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PROPAGATION DE LA FOI.
le rideau d'une fenêtredéfiler la belle et édifiante
procession de Dimanche, il aura remarqué qu'on
y portait en triomphe le buste de S' Pierre, dont
Grégoire XVI occupe aujourd'hui le siège pontifi
cal. Quelles qu'aient été les invectives du Progrès
contre la chaire apostolique, le buste de Pierre
n'en sera pas moins porté encore par nos rues avec
les mêmes honneurs quand le dernier de nos Pro
gressistes aura mordu la poussière.
Dix-huit siècles ont vu passer bien d'autres
orages. Comment pourrait-on se croire redoutable
quand on demande merci sur une petite question
relative a l'ouverture d'une lettre Pour une misé
rable lettre, tout le camp libéral a été en émoi. Une
seule chose est digne de pitié, c'est l'état d'abaisse
ment d'un principal, qui accablé sous le poids du
corps, mort qu'on appelle la commission adminis
trative n'ose élever la voix contre le séide d'une
faction oppressive qui le compromet. Si c'est la
remplir son devoir,il faut que les maîtres du collège
communal aient de bien rudes devoirs a remplir
et a subir envers raessire le Progrès.
Mais n'y revenons plus, laissons le matamore
se retirer de la lice meurtri et confus, puisqu'il
désire qu'on lâche prise; qu'il s'en aille enrégistrer
coté de certaines ovationsa coté de nos élections
du 10 juin, et de ses autres jours de victoire, les
Pigeons de S1 Vincent et l'anniversaire de Water
loo. Le public aura appris a connaître encore
mieux les hommes et les principes qu'il jugeet
qu'il fasse attention où il place sa confiance.
L'administration de la Société pour la Propa
gation de la Foi catholique vient de publier ses
comptes de l'année i844. C'est une œuvre vrai
ment grandiose et sublime, que celle qui embrasse
dans son immensité tout le champ destiné a la
Semence de l'Évangilel'univers tout entier
Elle recueille le denier du fidèle sur tout le do
maine de l'Eglise, et son action continue et vigou
reuse augmente sans relâche l'empire du Christ.
Les recettes de i844 se sont
élevées fr. 4,o35,207 71
Et il a été dépensé3,743,908 i4
Reste en caisse.
Dans les recettes, la France
figure pour1,933,809 82
La Prusse pour. 182,126 90
291j299 57
L'Angletere avec l'Irlande pr 236,914 3o
La Sardaigne pour258,528 55
La Belgique pour177,686 o5
(1) La plupart des données et des réflexions qui suivent sont
extraites des Annales.
alors qu'elle est la meilleure, la plus charitable des femmes,
que jamais un malheureux n'a sollicité en vain sa compassion;
que son indulgence, sa pitié s'étendaient tous.,.
Ta, ta, ta, voilà bien des paroles Apprends, citoyenne,
que tous ces mots: compassion, charité, pitié, sentent leur
régime, et sont furieusement aristocrates... Tous les hommes
sont égaux, petite, et personne n'a plus besoin d'iuspirer de la
pitié; le règne de la fraternité commence... Guerre aux châ
teaux, paix aux chaumières voilà notre cri... 13u reste, quand
j'ai dit que je connaissais ta mère, je voulais dire que je n'i
gnorais passes menées: elle regrette les églises, les robes noi
res, et ou l'a vue pleurer le jour de la mort de Capet... Ne va
pas nier!... j'en suis certain.
Citoyen... balbutia Hélène, terriGée par cette longue
diatribe.
Ce n'est pas tout: ta mère envoie de l'argent son frère,
un émigré, nu traître, un allié de l'Autriche... oses-tu le nier?
Hélas! citoyen, mon oncle a émigré pour sauver sa vie
il est en Allemagne, dans la plus profonde misère: est-ce dont
un crime de lui envoyer de quoi avoir du pain
Oui, citoyenne, oui, c'est un crime; une Française ne
doit avoir d'autres parents que les francs républicains ta
mère a méconuu les luis, et c'est dans ce sens que je parlerai
au tribunal.
