JOURNAL DYPRES ET DË L'ARRONDISSEMENT.
No 2791.
27me année.
Un petit Tableau au daguerréotype, re
présentant la vue d'une procession au
moment où l'on donne la bénédiction
l'Aulei dressé devant le perron de la mai-*
son de Ville, mérite l'attention des ama
teurs et dénote l'adresse de M' Spotbecn
fils, par la correction des plus pAils et des
plus nombreux détails.
Une vache brunâtre, âgée de 5 6 ans,
appartenant au sieur Pierre-Jacques Menu,
cabaretier au cabaret le Damier, hameau
de S'-Eloi, commune de Vormezeele, a été
volée d'une prairie close, allant du dit S'-
Eloi Messines, dans la nuit du 2 au 3
courant.
Les personnes qui lui pourront faire
obtenir quelques renseignements, seront
recompensées.
Ce matin neuf heures, le jeu du ca
rillon a annoncé l'ouverture de la session
du conseil provincial pour 1844. Vers les
dix heures et demie M. le comte De Muele-
naere, gouverneur de la province, s'est
rendu au milieu de l'assemblée qui se
trouvait au grand complet et a prononcé
le discours d'usage.
Par arrêté royal du 17 juin dernier, le
personnel de la commission administrative
de l'école primaire supérieure du gouver
nement Furnes est composée comme
suit Président M. le commissaire de
l'arrondissement de Furnes. Vice-prési
dent M. Louis Olievier, bourgmestre de
la ville de Furnes. Membres MM. Decae,
«ichevin de la ville de Furnes; Valcke, ins
pecteur cantonnai de l'enseignement pri
maire; De Latre, juge au tribunal de 1"
instance Furnes; Hippolyte Van De Velde,
procureur du Roi près dudit tribunal; Ch'
Dernier, propriétaire-trésorier (sans voix
délibéralive); César Prignot, secrétaire
communal Furnes.
II. Ilurter, l'illustre auteur de la Vie
d'Innocent III, ancien président du Consis
toire protestant de Scbaiïhouse, vient de
rentrer dans l'Eglise. Son abjuration a eu
lieu le dimanche 10 juin, dans la chapelle
du cardinal Ostini. Le sacrement de con
firmation lui a été administré le 21jour
de la lête de Saint-Louis de Gonzague. M.
Hurler se propose depublier incessamment
un écrit sur les motifs de sa conversion.
On écrit de Gand, 1" juillet Ce
matin 10 heures et demie tous les auto
rités se sont rendues la station, où se
trouvait un bataillon du 12"* régiment de
ligne, ayant le drapeau en tête. AH heu
res 35 minutes le canon a donné le signal
de l'arrivée du roi et de la reine. Aussitôt,
M. le bourgmestre avec le conseil commu
nal, MM. les généraux Clump et Leboutte,
et le commissaire d'arrondissement, se
sont avancés vers la voiture royale.
Les tambours Ont battu aux champs, les
cloches de toutes les églises ont retenti et
L. M. sont descendues de la berline royale
au milieu d'acclamations unanimes. Après
avoir reçu les félicitations des autorités,
le roi et la reine sont montés en voiture
découverte pour faire le trajet de la station
l'hôtel du gouvernement. Les rues étaient
encombrées d'une foule immense qui fai
sait retentir l'air des cris de Vive le roi!
Vive la reine!'\ers une heure le cortège est
arrivé au gouvernement provincial.
On s'abonne Yprèa, Grand'-
Plaee, 14, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
P«1I DE L.4BOWF.MEMT,
par Irlmeatre,
Pour Yprèsfr.
Pour les autres localités a A*
Pris d'un numéro
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypren. Le Propagateur paratt
le BAMEBl et le HEItBEU
de chaque semaine.
PRIX PEU HiEITIOm.
PP centimes par ligne. Les té-
clames, SA centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
7PA233, 3 Juillet.
Bruges 2 juillet
COTS. r\£.ss:s2s DS P-lsis.
ASSASSINAT DE M. DONOX, BANQUIER.
Edouard Dooouâgé de 8 ans et demirécemment
sorti de collège, est un jeune homme d'une mise coquette;
ses cheveux blonds disposés avec soin rappellent les fre
luquets se dandinant aux cafés des faubourgs. Il comparait
devant la cour crimiuelle avec uu serrurier qui est en
aveu d'avoir assassiué M. Douou son père. L'accusation
qui pèse sur lui n'est rien moius que d'être complice de
ce forfait.
M. Duoon-Cadot, veuf et banquier Pontoise. sept
lieues de Paris, occupait une maison avec Edouard son
plus jeune fils. Un autre fils, Charles Donon, est marié,
et établi dans la même ville. Une femme venait obaque
jour soigner le ménage et se retirait ensuite. Les perquisitions
de la justice out constaté par quels degrés le vice et la
corruption ont développé en Edouard Uouou une déprava-
tiou précoce, avant que de lenvelopper dans la poursuite
du crime. D'sutres idées avaient éteint eu lui le respect
filial, Son père le gênait, surtout parce qu'il jouissait comme
usufruitier des biens de sa mére et qu'il croyait ne pouvoir
tien y faire. Le père se plaignait différentes peisonnes
de son caractère, de u paresse et de sou niauque d'égards
Ainsi il se dispensa de lui souhaiter la bonne année, et
restait souvent des semaines entières saus lui parler.
Par contre on le trouvait mollement daus sou lit après
neuf heures, y lisant quelque feuilleton de journal.
