N° 2811.
28me année.
7FB.3S, 11 Septembre.
DE LA LIBERTE D'ENSEIGNEMENT.
On s'abonne Y pré*. Grand'-
l>iace, «4, vis-à-vis de la Garde, et
che* les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE L'ABOWMEMEXT,
par trlmeatre.
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 440
Prix d'un numéro
Tout ce qui concerne 1. rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur parait
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES IXSERTIOXS.
§7 centimes par ligne. Les ré-
clames, centimes la ligue.
REVUE POLITIQUE.
C'est jeudi qu'on a reçu Dublin la nouvelle de
la cassation dn jugement de M. O'Connel et de ses
amis. Inutile de dire qu'elle y a été accueillie avec
un vif enthousiasme. Les détenus ont dû être élar
gis samedi; on leur préparait une brillante ovation,
laquelle le lord-maire de Dublin a dû lui-même
prendre une large part.
Les feuilles parisiennes de toutes les nuances se
sont donné beaucoup de peine, depuis quinze jours,
pour prouver qu'eu cas de rupture avec l'Angle
terre, la France pourrait lutter facilement, même
sur mer, avec cette puissance, et que si l'Angleterre
avait pour elle l'alliance de la Russie, la France
obtiendraitsans doute celle des États-Unis, et
de plusieurs autres puissances secondaires. Le
Journal des Débals cherche a détruire ces idées.
Il faut savoirdit cette feuillela fia de son
dernier article, ce qn'on veut et agir conformément
an but qn'on se propose; sachons bien qne la guerre
entre la France et l'Angleterre, ce serait la guerre
avec le monde entier.
On écrit de Cadix, le 28 août, que le prince de
Joinville y était arrivé la veille, a bord du Plulon,
ainsi que le vapeur la Vadette et un autre vapeur.
La nouvelle de la perte du Groenland est confir
mée. Les restes de ce beau navire avaient achevé
de brûler le 26 a dix heures de la nuit.
Il parait que l'état de santé de la reine d'Es
pagne excite de sérieuses alarmes. On l'a dit
menacée d'hydropisie et de phthisie pulmonaire.
On assure que toutes les mesures sont prises pour
que la régence soit accôrdée a la reine Marie-
Christine, pour le cas d'une catastrophe. Ces
nouvelles ont, du reste, besoin de confirmation.
Les élections ont commencé le 3 septembre
a Madrid. Les votes pour la composition des
bureaux paraissent avoir été très-favorables au
parti modéré. Les carlistes ont cependant réuni
aussi bon nombre de voix. Quant aux progres
sistes, les journaux de Madrid n'en font nulle
mention.
Le Journal des Débals apprécie anjourd'hui
avec beaucoup de malveillance le traité conclu
entre la Belgique et le Zollverein. Il se considère
comme un procédé fort peu gracieux, fort peu
gracieux, fort peu convenable, contraire même
la dignité du peuple belge, au moment où
la France poursuit avec nous des négociations
commerciales. Le dépit fait dire au Journal des
Débats des choses fort peu raisonnables, comme
on voit; nous nous y attendons après le langage
tenu par M. Cunin-Gridaine, ministre du com
merce, dans son rapport au roi du 3 septembre, le
Journal des Débals ne pouvait faire moins. U ne
nous sera pas difficile de lui prouver que le dépit,
conmie la colère, est mauvais conseiller et que le
cabinet seul doit être responsable de tout ce qui
arrive.
M. Xavier Delmotle, de cette ville vient de
clôturer la série de ses examens de la inauière
la plus brillante. Déjà deux fois il avait obtenu le
plus haut succès; il y a quelques jours, le grade de
docteur en médecine lui a été déféré avec la plus
grande distinction. Quel que soit le collège où il a
fait ses humanités; quelle que soit l'Université ou
il a complété ses études, nous nous plaisons a
constater le mérite de ce jeune homme, qui ne
tardera point a recueillir les fruits de ses constants
et utiles travaux.
U est assez singulier a l'époque de liberté où
nous vivons d'entendre sans cesse nos prétendus
libéraux, crier au monopole et l'envahissement,
et appeler 'a grands cris une concurrence forte,
sincère et générale l'enseignement du clergé.
On eut compris ces plaintes sous le règne de nos
souverains absolus, qui ne toléraient pas la liberté
d'opinion en matière de religion et de politique,
parce qu'alors le libéralisme a la façon des exagérés
de nos jours, n'était pas reçu; mais aujourd'hui
que tout le monde est libre de manifester ses
opinions, et de donner h tous ceux qui voudront
l'écouter l'iostruction et l'éducation qui lui plaira,
ces plaintes ne sont qu'un cri d'impuissance, et
d'une consolation dans la défaite. Ces Messieurs
désirent qu'on fasse une concurrence forte, sin
cère générale a l'enseignement du clergé; et
qui donc les empêche de la faire? Qu'attendent ils?
