N0 2892. Samedi, 21 Juin 1845. 28me année.
LA. FIANCÉE BU MINEUR.
I
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Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
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7PB.3S, 21 JUIN.
DU CATHOLICISME EN FRANCE.
Il se pre'pare en Fiance des événements qui, si
la providence ne vient au secours de ce royaume
autrefois très-chrélien, laisseront des souvenirs
bien lamentables. Le gouvernement français vient
de prendre une attitude décidément hostile la
religion catholique. Les Jésuites, comme on sait,
ont été naguère victimes d'un vol considérable.
L'auteur de ce méfait, le trop fameux Affenaer,
expie maintenant sous les verroux une vie remplie
de crimes de plus d'un genre. Qui le croirait c'est
l'occasion de cette déplorable affaire que M.
Thiers, trop bien secondé par les sentiments irré
ligieux qui animent les députés français presque
sans exception, a forcé les mains trop débiles des
ministres. Comme on le comprend bien, l'ex-
ministre n'a rien épargné pour faire accroire qu'il
aime la religion de ses pères (laquelle, par paren
thèse, n'est pas la sienne) autant que personne. Non
obstant ce prétendu attachement h la foi catholi
que, il veut qu'on ne laisse plus dormir les lois
qui dans des temps de despotisme et de guerre
ouverte contre la vraie religion ont été portées en
France contre les congrégations religieuses. Selon
lui, il en faut finir, et au plus vite, avec des citoyens
qui oe demandent d'autre faveur que de pouvoir
jouir du droit commun. 1! n'exige jusqu'à présent,
il est vrai, que la dispersion des seuls Jésuites;
mais M. Odilon Barrot a eu soin d'avertir les cat
holiques français qu'ils doivent s'attendre une
série de mesures du même genre. La dissolution
des maisons des Jésuites n'est que le prélude d'une
persécution plus générale.
C'était dans un des villages du nord de ta France. Là, au
milieu d'une population toute entière occupée aux travaux
des mines, vivaient Pierre et Marguerite.
Pierre était le Gis d'un porion en chef. A peine put-il se
soutenir sur ses pieds, qu'il courut aux puits des mines; il y
descendait, et par ses jeux, sa gentillesse, il égayait les tra
vaux de son père. Plus tard, lorsque les traits gracieux de l'en»
tance s'effacèrent pour faire place aux traits plus formes de
1 adolescence, Pierre deviut un bon ouvrier, et, après son père, s
c'était lui qui était le plus capable de diriger les travaux.
Il devinait 1 endroit que le mineur devait frapper en toute
assurance il aurait parcouru sans s'égarer les longues galeries
souterraines, et, incapable de frisonner dans les ténèbres, il
expliquait gainieut et par des raisons toutes naturelles les
mystères dont ses compagnons avaient l'habitude de s'effrayer
mutuellement. Seul peut-être il ne tremblait pas qnand on
]>arlait de ce fléau des mines profondes, de ce grysou, dont le
mineur le plus aguerri ne prononce le nom qu'avec un secret
effroi.
Un soir que le père de Pierre revenait d'un village voisin,
il entendit des gémissements. Il était bon: jamais un cri de-
détresse n'était en vain arrivé jusqu'à lui. Il s'arrêta, fureta
dans les taillis qui bordaient les deux côtés du chemin qu'il
parcourait... Quel fut sou étouuement! Un eufant couvert de
quelques haillons s'agitait sur l'herbe, et levait ses petites
M. Odilon Barrot n'eut pas pris la peine de faire
connaître les vues du parti dont il est un des chefs
des plus marquants, que tout le monde eût parfai
tement compris où l'on en veut venir, c'est-à-
dire, la ruine entière du catholicisme en France.
Ecrasez Vinfâme voilà le cri de guerre de ces
beaux parleurs de liberté, de ces soi-disant défen
seurs de l'Église gallicanne. Liberté pour eux,
esclavage pour quiconque, ne professe pas les doc
trines voltairiennes. On commence par les jésuites,
parce qu'à force de les calomnier on est parvenu
rendre leur nom impopulaire. Mais on ne sera satis
fait que lorsque les dernières traces du catholicisme
auront disparu.Seront bientôt Jésuites et même ils
le sont déjà, tous ceux qui ne fléchiront pas le
genou devant les dieux éclos dans le cerveau phi
losophiquement malade d'un Cousin ou d'autres
maîtres du même acabit.
Le garde-des-sceaux, M. Martin (du Nord), a
positivement promisquele gouvernement,quelque
soit le résultat des négociations entammées avec
Rome, sévira contre les prétendus coutempteurs
des lois du pays. Le sort en est donc jeté. Malheu
reux gouvernement, malheureuse France! Puis
sent les arbitres des destinées de l'Etat ne pas voir
trop tard les profondeurs de l'abîme vers lequel
ils se laissent si imprudemment entraîuer.
