JOURNAL DÏPRESET DE L'ARRONDISSEMENT. No 2972. 29me année. TFP3S, 25 MARS. MARCHE DU CATHOLICISME. RÉVÉLATIONS SUR LA RUSSIE. [Suite.) On lit dans Y Indépendancedu 25: Nous disions hier que l'on pouvait considérer comme certaine l'acceptation, par M. Rogier, de la mission qui lui a été offerte pour la composition d'un nouveau cabinet. On assure, aujourd'hui, que l'honorable député d'Anvers serait tombé d'accord avec les hommes qui devraient entrer avec lui au pouvoir, sur les principes et les bases de leur politique. Le nouveau cabinet serait composé, dit- on, de MM. Rogier, Ministre de l'intérieur; De Brouckere, Ministre des affaires étrangères; De Bavay, Ministre de la justice; Del fosse, Ministre des finances; D'Hoffschmidt,Ministredes travaux publics; Chazal, Ministre de la guerre. On lit d'un autre côté dans YÉmancipa- tion du lundi Hier soir, M. Rogier n'avait pas encore On 8'abonue Ypres, Grand'- Place, 34, vis-à-vis de la Garde, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DR L'AHOXXKMEXT, par trimestre, Pour Ypresfr. 4—O© Pour les autres localités 45© Prix d'un numéro. Tout ce qui concerne la rédac tion doit être adressé l'Éditeur Ypres. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. PRIX DES IftSERTIOXS. 4 7 centimes par ligne. Les ré clames, SA centimes la ligne. VÉRITÉ ET JUSTICE. Une religion commence par enseigner qu'elle est la seule vraie parmi toutes celles qui se mani festent sur la surface du globe. Elle ajoute que pas un mot de sa doctrine ne changera jusqu'à la fin des temps. Ensuite elle formule ses dogmes et ses commandements. Par les premiers elle propose des vérités qui dès l'abord confondent la raison rebelle de l'homme; par les seconds, elle atteint la fois toutes ses passions, combat son orgeuil, ses plaisirs et son désir de posséder. Et néan moins elle apprend que quiconque opposera un de ses mystères le refus de croire ou seulement le doute, quiconque violera d'une manière grave ses préceptes sur un seul point, ne fût-ce que par l'omission ou la pensée, sera voué des supplices dont des millions de siècles n'abrégeront pas d'une minute la durée sans fin. Après avoir abaissé le mortel qui elle s'adresse jusqu'au dessous du néant, elle le tire de sa terreur, elle lui promet, s'il veut suivre le chemin qu'elle indique, mais qui est âpre, long et difficile, une gloire immortelle. En parlant ainsi, elle appelle elle tous lés peu ples, envoyant ses hérauts par tout l'univers, et s'assied paisiblement sur un rocexposé aux coups des vents et des flots. Aucune attaque, aucune peine, aucune force, aucune astuce n'ont été épargnées pour saisir, pour bâillonner et pour anéantir cette voix tantôt douce, tantôt menaçante que le catholicisme fait retentir au quatre points cardinaux, dans les vallées et sur les montagnes, dans les champs et dans les villes, l'oreille du savant prétentieux, du voluptueux sybarite et du candide enfant. Les tyrans ont usé leurs instru- Le crédit du comte Benkerdorff paraît dater des services qu'il rendit en conservant l'artillerie le 26 janvier 1825, jour si plein d'événements. On dit, qu'a l'exemple de son maître, il aime la justice, quand elle n'est pas en opposition avec la politique du gouvernement ouïes intérêts impériaux mal heureusement il n'est guère de circonstance dé pendante de leur décision l'un ou l'autre qui échappe cette double éventualité. Ce n'est pas un homme vénal, du moins ne voit-on pas qu'il s'occupe d'augmenter sa fortune autrement que par des avantages pécuniaires. Il est vrai que sous un maître dont la faveur peut d'un trait de plume faire et défaire des fortunes territoriales an gré de sa tonte-puissance, autant vaut peut-être se borner l'argent que d'avoir des terres et des esclaves dont la possession est toujours éphémère; peut être est-ce une manière plus sûre d'atteindre la richesse et d'en jouir paisiblement. Mais même en admettant qu'il ait fait le calcul, on peut encore trouver a louer dans son caractère; et certainement si la police secrète doit subsister, il est peu d'hommes ments de torture, les peuples ont épuisé leurs forces, l'incrédulité ricaneuse a répandu comme un vaste réseau ses sarcasmes, ses moqueries et ses témoignages d'une dédaigneuse pitié. Cent fois l'hérésie ou le schisme secouant un joug trop diffi cile a crié victoire, et chaque fois l'église sortant rayonnante des décombres fumant autour d'elle, a montré