No 2803.
28me année.
7PR.3S, U AOÛT.
A peine le rapport de M. Thiers sur le
projet de loi concernant l'instruction se
condaire eut-il paru, que les journaux
libéraux belges en firent l'envi de pom
peux éloges. Quiconque a lu le travail de
1 ex-ministre s'aperçoit sans peine pour
quel motif il a mérité l'approbation de nos
feuilles exclusives. Elles aiment tant l'édu
cation religieuse et la liberté d'enseigne
ment!
Du reste, si parmi nous l'oeuvre de M.
Thiers a rencontré une si vive sympathie
chez plusieurs journalistes, il en est d'au
tres, même en France, qui l'ont jugée pour
ce qu'elle vaut. Le Bien public, entreautres,
journal écrit sous l'inspiration de M. De
Lamartine, vient de l'apprécier tout au
trement que nos grands parleurs de liberté
et de morale.
Voici l'article publié par ce journal
Monsieur Julien-Marie-André Castric-
que, avocat et juge suppléant, est décédé
le onze de ce mois l'âge de trente ans.
Entouré d'estime et de considération par
tous ceux qui l'ont connu, il inspire de
vifs et d'universels regrets. Sa mort pré
maturée et subite a jeté dans la cons
ternation ses parents, ses amis, ses
connaissances. Les funérailles ont été
célébrées ce matin avec une pompe
convenable sa position et son rang.
Jamais assemblée plus abattue et plus
nombreuse n'a suivi un cercueil jusqu'à
la tombe. Deux allocutions ont été pro
noncées l'une par l'avocat Van Daele,
l'autre par l'avocat Sartel.
Voici les paroles de M" Sartel.
JftJft.
On s'abonne Ypree, Grand'-
Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'ABOXXEMEKT,
par trimeatre
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 4
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Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES IASERTIOXS.
4 9 centimes par ligue. Les ré
clames, >4 centimes la ligne.
REVUE POLITIQUE.
La tentative insensée faite au mois de juin
dernier sur la côte de Calabre, par une troupe de
réfugiés partis de Corfou, a eu une cruelle issue.
Sur dix-neuf qui avaient été faits prisonniers,
dix-sept ont été condamnés a mort; de ce nombre,
neuf ont été fusillés le 25 juillet. Parmi ceux qui
n'ont pas trouvé grâce, étaient les deux fils de
l'amiral Bandiera, qui commandait en i8io l'es
cadre autrichienne dans le Levant.
On s'occupe vivement en Suède des modifica
tions a introduire dans le système de la représen
tation nationale.
La Diète suisse s'est de nouveau occupée de la
question des couvents. On se rappelle qu'à la suite
de la résolution par laquelle une majorité de douze
États approuva en partie, le i3 août i845, la con
duite tenue par Argovie dans cette affaire, six
cantons catholiques se réunirent en conférence et
adoptèrent un manifeste où l'on laissait entendre
que la séparation pourrait bien avoir lieu si l'on
ne revenait pas sur ce vote. C'est de ce manifeste
et des demandes qu'il formulait que la Diète vient
de s'occuper dans une très-longue séance qui n'a
pas épuisé le débat. Nous doutons qu'on parvienue
s'entendre l'amiable et qu'on puisse rien chan
ger au statu quo.
La question irlandaise a été soulevée vendredi
la Chambre des Communes. M. Sheil a demandé
l'élargissement de M. O'Connel}et a vivement
insisté sur l'irrégularité dont le jugement du jury
de Dublin est entaché. M. Wise, de son côté, a
appelé l'attention du gouvernement sur la mal
heureuse situation de l'Irlande; lord John Russell
a également demandé que des mesures soient prises
promptement pour mettre un terme la misère qui
ravage ce pays. Lord Russell a déclaré,en outre,
que si le ministère ne prenait pas bientôt l'initia
tive d'une réforme, il s'en chargerait la session
prochaine.
Le voyage du roi des Français en Angleterre
est, dit-on, ajourné d'un mois, et il n'aura lieu
que dans les premiers jours du mois d'octobre.