Rousselet, serrurier Sanuois près de Pontoise, et âgé
de 53 ans, jouissait dans la maison d'une certaine familia
rité, surtout avec le fils. Écoutons le récit de oet homme
devant la cour, en nous souvenant tuutefois qu'il n'est
que la version d'un assassin.
J'avais des relations depuis une vingtaine d'années
avec M. Donon-Cadot il nie prétait de l'argent saus in-
téiét, je fesais ses commissions. Depuis le mois de novembre
|843 j'eus des rapports plus fiéqueuts avec le fils. Il me
oommuuiqua d'une mauiere indirecte ses mauvais senti
ments enrers son père, et ses projets. Quelques entrevues
eurent lieu dans sa chambre, où il était retenu des suites
d'un panaris au doigt. Ce fut le s5 décembre, le jour de
Noël, qu'à force de sollicitations, je prononçai le malheu
reux oui. Il me fit mille instances, et promit cent mille
francs payables en quatre teimes. Je sortis après être
couvenu que le crime serait commis mon prochain voyage.
Je pris dans un tas de ferrailles un instrument propre
donner la mort, c'était uu fragment de chenet, ayant
uue pointe. Je me rendis diverses reprises Pontoise
chez M. Donon, sons l'un ou l'autre prétexte, muni du
chenet, mais le cœur me manqua. Un jour je rencontrai
Edouard qui surtait de la boutique d'un coiffeur.. 11 me
demanda si j'avais vu son père. Je répondis que oui. Hé
bien répliqua-t-ilsans rien ajouter. Une autre fois,
11 me reprocha ma lenteur en (lisant Mais combien
viendrex-vous de fois? a Nous nous entretîntes du projet
daus le vestibule près de la porte, et l'exéoutioo en fut
arrêtée au i5 janvier neuf heures du matin, jour auquel
Donon père devait recevoir une assez forte somme. Edouard
promit de se tenir dans la salle manger, et d'éloigner
les personnes qui viendraient souuer, en leur disant que
son père n'y était pas encore.
Le |5 janvier, je quittai Sonnois entre 6 et 7 heures;
j'arrivais vers 9 heures chez Douou. Il était la porte, re
conduisant un client. Après les saints d'usage je le suivis
au bureau. Je suis certain d'avoir en entrant entendu
Edouard dans I* salle manger. A peine entré au bureau,
je saisis le morceau de fer que je tenais cachéet comme
le sieur Donon se baissait pour attiser le feu, je lui assenai
un violent coup la tête. Mon sang bouillait. Le malheu
reux tomba en poussant un cri épouvantable, qui dût être
rulendu dans la maisou et au dehors. L'horreur me saisit,
je voulus fuir, mais il n'y avait plus balancer, j'achevais.
Après avoir fermé les rideaux des fenêtres et traîné fe
corps de la victime au fund de la pièceje m'emparais des
billets contenus en trois portefeuilles, et de quelques piles
de pièces de cinq francs. Une pièce tomba dans la mare
de sang. J'eus horreur de la ramasser. Edouard était dans
sa chambre. Au cri poussé par son père, il était descendu.
J'ai reconnu son pas au frappement de ses talons. Il vint
la porte* du bureau et en retira doucement la clé. Eu
sortantje l'aperçus dans la salle mangerprès de la
fenêtre qui donne sur le jardin.
Ce ue fut qu'à quatre heures après-midi, d'après l'acte
d'accusationqu'Edouard Donon courut chez son frère
Charlespour dire que son père était absent drpnis le
matin sans motif connu, et que celte absence prolongée
l'inquiétait. Les deux frères et l'épouse de Charles se ren
dirent la maison de leur père. En regardant par l'une
des fenêtres du bureau, ils virent uue trainée d'encre et
de sang, et au fond, ils crurent entrevoir un corps étendu.
Les magistrats, avertis, s'empressèrent de se rendre stlr
les lieux. Le buresu ouvert par un serrurier, offrit le plus
affreux spectaole. La figure de la victime était peine
reconnaissable. La mâchoire supérieure, les os de la tempe
droite étaient brisés, les dents cassées ou fortement ébranlées,
l'oreille déchirée la région temporale gauche, une bosse
marquait le contre coup de la tête sur le parquet.
Edouard Donon accusa la soustraction des trois porte
feuilles, contenant 5 600 mille francs en effets de com
merce, de quelque argenterie, et de 5 ou 6000 fr. qui
devaient se trouver en espèces.
Edouard n'avait pas quitté la maison avant 4 heures, et
cependant il ne peut fournir aucune lumière sur les cir
constances et les auteurs du crime. Il paraissait insensible,
et ses réponses étaient embarrassées, parfois contradictoires.
Les jours suivants, la plus grande partie des billets sous
traits furent envoyés par les postes de Paris, de S'-Deny*
et de Poissy sous des adresses d'une écriture inconnue au
sieur Douou-Cadot et l'huimer Oudin Pontoise. Ces
billets s'élevaient environ fr. a3o,ooo. Le fils du sieur
Rousselet, serrurier Ssonois, ayant voulu en échanger un
Argrnteuil, fut arrêté. La police se transporta aussitôt
chez Lousselet elle le trouva dans la cabane au fond de
son jardin, ayant près de lui un pistolet chargé. Déjà il
avait tracé sur le mur une inscription qui annonçait sou
dessein de se détruire.
Mis en état d'arrestation, il prétendait d'abord avoir
trouvé les divers billets mis la poste en un paquet i
l'embarcadere du chemin de fer Paris; le îo février >1
changea de système et avança d'avoir participé au