l'humanité étonnée qu'elle est réellement impérissable, puisqu'elle survit toutes ses bles sures. Elle a vu tomber l'empire romain qui s'était acharné contr'elle durant trois siècles, elle a fini par le conquérir tout entier; et pendant que Luther lui arrachait une partie de l'Europe, elle étendait sa domination au Mexique et aux Indes. La révolution française avec ses guillotines, ses temples de prostituées, ses démolisseurs de cou vents et ses joies sardoniques du décadi, a passé comme une averse locale qui lave le terrain, et comme un sommeil qui rajeunit. Devant ce génie qui se vante de rester le même, toutes les sciences passent sans pouvoir le convaincre de contrarier aucun progrès toutes au contraire lui sont rede vables des plus nobles inspirations. Tandis qu'on l'accusait d'ignorance et d'amour des ténèbres, l'esprit religieux méditait l'établissement eu Bel gique d'une université, de collèges et d'un grand nombre d'institutions répandant l'instruction tous les dégrés. Ralenti dans son essor par cette brutale indifférence qui sous le nom de libéralisme s'attache contrecarrer son activité bienfaisante, le catholicisme sans se rebuter jamais de l'ingra titude qui le poursuit, qui le vexe et le calomnie, s'en va semer la parole divine travers tons les périls dans les déserts de l'Orégou et dans les îles sauvages de l'Océanie. Méconnaissable dans un grand nombre de ceux qui lui appartiennent ici de nom, et qui font honte sa morale, il y revet de que les Russes voudraient voir sa place et beau coup qu'ils y redouteraient, comme une aggravation l'existence d'une telle charge et d'une telle ins titution. La haute police dont cet homme est le grand maître, est en apparence établie pour rechercher les complots contre l'Etat et le souverain, qui s'identifient l'un l'autre en Russie, comme dans les idées de Louis XIV; pour découvrir les abus dans l'administration de l'empire et, quand l'ac tion des lois devient impuissante, pour user de son pouvoir discrétionnaire en châtiant le vice ou le crime et en protégeant l'innocence et la vertu. On voit que ces attributions sont toutes dans l'intérêt de l'humanité et du bonheur universel, peu près comme les vues que la voix doucereuse de Robespierre exposait l'admiration de ses farou ches montagnards. En plaçant le comte Benkendorff la tête de cette institution, telle qu'elle est organisée, l'em pereur Nicolas lui a délégué sans réserve son autorité absolue sur tous ses sujets, parmi lesquels nous devons rappeler qu'est compromise même la famille impériale. Il n'est personne dans tout l'empire qui ne soit tenu d'obéir sans hésiter l'ordre de ce vizir connue uu ordre étnané de la grâce et de civilisation l'insulaire errant et aban donné, auquel l'Européen égoïste ne songe pas, mais que la Providence veut tirer de sa barbarie. Tel est le spectacle que nous voyons sous nos yeux, et que nous voyons depuis dix huit cents ans par les yeux de l'histoire. Toujours l'église a enseigné, et toujours son enseignement a été combattu; toujours elle s'est attristée de défections, et toujours des conquêtes nouvelles, ou d'heureux retours ont réparé ses pertes. bouche du czar, cette bouche qui fait, pour 60,000,000 d'hommes, des lois aussi strictement obligatoires que si la nation elle-même les avait préparées et approuvées en s'engageant les ob server. Un subdélégué de ce grand maître, sans autre marque distinctive que la livrée de la police se crète, s'il se présente, pendaut la nuit la plus profonde, devant une forteresse de la frontière, le palais d'un prince ou la demeure du premier magnat du pays, doit être admis l'instant même auprès du gouverneur du prince ou du noble. Le lit du mort ou du moribond et la chambre nuptiale ne sont pas même exceptés de sa visite. Il peut faire enlever tout individu quelconque dans un talega ou un tibilka, sans lui en donner la moindre raison, sans lui dire pourquoi on l'enlève, oû il va,quand il reviendra. La famille, les domestiques, les amis, tous sont obligés de garder le silence sur l'événement, et s'ils osent s'informer de son sort et de l'époque où il leur doit être rendu, ce sera seulement par voie indirecte, au moyen de quelque intermédiaire influent. Lorsque l'individu qui a subi ce traitement re vient, s'il revient jamais,il a été la campagne, a il a été absent pour affaire; fré-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1846 | | pagina 1