JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° 2960. Mercredi, 11 Février 1846. 29me année. La représentation que notre société de Rhétorique (de Icunst is ons vermaek) a don- îée le dimanche, 8 de ce mois, a été satis faisante sous tous les rapports. Les pièces étaient bien choisies les plaisanteries du vaudeville ont fait une agréable diversion aux accents sévères du drame. L'orchestre était occupé par la musique des pompiers. On observe que le spectacle flamand ne charme pas autant que le spectacle fran çais; il faut l'avouer avec regret, le peuple belge est peut-être le seul peuple de la terre qui ne place pas sa langue maternelle au dessus de toutes les autres langues. Notre éducation est presque toute fran çaise et nous n'aimons pas notre langue parce que nous ne la connaissons point. Si donc le spectacle flamand n'est pas bien compris, nous devons en accuser l'igno rance des auditeurs beaucoup plus que la diction des artistes. Nous aurons cepen dant la franchise de dire que nos amateurs laissent cet égard quelque chose désirer: la langue flamande exige un peu de len teur et beaucoup de netteté dans le débit; or il y a des déclamateurs qui n'émettent pour ainsi dire que des sons. Nous les en gageons prendre soin qu'ils articulent chaque mot, chaque syllabe, avec force et précision; alors quiconque est flamand sera obligé de les comprendre. Au surplus quelques membres de la société jouent avec UN JUGEMENT USE EXÉCUTION AU MEXIQUE. aisance, avec aplomb et avec entrain. Qu'ils s'exercent et ils feront de grands progrès. On nous écrit de Zonnebeke On a dit, dans un Journal quelcon que, que Mr Van Eecke, bourgmestre Zonnebeke, avait été l'objet de lâches ca lomnies. Nous ignorons qui peut en vouloir cet homme paisible et zélé. On voudrait faire entendre qu'il végète, par rapport son administration, dans une inaction complète et qu'il néglige totalement les intérêts de la commune. C'est là une rude tâche que ces vils détracteurs ont prise sur eux, et dont ils n'ont probablement pas calculé toutes les difficultés, pour ne pas dire l'impossibilité. En effet, qui revien dra l'honneur et le mérite de tout ce qui a été fait d'utile depuis 1850, époque laquelle Mr Van Eecke s'est vu mettre la tête de l'administration? N'est-ce pas lui qui contribua par son zèle, son influence et sa bourse, faire l'acquisition d'un vaste bâtiment, transformé après en école et manufacture de dentelles? N'était-ce pas sous son administration que fut rebâtie la tour de l'église et que furent fondues deux nouvelles cloches formant un accord avec celle qui s'y trouvait? N'est-ce pas lui, qui, voyant le dommage que causaient quelques espaliers plantés contre les murs de l'égli se, fit un accord avec le propriétaire, qui se servait du droit de prescription, pour qu'il les abattît? N'est-ce pas lui encore qui, ayant les yeux tout, fait actuellement mettreen culture quelques arpents de terre du bureau de bienfaisance, jusqu'ici in cultes, pour procurer de l'ouvrage aux indigents, et qui, de concert avec l'admi nistration communale de Langemarck, travaille pour obtenir l'autorisation de pouvoir commencer le plus tôt possible les travaux de la nouvelle chaussée, qui reliera la commune de Zonnebeke celle de Langemarck, afin de pouvoir occuper un plus grand nombre de bras oisifs? Depuis 1850 il a toujours été réélu l'una nimité, preuve irrécusable de la confiance illimitée que ses administrés mettenleD lui. Et de vils ambitieux, car, nous le savons, l'ambition et l'envie sont seules capables de forger de pareilles intrigues, croient pouvoir détruire la popularité de cet homme estimable par leurs dégoûtantes calomnies; mais, nous sommes assurés, qu'avant d'avoir pu consommer leur œu vre, leurs vues ambitieuses se seront éclipsées les unes après les autres. Ce n'est pas le dessein de réhabiliter le Bourgmestre de Zonnebeke dans l'esprit de ses administrés, qui nous a fait écrire ces lignes, nous jugeons cela inutile, mais l'indignation de voir qu'un homme si pai sible et si respectable soit exposé aux sarcasmes de quelque écervelé, qui rou girait de s'en avouer l'auteur. Plusieurs vols ont été commis Lange- Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur l'pres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IXSERTIOAS. 