Nous avions l'intention de discuter aujour
d'hui le rapport de M. Thiers, et nous voulions
démontrer qu'il ne satisfait ni le clergé ni l'Uni
versité. Depuis l'Assemblée Constituante jusqu'à
nos jours, on a vu publier bien des travaux officiels
surcette grande question de l'enseignement. Parmi
quelques pages admirables, il y en a de bien fai
bles; mais jusqu'ici on n'a rien lu de si pauvre,
pour le fond et pour la forme, que celles que nous
avons sous les yeux actuellement. En voyant l'ar
deur avec laquelle l'ex-président du 1" mars avait
recherché le titre de rapporteur, nous pensions
qu'il avait compris les exigences de la liberté et
les devoirs de l'État; mais il n'en est rien. Sous
une apparence parfois libérale il déguise le des
potisme ce qu'il avance d'une main, il se hâte de
le retirer de l'autre.
Nous nous proposons, dans le courant de cet
été, une série d'articles sur les graves questions
soulevées par le projet de loi sur l'instruction se
condaire. Nous traiterons la question de l'Église
gallicane, du Concordat, du Clergé, de l'Université
et de la liberté.
Afin d'obtenir des applaudissements de l'Uni
versité, M. Thiers lui a rendu quelques privilèges
que la chambre des pairs lui avait enlevés. Il a
donné au conseil soi: ancienne importance, et lui
remet certains droits de juridiction sur les établis
sements particuliers. Mais, si l'Université a ac
cueilli avec faveur ce retour ses attributions pre
mières, elle doit voir d'un œil jaloux les privilèges
que M. Thiers concède aux petits séminaires. En
effet, l'honorable rapporteur, tout en ayant l'air
d attaquer le clergé, lui fait d'énormes concessions,
et ne propose rien moins que de faire passer en
loi les ordonnances de Charles X, de 1828, qui
créaient 12,000 bourses pour les petits sémi
naires. Nous ne savons pas jusqu'à quel point le
clergé prendra pour sincères les paroles de M.
Thiers, qui veut que l'instruction fasse de tous les
Français de bons chrétiens. L'auteur de la Révo
lution Française désire par dessus tout le triom
phe de la religion {sic). Il est vrai que, dix lignes
plus bas, il compte sur le triomphe de la raison.
Mais il faut espérer que ceux qui auront lu une
page 11e liront pas l'autre, et de cette manière, la
tradition et le siècle se glorifient la fois de la
puissante protection de M. le rapporteur.
«Si M. Thiers avait été animé d'un esprit vrai
ment libéral, il n'aurait pas demandé pour l'Uni
versité des privilèges plus nuisibles qu'utiles il
n'aurait pas demandé que l'Université fût juge et
partie dans le cas de répression ou de suspension
des établissements particuliers; mais il aurait cher
ché faire prendre des mesures du gouvernement
pour répandre l'enseignement universitaire dans
toutes les classes de citoyeus, et surtout parmi les
classes pauvres des villesabandonnées au clergé
et aux congrégations.
Si M. Thiers avait été animé d'un esprit vrai
ment libéral, il n'aurait pas constitué les petits sé
minaires sous un régime exceptionnel il se serait
rendu l'opinion des esprits graves dont il parle
et qui demandaient le droit commun pour les
maisons d'éducation du clergé. Au lieu de cela,
qu'a fait le rapporteur du projet de loi 11 a mar
ché sur les traces de M. Guizot, terminant un dis
cours énergique contre le clergé par un appel
son ambition en lui montrant en perspective un
banc d'évêques au Luxembourg. M. Thiers a
montré, lui, au clergé non pas une puissance poli
tique saisir, mais sa main pleine d'or, et a cherché
le corrompre.
Heureusement le clergé n'a pas donné dans
le piège, et il a refusé les 12,000 bourses offertes
si généreusement par le patron des bastilles.»
Il 11 Vît pas de jo ir que nous ne voyions la moit frapper
indifféremment tous les âges, et néanmoins les coups qui
atteignent la jeunesse produisent les plus cruelles impies-
siuus. C'est qu'il nous est donné de remplir dignement
notre existence, uiais qu'il ne lient pas nous d'eu obleuir
la durée ordinaire.
Quelle immense douleur doit être la vôtre, voua qui
pleurez presqu'en même temps un père adoré et un frère
chéri! Qu'elles sont poignantes les émotions que nous éprou-