campagne de Vlamertinghe (chaussée de
Dickebusch). Le service a eu lieu Vla
mertinghe, et le convoi a ensuite traversé
la ville pour déposer la dépouille mortelle
au cimetière, au caveau de famille, où re
pose déjà depuis plusieurs années le géné
ral Durutte, mari de la noble défunte. Les
fils de l'illustre général occupent des gra
des honorables dans l'armée française,
l'exception de M. Émile, qui, il y a peu de
temps, est allé en marin intrépide,doubler
le cap Horn et explorer le Chili. Depuis
son retour de Valparaiso, il habite notre
ville, ce qui lui a procuré la consolation
d'assister sa digne mère dans les derniers
moments. Quant la Dll# Emérence, la
piété filiale dont cet ange de candeur a
donné l'exemple est audessus des éloges
humains, les égards dus sa modestie ex
cuseront notre silence. Qu'il suffise de dire
que le sentiment chrétien a seul le secret
d'inspirer une si éminente vertu.
M. le lieutenant Bia qu'on a enterré
mercredi après midi n'était âgé que de
35 ans. Il laisse une jeune veuve et un
enfant en bas âge. Le corbillard a été pré
senté l'église trois heures. Il était porté
par des sous-officiers. Quatre officiers des
différentes armes tenaient les coins du
poêle. Après les prières, le convoi a pris
la direction du cimetière. Quelquesaccents
de regret prononcés sur la tombe ont pré
cédé la séparation éternelle. Tout était
d'une lugubre simplicité. Au milieu de ces
fusils renversés, dé ces pas mornes, de ces
sons lents et plaintifs, un seul objet jetait
la confiance dans l'âme, la croix dominait
audessus des bayonnettes, comme elle
domine sur la couronne des rois et sur la
fosse du pauvre. Elle seule, quoi qu'on
dise, est et sera toujours le dernier recours
des hommes, des prêtres, des militaires,
des magistrats, des mendiants. Elle seule
dissipe le désespoir et soulage les douleurs,
parce qu'elle montre dans la mort le pre
mier pas de la vie. Pourquoi donc est-on
si souvent si tardif se ranger sous l'éten
dard sacré du vrai courage? Pourquoi
beaucoup de militaires sont-ils sur ce cha
pitre d'une timidité peu martiale ou d'une
insouciance aveugle? Rien n'est plus for
midable qu'un régiment,où Dieu est craint
depuis le colonel -jusqu'au soldat, où l'on
sait donner sans détour son temps l'é
glise et la caserne, et où chacun des
préceptes divins règne en même temps
que la discipline.
On écrit de Courtrai 4 juillet:
Le nommé Devolder de Ledeghem, au
teur de l'assassinat commis dernièrement
Beselaere, rôde depuis quelques jours,
aux environs de Lendelede; le meurtrier
demande l'aumône le pistolet la main,
menaçant de la mort quiconque aurait
assez la hardiesse pour oser l'arrêter, ou
lui refuser la demande; aussi partout où
il se présente, on se hâte de lui donner
l'aumône,s'estimant heureux d'être débar
rassé si bon compte d'un hôte aussi dan-
ereux. L'assassin d'une haute taille, est
oué d'une force herculéenne, il porte une
barbe monstrueusequi lui couvre le visage,
en un mot tout son extérieur inspire la
terreur.
Hier, M. le comte de Muelenaere,
gouverneur de la province, a ouvert au
nom du Roi les états provinciaux de la
Flandre occidentale, et a prononcé un dis
cours, après lequel M. Massez, qui pendant
plusieurs années consécutives a si hono
rablement présidée l'assemblée, informe
ses collègues que l'état de sa santé le met
aujourd'hui dans la nécessité de décliner
cet honneur; il les prie de vouloir bien
reporter sur un autre les suffrages qui
pouvaient lui être destinés.
Le scrutin secret donne les résultats
suivants:
Pour la présidence, MM. le baron Pec-
steen-De Lampreel obtient 33 voix; Ch.
Van Severen, 13; Pattyn, 2; Massez, 1.
En conséquence, M. le baron Pecsteen-
De Lampreel est proclamé président du
conseil pour 1845.
M. Ch. Van Severen est proclamé vice-
président, la majorité de 45 voix sur 49
membres présents.
