JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2889
28me année
L& 4® URINE g U'IrflDER.
Dès sept heures du matin, les électeurs
ne discontinuèrent pas d'entrer en longues
files par les quatre portes de la ville, les
noms de BIEBUYCK et de MALOU circu
laient seuls dans toutes les bouches. La
beauté du temps semblait ajouter l'en
thousiasme général. Des groupes nom
breux se formaient dans les auberges, sur
les places publiques, l'entour des salles
électorales. On parlait des éminentes qua
lités des candidats, do leur dévouement,
des services qu'ils ont rendus, de l'hon
neur pour le district d'être si dignement
représenté. La culture du tabac, sauvée
d'une entière ruine, le retrait de l'arrêté
du transit du bétail, qui a préservé d'un
imminent danger une autre industrie agri
cole, le chemin de fer obtenu sur toute
l'étendue du district, d'autres votes mar
qués au coin du plus franc patriotisme,
la noble indépendance de caractère dont
M. Malou a fait preuve malgré des circon
stances qui semblaient le placer sous une
influence ministérielle, et puis l'incontes
table zèle et le talent avec lesquels M. le
président Biebuyck remplit depuis tant
d'années ses importantes fonctions, tout
était présent l'esprit des électeurs, tout
attachait leur attention, tout rendait une
réélection immanquable. Les feseurs qui
avaient remis juin toutes leurs espéran
ces, tiraient la figure longue d'une toise.
A neuf heures le scrutin a été ouvert
dans les trois bureaux. Le calme et la di
gnité qui régnaient partout montraient
combien chacun était pénétré de ses de
voirs, combien chacun les comprenait,
combien tous étaient décidés suivre l'im
pulsion de leur conscience, en dépit des
sarcasmes de l'envie, qui et là dans un
coin, déposait l'oreille d'un compère, le
chagrin que lui causait ce spectacle d'u
nion populaire. Il n'y avait rien de ce
mouvement bruyant, de ce fracas affairé
qui ne manque jamais d'accompagner les
comices, quand il s'agit de quelque équipée
libéràtre, comme Anvers ou Bruxelles.
A midi, tout était terminé, et les résul
tats suivants étaient proclamés
lr Bureau 183 votants
232
163
Total 380
A la première élection de M. Malou,
l'Autorité Communale lui refusa les mo
destes honneurs du carillon, qu'elle ac
corde libéralement un concours de bes
tiaux, ou un élève d'université, parvenu
après des échecs, obtenir son diplôme.
La presse officielle du parti qui domine
l'Hôtel de Ville, dénonça alors l'élec
tion comme déplorable, et au contraire
il plut des articles d'éloges l'adresse
des bœufs gras et du diplômé sorti des
écoles libérales. M. Malou se rit de ces
misèreset montra au pays que S' Acheul
valait bien l'éducation de la truelle caba
listique. Lors de la première candidature
de M. Biebuyck, une bordée effroyable d'in
jures fut dirigée contre lui; mais la poudre
sentait le fromage gâté, et la batterie en
tière rata. Aujourd'hui la ville et le district
d'Ypres peuvent se flatter d'être pourvus
pour longtemps d'une représentation sé
rieuse, ferme, énergique, vigoureuse, par
les talents autant que par les principes. Les
ambitions libérales n'auront qu'à se voiler
en signe de détresse. En vérité, pour elles,
partir du 10 juin 1845, tout espoir est
perdu Ypres, elles ont reçu définitive
ment le coup de grâce. Au lieu de songer
monter la tribune, il ne leur restera
qu'à s'occuper désormais de la tombe où
elles auront descendre sans gloire. Mal
heureusement il n'en est pas ainsi en
quelques autres districts.
Le Journal du marché au fromage ne
nie pas que la ville d'Ypres n'ait rencontré
d'énergiques défenseurs dans ses deux Re
présentants pour l'obtention du chemin
de fer mais, dit-il, la ville d'Ypres
n'était pas la seule intéressée la con-
struction de cette nouvelle voie de com-
munication, le rayon électoral devait en
profiter autant que nous, et sous ce rap-
port nous ne devons qu'une reconnaissance
mitigée MM. Malou et Biebuyck. La
reconnaissance ne leur serait pleinement
acquise que pour autant que les deux
représentants eussent inventé un moyen
de priver le district du bienfait dont ils
dotaient la ville, probablement par exem
ple, en fesant décréter un chemin de fer
aérien, de peur qu'aucun endroit du pays
circouvoisin ne put y avoir accès. Si les
représentants sont louables de nous avoir
procuré un avantage, ils sont coupables
d'avoir songé aussi aux autres vi 1 les, bou rgs
et villages du district. Il faut bien tenir
compte d'une naïveté qui dépeint si bien
la morale et la politique du libéralisme
Tout pour moi, rien pour les autres. De
pareils traits doivent convaincre tout hom
me de honne foi, que le libéralisme est
étranger parmi nous, qu'il n'est pas d'ori
gine belge, et qu'il est indigne de d'obtenir
la prépondérence chez un peuple loyal,
franc et généreux.
Voici le jugement du Progrès sur les
deux représentants qui viennent d'être
élus
Nous refusons M. Malou notre con
fiance.
M. Biebuyck,... ceux qui le patroneni
le font passer pour un modéré;si
nous avions un souhait formuler, ce
serait qu'on veuille délivrer le pays de
ces enragés de modérés.
Si nous avions un souhait formuler
C'est assurément avouer le comble de
l'humiliation, que de se reconnaître telle
ment couvert du mépris général, qu'on
n'a plus, je ne dirai pas l'espoir de réaliser
un souhait, mais le courage de le formuler.
Qu'importe dès lors que vous refusiez vo
tre confiance M. Malou, quand pas une
âme ne vous accorde la sienne? Vous avez
ouvert une souscription au Juif-Errant,
pas un nom n'a figuré sur votre liste.
Aussi avez vous fait disparaître votre Re
nommée, comme M. Jullien nous repro
chait de baisser pavillon en allant d'Anvers
Ostende.
Le Progrès dessèche de dépit cause du
calme qui a précédé les élections Ypres
une torpeur généraleparaits'êlreetendue
sur les descendants des anciens bour-
geois de ces communes si fières et si
remuantes Quel spectacle en effet
lorsqu'en 1302 les habitants d'Ypres pré
cipitaient par les fenêtres de l'hôtel de ville
On s'abonne Ypres, Grand'-
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J. Malou 134
Biebuyck 146
J. Malou 228
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J. Malou 156
Biebuyck 156
J. Malou 538
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