JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2867.
Mercredi, 26 Mars 1845.
28me année.
7PR3S, 26 MARS.
L'ÉLECTION DU 25 MARS.
Le collège électoral du district d'Ypres
réuni hier pour nommer un représentant
la place de M. Auguste de Florisone dé
cédé, a élu une forte majorité M. Bie-
buick, président du tribunal de cette ville.
On comptait 510 votants au scrutin. M.
Léopold de Florisone a obtenu 151 voix,
et M. Biebuick 339. Ce dernier a donc ob
tenu une majorité relative de 188 voix.
Vingt voix ont été perdues.
Le parti libéral n'a pris aucune part
la lutte électorale; convaincu de son im
puissance, peu rassuré par ses antécédents,
il a préféré la fuite la défaite, et a aban
donné le terrain électoral l'influence ex
clusive de l'opinion modérée.
L'inaction complète de ce parti a oté
la lutte électorale toute couleur politique.
La question de principes a été mise l'écart
du moment où l'organe de l'opinion soit
disant libérale a déclaré que ses partisans
réservaient leurs efforts pour la lutte du
mois de juin.
Deux candidats recommandables, ap
partenant l'opinion modérée se sont pré
sentés aux électeurs; et comme tous les
deux offraient des garanties suffisantes,
tous deux ont trouvé une juste sympathie
dans le corps électoral. La lutte s'est donc
engagée sur une question de personnes,
qui était tout fait indépendante de la
question politique, et qui vient d'être tran
chée par une forte majorité en faveur de
M. Biebuick.
Nous ne doutons pas que le candidat
repoussé par le collège électoral, n'eût
rempli dignement son mandat; nous som
mes convaincus aussi que le nouveau re
représentant répondra toujours la con
fiance de ses commettants. II saura, nous
en avons l'intime persuasion, gagner la
sympathie des électeurs qui ont cru devoir
lui préférer hier un candidat également
recommandable; et il fixera ainsi les suf
frage d'un collège électoral qui a toujours
su placer la question de principes audes-
sus de la question de personnes. Par leur
accord, et leur zèle les électeurs du dis
trict d'Ypres ont forcé le parti libéral
une honteuse retraite; ils ne consentiront
pas ouvrir par une mésintelligence l'en
clos électoral, aux exagérés et aux brouil
lons. Ils se puniraient eux mêmes, si cé
dant l'influence d'une antipathie person
nelle, ils offraient des chances de succès
une opinion ennemie de l'ordre, qui ne
peut être forte que par nos divisions. Ser
rons donc nos rangs au cri national, qui
préluda au triomphe de 1830, et disons
tous d'une voix L'Union fait la force! Aussi
longtemps que nous resterons fidèles
cette maxime, l'anarchie sera impuissante,
et l'opinion modérée triomphera.
La commission des monnaies pré
vient le public qu'il circule des pièces de
10 florins limées sur la tranche; on peut
facilement le reconnaître leur bord
aminci, au poids et l'absence du cordon
qui est remplacé par un mauvais mat.
Les journaux ont annoncé l'arrivée
en Belgique de M. Lekeu, lieutenant-co
lonel d'état-major et adjudant de S. Exc.
le lieutenant-général Carrera, président
de la République de Guatemala. M. Lekeu
On s'abonne Vpres, Grand'-
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VÉRITÉ ET JUSTICE.
On nous écrit de Poperinghe
Une vieille femme, habitant l'hospice des veuves
h Poperinghea la superstition de croire que
toutes les nuits un revenant vient lui rendre visite;
ceci parvient a l'oreille de MM. Bet D....
jeunes gens de la localité sus-mentionnée.
Ils apprennent que la vieille est en butte a des
frayeurs indéfinissables, que depuis quelque temps
un paisible sommeil a fui sa paupière, et qu'elle ne
passe plus que des nuits agitées et traversées par de
lugubres songes.
Un jour, animés d'un sentiment philantropique,
nos héros se rendent, la plume entrelacée dans les
cheveux, l'encrier h la boutonnière et des papiers
sous le bras au domicile de la superstitieuse, et lui
disent qu'ils sont deux personnes douées de
connaissances supérieures h toute autre créature,
qu'ils ont le pouvoir de délivrer tout spectre, tout
revenant, en un mottout visiteur importuu
La bonne femme extasiée les accueille avec un très
profond respect et leur demande d'où cette nou
velle leur est parvenue; nos prétendus savants
annoncent qu'ils reçoivent leurs missions d'un
esprit qui n'est visible que par eux, et qui leur
apparaît chaque fois qu'il y a quelque misère h
soulager, quelque mal incurable guérir! et
mettent l'affaire en procédure de la manière
suivante: ils commencent par lui adresser maintes
questions, notamment celles-ci
De Sous quel aspect se présente le revenant, et
que fait-il
R" C'est un petit animal noir, de la dimension de
ma mainN'est-il pas un peu plus grand? riposte
un de nos jeunes gens déjà h demi au courant de la
chose; on lui répond négativement. Et elle con
tinue son récit comme suit cette petite bête passe
et repasse plusieurs fois sur mon corps et puis
disparaît sans laisser aucune trace de son passage.
D" Ne vous fait-elle aucun mal?
R" Non Messieurs.
Bien. Ils visitent alors la chambre, la fouillent
dans tous ses coins et recoins; et promettent a
la femme que l'après-dîner du Vendredi Saint, ils
feront en sorte que le revenant ne paraîtra plus,
mais que d'ici là (c'est le vendredi i4 courant que
cette affaire a eu lieu) elle ne peut cesser de prier;
et on a également soin de lui ordonner une sous
traction dans ses repas. On dit que la bonne vieille
a strictement observé les règles prescrites, mais on
n'a pas ouï dire, que nos espiègles se sont conformés
l'engagement qu'ils avaient pris de sauver le
revenant.
On écrit de Courtrai, 22 mars Les impres
sions fortes produisent quelquefois d'étranges effets
sur les facultés mentales de l'homme, nous en
citerons un récent exemple arrivé Bruges. Le
vendredi 7 courant, était le jour du tirage au
sort pour la milice. Parmi les jeunes gens de
cette ville qui devaient faire partie du contingent
s'en trouvait un sur l'esprit duquel le tirage
prochain produisit une vive anxiété. Au moment
fatal, il arrive près de l'urne, tire son numéro
et sort de la salle... le jeune homme était de
venu insensé. Il a été depuis lors transféré
l'hôpital Saint-Jean, où les soins les plus em
pressés qu'on lui donne n'ont pu encore le rendre
son état ordinaire.
On écrit de Liège, 22 mars Cette nuit,
un incendie assez considérable a eu lieu dans la
maison de M. Péters-Vaust, pharmacien, rue du
Pont-d'Ile. Le feu a pris dans un bâtiment ser
vant de magasin et de laboratoire, situé au fond
de la cour et joignant, d'un côté, la savon
nerie de M. Constant et de l'autre la brasserie
de M. Dujardin.
Lorsqu'on s'en est aperçu entre minuit et une
heure, déjà la toiture de ce bâtiment était la
proie des flammeset l'on concevait les plus
vives craintes pour les maisons du voisinage.
Fort heureusement, le temps était très-calme, et
l'arrivée successive des pompiers, avec plusieurs
pompes, et d'un grand nombre de personnes et
de militaires, a permis de circonscrire le foyer de
l'incendie et de préserver les bâtiments adjacents,
y compris le corps de logis principal de l'habita
tion de M. Péters-Vaust. Vers deux heures et
demie, tout danger avait cessé.