Il est donné lecture d'une lettre de MM.
Vandamme et Van den Bulck, qui infor
ment l'assemblée qu'il leur est désormais
impossible de se charger des fonctions
de secrétaires.
MM. A. Van den Peereboom et A. Batail
le sont nommés secrétaires, la majorité,
le premier de 36 et le second de 34 voix,
sur 50 votants.
On écrit de Bruges: Le garde-cham
pêtre de Saint-André, dont nous avons
annoncé la fin tragique, se nomme J. Cou
vreur; il laisse une veuve et plusieurs
enfants. Son cadavre a été transporté
l'hôpital civil, ou l'autopsie a eu lieu. La
tête portait deux marques de contusions,
l'une au nez, qui était presque impercep
tible, et l'autre au-dessus de l'oreille gau-
che. Au moment où le cadavre a été retiré
de l'eau, il sortait beaucoup de sang de
cette plaie. Les médecins ont mis nu
cette partie du crâne, pour s'assurer si la
blessure avait occasionné la mort ou non.
Ils ont trouvé le crâne intact. De ces faits
il paraît que le malheureux est mort par
submersion; mais l'état du terrain, la dé
couverte de son shako quelques pas de
l'eau ne sont pas sans laisser matière
d'autres suppositions que le temps viendra
probablement éclaircir.
Dans la nuit du 29 juin dernier une
rixe sanglante a eu lieu Cortemarcq,
entre les nommés J.-F. Verschaeven et L.
De Clerck, tous deux demeurant dans
ladite commune. Le premier a reçu de L.
De Clerck un coup de couteau dans le bas-
ventre du côté gauche; blessure qui est
mortelle. De Clerck a été arrêté et conduit
la maison d'arrêt Bruges.
On écrit de Gand, 2 juillet: L'inau
guration du buste de JacquesVan Artevelde,
a eu lieu le 30 juin avec une pompe ex
traordinaire. A quatre heures la sonnerie
toute volée des trois grosses cloches du
Beffroi, qu'on n'avait plus entendues depuis
la première exposition en celte ville sous
l'ex-gouvernement, a annoncé celte inté-
ressante cérémonie.
Le salon, dans lequel est provisoirement
déposé le buste colossal de Ruwart, est
décoré d'une manière brillante. Le stylo-
bate et le buste qu'il soutient, sont placés
au fond; quatre immenses panneaux re-
firésentent les armoiries des villes capita-
es des deux Flandres, et dans le pourtour
de l'estrade les ecussons des anciens mé
tiers semblent se grouper autour du grand
homme, le défenseur constant de nos an
ciennes franchises et libertés.
On lit dans le Progrès du Pas-de-Ca
lais: Un jeune homme d'Auchy vient de
faire une action qui l'honore trop pour
être passé sous silence, voyant ses parents
poursuivis pour dettes et tout leur avoir
déjà saisi par le ministère d'un huissier de
Lens, ce jeune homme est allé trouver un
agent d'affaires et s'est vendu comme rem
plaçant. La somme qu'il a retirée de ce
noble sacrifice a suffi pour payer la dette
de ses parents. Il a été immédiatement in
corporé; ses chefs n'oubliront pas sans
doute pourquoi il s'est vendu.
La Brilish-Qaeen sera de nouveau
mise en vente publique aux enchères
Anvers, le 15 septembre prochain.
Un malheur affreux est arrivé mardi
quant de ma bouhomie, n'est-ce pas? et en laissant ce pauvre
I.éonidâs veuf avant la noce. Nennicelane sera pas... Voyous.1.,
c'est aujourd'hui primidi, dans dix jours vous pourrez être
mariés; ta mère sortira de prison le jour de votre mariage...
11 nous faudra ton acte de naissance... Commeut t'appelles-lu?
Hélène, répondit la triste enfant.
-- Hélène! un nom de sainte, unnom de l'anoien régime...
Celanne déplaît... Tu es comme mon Léouidas, qui s'appelait
jadis Pierre-Antoine; mais nous le rebatiserons comme lui,
et tu seras l'avenir délie-Lucrèce Granier
Ces mots, ce nom surtout, tirent un mal affreux Hélène;
il lui semblait qu'une barrière s'élevait entre elle et le doux
passé, entre elle et ses charmantes espérances. Elle dit en son
coeur un morne adieu l'avenir qu'avait rêvé la jeunesse, et
se courba, triste et résignée, sous le joug fatal qu'on venait de
lui imposer.
