N° 2859.
28me année.
cour d'assises de bruges.
(Empoisonnement îre Catherine Cerog.
Une foule immense se précipite dès
l'ouverture dans la salle de la cour. La
femme Baelde, née Pélagie Bail, native de
Boeschepe est âgée de 44 ans. Elle porte
un châle brun et un chapeau noir. D'une
taille plus que moyenne, elle n'a dans sa
figure large rien qui se fasse remarquer.
Ses réponses, données avec volubilité et
hardiesse, 11e dénotent pas une éducation
distinguée.
Marie Yanoost, femme Gremonprez
poursuivie comme complice, est vêtue
simplement d'un mantelet noir usé.
M" D'hondt (d'Ypres), Dewitte, Yan
Renlerghem et Deschryvere, sont au banc
de la défense.
La femme Baelde a été poursuivie et
acquittée devant la cour en 1826 du chef
de sévices qu'elle aurait exercés sur son
père.
56 témoins comparaissent charge, y
compris les maris des deux accusées, 18
figurent décharge.
M. Amarecommissaire de police
Ypres, 1" témoin rapporte les bruits qui
se répandirent en ville le 18 juillet, immé
diatement après le décès de la fille Leroy.
Mme Baelde hâta son enterrement autant
que possible. Il eut lieu le 19. L'agitation
du public alla toujours en croissant; des
attroupements se formaient devant la mai
son, on disait ouvertement que la femme
Baelde avait fait périr sa servante. Le
Procureur du Koi ordonna l'exhumation.
Les experts constatèrent des traces de poi
son dans le cadavre et dans la fiole qui
avait contenu la médecine prise par la
défunte la veille de sa mort. Marie Van-
oost, couturière travaillant chez Baelde,
dit que c'était la fille Clémence qui était
allée chercher la médecine chez M. Gerste,
pharmacien. Elle ajoutait que la malade
en avait pris et vomi immédiatement, que
le lendemain elle avait pris tout la fois,
et que madame Baelde avait mis du sucre
blanc dans le petit lait. Marie Vanoost dé
clarait avoir passé la nuit du 17 au 18 chez
Baelde. Depuis elle se rétracta, et dit que
partie le soir, elle était retournée le len
demain de bonne heure, que les enfants de
Baelde étaient venus la chercher, qu'à son
arrivée la servante était morte. La fille
Clémence Baelde a déclaré au témoin,
qu'elle est allée chercher la médecine, que
le pharmacien n'y a mis qu'une poudre,
que sa mère n'a pas mis de sucre dans le
petit lait, qu'elle est allée appeler le malin
la couturière Vanoost. Le témoin dépose
que Mme Baelde avait la réputation d'être
très violente, et d'avoir par ses mauvais
procédés contribué la mort d'un enfant
d'un premier lit. Souvent la police a dû
apaiser les scènes qui se passaient dans la
maison. Un jour Mme Baelde fut trouvée
ensanglantée, les cheveux épars, un cou
teau la main. Les domestiques étaient
souvent congédiés la suite de quérelles.
L'accusée Baelde soutient en réponse
ces déclarations que le témoin a contre elle
des motifs d'animosité.
M. Lannoy, médecin delà famille Baelde,
n'a été appelé que quelques heures après
le décès de la fille Leroy. 11 le conclut de
ce qu'il a trouvé le corps raide et froid
l'exception de la poitrine. Le cadavre se
trouvait dans le lit, moitié couvert, et
dans une posture telle qu'on devait sup
poser qu'il y avait été placé. Il n'a remar
qué aucune trace de vomissements sur les
draps de lit, ni sur les couvertures. Ce
pendant il est excessivement rare que des
personnes empoisonnées ne vomissent pas.
L'accusée Vanoost a déclaré dans l'in
struction que la fille Leroy avait vomi les
jours qui ont précédé sa mort, que la veille
du décès môme, elle femme Vanoost a em
porté le vase de nuit moitié plein de ma
tières vomies. Le lendemain ni la femme
Vanoost ni M. Lannoy n'ont vu le vase.
Le médecin a remarqué que le plancher
de la chambre venait d'être lavé. Cela
On s'abonne Ypres, Graud'-
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7?3,3S, 26 Février.
REVUE POLITIQUE.
On parle vaguement de la de'couverle en Es
pagne d'un nouveau complot que l'on dit avoir
été tramé par les partisans d'Espariero.
S'il en faut croire une correspondance adressée
a un journal allemand, la Jeune Italie ferait a
Gibraltar les préparatifs d'une nouvelle expé
dition sur l'un ou l'autre point de la Péninsule.
Cette correspondance ajoute que dès maintenant
on commence propager en Italie des bruils alar
mantes qui ne laissent pas que de causer des in
quiétudes aux gouvernements de ce pays
Les événements de Lausanne ont déterminé les
différents cantons suisses a prendre des mesures
pour leur sûreté intérieure. Le grand-conseil du
Valais a convoqué le landsturm et voté un crédit
de 200,000 francs- Les intentions des députés de
ce canton sont conformes a celles des députés de
Lucerne. A Zurich, le Vorort a convoqué deux
bataillons d'infanterie, une compagnie de cava
lerie une compagnie de carabiniers et une com
pagnie d'artillerie. Les cantons de Saint-Gallde
Thurgovie et de Schaffhouse ont été invités h
mettre leurs contingents sur pied Ces troupes sont
convoquées par le Vorort pour veiller la sécurité
de la Diète Eu même temps le Vorort a délégué
M. Zehnder et M Sulzer a Arau et a Bernepour
prévenir les mouvements des corps-francs. On avait
répandu a Berne le bruit que des troubles avaient
éclaté Bâle le 17Rien n'est encore venu confir
mer ce bruit. Fribourg a décidé l'unanimité que
l'affaire des Jésuites était purement cantonale et
hors de la compétence de la Ciète- Ce canton ne
s'est pas même associé a l'invitation faite a Lu-
cerne de congédier volontairement les Jésuites.
Le contre-coup de la révolution de Lausanne
ne s'est pas fait ressentira Genève aussi vivement
qu'on le craignaitgrâce aux mesures opportunes
qu'a su prendre le gouvernement de ce canton, et
aux bonnes dispositions qu'a manifestées l'im
mense majorité de la population- Tandis qu'au
canton de Vaud on a profité de la question des
Jésuites pour opérer dans le plus radical des États
suisses une révolution plus radicale encore, le bon
sens public ne s'est pas laissé égarer Genève par
un prétexte ridicule.
Les Genevois, satisfaits du gouvernement qu'ils
se sont librement donné et des institutions qu'a
sanctionnées le suffrage universelont senti qu'au
milieu de l'ébranlement produit dans la Confédé
ration par le radicalisme déchaîné, il leur faillait
redoubler de fermeté de prudence, de modération
pour maintenir parmi eux la légalité, l'ordre pu
blic, la confiance et l'union- C'est ce qui a dicté
leur conduite durant les jours difficiles qu'ils vien
nent de passer. Ni la révolution vaudoiseni le
refus du grand-conseil (par 111 voix contre 35)
d'exiger du canton de Lucerne le renvoi des Jé
suites, n'ont pu fourvoyer l'opinion Tous les
moyens de défense et de précaution adoptés par
le conseil d'État ont trouvé l'accueil et le con
cours les plus satisfaisants. Les milices se sont pré
sentées nombreuses et disposées a soutenir l'ordre
établi.
Présidence de M. Yuylsteke. Affaire RACE DE*
AUDIENCE DE LUNDI, 24 FÉVRIER.
Benoîte, sergent de police confirme les
dires du commissaire.