On nous écrit de Messines Un vol avec
effraction intérieure a été commis dans
notre commune dimanche dernier. Jos.
Dulilly et sa femme leur retour de la
Messe se sont vus dépouillés de presque
tout leur avoir. Au delà de 400 francs, dix
chemises et trois sacs farine ont été en
levés par des malfaiteurs. Les efforts de la
police pour découvrir les coupables ont
été jusqu'ici infructueux. Le pauvre Du-
tilly qui dans ses vieux jours eut pu jouir
d'une certaine aisance, se voit maintenant
la veille de devoir mendier son pain.
On mande de Courtrai, le 18 janvier
MM. les officiers du parquet, accompa
gnés des médecins-légistes, sont allés ce
matin faire une descente Caster. Il s'agit
de deux personnes mortes, que l'on pré
sume avoir été empoisonnées.
Une sorte d'escroc féminin parcourt
en ce moment les paroisses aux environs
de Namur, et a réussi faire plusieurs du
pes parmi les personnes pieuses et MM.
les curés. Cette industrielle se présente
sous les apparences de la religion, abuge
même des sacréments, et la faveur d'une
fable plus ou moins habilement ourdie,
se donne des airs de victime qui excitent
l'intérêt. Quelques maisons où elle a reçu
ainsi l'hospitalité ont été même de re
connaître, depuis, qu'elle avaient tout sim
plement hébergé une voleuse.
En continuant les fouilles dans la ca
serne des Annonciades, on a trouvé, près
des cercueils qu'on a découverts récem
ment, plusieurs médailles frappées vers la
fin du seizième siècle. On suppose que les
restes mortels trouvés dans les cercueils
sont ceux des fondateurs de cet ancien
X
condamné m'interdire l'ambition de vous
plaire. Et malgré cette abnégation, il est forcé
de remercier la haute chambre des applau-
dissementsou plutôt des encouragements qu'elle
lui a quelque fois accordés, et du bonheur qu'ils
lui ont valu.
Elle est pénétrante, elle remue les cœurs et
raffermit les intelligences timides, la parole élo
quente qui alors que nos oreilles sont encore
assourdies comme d'un coassement de marais, des
basses et discordantes criailleries contre les jésuites,
contre les prêtres, contre les évêques, contre le
Pape, contre les droits de l'Eglise, contre les gens
sincèrement catholiques, contre tout ce qu'il y a
de bon dans les mœurs, proclame au milieu de la
première assemblée de franceen face de la grande
société européenne attentive que c'est nous
laïcs qu'il importe surtout de maintenir la liberté
de l'Église dans toute sa pureté et son inté—
grité... que c'est nous qui avons un besoin
impérieux et souverain de savoir libre de tout
joug humain, de toute influence humaine, l'au-
toriié laquelle nous reconnaissons le droit
de faire ployer nos consciences et nos intelli-
y> gences sous le joug de la loi divine. Peu
importe l'indépendance du clergé, mais a qui?
Aux rationalistes qui n'usent pas des prêtres, ou
qui n'en usent que pour se laisser baptiser et
enterrer.... Mais pour nous catholiques sincères,
conséquents et pratiques, il en est tout au-
trement. Nous ne sommes pas des esprits forts,
mais des esprits faibles. Avant d'être pairs, dé-
putés, électeurs ou citoyens, nous croyons et
nous sentons que nous sommes chrétiens et
pécheurs, et que nous avons besoin d'être guéris,
consolés et pardonnés par d'autres que nous-
mêmes, par des évêques et des prêtres divi-
nement institués pour cela... Nous obéissons
librement a une puissance libre... Quand on ne
comprend pas celaon peut être grand homme
d'état, grand orateur, grand historien ou grand
diplomate, mais on ne sait pas le premier mot du
devoir ni de la destinée des catholiques.
On redoute les empiétements de l'Église.
Dans un siècle qui a vu deux Papes (1) captifs
de la France, a une époque comme la nôtre, où
en Russie, en Prusse, en Suisse, en Espagne, en
Portugal, on achève partout au sein des persé-
cutions et des massacres (témoins ces moines
brûlés vifs dans leurs couvents a Madrid), cette
spoliation de l'Église dont nous avons donné
le triste exemple il y a cinquante ans (2), quand
elle en est réduite a défendre, non pas seulement
ses ouvrages avancés, mais la citadelle même de
ses dogmes (3) et de sa morale outragée (4),
quand elle ne peut résister et survivre que grâce
a cette vitalité immortelle dont aucun tyran ne
saurait la dépouiller, quand au sein même des
pays les plus catholiques les rationalistes qui
la combattent ont l'avantage du nombre..,
quand tout cela est aussi clair que le soleil
affecter de craindre... Quoi? Non pas l'anéantis-
sement de l'Église, non pas l'épuisement graduel
de cette force tant combattue, non pas que cette
vieille institutrice des nations succombe enfin
sous le poids de l'âge, de la faiblesse et des
injures, mais craindre ce qu'on appelle l'empiè-
tentent du spirituel sur le temporel au milieu de
tant de dangers et d'orages, choisir celui-là pour
l'objet des sollicitudes et des terreurs de la poli—
tique! En vérité, je ne crains pas de le dire, c'est
faire preuve d'une étrange ignorance ou d'une
extrême hypocrisie; c'est vouloir lâchement ex-
(1) Pie VI et Pie Vit.
(a) Qui n'a pas manqué d'imitateurs en Belgique.
(3) Par exemple celui de la mission divine et de l'au
torité de ses ministres, mille fois bafoué par le Progrès.
(4) Par des productions comme celles de Sue, qui
l'Observateur et le Progrès ouvrent des souscriptions.
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ploiter les passions de la multitude, ou se mettre
leur remorque avec une aveugle et stupide
condescendance.
