JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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No 2891.
28me année.
7PE.3S, 18 JUIN.
Le collège S1-Vincent de Paul possède
toutes nos sympathies, comme toute insti
tution dévouée au bien public. Mais quand
même nous serions entièrement indiffé
rents l'Institut de la rue de Menin, nous
accorderions toujours aux hommes qui y
enseignent, et au chef qui le dirige, les
procédés que l'on se doit entre gens d'hon
neur. A part les divergences d'opinion,
part les différences de mœurs et même
ae religion qui peuvent exister, il est
des bienséances, et des convenances so
ciales que l'on ne supprime pas, même
l'égard d'un adversaire, ou d'un concur
rent. La Constitution dit que le secret des
lettres est inviolable. Elle ne dit pas la
propriété des lettres, mais le secret. An
térieurement la constitution, indépen
damment de la religion catholique qui en
fait un devoir, le secret des lettres était in
violable pour tout homme bien élevé, mê
me pour tout homme qui possède quelques
notions de la vie sociale. Demandez un
forgeron, un porte-faix, un ramoneur
de cheminées, ce qu'il ferait, si par suite
d'un homonyme ou de quelque autre ha
sard, une lettre qui vous est destinée, lui
tombait entre les mains. S'applaudirait-il
de cette bonne fortune, pour ne vous en
voyer la lettre qu'après l'avoir lue? Non, il
s'empresserait, dès qu'il apercevrait que
cela vous concerne, et non pas lui, de
cesser la lecture, et de vous faire parvenir
la missive qui lui était érronément tombée
entre les mains. En agir autrement ne se
rait pas seulement le fait d'un mal appris,
mais d'un homme malhonnête. Que serait-
ce, si non content de lire la lettre, il en
communiquait et en racontait le contenu
au premier venu, un ami, un domes
tique, un quidam trouvé au cabaret?
Que serait-ce, s'il divulguait le secret que
le hasard lui a confié, en plein estaminet?
11 n'y aurait pas de termes assez durs pour
blâmer l'indiscrétion d'un pareil homme,
pour la flétrir. Mais que serait-ce donc s'il
poussait l'indignité, l'improbité, la bas
sesse, jusqu'à trahir le secret, et le livrer
celui, qui notoirement est l'ennemi de
la personne qui devait recevoir la lettre?
Une telle conduite serait assurément im
pardonnable et inqualifiable, même dans
un forgeron, même dans un gagne-petit.
Cependant d'après l'avant dernier nu
méro de la feuille maçonnique de cette
ville, M. le Principal du collège communal
d'Ypres aurait par méprise reçu une lettre,
laquelle était adressée M. Nounckele,
principal de l'autre collège, et après en
avoir pris lecture, il se serait hâté d'aller
rendre compte la rédaction du Journal
des Loges du contenu de la missivepour
la faire publier par cette voie.
Chacun s'écrie c'est intolérable! on ne
le passerait pas la rouerie d'un maqui
gnon, pas la simplicité d'un artisan, pas
l'esprit vindicatif d'une femme; que
penser du chef d'une maison d'éducation
publique qui se serait aussi étrangement
compromis!
Ce qu'il faut penser? Deux choses, la
première, que la prétendue révélation faite
au Progrès est un atroce mensonge, une
fausseté insigne; la seconde: que M. le
principal Maertens n'est pas en odeur de
sainteté auprès des progressistes, et qu'il
compte parmi eux des ennemis qui ne son
gent qu'à lui nuire n'importe par quel
moyen.
Le trait du Progrès n'a évidemment pas
été décoché contre M. Nounckele, mais
contre M. Maertens. Peu importe sans
doute que quelqu'un de Bruges ait prié
M. Nounckele de lui apprendre par la
poste ou par pigeons le résultat des élec
tions d'Ypres de pareilles demandes pou
vaient être faites chacun; en les rece
vant, même en y répondant, on ne blesse
évidemment pas son honneur. Mais il n'est
pas du tout sans importance, de faire pla
ner sur quelqu'un l'accusation d'abuser
d'un secret pour le livret1 un ennemi.
