JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 2970.
Mercredi, 18 Mars 1846.
29me année.
7PRSS, 18 MARS.
monsieur l'Oiteur,
LE S CHIENS
DU MONT SAINT-BERNARD.
Quatre cents ouvriers sont en ce moment
occupés aux terrassements de la section
du chemin de fer de la Flandre occidentale
comprise entre Bruges et Thourout. La
compagnie concessionnaire a donné ses
instructions pour que les autres sections
soient étudiés simultanément.
Déjà un sousMogénieur et sop personnel
sont au travail sur la section de Courtrai
Ypres; ils doivent, sans désemparer, ter
miner tout ce qui est relatif cette ligne,
et la semaine prochaine, il est très-proba
ble que la section de Thourout Courtrai
sera mise également l'étude.
.7^
On s'.bonue Ypres, Grand'-
Place, M, vis-à-vis de la Garde, et
chez les Percepteurs des Postes du
Royaume.
PRIX DE l'ABOliEJlMT,
par trimestre,
Pour y prèsfr. 4
Pour les autres localités h 4 4»
Prix d'un numéro.
Tout ce qui concerne la rédac
tion doit être adressé l'Éditeur
Yprep. U frppagateqr parait
le et le MERCREDI
de chaque semaine.
PRIX DE» IKSERTMX».
11 centimes par ligue. Les ré
clames, >4 centimes la ligne.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Matou, le 14 Mars *84».
J'ai Phonneur de vous prier de vouloir bien
insérer dans un des prochains numéros de votre
estimable journal la mention suivante:
Hier a eu lieu ici avec beaucoup de solennité
l'installation des membres du conseil communal
élus le 28 Octobre dernier.
A neuf heures du matin, Monsieur Joye-Ghys,
nommé récemment Bourgmestre de la commune,
s'est rendu de chez lui, a la tête du conseil com-
munal, précédé de la musique locale et suivi
d'un détachement de pompiers, a la maison
commune où il a reçu le serment des conseillers
nouvellement élus.
Après cette formalité, le cortège s'est rendu,
dans le même ordre, h l'église où une messe
solennelle a été célébrée pour invoquer les grâces
et les secours de la divine providence sur l'ad—
ministration que ce nouveau Bourgmestre a été
appelé diriger.
Partout sur le passage, Monsieur le Bourgmes-
tre n'a cessé de recevoir des marques non équi-
voques de respect et de dévouement de la part
de ses administrés.
Dans cette circonstance, les pauvres n'ont
point été oubliés par leur nouveau chef et père
qui leur a fait distribuer ses frais huit sacs de
froment convertis en pain.
Suite et fin.)
Ces moyens d'investigation les mènent-ils h
quelque découverte? c'est avec une activité pas
sionnée et une sollicitude touchante qu'ils travail
lent a secourir la victime du froid et des avalanches.
Ils se sont bientôt creusé k travers les neiges une
route jusqu'à elle; ils lèchent sa face et ses mains
engourdis, la réchauffent du contact de leurs mem
bres; ilss'ahaisseut vers elle pour mettre k sa portée
les provisions suspendus k leur cou; ils l'aident en
la soulevant avec leur gueule, a se remettre debout;
ils s'efforcent de l'entraîner vers l'hospice. Si leurs
tentatives sont insuffisantes, ils poussent de longs
hurlements pour appeler a eux leurs compagnons
ou les moines, et si les secours n'arrivent pas, après
avoir pourvu autant qu'il est en eux k la sécurité
de leur protégé, ils partent de toute leur yitesse
pour le sommet de la montagne, et reviennent
bientôt ramenant quelques religieux k leur suite.
Aux jours d'avalanches et d'ouragans, la vigi
lance, l'activité redoublent k l'hospice, comme les
pilotes se disposent dans les ports aux approches
des tempêtes toute la communauté sort alors du
Ce n'est pas le premier acte de bienfaisance
que nous avons k signaler de la part de cet
honorable philanthrope, «Mitrequ'il a souscrit au
commencement de l'hiver pour 3oo francs en
faveur delà clause nécessiteuse,il a avancé gra-
tuitemeut au comité industriel une somme de
i,5oo francs k l'effet de le mettre k même de
continuer son œuvre charitable k défa.ut de
débouchés pour ses produits.
