JOURNAL D YPRES1T DE L'ARRONDISSEMENT. No 2904. 29me annce. 7PP.3JS, 2 AOÛT. RECOMPOSITION DU MINISTÈRE. Un arrêté royal du 30 juillet, contresigné par M. d'Anethan, ministre de la justice, porte M. le baron E. d'Huart gouverneur de la province de Namur et membre de la cham bre des représentants, est nommé ministre d'état. Il sera membre du conseil des mi nistres et participera comme tel aux déli bérations du cabinet. Un arrêté royal de la même date égale ment contresigné par M. d'Anethan, porte: M. S. Van de Weyer, envoyé extraordi naire et ministre plénipotentiaire près de la reine de la Grande-Brétagne, est nommé ministre de l'intérieur. Un arrêté royal de la même date, con tresigné par M. Van de Weyer, déclare ac ceptées les démissions offertes par MM. le comte Goblet d'Alviella et Mercier; et non acceptées les démissions offertes par MM. le baron J. d'Anethan, A. Dechamps, le général Dupont et le comte de Muelenaere. Un arrêté royal du 30 juillet contresigné par M. Van de Weyer, charge M. Dechamps, ministre des travaux publics, du porte feuille des affaires étrangères. Un arrêté royal de la même date nom me M. Malou, gouverneur de la province d'Anvers, ministre des finances. Un arrêté roval de la même date nomme M. C. d'Hoffschmidt, conseiller au conseil des mines, ministre des travaux publics. Un arrêté royal du 30 juillet, contresigné par MM. Van de Weyer et Dechamps, trans fère au département des affaires étrangères les attributions du département de l'inté rieur en ce qui concerne le commerce. LES DEUX ETRENNES. RAPPROCHEMENT, TRANSACTION, PAIX. Telle est la devise qui doit briller sur la bannière de la civilisation, et qui doit s'appliquer l'ordre moral comme au domaine matériel. Il suffit de jeter les yeux sur l'histoire et d'apprécier les tendances générales du siècle actuel pour être obligé d'en faire l'aveu sans hésitation et sans détour; ceux- là seuls s'efforcent vainement le nier qui répudient les traditions du sens commun, qui voudraient plier la raison aux exigen ces de leurs aveugles caprices. Ainsi les uns prétendraient que l'État fut dans l'Église, les autres que l'Église fût hors l'Etat. Ils ont également tort: l'Église doit être dans l'État: elle en a le droit le plus légitime, et c'est au surplus d'une indispensable nécessité. Ainsi les uns vantent la libertée illimitée du commerce, les autres proposent d'y apporter des entraves sans nombre. Ils ont respectivement tort, par le motif que des siècles d'expérience ont prouvé l'avantage d'un système de protection modérée. Ainsi les uns placent l'industrie au dessus de l'agriculture, les autres l'agriculture au dessus de l'industrie. Encore une fois, ils ont tort: ce sont deux éléments de prospérité qui ne s'excluent point, qui au contraire s'alimentent et ses outiennent mutuellement. Il convient dès lors d'en concilier les intérêts. Chose incontestable, toutes les théories absolument exclusives demeurent de pu res abstractions et ne passent point la pratique; de même leurs auteurs ne sont jamais devenus des hommes d'Etat sans avoir abdiqué ces doctrines chimériques. La vérité ne se rencontre que dans les milieux plus ou moins justes: hors de là tout est songe et mensonge. Dans ces mi lieux tous trouverez les vues les plus sai nes, les seules réalisables; dans ces milieux vous trouverez les majorités; les idées extrêmes ne parviennent qu'à rallier des minorités. Les écarts de la raison servent consolider son irrésistible empire. Tout ce qui s'éloigne de la raison n'a pas d'unité et par suite pas de consistance. Voyez les liberanx pur sang: les extravagants de Y Observateur sont débordés par ceux de Y Alliance-, la société de Liège se fractionne; MM. Rogier et Jacobs prêchent l'union du commerce, de l'industrie, de l'agriculture; M. Devaux répète sans cesse et sans lin qu'il faut repousser toute espèce de trans action. En présence de la démission des minis tres, certains journaux ont crié: il importe de gouverner avec la gauche en s'appuvani sur la droite; certains journaux ont ré pondu: il importe de gouverner avec la droite en s'appuyant sur la gauche. De ce qui précède, nous concluons, en adoptant Je même langage, qu'il est essen