Samedi, 22 Juin 1844
27me année
7PE.3S, 22 JUIN.
Nous avions cru quelque temps au bon
heur de voir s'établir dans nos murs les
Frères des écoles chrétiennes, pour instruire
les garçons de la classe ouvrière, et per
sonne ne contestera le bien immense qu'ils
auraient du procurer une ville, où les
enfants courent les rues du matin au soir,
et où, rodant dans toutes les avenues,
souvent ils n'épient que l'occasion de faire
le mal. Qui est-ce qui ne s'en est pas
plaint maintes fois? Mais malheureusement
il paraît que nos magistrats ne sont guère
disposés réaliser nos espérances, malgré
d'ailleurs les sacrifices pécuniaires qu'é
taient prêts s'imposer les curés de la
ville, qui certes n'ont d'autres vues que le
bonheur de l'enfance et le bien être de
leurs concitoyens.
Si c'est là une chose irrévocablement
décidée, nous n'avons qu'à nous plaindre,
et en exprimant nos regrets, nous croyons
être les fidèles interprêtes de tous les amis
de la jeunesse. Et que nos adversaires ne
se hasardent pas de nous démentir, moins
qu'ils ne se disent plus intelligents du vrai
besoin du pauvre que l'administration com
munale de Paris, qui les encourage et les
soutient dans tous les quartiers de la capi
tale de France; plus clair voyants que le
grand Napoléon, qui les protégeait et en
dota sa ville natale; moins impartiaux que
le protestant Guizot qui, dans une foule de
circonstances, leur a publiquement pro
digué ses hommages; où enfin moins to
lérants qne Mahemet-Ali, qui leur accorde
sa bienveillance et les acceuille dans ses
états, persuadé que dans leur enseignement
son peuple puisera cet esprit d'ordre et de
soumission, cet amour du travail et de la
justice, qui font le bonheur des royaumes.
Ce sont là des faits, et s'ils ne suffisent
pas nos adversaires, qu'ils examinent le
tableau suivant que nous empruntons au
Journal historique, et que tout en nous ap
prenant les accroissements considérables
de l'institut des dits frères, prouve l'évi
dence combien nos assertions sont fondées,
et quel point sont irréfléchis les préjugés
de ceux qui hésitent encore confier des
maîtres si universellement approuvés,
l'éducation de nos enfants pauvres.
Fn 1838, l'institut comptait
en France, 271 établissements, 1,987 Frères,
46o écoles, i,4og classes, 127,88.1 élèves}
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur a
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES 1KSERTIOYS.
On «'abonne Ypres, Grand'-
Place, 44, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'AROXYEMEMT,
par trimestre,
Pour Ypresfr.
Pour les autres localités 4
Prix d'un numéro.
4 9 centimes par ligue. Les lé
clames, 44 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
tEVi l: POLITIQUE.
11 est maintenant cerlain qu'il n'y a eu de
hangement ministériel en Portugal. Tout ce que
es journaux anglais ont dit h ce sujet était dénué
e fondement.
J Les bureaux de la Chambre des Députés se sont
occupés le 17 juin de l'examen préliminaire de la
loi sur l'enseignement secondaire, et de la nomi
nation des membres de la commission qui doit eu
faire le rapport.
Le parti universitaire, dit.h ce sujet l'Univers,
est très largement représenté dans cette commis
sion} cependant l'Université n'y compte qu'un
seul de ses membres, M. Saint-Marc Girardin; M.
de Camé défendra l'opinion catholique} M. de
Salvandy, qui trouve ia présentation du projet
inopportune, essaiera sans doute de faire triom
pher les principes développés dans le projet de loi
qu'il a présenté il y a quelques années comme
ministre de l'instruction publique, principes beau
coup plus sages que ceux de M. Villemain; M. de
Tocqneville a, sur la question des antécédents
auxquels nous présumons qu'il saura demeurer
fidèle MM. Thiers, Dupin et de Rémusat seront
sans doute plus universitaires que M. Saint-Marc
Girardin} nous ne savons pas au juste ce que vent
M. Quinette} quant a M. Odilon-Barrotnous
le croyons assez sincèrement libéral pour qu'il ne
courbera pas la tête'.sous les doctrines étroites
et despotiques de M. Thiers, qui ne sera dans
la commission que l'écho du Constitutionnel
Dans tous les cas, il est certain que la commission
de la Chambre des Députés n'arrivera pas a celte
triste unanimité de la commission de la Chambre
des Pairs.
