JOURNAL D YPRES ET DE L ARRONDISSEMENT. N° 2871. 28me année. vérité et justice. 7PR33S, 5 Avril. LES VOEUX ET LES TENDANCES Il y a longtemps que le parti libéral s'ef force de réunir aux avantages du vice les honneurs de la vertu. Si sa conduite ne démentait chaque instant son langage, on pourrait le croire ami de la liberté con stitutionnelle, partisan de l'égalité parfaite devant la loi, sincèrement tolérant, juste envers tout le monde, et même très-fervent dans le culte de ses pères. Malheureuse ment pour lui l'oreille passe comme l'àne de la fable. Les pensées intimes percent bravers les enveloppes hypocrites dont on tache de les voiler; la vérité sfcfait pour, en dépit des artifices par les qwèls on veut l'obcurcir, et le parti libéral apparaît mal gré ses protestations postiches.de vertu, ennemi de nos institutions, sbuveraine- ment intolérant, cruellement injuste en vers ses adversaires politiques, impoli et même brutal envers tout le monde, hypo critement hostile la religion. Pour se convaincre de la vérité de cette assertionil suffit d'observer les vœux que les organes du parti émettent dans les mo ments d'abandonoù la passion l'emporte sur l'hypocrisie. Le parti libéral forme des vœux sincères 1° pour que le monopole de l'instruction publique soit établi en France, au profit du gouvernement, quoique la charte fran çaise garantisse tous les citoyens la li berté d'instruction comme la liberté de la presse 2° pour que les Jésuites soient vio lemment expulsés de la Suisse, parce qu'ils sont Jésuites, c'est dire pour un fait de conscience, quoique la loi leur garantisse une liberté enchère et parfaite; 3* pour que la souveraineté cantonale de Lucerne soit violée parce qu'elle protège les Jésui tes: 4° pour que des bandes armées en dépit de l'ordre légaloppriment la conscience d'un état confédéré et allument une guerre religieuse: 5" que la violence l'emporte sur le droit. Par ses sympathies pour tous les exces et toutes les tyrannies étrangères le parti libéral manifeste clairement le respect qu'il a voué notre Constitution; il fait connaître aussi l'état de choses qu'il intro duirait en Belgique s'il parvenait au pou voir. Sous son empire un citoyen Belge aurait le droit d'être franc-maçon, il n'au rait pas celui d'être Jésuite; il pourrait assister aux tenues de la Loge; et il ne pourrait pas assister aux processions de l'Eglise; il serait permis de spéculer sur l'immoralité en publiant des livres infâ mes; il serait défendu de prémunir les im prudents les pièges que leur tend une hi deuse capidité; la liberté d'instruction, la liberté de conscience, la liberté de la presse seraient pompeusement annoncées dans les feuilles, et audacieusement supprimées dans la pratique. Le parti libéral se fait gloire de succéder aux fanatiques qui cou paient les têtes au nom de la liberté et de la fraternité; il pourrait sans égaler ses fondateurs et ses maîtres, fouler aux pieds les libertés publiques, tout en les procla mant d'une voix hypocrite. Ces dernières années ont révélé l'in stinct du parti libéral. Il aime la liberté aussi longtemps qu'elle lui est utile il la déteste dès qu'elle cesse de lui profiter, ce n'est point par principe, mais par calcul qu'il l'honore; elle lui est odieuse lorsqu'il ne peut s'en servir pour dominer et oppri mer. L'opinion catholique, quelque répu gnance qu'elle ait pour les folies que la liberté couvre de son aile protectrice, n'a jamais attaqué même indirectement la base de la Constitution; elle a toujours admis la liberté comme un droit commun, et inviolable. Les évêques ont enseigné aux fidèles ce qu'ils devaient penser dans leur conscience de l'œuvre maçonnique; ils n'ont jamais porté la moindre atteinte la liberté civile dont jouissent tous Bel ges d'y prendre part jamais il n'ont en d'arrière pensée; jamais l'opinion catho lique n'a poursuivi de ses vœux les insti tutions inconciliables avec la Constitution belge. Les journaux de cette opinion n'ont pas même fait valoir contre les Loges l'or donnance qui a défendu dernièrement aux officiers