Le Journal de Lille annonce que M. le docteur Dujardin vient d'être appelé Bruxelles pour faire fonctionner devant M. le ministre des travaux publics, les appareils de télégraphie électrique, dont il a fait récemment l'expérience sur la ligne de Paris Rouen. Le Moniteur de ce jour publie une loi du 14 juin, par laquelle le traitement du président de la cour des comptes est porté de 3000 florins 9000 fr., et celui des conseillers et du greffier est porté de 2500 florins 7000 francs. Il est interdit sous peine d'être réputé démissionnaire, tout membre de la cour des comptes, d'exercer soit par lui-même soit sous le nom de son épouse, ou par toute autre personne interposée, aucune espèce de commerce, d'être agent d'affai res, ou de participer la direction ou l'administration de toute société ou éta blissement industriel. Le Moniteur de ce jour publie une loi du 20 mai qui accorde la grande natu ralisation au sieur J.-P. Behaghel, pro priétaire Ruyen (Flandre-Orientale), arrondissement d'Audenaerde, né Bail- leul (France), le 10 janvier 1789, domicilié en Belgique depuis 1821naturalisé par arrêté du roi Guillaume en date du 20 juillet 1823, et ayant comme tel joui de tous les avantages attachés celte qualité. Mme la duchesse de Kent, sœur du roi Leopoldest aussi attendu au palais après- demain. Le départ du roi et de la reine pour Londres est remis au 25 de ce mois. FRANCE. Paris, 15 juin. Avant-hier, nous avons eu Paris une soirée où la chaleur a été vraiment étouf fante. Dans quelques boulangeries, il a fallu attendre que la nuit eût ramené quelque fraîcheur pour commencer les travaux. On cite même des ouvriers qui ont été forcés de quitter le travail, pres- qu'asphixiés par l'élévation de la tempéra ture. Aussi le lendemainles distributeurs de pain étaient-ils en retard et n'appor taient-ils que du pain chaud leurs pratiques. Dans les imprimeries de journaux la chaleur a nui au travail, en faisant fondre les rauleaux qui distribuent l'encre et qui sont faits d'une sorte de gomme élastique. Cependant nous n'avons pas eu d'orage; mais il y en a eu sur plusieurs points, dans un rayon plus ou moins éloigné de Paris. A Angers la foudre est tombée dans cinq ou six endroits différents, et a produit des commotions assez fortes sur quelques in dividus, sans cependant en blesser aucun. Deux fois le tonnerre est tombé aux environs de Rouen. D'abord, il a frappé, au Pont-du-Manoir, les poteaux qui sou tiennent les fils conducteurs du télégraphe électrique, dont il a ainsi momentanément intercepté les fonctions entre Paris et Rouen. Puis il est tombé Oisselsur la maison de M. Normand, boulanger. Là, s'introduisant par la cheminée, il a fendu et brisé une solive. Il a heureusement dis paru sans qu'il y ait eu de victimes. A la limite du canton de Crépy, sur la route de Soissons, un voiturier, surpris par l'orage, a été frappé de la foudre. 11 a eu tout le côté droit brûlé, depuis la tète jusqu'aux pieds. En recevant le coup, ce malheureux fut renversé, puis il s'est re levé; mais, après avoir encore parcouru une certaine distance, non sans être tombé de nouveau, il a succombé dans d'horribles souffrances. Un journalier nommé Robert, est mort jeudi l'hospice de Blois d'une ma nière affreuse. Il y a trois mois environ, ce malheureux, passant près des Tuileries, Blois, avait été mordu par un petit chien qui s'était attaché sa main avec tant de violence, que pour lui faire lâcher prise il avait fallu l'assommer. Soupçonnant avec raison cet animal d'être atteint d'hydrophobie, Robert n'eut rien de plus pressé que de se rendre chez le pharmacien le plus voisin, où l'un de nos médecins les plus distingués se trouvant là par hasard, cautérisa ses plaies, et il y avait tout lieu d'espérer que malgré la gravité des blessures, cet homme n'éprouverait aucune suite fâcheuse de ces morsures. Il n'en devait malheureusement pas être ainsi. Depuis cet événement, Robert n'avait cessé de témoigner une grande inquiétude, et son humeurs'enétaitassombrie. Samedi dernier, il entra au service d'un entrepre neur de travaux a Blois; mais dès le len demain il éprouva un malaise qui ne lui permit pas de travailler. Le lendemain matin, son état maladif augmentant, on envoya chercher un mé decin, qui reconnut bientôt en lui tous les symptômes de l'hydrophobie, et le fit con duire immédiatement l'hospice. Il y était peine, qu'un premier accès se déclara; il iut bientôt impossible de le contenir, et la prudence exigea qu'on l'enfermât dans une cellule. Dès ce moment, les accès de ce malheureux devinrent de plus en plus fréquents et violents, et jeudi matin il mourut la suite d'une crise affreuse, dans laquelle il brisa tout qui se trouvait sous sa main. Nous devons dire pourtant que cette violence témoignait plutôt une gran de surexcitation nerveuse qu'un besoin de mordre ce qui l'entourait, car c'est une le sauver, il se lance aux milieu du danger, ne trouve rien, car heureusement l'enfant avait eu assez de présence d'esprit pour faire le feu. En un mot la troupe a fait son devoir. Nous ne pouvons pas en dire autant cependant de l'officier commen- dant les troupes qui, après le désastre étaient en statiou autour du foyer de l'incendie. Donner, par exemple h la sentinelle, sans aucune nécessité, une consigne qui l'oblige a défendre le passage d'un chemin public, est l'exposer, sans de suffisantes raisons h rencontrer des difficultés de la part des bourgeois, ce qui n'est sans doute pas