tiel de gouverner avec les centres en s'ap puyant sur la droite et sur la gauche. Une assemblée de commerçants et de notables a délibéré hier sur quelque me sure prendre dans le but d'accélérer la construction du chemin de fer de la Flan dre Occidentale. Un accident déplorable vient d'avoir lieu dans une ferme située près la ville. Deux garçons de dix-huit ans se chamail laient pour une fourche. L'un des deux porta uu coup de pied l'autre et la mort s'en est suivie. La justice a informé; le Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé s l'Éditeur Yprca. Le Propagateur parait le 8IMEM et le MERCHKBI de chaque semaine. PRIX BE8 HMERTIWIt. 8> centimes par ligne. Les ré clames, centimes la ligne. On s'abonne Ypres, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Boyaume. PRIX DE L'ABOlIXEHEtlT, par trimestre, Pour Ypres fr. Pour les autres localités Prix d'un numéro. VÉRITÉ ET JUSTICE. SUITE ET FIN. II. Le i<r décembre de la même aunée, le général de L.... était dans son cabinet et faisait réciter une leçon son (ils, leçon que le marmot débitait couramment disons-le sa gloire. Un valet de chambre annonça M. Cornette, et l'ex-brigadier entra clopiu-clopant. Eh bien mon ami, qu'avcz-vous fait de votre tricorne? Hélas! mou général, ce cbapeau-lâ est plus diiiicile gagner qu'un bonnet d'évéque. /VU! bah! Contez-moi donc vos affaires? Tristes affaires! je suis sur les dents. Et Bijou? Bijou demanda l'enfant. Bijou n'est pas plus heureux que moi, mon garçon, et nous sommes deux pauvi es bêtes ensemble,.. Mais vos deux protectrices Ah bien oui, ce sont deux patraques... Figurez-vous, mon général, que j'arrive Paris... Bon!... J'installe Bijou dans uue mauvaise écurie, et je bivouaque dans un mauvais grenier, je mange du mauvais pain, et Bijou du mauvais foin... bon... Ça ne durera pas que je me dis... brosse ma redingote, je cire ma béquillej'astique ma croix, je donne nn tour de manche mon chapeau, et je vais au ministère de la guerre... Bon, au moment d'entrer, voilà qu'un gros gaillard, babillé comme un bedeau, me barre la porte et me demande où je vais. Je vais chercher le ministre, pardieuue. •- Avez-vous une audience? Qu'est-ce que c'est ça, une audience Avet- vous la permission d'entrer ici Non. Eb bien écrivez, et demandez une audience au ministre. Cette réception me fit réfléchir; mais trop entêté pour lâoher prise, je vais trouver un écrivain public qui me bâcle une belle lettre, d'une écriture superbe. J'attends la réponse pen- daut huit jours, et au bout de ce teuips-là je reçois une invita tion très-polie, qui me flatte infiniment, et me donne tout espoir. Je retourne au miuistère, et le portier me laisse passer, cette fois... Apiès avoir traversé «les cours, des couloirs, des corridors, des antichambres, et drogué deux heures près d'un poêle, j'arrive près du ministre, qui me regarde des pieds a la tête... Dame, ça ma donné ia chaire de poule, car un minière, c'est pas pour rire. --Que demandez-Vous7 que voultz-voas, mon ami? Voilà que j'entame mou discoure, que je roule niuo chapeau, que j'entortille ma langue, que je bas la breloque, et que je dis un tas de bêtises où le ministre n'a rien dû comprendre, car le diable l'y serait perdu... Mais que demandez-vous, enfin? Je voudrais entrer aux Invalides. Où sont vos titres? Je montre ma béquille. Où sont vos titres? Je montre ma croix. Où sont vos titres? Quels titres? Vos papieis. vos certificats, vos recommandations. Je n'en ai pas. C'est bien, donnez votre nom mou secrétaire, et je penserai vous. Quand je vous disais que vous faisiez fausse route... Cou rage, cependant, ne désespérez pas, je vais faire tous mes efforts. Ah mon général, si vous réussissez, que bonheur pour l<; vieux Cornette! Imaginez-vous qu'en altaut (làner aux inva lides, j'y ai retrouvé deux anciens cuirassieis de mou réai- ment, deux fiers lurons de mou temps, deux ain's curages... Us sont là comme des C'érus, et si j'étais avec eux, mes der niers jours seraient bien doux, bien tiers, bien heureux! Kevehez me voir tous les deux jours, je vous dirai le résultat de mes sollicitations... Adieu.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1845 | | pagina 1