JOURNAL DÏPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 2901. 29me annce. TPRSJS, 23 JuaLET. Qu'ils aient eu tort ou non, les minis tres du Roi ont cru devoir se retirer devant l'issue des élections Bruxelles et Anvers le dix juin dernier. La démission de M. Nothomb seule a été acceptée et ses anciens collègues ont conservé provisoire ment leurs portefeuilles. 11 n'est pas de si léger succès qu'il ne produise de l'enthou siasme, de l'exaltation; voilà pourquoi la couronne a fait preuve de haute pru dence en reculant la recomposition ou le remaniement du ministère: le temps calme toutes les passions et ramène les idées leur état normal. On peut donc raisonna blement admettre, ou qu'il sera laissé aux représentants de la nation d'indiquer l'homme le plus apte remplir un vide immense, ou du moins que le conseil des ministres ne sera définitivement reconsti tué que vers l'époque de l'ouverture ordi naire de nos chambres législatives. Nous l'avons démontré, aucun changement n'est intervenu dans l'état des choses, dans la situation des esprits; le program me de 1841 renferme les tendances de toutes les têtes saines, de la généralité des citoyens, de la majorité des grands corps politiques; ce n'est pas l'élection de quel ques satellites de Verhaegen qui peut troubler l'harmonie préexistante, quoique du reste il faille sincèrement déplorer la Eerte de quelques spécialités remarquâ tes. Aussi les journaux du libéralisme n'ont chanté victoire que pendant les trois jours qui ont succédé celui des fameuses élections; depuis lors nous avons vu leur ardeur s'attiédir graduellement. Comme ils LES DERNIERS CRIMES LA e@Ni^EiNnrD@iNi. sont résignés; ils n'élèvent pour aucun de leurs patrons la moindre prétention au por tefeuille abandonné l'essentiel est que M. Nothomb soit écarté. Il ne faut pas que M. Lebeau ou M. Rogier prenne sa place; il suffit aux libéraux d'avoir mis les catholi ques dans l'impossibilité de nuire. Quelle douceur, et quelle abnégation! Nous ad mirerions une pareille conduite si elle ne nous rappelait forcément les paroles du renard de la fable qui ne pouvait atteindre l'objet de sa convoitise. Ces apparences de modestie cachent donc fort mal un or gueil confus et mortifié. Les libéraux ne renoncent au pouvoir que parce qu'ils sont convaincus de leur impuissance gouverner un peuple qui ne partage ni leurs croyances, ni leurs sentiments, soit qu'il s'agisse de religion, soit qu'il s'agisse de politique; ils ne renoncent au pouvoir que parce qu'ils savent détruire, sans posséder les matériaux indispensables pour la réédification; ils ne renoncent au pouvoir que parce qu'ils ne s'entendent pas même entr'eux, qu'il n'y a pas unité dans leurs vues et dans leur action, qu'ils ne constituent pas même ce que l'on peut appeler un parti. On a vu des hommes d'opinions diverses, contraires, se coaliser afin de poursuivre un but commun, et demeurer intimement unis au moins jus qu'à l'accomplissement plein et entier de leurs projets communs; et pourtant les libéraux de Belgique ne peuvent pas se flatter, tout ralliés qu'ils semblent sous une même bannière, d'avoir entr'eux un lien durable et indissoluble. Antérieure ment aux élections du dix juin, il se ma nifestait déjà quelque germe de mésintel- ligence entre les électeurs de la capitale en général et les membres de Y Alliance: ceux-là penchent vers la modération quelques-uns regrettent peut-être l'an cienne Union; ceux-ci au contraire tendent vers toutes les extravagances,on y compte des républicains, et des francs-maçons; on sait que YObservateur a cru prudent de désavouer leur programme anarchique. Depuis les élections, des dissidences gra ves ont éclaté parmi les libéraux de Liège. Et d'où vient ce phénomène? L'explica tion, ce nous semble, doit sauter aux yeux de tout le monde. Le libéralisme n'a pour base aucune conviction raisonnable et sincère c'est un ramassis d'ambitions froissées,"de cupidités déçues, de vanités écrasées, de présomptions abaissées, de toutes espèces de passions fougueuses,qui ne sauraient jamais se confondre qui doivent toujours s'exclure. Il n'est donc pas nécessaire que ces hommes renoncent au pouvoir: ils 11e possèdent pas beaucoup près les qualités requises pour en porter dignement les charges. Heureusement, encore une fois, les mi nistres peuvent changer, mais le système 11e changera point. Le vingt un de ce mois a été célébré le quatorzièmeanniversaire de l'inauguration du Roi Léopold. Un Te Deum a été chanté l'église de S'-Martin; les autorités civiles et militaires y assistaient. Il y a eu ensuite parade sur la Grand'- place. On a donné lecture devant la gar nison du brevet qui confère au lieutenant- On «'abonne l'prn, Grand'» Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PKI\ DE t'ABOIVAESIEXr, pur trimestre, Pour Ypresfr. 