uu acte qui dénote beaucoup de prévoyance. On attribue ce sinistre k la malveillance, car le feu s'est déclaré dans trois ou quatre différentes parties de la ferme k la fois. On évalue la perte de 25 a 3o mille francs. Rien n'était assuré. La ferme appartient k M. Surmont de Gand. (Petites Affiches.) On écrit de Courtrai, le i4 juin: La foudre qui, la semaine dernière, a frappé la flèche de la tour de St-Martin, a causé k l'intérieur plus de ravages k la charpente qu'on ne l'a cru d'abord. On lit dans VAmi de tOrdre A Namur où il y a des Jésuites, les hommes du désordre crient bas les Jésuites et dévastent la demeure des Jésuites; mais k leurs cris et k leurs violences contre ces réligieux, se mêlent d'autres cris de bas la calotte! bas les calotins! ce qui déjà laisse singulièrement percer le bout de l'oreille a la fiction des Jésuites. A Marche où il n'y a pas des Jésuites, c'est au respectable doyen de la paroisse que s'en prennent les fauteurs de troubles, les ennemis de toute liberté, de la liberté religieuse principalement. Ainsi le voile tombe, et les plus aveugles doivent voir clairement que c'est bien réellement le clergé, bien réellement la reli gion qui est en jeu Voici ce qu'on nous écrit de Marche: Pendant la nuit du 10 au 11, la ville de Mar che a été livrée a la dévastation; les partisans de l'ancien représentant sont allés briser les vitres de quelques électeurs de la ville, parce qu'ils avaient voté pour M. Orban, le candidat des campagnes. Cette scène a duré quatre heures aux cris de Vive Jadol! bas les tricornes! Or, le clergé n'avait rien k faire dans cette affaire, car M. Orban ne s'est pas posé comme catholique. Jusqu'à présent les partis étaient inconnus dans le Luxembourg. Le pasteur de la ville de Marche, quoiqu'étant élec teur, a voulu rester neutre, il n'a pas voulu se rendre au scrutin, et parce qu'il est resté neutre, les brigands sont allés briser les vitres, lui faire des menaces de inort en lui récitant les chants funèbres de l'Église et cela en criant vive Jadot!... Les honnêtes gens étaient consternés. M. Arnould est le modèle des prêtres, il possède et mérite l'estime de ses paroissieus. Une chose remarquable, c'est l'inaction de la police, qui ne s'est pas moutrée, si ce n'est sous la forme de quelques gendarmes appe lés par un électeur menacé de pillage et cela quand le désordre durait environ trois heures. Nous vivons sur le sol de la liberté, nous payons bien, et l'in violabilité du domicile du citoyen n'est qu'un mot. Un électeur libre. A Ooteghem, un campagnard étant entré k cheval dans la cour d'un cabaret, y a été assailli k coups de bâton et a eu une côte cassée. Différents coups de couteau ont aussi été portés a son cheval. Les auteurs de ces méfaits sont en fuite. On écrit de Vlisseghern (Flandre occiden tale), le i4 juin Cette nuit un violent orage a éclaté sur notre commune. La foudre est tombée sur l'église et y a occasiouné de grands dégâts. La tour qui paraît avoir été frappée d'abord a le plus souffert, de sorte qu'il faudra peut-être la faire démolir. De là le feu électrique a pénétré dans l'in térieur de l'église où elle a coupé en deux la grande porte, arraché le banc de communion et brisé les carreaux de la saciistie. On écrit de Liège, le i4 juin Hier, vers neuf heures du soir, l'alarme s'est répandue dans la rue des Carmes: un chariot, rempli d'une grande quantité de paille, stationnait eu face de l'auberge des Ardennes; deux enfants, l'un âgé de 8 ans et l'autre de 6 ans, se sont mis en tête d'y mettre le feu au moyen d'une pipe allumée, et bientôt une flamme considérable s'est montrée. Grâce k la prompte intervention des personnes du voisinage, cet accident u'a pas eu de suite funeste, et l'on a pu même prévenir la combustion complète du char gement de paille dont il s'agit. Lorsque les pom piers de service sont arrivés sur les lieux, tout était fini. L'orage d'hier a laissé quelques traces de son passsage. Plusieurs des arbres qui ornent la belle promenade du quai St-Léonard ont été brisés ou déracinés par le vent qui soufflait avec furie. 11 est tombé des torrents de pluie les rues de St—Gilles, Ste-Marguérite, Hocbeporte, etc., étaient trans formées en ruisseaux impétueux, qui amenaient dans la ville des débris et des terres, qu'il afallu faire enlever par charrettes. Des caves ont été rem plies d'eau. Un nouvel orage, accompagné d'un bruyant coup de tonnerre, a éclaté sur notre ville pendant la nuit. Une malle-estafette de M. Metz de Bastogne avait mise k la disposition des électeurs de St- Hubert qui se rendraient k Neufchâteau a versé sur un remblai fort élevé près de St-Hubert. Les douze personnes qui s'y trouvaient furent toutes contusionnées. On dut en conduire deux k St- Hubert MM. Henrotin, père, médecin k Tellin, et Pierlot, propriétaire au même lieu, vieillard âgé de 8o ans. M. le bourgmestre Dechesne qui, après ceux-ci, avait le plus souffert de cette chute, eut néanmoins le courage d'aller k Neufchâteau, mais il est, ainsi que les autres, alité dans ce moment. Un commis-voyageur nommé B..., habitant la commune de Molenbeek-St-Jean, s'est noyé ces jours derniers en allant se baigner. Bruxelles, 16 juin. Les équipages de la cour sont partis ce matin par le premier convoi du chemin de fer pour Ostende, l'effet d'aller prendre le duc et la duchesse de Nemours, qui sont attendus ce soir au Palais venant de Londres.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 2