A midi, Monsieur le Bourgmestre a donné,
dans son château,au conseil communal, au clergé
de la commune et k quelques autres notabilités
un splendide dîner pendant lequel plusieurs
discours ont été prononcés, et des toasts portés
analogues k la circonstance, auxquels, Monsieur
le Bourgmestre a constamment répondu avec
l'affabilité qui le caractérise, qu'il n'avait rien
autre chose k cœur que de rétablir l'union et la
paix entre tous les habitants de la commune,
ainsi que la bonne intelligence entre l'autorité
civile et ecclésiastiqueque sa mission serait
9 toute de paix et de conciliation, que tous ses
actes tendraient k augmenter le bien être moral
et inarériel de cette belle commune, et qu'il
tacherait d'administrer ses concitoyens avec une
impartialité et une justice des plus récherchées;
mais qu'il ferait aussi fidèlement observer les
lois et les règlements d'administration intérieure
et générale, qui forment la stabilité et la pros-
périté des communes et des états.
Dans ('après diner, plusieurs divertissements
publics ont eu lieu. Les façades des maisonp
couvent; les chiens marchent k l'avant-garde, leur
prodigieuse sagacité pouvant seule reconnaître les
sentiers au milieu des brouillards et des tourbillons
de neige; les moines, soumettant le jugement hu
main k l'instinct animal, suivent aveuglement ces
guides; ils savent qu'ils les conduiront la où toutes
les routes seront les moins dangereuses, et là surtout
<1 y aura des voyageurs k sauver. Religieux et chiens
se mettent également a l'œuvre; les efforts se com
binent, se dirigent admirablement vers le même
but un sentiment commun, le désir de secourir un
homme en danger, fait seul ce coucert étrange, ce
merveilleux concours.
Pour que l'identité soit complète entre les deux
classes d'hospitaliers du mont Saint-Bernard, c'est
aussi au péril de leur vie que les chiens accom-r
plissent leur mission, et leur dévouement est aussi
un sacrifice. Malgré leur vigueur, leur intelligence
et leur courage, ils succombent quelquefois k la
tâche, emportés dans les précipices par les tour
billons ou ensevelis sous des monceaux de neige:
il n'est guère d'hiver où quelqu'une des cabanes de
l'hospice ne demeure vide. La campagne de 1819
a été surtout fatale k ces intrépides pilotes de la
montagne; ils tombèrent presque tous sur le champ
d'honneur, ou moururent accablés par les fatigues
extrêmes qu'ils avaient essuyées.
étaient décorées de chronograipmes et de guir-
landes, les couleurs nationales flottaient dans
différents endroits et de fortes détonations se
sont fait entendre par intervalles pendant toute
la journée.
Le soir il y a eu illumination spontanée et
générale.
Celte belle fête, favorisée par un temps
superbe, s'est terminée, dans l'ordre, la tran-
quillité et la gaîté les plus parfaits.
«Il est k espérer que les petites rivalités qui
pourraient encore exister et qui sont toujours
nuisibles au bieu-être général disparaîtront
bientôt et que tous les citoyens de Watou, saps
aucune exception, viendront se ranger sous la
bannière nationale l'union fait la forceJ
La renommée, si souvent muette pour les vertus,
n'a pas du moins manqué aux chiens de l'hospice
du mont Saint-Bernard. Leurs louanges proclamées
par des milliers de voyageurs qui éprouvent an
nuellement leur dévouement, retentissent depuis
longtemps dans toute l'Europe ils ont une place
d'honneur dans toutes les descriptions des Alpes,
et les poètes les ont souvent choisis pour objets de
leurs chants. Delille leur a payé la dette de l'huma
nité dans les vers suivants
Vous, donc, soyez bénis, animaux courageux
Que nourrit Saint-Bernard sur sou front orageux;
Vous quisous les frimas qu'uu long hiver entasse,
Des voyageurs perdus courez chercher la trace!
L'homme accourt vos cris, il enlève ces corps
Dont un froid homicide engourdit les ressoits.
Salul, des malheureux charitables hospices!
Et vous, nobles chasseurs, leqrs malheurs propices,
Ayez part mes chants. Trop soumise ses lois,
Votre race aide l'homme dépeupler les bois
Votre instinct dépravé seconde sa furiç
Elle donne la mort, vous conservez la vie.
On cite de nombreux exemples de personnes qui
durent la vie a ces bienfaisants animaux. Nous
nous contenterons de rapporter les deux anecdotes
suivantes
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