Que craignent-ils? La loi ne pose aucune entrave
h leur zèle; ils peuvent solliciter la confiance des
familles; ils peuvent l'exiger; qu'ils placent un
père de famille entre ses intérêts matériels, et ses
affections les plus chères; qu'ils fassent a des
hommes peu fortunés, la meuace de les blesser
daDs leurs biens ou de leur enlever leur clientèle,
moins qu'ils n'abandonnent pas leurs enfants
tel maître ou h tel établissement désigné; et
la loi restera muette; la conscience des honuêtes
gens osera seule réclamer. Leur faut-il des sub
sides? Mais les collèges qui sont censés faire
concurrence a l'enseignement du clergé absorbent
des sommes énormes. L'Athéné de Bruxelles,
reçoit du Gouvernement 25,000 fr. par an, outre
le subside de la ville. Le collège communal de
Liège, reçoit chaque année, ce qu'on nous assure
plus de 4o,ooo fr. D'après le dernier rapport fait
aux États provinciaux de notre province, lecollége
libéral de Bruges reçoit de l'Etat 10,000 fr. et de
la ville 20.539 fr. et il compte i5o élèves; le
collège libéral d'Ypres coûte cette année la ville
i5,85o fr. pag. 133 et il compte dit-on, 83
élèves ibid). L'enseignement libéral puise^ plei
nes mains dans les caisses publiques; les fonds
destinés l'administration générales ont employés
avec une espèce de prodigalité a encourager ou
plutôt h soutenir un enseignement, qu'on nous fait
envisager comme un enseignement de parti, et on
se plaint et on se lamente, et on demande une
concurrence générale! S'il n'y avait parti pris
d'obéir a un préjugé aveugle ou conviendrait que
cette concurrence est faite, avec toutes les chances
de succès possibleet qu'elle n'obtient aucun ré
sultat. L'état de langueur où se trouvent la plupart
des établissements dont les patrons affectent le
mépris de la religion, et la haine du clergé est un
fait évident, incontestable; mais que prouve-t-il;
si ce n'est que ces maisons d'éducations n'obtien
nent pas la confiance des familles, et qu'ils ne
répondent pas aux besoins du pays? Si les libéraux
tiennent a accuser quelqu'un de cet état de choses,
qu'ils accusent les pères de famille, qu'ils s'ac
cusent eux mêmes; car le succès de l'enseignement
catholique, qui dépend en premier lieu d'un zèle
bien légitime et bien dangereuxdépend aussi
en grande partie de la confiance, que les établis
sements du clergé inspirent, et des craintes que
font naître dans les familles les idées étroites
et les formes tracassières d'un libéralisme in
traitable.
Le clergé pour réussir n'a pas besoin des in
trigues qu'on lui prête, ni ces calomnies, qu'on lui
attribue; ces moyens ne sont connus que de ses
adversaires, qui en font h leur grand détriment 1111
déplorable usage, si le clergé se servait de ces
armes, (ce qu'il ne fera jamais) la lutte ne serait
point iuégale de ne chef, mais l'équilibre serait
délabli; car ses adversaires, dans leur dépit, ne lui
épargnent aucune genre d'injures. Un journal de
cette ville qui demande la concurrence générale,
dans un de ses derniers n* appellait les membres
du clergé des Baziles; il les désigne fréquemment
sous le nom de faction cléricaleil les accuse de
mensonge, d'abus de confiance, d'ambition ef
frénée, etc., que de choses les membres du clergé
pourraient sur les travers de nos prétendus li
béraux, avant d'avoir contrebalancé l'effet qui
semble devoir produire ce torrent d'injures! Le
clergé se tait, il se tient sur la défensive; et il agit
selon sa conscience.
Qu'on nous épargne donc désormais ces plaintes
ridicules sur le monopole du clergé; que les par
tisans de l'enseignement libéral se rappellent,
que le monopole légal est impossible et que
le monopole de fait est entre leurs niaius; il
ne tient qu'à eux de dépouiller le clergé de la part
qu'il prend l'instruction de la jeunesse; qu'ils
fassent mieux que lui; qu'ils inspirent plus de
confiance, qu'ils forment plus d'hommes instruits;
en un mot qu'ils profitent mieux de la liberté
commune, et le monopole de fait sera pour eux.
Le clergé ne demande pas mieux que d'être
dépassé; mais il ne peut manquer de rejidre les
plaintes et les injures, pour des aveux de faiblesse,
des signes d'impuissance, et uue preuve de ses
légitimes succès.
Pour se faire une juste idée de la sincérité de
nos prétendus libéraux, il faut faire bien moins
d'attention leurs paroles qu'à leurs actes. Ils se
glorifient de leur tolérance de leur amour pour la
liberté; il fulminent contre les atteintes, vraies
ou imaginaires qui sont faite cette liberté, égale
ment chère a tous; mais peine une des fiauchises
dont nous jouissons en Belgique, est elle violée
dans un pays étranger qu'ils applaudissent de
grand cœur et nous souhaitent la tyrannie et
l'oppression.