Mardi matin, une vache échappée ses couduc-
teurs près la porte de Dixraude, s'est jetée dans
les fossés des remparts en sautant par dessus le
garde-fou du pont. Traversant rapidement ces
eaux la nage sur une grande distance, elle a
abordé au jardin d'un raaraicher et y fait quelque
dégât. Plusieurs individus en longeant les glacis
mai us vers le ciel comme s'il eût imploré ilu secours. Dus
larmes mouillaient ses petites joues pâles, et le son rauque desa
voix annonçait que depuis longtemps le hasard ou la méchan
ceté l'avaient ainsi livré la pitié des passants.
Le vieux miueur, ce spectacle inattendu, sentit son cœur
se briser. 11 pensa son fils, son cber Pierre, et il s'age
nouilla vivement près du pauvre petit. Cumme si ses paroles
pouvaient le consoler, il lui parla, lui promit son appui, et
tout en s'efforçant de le calmer, il rassembla les lambeaux qui
le préservaient de l'intempérie de l'air, l'enveloppa dans sou
tablier de cuir et l'emporta, en lui dunuant de nombreux bai
sers et en cherchant apaiser ses douleureux gémissements,
Femme, dit-il, en ouvrant la porte <le son logis, devine
quel présent je t'apporte. La Providence nous a choisis entre
tous tes habitants du village pour rendre service un malheu
reux. Tu m'approuveras, j'en suis bien certain; car je con
nais Ion cœur!
Pour toute réponse, la mère de Pierre tendit la main son
mari.
Alors elle sut par quelle aventure une jolie petite fille en
trait dans la maison elle la regarda comme son enfant. C'est
ainsi que Marguerite fut rendue la vie, trouva une famille,
elle qui avait tout perdu, et semblait destinée devenir la
proie des aDimaux carnassiers qui parcouraient souvent les bois
et les clairières.
Or, ils grandirent ces deux enfants, et comme ils étaient
toujours ensemble, qu'ils ne pensaient qu'à se plaire, aux noms
attendaient le moment de saisir la vache, et criaient
au maraîcher de lui baner le passage. Il se mettait
en devoir de satisfaire leur imprudente demande,
quand la vache s'élança sur lui, le renversa, lui
porta un violent coup de corne au dos et plu
sieurs autres différentes parties du corps. Le mal
heureux, grièvement blessé et contusionné, est
alité. De là, l'animal furieux, après avoir traversé
un petit étang, s'est dirigé vers Boesinghe, a ter
rassé une femme près du cabaret S'-Pierre, puis
un enfant, puis un S' Terrier, qui se trouvait sur
la voie publique; puis tué un gros chien, et fait
voler le chenil en éclats, et a couru jusqu'à prox
imité du sas de Boesinghe. On n'a pu s'en rendre
maître que dans un marais, ou il s'était embourbé.
Un correspondant de Bruxelles nous écrit,
comme étant communiquée en secret, sans qu'on
en connaisse la source, la combinaison ministérielle
suivante
MM. D'Huart, affaires étrangères;
Le Clercq, justice;
D'Elhougne, intérieur
Osy, finances;
Dupont, guerre
Dechamps, travaux publics.
Quelques variantes circulent en même temps,
les noms de MM. de Theux, Liedts, Dumortier,
Malou, Lacoste, Fallon, Fleussu, sont ballotés avec
quelques uns des précédents.
Nous ne pouvons assumer sous notre responsa
bilité un bruit aussi vague, et si nous le reprodui
sons, c'est uniquement parce que cette liste nous
paraît réunir un assemblage de personnages politi
ques appartenant aux différentes nuances d'opi-
de fière et de sœur qu'ils se donnaient, en succédèrent de plus
intimes. leurs cœurs s'entendirent ils rêvèrent im avenir, et
Pierre demanda son père de lui donner Marguerite pour
compagne. C'était Ievoeu des bons parents. Le père de Pierre
lui dit; Fixez vous-mêmes le jour de votre bonheur!
Ce fut bientôt et ils étaient si aimés, et ils méritaient si
bien de l'être, que pour tout le monde ce fut aussi uu jour de
fête que celui qui éclaira leurs fiançailles. On quitta les tra
vaux; les mines furent désertes; les tables se dressèrent, les
bouquets ornèrent le corset des jeunes filles, les boutonnières
des garçons. Partout ou entendait des cris de joie et le bruit
des instruments qui réglaient les pas des danseurs réunis sur
le gazon.
Mais voilà qu'au milieu de la féte Pierre dit mystérieuse
ment aux jeunes campagnes de sa fiancée Betenez-la, c'est
le moment de la surprendre, et c'est maintenant que je dots
lui remettre les présents, a
On le vit s'éloigner ensuite en souriant et en plaçant uii
doit sur sa bouche, comme pour recommander le^ secret. Il
tourna lentement autour de la maison, parut prendre un che
min détourné qui conduisait d'anciennes miues, et puis
Pierre ne revint jamais!
Aussitôt qu'on se fut aperçu de cette longue absence, on
suspendit les jeux. La Gancée pleura, se tordit les bras. Le-
mineurs, conduits par le père de Pierre, paicoururenl le pe
sage des mines, ne laissèrent pas la place d'un homme -ari-
exaracn. Et ricn,noD, ricu ne vint leur donuer l'espoir de re-