4 Pour les autres localités 4SO Prix d'un numéro Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IXSEBXIQXS. 14 centimes par ligue. Les ré clames, ti centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. DE (Suite.) Les femmes marchaient la mort avec calme. On vit les carmélites de Royal-Lieu y aller en chantant le Salve regina. A mesure que le couteau frappait, le chant s'affaiblissait, pour être repris dans le ciel. Ce triste spectacle remua les entrailles du peuple des échafauds. Une seule femme manqua du courage ce fut Mrac Dubarry, la malheureuse maîtresse de Louis XV.« Je l'ai vue défaillante, dit Beaulieu, daus la Coueiegerie, après sa condamnation elle criait au secours! en allant au supplice. Sur l'éohafaud elle demandait un moment de grâce monsieur le bourreau Ce n'est pas tout que de tuer. On a vu, dans l'hisloire. des temps de frénésie, où l'homme aussi tuait l'homme avec joie. Mais pour la première fois on voyait le meurtre érigé en loi, la férocité délibérée, les forfaits transformés en système de gouvernement. La législation de cette époque est une souillure pire que celle des assassinats. De nouveaux décrets vinrent s'ajouter ceux qui avaient déporté les prêtres; tout prêtre réfrac taire devait être saisi et exécuté dans les vingt quatre heures; chaque citoyen devait les dénonoer sous peine de déportation, et plus tard sous peine de mort. Les évéques et prêtres constitutionnels n'échappèrent ce mode infernal qu'en abjurant et se mariant ceux-la eu rent droit des secours annuels. La législation sur les émigrés enveloppa en masse i° tous lescitoycns de Lyon, Toulon, Marseille et autres villes rebelles qui ne les quitteraieut pas daus vingt quatres heures; a® les fugitifs de Toulon, sortis de cette ville pour n'être pas fusillés: ils étaient quatorze mille 3® oinquante mille fugitifs du dé partement du Rhin, qui avaient fui leurs foyers pour échapper aux bourreaux; 4° ceux de la Moselle et des départements frontières qui se trouvaient dans le même cas. La Convention déclarait complices des émigrés les enfants, les garçons ou filles, qui les avaient suivis, ayant plus de quatorze ans; ils ne pouvaient rentrer sans encourir la peine de mort. Chaque jour donnait lieu des décrets interprétatifs du décret atroce sur les suspects. La Frauce entière était livrée la discrétion de ses vainqueurs. La législation sur les propriétés épouvante la raison. Pro priété privée et propriété publique, bien des universités, des collèges, des hospices, des établissements d'utilité ou de cha rité, tout fut en proie aux spoliateurs. Chose étrange! les éta- blisseinenls protestants fuient exceptés du pillage. (Décret du 8 mars i^.jUn décret (du 10 mai 1791) ordonna uu emprunt /crcéd'uu milliard sur tous lescitoycns riches, remboursable en bons d'acquisitions des biens d'émigrés; c'était uue autre sorte de dépouillement. Un décret (i3 novembre 1793) pro nonça la confiscation des matières d'or et d'argent qui seraient découvertes enfouies ou cachées, et adjugea Je vingtième de leur valeur eu assignats aux dénonciateurs. Un autre (?5 plu viôse an II) confisqua au profit de la république toutes les mar chandises expédiées Lyon et toutes les villes rebelles. Le dénombrement de ces fureurs serait impossible. La législation sur les choses de morale publique, fut une insulte éclatante aux idées de tous les siècles. Les lois avaient proscrit la vertu elles p*oclamèrent le mal en principe, elles honorèrent la turpitude. Un décret (5 septembre «793) assigna quarante sous par jour d'indemnité aux hommes qui se réu nissaient aux sections pour alimenter l'ardeur jacobine. Les femmes des tribunes de la Convention, furies chargées d'ap plaudir le meurtre, eurent aussi leur salaire. Les filles-mères, chose inouïe, eurent droit des secours. Le divorce fut le moiudre des scandales. Plusieurs décrets (des 4 juillet et *j novembre 1793) portèrent que les enfants nés hors du mariage succéderaient tous les droits de leurs pères et de leurs mères. 1*8 enfants bâtards furent proclamés les enfants naturels de la patrie. La déclaration des droits de la Constitution de 93 avaient aboli la domesticité. Toutefois il restait des maîtres et des serviteurs; les serviteurs furent soudoyés contre les maîtres: des décrets décernèrent des récompenses publiques aux dé lateurs.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 1