français de s'associer aux loges ma çonniques. Cette ordonnance a été portée par un pouvoir qui maintient le monopole de l'instruction publique; elle proscrit les loges comme des institutions anti-sociales; elle condamne indirectement les loges Belges même sous le rapport de l'intérêt sociale; et les journaux catholiques ont rapporté l'ordonnance sans y ajouter un commentaire l'adresse des loges belges. Cet exemple de modération ne sera ja mais imité par le parti libéral, qui mesure le droit sur la force, et qui ne recule de vant aucun moyen pour arriver son but. En Italie il assassine ses adversaires avec le Slilet; en Suisse il attaque la souverai neté d'un peuple libre, et verse le sang par pur caprice en Franceil confisque la liberté au nom de l'état; en Belgique, il applaudit toutes les violences de ses frè res étrangers; il n'y a rien espérer de lui. Si le parti libéral ne renfermait aussi une fraction de libéraux sincères, qui veulent la liberté pour tous, et qui blâment ouver tement les exagérations et les folies du li béralisme intolérant, le nom de ce parti serait déjà compté parmi les noms les plus odieux et les plus avilis dont l'histoire ait conservé le souvenir. Cette fraction du li béralisme a ses organes en France. M. De Cormenin, qui appartient cette opinion, a stigmatisé encore récemment le libéra lisme hypocrite et lyrannique de nos ultra; mais nos feuilles libérales ont compris que les remarques de cet écrivain allaient leur adresse, et elles ont gardé sur cette publication un prudent silence. Espé rons que le libéralisme hypocrite et batard déjà si décrié en Belgique finira, par se perdre dans l'opinion publique, et que le libéralisme sincère recueillera ses débris. Le vrai libéralisme ne nous trouvera ja mais parmi ses adversaires. On s'abonne Ypres, Grand'- Place, 44, vis-à-vis de la Garde, et chei les Percepteurs des Postes du Royaume. paix de i.'aho\\i:me\t, par trimestre Pour Ypresfr. 4BO Pour les autres localités 4AD Prix d'un numéro. AD Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES ÎKSERTIOXS. Il centimes par ligne. Les ré clames, 44 centimes la ligne. DC LIBÉRALISME BATARD. La Gazette'f?Etat de Lucerne rend compte en ces ternies, dans son numéro du i" avril de la défaite des corps francs Des bandes meurtrières, écume de la nation suisse, s'avancèrent dans la journée d'hier, bien commandées, sur notre ville, laissant sur leur gauche la petite ville de Surzée, qui avait été fortifié de manière a la mettre a l'abri d'un coup de main. Elle se portèrent inopinémentpar Russwil et Hellbuhlsur l'Emme et sur Kœnigs- bach. Un combat meurtrier s'établit sur les bords des deux torrents, entre les troupes lucernoises et les corps francsquatre fois plus forts qu'elles. Les premières occupaient en force Surzée,Muns ters et Malters, et ne pouvaient par conséquent se réunir assez tôt pour s'opposer h cette attaque. D'épouvantables décharges mitraille renver saient des lignes entières des assaillants, qui y répondaient par un feu d'artillerie très nourri, mais gui ne produisait gue peu d'effet. A la nuit tombante, le combat demeura suspendu, et les assaillants se disposèrent h le recommencer le lendemain de grand matin, sur les hauteurs qui environnent et commandent la ville. Ce matin, avril, l'ennemi a été battu et entièrement dispersé six cents hommes des corps francs avaient payé leur audace de la vie. Plusieurs de leurs chefs et beaucoup de soldats prisonniers entrèrent dans la ville suivis d'un bu tin considérable en armes, chevaux, canons, caissons et chariots. Les contingents du haut et du bas Unterwal- den, qui, forts de goo hommes, étaient eutrés en ville dès la veille, firent près du pont de l'Emme des prodiges de bravoures dignes des ex ploits de leurs vaillants aïeux. Leur valeureuse troupe, a peine eotrée en ville, se porta aussitôt au-devant de l'ennemi, qui fut en peu d'instants renversé et mis en fuite. A neuf heures du soirun bataillon de ligne et trois compagnies de chasseurs-carabiniers de

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 1