Au moins, dit-elle Granier, pourrai-je voir ma mère
tous les jours?
Nous verrons cela.
Monsieur, vous le voyez, je suis soumise vos volontés,
je vous abandonne ma vie et ma fortune... et je vous demande
cette seule grâce... me la refuserez-vous?
Eh eh demande cela Léonidas il peut beaucoup
auprès du citoyen Lebon.
Elle se tourna avec un geste de prière vers le jeune homme,
et rencontra sesyeux fixés sur elle avec une attention profonde.
Il avait adopté sur ce mariage, qui devait les enrichir tous
deux, les idées cupides de sou père; mais en voyant Hélène si
belle et si trisle, quelque chose de plus tendre s'était ému en
lui, et il l'avait désirée pour elle-même.
Mademoiselle... citoyenne... balbutia-t-il, je ferai de
mon mieux pour vous apporter cette permission...
Sans doute, mou garçon, il faudra venir faire ta cour;
moi je veillerai ce qu'on rédige le contrat. Sans adieu, ma
bru, je vous reverrai avant la fin de la décade.
Ils sortirent tous deux; mais Léonidas semblait s'en aller
regret,
Geneviève vint aussitôt rejoindre sa jeune maîtresse. Hélène
se jeta A son cou.
Nous la reverrons, dit-elle elle est sauvée, elle vivra!
Geneviève tomba genoux.
Que Dieu et la Sainte-Vierge soient bénis! Ainsi, ce bon
Granier...
Il sauve ma mère condition que j'épouse son fils.
Épouser son fils! s'écria Geneviève se relevant. Vous,
vous! Hélène de Cursy!... Son fils!... C'est impossible...c'est
pécher que d'y penser
Et, si je ne l'epouse pas, ma mère périra
Ali! mademoiselle,quel sort! quel malheur!
Genevieve sans l'idée des souffrances de ma pauvre mère,
la nouvelle de ce malbeui, je crois que je serais heureuse de
me sacrifier pour elle; mais elle, qui m'aime tant!...
Ah! ma pauvre maîtresse, elle aimerait mieux mourir!
Tais-toi, je ne souffre pas ce mot. Ma bonne Geneviève,
poursuivit-elle, après un moment de silence, ne m'attendris
pas; prie Dieu qu'il me fortifie et qu'il dirige tout suivant sou
divin vouloir...
Mademoiselle, dit Geneviève, qui, pour cacher ses larmes,
s'était approchée de la fenêtre, voilà ce Léonidas qui se dirige
vers la maison; qu'en faut-il faire
Le laisser entrer.
Un instant après, Léonidas, toujours en carmagnole et en
bonnet phrygien, entra dans la chambre d'un air gauche et
déterminé. Il renversa dans sa marche un tamhour broder,
qui éparpilla sur le tapis ses pelotes de soie, et heurta rude
ment le petit épagneul qui hogna et montra les dents; Léoni
das, le repoussa, et, tirant un papier de la poche de sa veste,
il le présenta Hélène.
Voici un permis pour voir la citoyenne votre mère, dit-
il; vous avez encore le temps d'y aller ce soir.
Ali monsieur, je vous remercie
Il n'y a pas de quoi. Je dois vous dire aussi que l'acte
d'accusation contre votre mère a été retiré elle restera quel
ques jours en prison, mais ne paraîtra pas devant le tribunal.
Maintenant, adieu, citoyenne; je vais au club, où j'ai une
motion faire. Voulei-vous que je vous accompagne jusqu'à
la prison
Monsieur, je désirerais que Geneviève seule m'accom
pagnât...
Vous refusez mon olfre? soit! Je reviendrai demain.
Adieu!
Et voilà votre mari s'écria Geneviève lorsque la porte
se fut refermée sur te jeune Granier.
Oui. ma bonne; mais ma mère est sauvée! Tout me
semble doux au prix de mes angoisses d'hier! Maintenant,
parlons, allons voir ma mère (Pour être continue.)