Nous avons des nonvelles de Constanlinople du
29 mai, qui font connaître la suite des événements
en Albanie. Le 18, Omer-Pacha avait continué sa
marche, et il avait rencontré près de Chradscha
l'armée principale des Albanais, forte de huit
mille hommes et l'avait défaite après un combat
de deux heures et demie. L'un des chefs, Der-
vvisch-Saru, lut fait prisonnier, et l'autre, Etnin-
Tschamhaz, fut trouvé parmi les morts sa tête fut
envoyée a Kœprili en signe de trophée et exposée
publiquement. Le lendemain, Omer-Pacha fit son
entrée a Uskup.
Le 26, Reschid-Pacba se rendit de Kœprili
a Lsknp, et après la mort des deux principaux
chefs, 1 affaire petit' être regardée comme presque
terminée. Néanmoins la Porte veut essayer, ce
qu'il parait, la voie de la douceur et de la sé
duction} ces jours derniers elle a envoyé un fonc
tionnaire spécialqui est chargé de distribuer des
présents aux chefs les plus influents.
Ce qu'il y a de remarquable, ce sont les ména
gements et la douceur avec lesquels on traite
les blessés et les prisonniers} on dit qu'ils seront
transportés a Constanlinople.
La réunion de la diete extraordinaire suisse est
fixée au q5 juin. Le Constitutionnel a annoncé, et
nos feuilles libérales ont répété d'après lui, qu'elle
va s'occuper de l'affaire du Valais et de Yexpul-
sion des jésuites, qui a été comme on sait, réclamée
par le cauton d'Argovie. Il n'y a pas un mot
de vrai dans tout cela.
Le confit qui s'est élevé entre la cour royale de
Paris et l'ordre des avocats paraît devoir s'ag
graver. Nous apprenons aujourd'hui que la cour
royale, toutes les chambres réunies sous la prési
dence de M. Séguier, premier pre'sident, vient,
après sa délibération a huis clos, de citer
comparaître devant elle dans un délai de huitaine
le conseil de discipline de l'ordre des avocats.
Si l'on en croit Y Univers, la position de la
France a l'égard du Maroc ne serait pas tout a
fait conforme a ce qu'on en a dit jusqu'ici. Il
paraîtrait, d'après ce journal, que la médiation de
l'Angleterre aurait été offerte, il y a un mois,
la France, laquelle l'aurait péremptoirement
refusée. M. le prince de Joinville serait parti de
Paris avec l'ordre de conduire l'escadre de manière
b seconder les opérations du maréchal Bngeaud
agissant sur la frontière de Tlemcen. L'escadre
portera des troupes de débarquement. L'empereur
de Maroc est disposé b prodigué?" les réparations
diplomatiques demandées par le consul de France}
mais le peuple, fanatisé par Abd el Kadre, force
son empereur b courir lui-même au-devant de sa
honte, et le malheureux cousin du Prophète sera
obligé de subir, de provoquer même la leçon qui
lui est préparée par les armes françaises.
Du reste, ajoute Y Univers, s'il est vrai que
la France ne puisse songer b conquérir le Maroc,
encore moins b le garder, question digne d'un
nouvel examen, il nous paraît d'une importance
extrême de châtier vigoureusement cet empire et
de lui imposer un inviolable respect pour notre
domination sur le sol africain.
en Belgique, 11 établissements, 100 Frères,
19 écoles, 67 classes, 5,3oo élèves;
en Savoie, i4 établissements, 58 Frères, 16
écoles, 4o classes, 3,190 élèves;
en Piémont, 7 établissements, 83 Frères, 16
écoles, 56 classes, 5,890 élèves;
Etats Pontifie. 9 établissements, 85 Frères, 12
écoles. 42 classes, 3,i i5 élèves;
Canada, 1 établissement, 4 Frères, 1 école, 5
classes, 38o élèves,
Total en 1833 5x3 établissements, 2,31-
Frères, 524 écoles, 1,617 classes, et 125,758
élèves.
Or, en i843, c'est-a-dire cinq ans après, le
même institut comptait
en France, 55g établissements. 2,818 Frères,
607 écoles, 1,874 classes, 158.431 élèves;
en Belgique, 20 établissements, i64 Frères,
34 écoles, 113 classes, 8,292 élèves;
en Savoie, 18 établissements, 91 Frères, 21
écoles, 52 classes, 3,906 élèves;
en Piémonti3 établissements, 116 Frères, 24
écoles, 79 classes, 6,3g2 élèves;
États Pontif., 17 établissements, 118 frères,
23 écoles, 65 classes, 6,392 e'Ièves;
en Canada, 2 établissements, 21 frères, 5
écoles, 16 classes, 1,600 élèves;
en Turquie, 2 établissements, 12 Frères, 2
écoles, 6 classes, 5So élèves;
en Suisse, 1 établissement, 6 Frères, 1 école, 4
classes, 290 élèves;
Total en 1845 432 établissements, 3,346
Frères, 717 écoles, 2,209 c'asses» et 183,800
élèves.