Le Progrès au lieu de répondre notre article du 22 courant, s'amuse copier ce qu'il y a de plus cynique et de plus calom nieux dans VEcho de la Dendre, entretenir ses lecteurs de nouvelles de mascarades, et leur apprendre qu'un curé campa gnard a porté l'intolerance jusqu'à refuser la sépulture ecclésiastique un enfant mort-né. Le charitable confrère assaisonne cette dernière nouvelle d'une réflexion qui doit consoler la famille:C'est, dit-il, que Dieu ne ratifie pas la condamnation que prononce un ministre insensé sur le cadavre d'un mort- né. Quant nous, nous croyons que, dans le cas, le ministre ne prononce rien si ce n'est que selon les règles de l'Église, tel mort n'a pas droit la sépulture ecclésias tique. Messieurs les rédacteurs du Progrès feraient mieux, ce semble, de bien ap prendre leur catéchisme, car s'ils connais saient la 9e demande de la 40e leçon, ils se souviendraient que la terre sainte n'est ouverte qu'aux Chrétiens, et la lre ré ponse de la 2e leçon ils verraient qu'on ne devient Chrétien que par le baptême, bien entendu, valablement administré; or c'est ce dernier point seulement que le prêtre doit examiner. Et de grâce quel intérêt aurait-il de refuser un enfant mort les consolations de l'Eglise, s'il n'était pas dans une certitude morale que le défunt a été privé de la grâce du baptême? Au reste, toute cette semonce du journal maçonnique et de son digne correspondant touchera peu les prêtrescar ce n'est pas d'aujourd'hui que des stigmatisés se met tent leur prêcher la paix, la douceur, Yamour, la tolérance, enfin en quoi consiste leur mission évangelique. La commission de la Société des Chœurs a l'honneur d'informer le public que l'ou verture de l'exposition d'objets d'art et d'agrément au profit des pauvres de la ville, aura lieu dimanche 2 février 1845, 11 heures du matin, dans la Salle Jaune de l'Hôtel de Ville. Une petite cause, introduite en justice de paix, démontrait vendredi 24 quelle doit être la prudence des pères et des mères, lorsqu'ils placent leurs enfants chez des maîtres, surtout l'étranger, pour appren dre un état. Une contestation survenue entre un parfumeur d'une ville française non loin de la frontière et son apprenti Yprois, a révélé que ce jeune homme, âgé de dix huit dix neuf ans, manquait depuis son séjour en France aux devoirs les plus essentiels de religion sans que le maître s'en enquît aucunement. Le Dimanche par exemple, on n'allait pas la messe, d'abord parce que les occupations ne le permettaient pas, et ensuite parce qu'on ne comprenait pas la langue. Cependant l'apprenti avait toujours été d'une conduite régulière, et le père avait recommandé d'exercer son égard une salutaire surveillance. Que ceux qui ont des fils ou des demoiselles Bru xelles, Lille, etc., pour apprendre des métiers, des arts, les modes ou d'autres industries, réfléchissent leurs devoirs, et voient s'ils ont raison d'être tranquilles. Les assises de la Flandre occidentale, pour le 1" trimestre de 1845, s'ouvriront Bruges, le 17 février, sous la présidence de M. le conseiller Vuylsteke. L'épouse du sieur Baelde, accusée comme on sait d'avoir empoisonnée sa servante, sera jugée pendant cette session, elle sera la première cause, de la deuxième série, qui s'ouvrira dit-on le 25 février. Elle sera défendue par trois avocats, un de Bruges, de Gand et d'Ypres. Environ cinquante témoins, seront assignés par le ministère public, parmi lesquels, cinq docteurs en médecine, un professeur de chimie, et trois pharmaciens. Cette cause célèbre dans les annales du crime, ne manquera pas d'ex citer vivement la curiosité du public. Des voleurs sesont introduits, la nuit du 25 au 26 courant, par une petite fenêtre, dans l'église de Sle-\Valburge, Furnes. Ayant forcé un tabernacle ou armoire con tenant des vases sacrés, ils ont enlevé un ostensoir en argent massif, avec rayons d'or, paré de plusieurs pendants et boucles d'orreilles en or, d'une croix en diamants et d'une longue chaîne d'or; ainsi qu'une boîte en argent contenant vingt cinq hos ties consacrées, et différents autres objets tant en or, argent, qu'en pierreries, qui servaient orner la S* Croix. Au même endroit, mais dans un lieu séparé, était cachée la S'8 Croix qui, heu reusement, n'a pas été aperçue. Hier matin, on a trouvé suspendue la porte de M. le curé de Sl8-Walburge, et en veloppée dans un linge, la susdite boîte d'argent, avec les vingt cinq hosties con sacrées. Jusqu'ici les recherches de la justice sont restées sans effet. qu'ils s'arrangeraient de manière a ce qu'il y eût annuellement quelque fonds dans leur caisse pour aller au-devant de la noble tendance qui a présidé a la rédaction de l'article final de l'arrêté du i3 Frimaire an IX. LE MENSONGE MÈNE AU CRIME ET AU MALHEUR. A l'audience du 16 Janvier, Durnezpetit cultivateur Zonnebeke comparaissait devant le tribunal correctionnel sous la prévention de vol de vingt deux tourteaux de colza. Il niait le fait et protestait de son innocense. Voici ce que le procès verbal rapportait. Le 7 janvier, le fermier Devilter de Moorslede, était allé