19 centimes par ligne. Les ré clames, S S centimes la ligne. On s'abonne l'pres, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'AROXXEMEXT, par trimestre. Pour Ypresfr. Pour les autres localités Prix d'un numéro. VÉRITÉ ET JUSTICE. 7FP.3S, H Février. ET (suite et fin.) Cependant après deux heures de recherches, l'alcade, qui avait élé chargé de la négociation, revint accompagné de trois exécuteurs improvisés. Seulement, il n'y en avait que deux qui eussent accepté les conditions du marché; le troisième, grand Indien eu cuivré, marchandait encore. - Quoique ce soit bien peu de quatre réaux pour payer la mort d'un homme, disail-iIje me conformerais cependant ce taux s'il sagissait de toute autre; mais Joachim Pacheco est mou ami mon ami intime même,... et je ne le fusillerai jamais moins de six réaux... C'est là mon dernier prix. Comme l'heure fixée pour l'exécution était déjà passée, l'alcade, sans se laisser arrêter par cet incident, ordonna le départ du cortège. La foule se mit en mouvement, et bientôt après apparut le condamné lui-même. Un quart d'heure après, le cortège arrivait l'endroit dé signé pour l'exécution. C'était sur les bords d'un large et lim pide ruisseau ombragé par une luxuriante végétation tropicale et au pied d'un arbre gigantesque, que le malheureux don Antonio V. avait été étranglé. A celte place même s'élevait en ce moment, le pied fixé eu terre, une croix en bois haute d'environ quatre pieds et garnie d'une espèce de banquette au tiers de sa hauteur. Cette croix, attachée ordinairement par une chaîne au mur delà prison et exposée comme épouvantail aux yeux de la foule, avait déjà servi plus d'une exécution, ainsi que l'attestaient ses extrémités toutes trouées de balles. Ou fit asseoir Pacheco sur la fatale banquette, et on lui fixa solidement le corps au poteau quant ses bras, ou les attacha également aux deux branches de la croix. Ainsi placé et crucifié et la poitrine bien découverte, Pache co, préparé la mort, commença d'une voix assez ferme Ses prières dernières. L'usage établi au Mexique est que, lorsque le condamné arrive au milieu du Credole piètre lui donne l'absolution haute voix, tandis que l'officier chargé de faire accomplir l'ex écution lève sou épée ou bien agite un mouchoir pour com mander le feu cette fois le patient non-seulement termina son Credo sans être interrompu par la mort, mais il récita même encore un Conjiteor et un acte de contrition. La cause de cette dérogation inusitée un usage si bien établi venait de ce que l'un des trois exécuteurs improvisés pour cette circonstance, ce même grand Indien dont nous avons déjà parlé, ne pouvait tomber d'accord avec l'alcade sur le prix. Je vous dis et je vous répète, s'écriait-il presque avec indignation, que je ne fusillerai jamais un ami pour moins de six réaux. Comme l'alcade s'entêtait de son côté et ne voulait tien changer sa première offre, on ne peut prévoir quel eût été le résultat de ce débat si le juez de letras n'y eût mis un terme par un acte de dévouement inouï. Que quelqu'un coure vite chez moi et en rapporte aussitôt la carabine et la cartouchière de Pacheco, qui se trouvent comme pièces de conviction suspendues au chevet de mon lit; cette carabine est une excellente arme que je ne donnerais pas pour trente piastres seulement, l'exécution terminée, on aura la bonté de me la rendre, car elle fait partie du dossier. Un homme cheval partit aussitôt ventre terre et revint avec la carabine si impatiemment attendue. A présent, continua le juez de letras en chargeant l'arme lui-même, quel est le garçon de bonne volonté qui veut gagner quatre réaux Plusieurs leperos (t'Y s'avancèrent en entendant celte propo sition. Le juez choisit parmi eux celui qu'il crut le plus déter miné, un ancien voleur de sa connaissance, et lui remit la cara bine et les quatre réaux. L'alcade, triomphant, ne put s'empêcher de dire l'Indien qui avait refusé ses propositions Eh bien José, tu vois que l'on peut se passer de toi 11 y a prix et prix, mais il y a aussi besogne et besogne, répondit José furieux de manquer cette bonne occasion; l'œuvre on reconnaît l'artisan; nous allons voir! (i) Leperoj homme de la plus basse classe du peuple.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1846 | | pagina 1