Le Progrès et ses adhérents, nous le sa
vons de vieille date, ont une dent contre
M. Maertens, parce que c'est lui surtout qui
s'est efforcé, de temps autre bien qu'avec
beaucoup de peine, et sans trop de suc
cès, conserver au Collège communal au
moins quelque lueur de discipline reli
gieuse. Comme une aveugle partialité n'a
jamais été notre guide, nous n'avons pas
refusé, ni négligé de rendre justice cet
égard M. Maertens, quand il le fallait.
Si le Collège a pu se maintenir jusqu'à
présent, c'est en grande partie la con
fiance que M. Maertens inspirait qu'il faut
l'attribuer. Nous n'y voyons pas un im
mense avantage, parce que le mérite per
sonnel d'un homme est incapable de sup
pléer aux vices radicaux d'une organisa
tion déplorable; mais les extrêmes du parti
libéral y voient pourtant un grand mal,
parce qu'ils croient pouvoir maintenir un
collège Y pres sans l'assistance d'aucun
principe religieux.
Voilà pourquoi ils tachent de rendre
odieux et de déconsidérer un principal qui
ne partage pas assez leurs vues, et qu'ils
envisagent comme la principale pierre
d'achoppement qu'ils aient redouter.
M. le comte de Meulenaere était at
tendu Bruxelles hier. M. Liedts et M.
d'Huart sont déjà arrivés. Nous avons an
noncé que M. d'Huart avait été reçu en
audience par le Roi.
Plusieurs journaux annoncent que
tous les Ministres ont donné leurs démis
sions. Nous apprenons, en effet, qu'ils ont
été remises au Roi dans la journée de diman
che dernier. On assure que la recomposi
tion du cabinet ne tardera pas être arrêtée.
Le remaniement ministériel explique la
présence de M. d'Huart dans la capitale.
Démonétisation des pièces de 1 franc
50 c. 75 et 10 centimes.
A dater du 51 Août 1846 les pièces de
1 franc 50 c. et 75 c. cesseront d'avoir
cour.
A dater du 51 Décembre 1845, les piè
ces de Dix centimes la lettre N. dit
Stuyvers cesseront d'avoir cours. Et celle
rouge où jaune ne seront pas admis au
change; par suite de cette décision le com
merce Français vient de prendre des me
sures sévères pour la réception de cette
monnaie; ce qu'étant nous croyons rendre
un service au commerce Belge en l'enga
geant refuser dès aujourd'hui ces diffé
rentes sortes de monnaies sur lesquelles
il résultera nul doute grande perte pour
ceux qui en seront les derniers propri
étaires.
On s'abonne Ypres, Grand'-
Place, S4, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PB1X DE I/ABOXXEMEXT,
par trimestre,
Pour Ypresfr. 4
Pour les autres localités 45*
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Ypres. Le Propagateur paraît
le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DES IXSERTIOXS.
II centimes par ligue. Les ré
clames, S4 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
(Journal de Bruxelles).
INCENDIE A COURTRAI.
Lundi, vers io heures du soir, un effrayable in
cendie s'est déclare' avec une extrême violence dans
la belle ferme occupée par le sieur P. Mylle culti
vateur (a Walle), hors la porte de Tournai. La
flamme alimentée par une grande quantité de lin,
qui se trouvait dans la grange a fait de rapides
progrès, en moins de deux heures, étable, grange,
maison, 5o moutons, instruments aratoires, meu
bles et habillements, sont devenus la proie des
flammes et le tout n'a plus formé qu'un foyer
ardent. On est parvenu, non sans peine sauver
du désastre, l'argent, les bijoux, les chevaux, les
bêtes k cornes. Les troupes, les citoyens, enfin tout
le monde a déployé du zèle et du courage, mais
malheureusement les pompes n'arrivant qu'à 11
heures (une demi heure trop fard) tous les efforts
furent inutiles. Nous devons signaler particulière
ment la belle conduite du capitaine Frédéric qui,
arrivé des premiers sur les lieux avec les troupes,
a bravé les plus grandsdangersavecuneintrépidité
digne d'admiration une mère éplorée, demande
son enfant qu'elle croit aux milieu des flammes,
le capitaine.... ne consultant que le courage veut