Oh! monsieur! oh! citoyen! s'écria Hélène en tombant
genoux et en élevant ses maiusjoinlcs vers l'ancien serrurier,
rétractez ces terribles paroles! ne soyez pas insensible ma
prière, ne m'arrachez pas le coeur et) perdant ma pauvre mère;
Des pays où le Christianisme est encore a son
berceaucommencent déjà eux-mêmes prendre
part h la souscription. L'Amérique du nord figure
pour fr. 63,177 00; le Chili pour fr. 6,434 20;
la colonie du Cap de Bonne Espérance (pays des
Hottentots) pour fr. 1,799 00; la Nouvelle-Hol
lande pour fr, 10,280 00 la petite île de Malte,
pour fr. 12,194 36. La Hollande a moitié protes
tante fournit fr. 96,927 81. La Grèce schisnia-
tiqueles îles Ioniennesla Turquievoient aussi
leurs noms sur cet intéressant tableau. Maint sol
dat irlandais des garnisons de l'Inde sacrifie une
portion de sa nourriture pour verser le denier
hebdomadaire destiné h civiliser et régénérer le
genre humain par les lumières de la religion.
Cependant où va cet argent, que deviennent
ces épargnes des peuples
On les distribue partout où l'exigent les besoins
de l'Église, pour soutenir ses luttes éternelles con
tre toutes les erreurs de la terre.
La foi est le premier besoin des âmes, et comme
il n'y a pas de vertu plus nécessaireil n'y en a
pas de plus combattue. Dans les villes populeuses
des États-Unis, où toutes les sectes sont mêlées,
où chaque secte son templel'Église rencontre
les attaques de l'hérésie toutes les degrés. Chez
les nations Musulmanes, le dogme même de l'unité
de Dieu est corrompu par l'imposture, deshonoré
par une société qui repose sur la violencel'es
clavage et la polygamiePlus loin le paganisme
règne encore sur l'Inde et la Chine, avec tout
l'éclat qu'il eut chez les peuples fameux de l'an
tiquité tels que les Assyriensles Égyptiensles
Romains et les Grecs. Mais sous le faste dont il est
environné, se trahit son vrai génie par des sa
crifices humainset par le meurtre des enfants
nouveau-nés. Plus loin encore, dans les archipels de
l'Océanie,on trouve la dégradation humaine son
plus bas échelonles festins sanglants où le vain
queur dévore le vaincu. A mesure qu'il y a plus
d'égarement et moins de foi dans l'intelligence, le
désordre est plus profond dans les moeurs. Il en
est ainsi de chaque homme, il en est ainsi de cha
que peuple. Ce sont toutes ces horreurs, toutes ces
misèresque l'Eglise par ses missionnaires fait
successivement décroître, et elle trouve cet efTet
dans la Société de la Propagation de la Foi un
utile auxiliaire.
Lisez les auqales contemporaines chaque mis
sion est un combat dont vous devenez le témoin.
Le christianisme lient tête de nos jours a tous les
ennemis qu'il a jamais eus, il soutient tous les geu-
res de luttes. Mais comme l'épreuve la plus rude
et la plus décisive est celle des persécutions, elle se
mais soyez bou, soyez clément vous pouvez tout ici, vous avez
droit de vie et de mort, usez de votre puissance pour sauver
ma mère, ma mère iuuoceute et qui doit vivre pour moi!
Rcndez-là-moi, je vous bénirai, je vous respecterai, je prierai
pour vous!...Vous êtes père, monsieur: au nom de vos enfants,
ne me repoussez pas Hélas! rua mère u'esl pas dangereuse
pour la patrie; nous vivons obscures, iguorées, en nous aimant
l'une l'autre; et si vous le voulez, citoyen, nous offrirons nos
biens, par vos mains, l'État; je me dépouillerai de tout, je
donnerai l'héritage de mon pauvre père, heureuse, heureuse
de racheter la vie de ma seule amie, de ma seule protectrice...
Au nom de Dieu, écoutez-moi, ne me repoussez pas!...
Elle parlait ainsi, d'une voix véhémente, entrecoupée par
des sanglots; mais le serrurier, endurci aux plus ardentes sup
plications, ne l'entendaient pas. Il semblait poursuivre une
idée qui venait de surgir en sou espiit, et, tout coup inter
rompant Hélène, il lui dit brusquement
Tes biens ne sont pas conlisqués
Non, répondit-elle avec étonnement, nous habitons
enooie notre hôtel.
Et les autres biens?... la terre de Cursy, la métairie du
Val, les prés de Dourier, le bois de Saiut-Jossc
Tout cela nous appartient encore.
Et tu est fille uuique?
Oui, citoyeu.
La Ggure deGranier s'adoucit remarquablement. Il s'avança
vers Hélene, la regarda avec attention et lui dit
Écoute! je ne promets rien encore; mais attends-moi
repète dans tous les siècles. Maintenant elle sévit
avec le plus de violence dans deux pays de l'Asie
orientale le Tong-Ringet la Corée.