acheter des tourteaux a Becelaere chez son frère qui en fait le commerce. Au, retour le chariot pesamment chargé se trouva arrêté dans les fondrières de la route de Moorslede. Une jeune fille accourue du voisinage resta auprès du chariot pendant que le conducteur fut demander assistance la ferme la plus proche. Lors du déchargement, en comptant les tourteaux, on vit qu'il en manquait quelques uns. Les soupçons se portèrent sur la jeune fille le lendemain sur la réquisition du fermierune visite domiciliaire fut faite chez elle et on trouva quatre touFteaux qui ressemblaient a ceux de Devilter. Le père dit qu'il avait fait cher cher ces quatre tourteaux chez Devilter'a Becelaere par sa fille a qui il avait donné soixante dix centimes a cet effet. La mère confirma ce dire. La fille était absente. On n'eut pas égard a ces allégations, et le ministère public poursuivit le père seulement. Durnez reproduisit a l'audience son système qu'il avait envoyé sa fille Sophie Durnez pour acheter les tourteaux, et qu'elle les avait payés. Il amena deux témoins, la femme Duraon et Amélie Boucquaert, jeune fille de seize ans, pour compléter sa défense. La femme Dumon déclara avoir accompagné Sophie Durnez chez Devilter a Becelaere, elle ajouta que la servante du marchand remit les quatre tourteaux et reffiut l'argent. Amélie Boucquaert déposa avoir vu Sophie Durnez revenant de chez le marchand avec les quatre tourteaux. La justification paraissait peremptoire; mais par hasard Devilter de Becelaere se trouvait parmi les témoins, pour rapporter quel nombre de tourteaux il avait vendu a son frère. Entendant la femme Dumon dire que tel jour quatre tourteaux avaient été remis par sa servante a Sophie Durnezet sachant que sa servante avait été absente ce jour la, il le fit connaître au tribunal. Cette circonstance fit rappeler les deux témoins a décharge, et les questions devenant plus pres santes, la jeune Amélie Boucquaert avoua d'avoir passé la nuit d'avant l'audience chez Durnez. Dès lors les dépositions de cette fille devenant suspectes, et la déclaration de la femme Duraon étant controuvée, ce qui démontrait la fausseté des déclarations de la fille Boucquaert, le tribunal exposa aux deux femmes la criminalité du faux témoignage, et les terribles châtiments qui lui sont réservés. Ensuite on fit retirer la femme Du mon et on recommença l'interrogatoire de la jeune Boucquaertdont le greffier s'apprêtait a prendre acte. Enfin elle convint qu'elle n'avait pas vu revenir Sophie Durnez avec quatre tour teaux de Becelaere qu'elle ne l'avait dit ainsi qu'a la demande de Sophie, et que la femme Durnez était allée l'engager passer chez elle la nuit avant l'audience. A son tour, après beaucoup d'hésitations, qui occasionnèrent des murmures d'indignation dans l'auditoirela femme Dumon reconnut qu'elle n'avait pas accompagné Sophie Durneza Becelaere, qu'elle n'avait raconté qu'une fable a la sollici tation de Sophie Durnez et de sa sœur Rosalie. Après quelques observations sévères de la part de M. le Président, et qui faillirent être suivies de l'arrestation des deux faux témoins, la cause fut remise a l'audience de jeudi dernier. A cette séance, la cause avait pris un nouvel aspect: Sophie Durnez vint s'asseoir sur la sellette comme auteur du vol, son père, sa mère et sa sœur Rosalie comme complices. Sophie Durnez déclara la rougeur au front, qu'elle avait été envoyée par ses parents a Becelaere pour acheter quatre tourteaux, et qu'elle avait reçu soixante dix centimes a cet effet. Que chemin feSant elle rencontra le chariot sta tionnant sur la route de Moorslede, et y vola quatre tourteaux, afin de s'approprier l'argent qu'elle avait reçu; qu'ensuite elle porta les tour teaux ses parents comme si elle les avait achetés. Qu'après la visite de la police, craignant le res sentiment de son père, elle s'était adressée a ses deux amies pour obtenir d'elles une déclaration qui pût l'apaiser, et au besoin servir de justification devant le tribunal. M" Sartel, qui occupait le fauteuil du ministère public en l'absence de M. Tack, s'est élevé éner- giquement contre l'audace avec laquelle on n'avait pas craint de se servir du faux témoignage et de la subornation, pour assurer l'impunité du délit, sans tenir compte ni de la Religion, ni des lois, qui ont également en horreur le parjure. M0 Gravet, rendant hommage aux mêmes prin cipes, a renfermé la défense dans les limites que lui traçait le triste état de la cause. Il a présenté les trois autres prévenus comme dupes de la fille Sophie Durnez, en s'appuyant sur ses aveux. Néanmoins le tribunal en appréciant tous les éléments de l'instruction, a cru devoir condamner les quatre accusés a un an d'emprisonnement. Ainsi, voilà six personnes deshonorées, quatre privées de la liberté, deux échappent des peines plus graves par la seule indulgence de la justice, pour une valeur de soixante dix centimes! Sophie Durnez a, peut être uniquement par ses mensonges, perdu jamais son père et sa mère dans l'opinion des honnêtes gens.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 2