Je l'avoue, il y a des empiétements dont
l'Église est coupable, et même elle en a toujours
été coupable, et elle le sera toujours. C'est
l'empiétement de la vertu sur le vice. Oui elle
veut empiéter, toujours et sans cesse empiéter
par l'humilité sur l'orgueil, par la chasteté sur le
désordre, (1.) par les humbles consolations de la
foi sur la misère et l'abandon des pauvres, par la
charité sur la dureté et l'égoïsme des riches.
Voilà au fond, MM., vous en serez d'accord
avec moi, voilà les empiétements qui irritent le
plus contre elle, qui arment contre son autorité
maternelle tous ces calomniateurs gages tous
ces faux philanthropes qui l'insultent chaque
matin, et dont les écrits scandaleux vous ont
tant de fois révoltés... L'Eglise réclame et elle
veut l'empire des âmes et des consciences, et
comme c'est là le plus notable et le plus sou-
verain de tous, c'est celui qu'on s'efforce avec
v acharnement, mais sans franchise, de lui arracher.
Et cet empire comment prétend-elle l'exercer?
Nou seulement en vertu de sa propre liberté,
imprescriptible et inséparable de son existence
même, mais en vertu de cette liberté générale
des institutions et des idées que le monde mo-
derne a reconquise et proclamée. Elle sait bien
qu'elle porte dans son sein le seul contrepoids
légitime et positif de tous les périls de la liberté
et l'on verra ainsi que, grâce son immuable
autorité, l'immortalité de ses promesses, elle
peut, elle seule, survivre toutes les crises,
s'adapter tous les régimes, et s'imposer tous
les siècles.
Après avoir énuméré les honteux moyens qu'on
met en œuvre pour ébranler l'Église, M. de Mon-
talembert continue On se trompe en croyant
que tout ce débordement d'injures et de vio-
lences soit propre affaiblir le sentiment re-
ligieux dans les cœurs qui sont capables de le
goûter. Il faut bien peu connaître l'histoire du
cœur humain et celle de la Religion pour
nourrir de telles appréhensions. Les grandes
injures enfantent les grandes réparations. Savez-
vous ce qui sort de toute cette fange qu'on
remue autour de nous? Il en sort l'amour, l'amour
fécond, généreux, complet de cette Église qu'on
insulte. Plus on entassera contre elle calomnie
sur calomnie (2), plus elle trouvera des cœurs
disposés lui payer le tribut de leur dévouement
et de leur obéissance. Nous avons sur ce point
des démonstrations irréfutables dans le nombre
>1 et la nature (5) des vocations ecclésiastiques, et
dans les chaleureux dévouements qui se ma-
nifestent parmi les laïques. S'il m'était permis de
me citer moi-même pour exemple, et si l'on me
demandait quelle occasion se sont ancrées dans
mon âme ces convictions que je viens exprimer
devant vous avec une hardiesse légitime, mais
inaccoutumée, je dirais que ce fut en ce jour où,
il y a quatorze ans, je vis la croix arrachée du
fronton des églises de Paris, traînée dans les rues
et précipitée dans la Seine aux applaudissements
d'une foule égarée. Cette croix profanée, je
d la ramassai dans mon cœur, et je jurai de la
servir et" de la défendre. Ce que je me suis dit
alors, je l'ai fait depuis, et s'il plait Dieu, je le
ferai Ipujours. Je n'ai pas été le seul alors, je ne
serai pas le seul désormais.
Non vous ne serez pas le seul! La Religion
outragée dans son enseignement, lorsque le 17
(1) Les éutrgumènes qui s'alarment des prétentions de
l'Eglise, nous montreront bientôt l'occasion du Carnaval
quelle est celte géne dont ils veulent nous affranchir.
(a) Expression empruntée M. Guizot.
(3) Allusion aux missionnaires, aux jésuites, etc.
janvier 1826 la tyraunie arracha de vénérables
professeurs leurs chaires Ypres et les jeta dans
la rue aux applaudissements de la plupart des
libéraux d'aujourd'hui, ne déposa-t-elle pas aussi
dans l'âme de plusieurs les premiers grains d'une
ardeur réparatrice comprimée d'abord sous la peur
de l'enfance, endormie peut-être par les perfides
caresses d'un pouvoir détruit, réduite l'impuis
sance au temps même du réveil, et devant néan
moins éclater un jour sans tenir compte des obsta
cles, des inimitiés, des reproches et des incertitudes
du succès? Qu'on ne se flatte jamais d'avoir vaincu la
Religion parce qu'on l'opprime, c'est alors qu'elle
s'affilie le plus de prosélytes, et les plus dévoués.
Le jour où une même décision enleva l'Institution
S'.-Vincent le bâtiment et le subside, le logis et les
vivres, une souscription jamais mémorable fit
rougir l'égoïsme de son impertinence.
Nous regrettons de devoir borner ce peu
d'extraits les citations du beau discours de M. de
Montalembert elles donneront du moins une
nouvelle idée de la richesse de son style, de
l'élévation de ses vues, et de la solidité de ses
convictions. Admirons la puissante intelligence de
ce profond appréciateur de l'époque} mais imitons
son caractère résolu et actif} c'est un côté par
lequel il appartient chacun de lui ressembler, en
travaillant arrêter les conquêtes de l'immoralité
sur le domaine religieux. Entre mille autres occa
sions, les chefs de familles, de bureaux, d'es
taminets le peuvent, en rejetant les journaux et les
brochures ou le poison du vice est périodiquement
distillé, les pères et les mères le peuvent soit
en retirant leurs enfants des lieux où la coupe
du mal leur est offerte par les mains d'une
mondaine religiosité, soit en leur interdisant les
plaisirs abjects alors même qu'ils seraient autorisés
par de déplorables exemples.