Au Tong-King,les prisons sont toujours pleines.
En Corée, les échafauds sont relevés dans les
villes, afin que le témoignage du sang ne cesse pas.
Aucune sorte de combat ne s'interrompt dans
l'Église, ni celui de la parole et de la mortification,
ni surtout celui du martyre. A mesure que les
mandarins ordonnent de fouler aux pieds le cru
cifix, de nouveaux chrétiens s'âgenouillent cha
que jour plus nombrux autour de cette sainte
image. Tandis qu'en France les attaques de l'in
crédulité menacent de saper de nouveau l'édifice
social en même temps que l'auteltandis qu'en
Belgique on voit regner un esprit entièrement
éloigné du christianisme le goût du théâtre des
bals et des plaisirs, le goût des lectures grivoises et
des parures indécentes, l'égoïsmeet le libertinage,
tandis qu'on voit la jeunesse insouciante des de
voirs religieux, ignorante dans son cultepresque
honteuse de professer sa foi,darsl'Océanie, naguère
peuplée d'anthropophages, fleurissent en beaucoup
d'îles, avec la civilisation moderne, les vérins des
premiers âges. C'est ainsi que Jésus-Christ montre,
selon l'expression de Fénélon, qu'il tient dans ses
mains immortelles les cœurs de toutes les Dations
et de tous les siècles.
Pendant qu'on livre nos frères aux boureaux en
Corée et au Tong-King, ne sentons-nous pas une
foi plus ardente se réveiller dans nos cœurs et
fiers du triomphe des nôtres, ne sommes nous pas
plus portés dire sans détour: nous sommes
aussi chrétiens
En prenant part ces morts victorieusesces
confessions intrépides, a tant de sacrifices et de
vertus il faut bien que nous finissions par entrer
nous mêmes dans les sentiments que l'Église com
mande et par comprendre la grandeur de nos
destinées.
Tout ce que nous fesons pour nous-mêmes est
petit, parce que nous eu sommes que peu de chose;
mais tout ce que nous fesons pour Dieu, participe
en quelque sorte son immensité. Sacrifiez parfois
une légère dépense d'estaminet, de billard, de
fantaisie, sacrifiez fr. 2 60 par an, et vous coo
pérez la rédemption du monde par le sang de
Jésus-Christ. Si vous êtes philanthropesvous
prouverez par l'a, non par de vains mots, mais par
l'œuvre, que vous aimez autant d'hommes que le
Sauveur en aima sur la croix que vous aimez
même ceux qui n'ont avec vous ni le lien d'une
même patrie, ni le bonheur d'une même religion.
Rappelez-vous que le cannibale qui mange son
cette après-dinée chez toi je m'y reudrai, et nous causerons.
Oh! monsieur, puis-je espérer
Nous verrons cela... je ne m'engage rien... Va, main
tenant... Ah! éooute;.. poursuivit-il en la rappelant, n'oublier
pas de faire monter du vin vieux, et deux verres, car j'aurai
un compagnon. Adieu, citoyenne.
Hélène rejoignit Geneviève. Le cœur palpitant, tantôt de
crainte et tantôt d'espoir, elles rentrèrent l'hôtel, en pesant
chaque mot dont Granier s'était servi. Quand la jeune fille
se retrouva dans le salon où, la veille encure, elle se tenait au
près de sa mère quand elle vit le grand portrait où la mar
quise, dans la fleur de sa fraîche beauté, était représentée sous
les attributs de Pomone la petite travailleuse en bois de rose,
qui portait, entr'ouvert, un volume de Bossuet; le petit épag-
neul orangé qui errait avec inquiétude par la chambre...
l'aspect de ces objets, si chers et si familiers, elle fondit en
larmes et s'écria
Oh! Geneviève, la reverrai-je jamais là?... reprendrons-
nous nos lectures du soir reviendra-t-elle dans cette mai
son?.., Oh! mon Dieu! mou Dieu!
Ma chère enfant, espérez; le Seigneur est si bon!... il ne
voudra pas que vous soyez deux fois orpheline. Et puis, ce
Granier aura pris intérêt vous... c'est si naturel... et il peut
tout au tribunal le mal et le bien... Ciel Granier, qui posait
des sonnettes chez madame
Eh qu'importe, Geneviève! s'il sauve ma mère, il sera
mon ami, mon plus cher bienfaiteur, et peut-être un jour
aurai-je l'occasion de lui prouver ma reconnaissance.'
(Pour être continue.)