous leurs bagages et la plus grande partie du mobilier de l'hôtel sont devenus la proie des flammes. Un voyageur anglais qui avait dans ses malles une somme considérable en billets l'a perdue dans l'incendie. Ce malheur a produit dans son esprit un tel bouleverse ment qu'il est demeuré frappé d'idiotisme. ESPAGNE. madrid, 9 juin. Les journaux de Barcelone ont publié un ordre du jour, dans lequel le capitaine- général, l'occasion de la prochaine ar rivée de la reine, a ordonné la mise en liberté de tous les prisonniers faite la suite des dernières révoltes. Des lettres particulières de Barcelone annoncent que la santé de la jeune reine Isabelle donne d'assez vives inquiétudes. Depuis que le cabinet des Tuileries a renoncé a faire épouser la reine d'Espagne au duc d'Aumale, on prétend qu'il est question d'un mariage entre ce prince et la sœur de la reine Isabelle. Mais on croit que la diplomatie ne permettra pas plus cette alliance-ci que l'autre. Il y a en cette ville un vieillard de 136 ans, M. M. Collier. Il est né Cangas de Tineo(AsturiesJ,le21 juin 1708, suivant son acte de baptême, en due forme. Il a joui de toute la confiance de Carlos de los Rios de Rohan-Chabot, sixième comte de Fernan-Nunez, dont il était secrétaire in time, pendant que le comte était ambassa deur d'Espagne Lisbonne et Paris, avant et après la révolution française. Cet homme a connu le grand Frédéric. Ses habitudes sont aussi simples que ré gulières; chaque jour il se lève avec le soleil; il va faire une bonne promenade et rentre pour déjeûner; il a toutes ses dents encore, l'exception des dents molaires; il a presque tous ses cheveux tout blancs; il se tient bien droit, et tout annonce chez lui une vigueur extraordinaire; il a connu toute la dynastie des Bourbons, Philippe V, Ferdinand VI, Charles III, Charles IV, Joseph Bonaparte, Ferdinand Vil et Isa belle II. 11 ne fume pas et il ne se sert de lunettes que pour lire et écrire. 11 ne paraît pas avoir plus de soixante-dix ans. ANGLETERRE. Londres, 14 Juin.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1844 | | pagina 2