JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 2857. Mercredi, 19 Février 1845. 28me année Nos libéraux, M. Verhaegen en tèle, se sont plu, pendant la moitié d'un mois, d'accuser le cabinet actuel de mentir, de jouer la comédie. Les farceurs! veulent- ils donc faire passer l'éponge sur la circu laire électorale Verhaegen de 1841 sur leurs mensonges de dîmes et de main morte; sur les insignes calomnies qu'à chaque nouvelle élection ils ont la com plaisance de déverser sur des candidats adversaires? Le Progrès en veut cette fois-ci au sénat qu'il essaie de faire envisager comme une institution non seulement inutile, mais même nuisible. Et pourquoi? Parceque la haute chambre s'est permis, en 1841, de voter une adresse au Roi contre le minis tère Lebeau-Rogier, et que dans sa séance du 7 courant, par un premier vote, elle a réduit six ans le terme de huit ans que le projet ministériel exigeait pour acqué rir un nouveau domicile de secours. Nous croyons que l'une et l'autre de ces accusations sont mal placées dans la bou che du journal progressiste. Et d'abord de quel droit vient-il s'attaquer au sénat pour avoir volé une adresse contre le ministère Lebeau-Rogier, lui qui naguère s'évertua de tout l'acharnement qu'on lui connait, pour faire réussir la proposition de M. Osy, dirigée contre le ministère Nothomb? Sans doute, les représentants du peuple étaient dans leurs droit, comme alors MM. les sénateurs; car c'est aux chambres législatives d'éclairer le chef de l'état sur la marche de son gouvernement, et les tendances des ministres; et de lui faire connaître jusqu'à quel point leurs actes ont droit l'approbation du pays Autre chose serait de vouloir saisir de ces questions générales les corps munici paux donllesattributionsse circonscrivent au cercle du bien-être de la commune. Que le bon journal pardonne nos ho norables sénateurs, c'est très-charitable, quoique, notre avis, ils se seraient bien passé de celte grâce; mais nous nous per mettrons de faire observer nolreconfrère qu'il est par trop inconvenant de mêler d'une manière aussi blasphématoire des paroles sacrées cette espèce de diatribes, L'autre accusation que la feuille maçon nique lance contre le sénat ne nous semble pas mieux fondée quoique nous n'ayons guère approuvé ce vote car au lieu de vomir sa bile contre MM. Coppens et Macar, elle aurait dû se rappeler que la proposition, de réduire six ans le laps de temps nécessaire pour acquérir le do micile de secours, est de M. De Stassart, jadis grand'maître du Grand Orient, et encore aujourd'hui conseiller communal de la ville de Bruxelles. Quand par un vole jamais mémorable, ce grand personnage perdit la présidence au sénat, arrivèrent la capitale de toute part, même de notre ville, des députations maçonniques, pour lui porter, au nom de leurs frères, des compliments de condo léance. Au dire des libéraux d'alors, le Progrès s'en souvient peut-être encore, le pays était la veille d'une catastrophe, cause de ce vote. Pourtant la majorité des sénateurs-devait, au moins ce jour-là, n'être pas entièrement dépourvue de pé nétration et d'aptitude, puisqu'elle écarta de la présidence celui qui est venu, il y a douze jours, formuler une proposition, pour la quelle le grave Progrès prononce contre celte honorable assemblée un ver- Ou s'abonne Yprea, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. prix de l'anowkmkm par trimestre, Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités 44® Prix d'un numéro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur l'pres. Le Propagateur parait le (samedi et le mercredi de chaque semaine. prix des ixiertiovs 11 centimes par ligue. Les ré clames, 34 centimes la ligne. vérité et justice. 7PE.3S, 19 Février. revee poi.1tiqee. Le gouvernement espagnol est résolu h restituer au clergé tous les biens qui n'ont pas été vendus. Le correspondant berlinois du Journal de Francfort n'ajoute aucune foi aux bruits qui ont été répandus par les journaux touchant le projet du roi Frédéric-Guillaume d'accorder une Consti tution a la Prusse. Le Journal de Francjort a jusqu'ici affecté de ne reproduire que les lettres où l'on révoque en doute l'exactitude de ces bruits. Quant a la Gazette général de Prusse, elle garde sur ce point un silence obstiné. Elle n'a pas publié une seule ligne qui soit propre a faire seulement supposer que le public se préoccupe le moins du monde d'une future Constitution prussienne. Le cantou de Genève vient de donner aux can tons protestants de la Suisseet particulièrement Zurich,un exemple qu'ils feraient bien de sui vre. Le projet d'instructions pour les députés de Geniève la Diète porte en substance que le ré gime ecclésiastique de chaque Etat de la Confédé ration n'étant point au nombre des objets dont l'autorité fédérale a le droit de s'occuper, et rien n'établissant que les Jésuites, depuis leur rappel en Suisse, se soient rendus coupables de tentatives menaçantes pour la tranquillité de la Confédéra tion la députation de Genève devra voter contre toute mesure coërcitive qui serait proposée contre le canton de Lucerne a l'occasion des Jésuites. Ce projet d'instruction sera probablement adopté par le grand conseil sans amendements importants. Mgr. le cardinal de Bonald a publié un mande ment remarquable dans lequel il censure et con damne le livre que M. Dupin aîné a écrit sous le titre de: Manuel du Droit ecclésiastique, etc. L'illustre prélat prouve, avec une grande force de raison, qu'il y a dans cet ouvrage plus d'une pro position qu'un catholique ne saurait admettre. Un journal assure que M- Dupin a dénoncé le mandement de Mgr. de Bonald M. le ministre de la justice, qui ne serait pas éloigné de le déférer au conseil d'État. Nous ne croyons pas un mot de cette nouvelle. Mgr. l'archevêque de Lyon a fait son devoir en signalant les erreurs d'un livre que l'auteur destinait spécialement a l'usage des ecclé siastiques. U serait curieux de voir le conseil d'État décider que M. Dupin ne s'est pas trompé, et s'arroger ainsi le droit d'accorder un brevet d'or thodoxie a un ouvrage que l'Église condamne et doit condamner. Le Congrès espagnol a définitivement adopté le projet de loi sur la traite des nègres. Aucune modi fication importante n'y a été faite. Un des mem bres du Congrès avait proposé un amendement tendant h contraindre le ministère ouvrir des négociations avec le gouvernement anglais relati vement a l'abolition du droit de visite mais cet amendement a été retiré. Ces négociations n'au raient, du reste, abouti h aucun résultat. Si le ca binet français parvient a faire remplacer le droit de visite par quelqu'antre mode de répression, rien n'empêchera l'Espagne de négocier son tour pour assurer a sa marine les bénéfices de cette mo dification. Dans sa séance du i5 février, la Chambre des Pairs a pris en considération a l'unanimité la pro position de M. le comte Daru relative l'agiotage des compagnies de chemins de fer. Le gouverne ment n'y a fait aucune objection. M. le ministre des travaux publics a dit, au contraire, que dans le projet de loi sur la concessiou du chemin de fer du Nord qu'il soumettrait prochainement la Cham bre des Députés, il avait introduit quelques dispo sitions analogues celles qui sont formulées dans la proposition de M. le comte Daru. Il est probable que c'est mardi prochain que M. de Belleyme lira h la Chambre des Députés son rapport sur le projet de loi des fonds secrets. La discussion commencera le jeudi suivant, et tout fait croire qu'elle sera terminée samedi. Cette semaine ne se passera donc pas sans que la crise ministé rielle n'ait une fin.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 1