présenté au Roi la liste de son ministère. Il restait chez ses futurs collègues quelques hésitations écarter, et plusieurs condi tions du programme débattre entre tous. La journée tout entière a été employée en discussions. Les renseinements que nous avons re cueillis dans la matinée, confirment ceux que nous avons déjà publiés. La combi naison est composée comme nous l'annon cions hier. Le portefeuille de la justice est offert M. De Bavay, procureur-général près la cour d'appel de Bruxelles, qui n'accepte rait, ce qu'on dit, que sous condition. On attend avec une certaine anxiété les suites de la démarche qui doit être faite aujourd'hui par M. Rogier auprès du Roi. On peut regarder comme peu près certain que la condition essentielle du pro gramme qui sera soumis Sa Majesté, en même temps que la liste du nouveau mi nistère, est un engagement, ou quelque chose d'analogue un engagement, solli cité du Roi, relativement la dissolution des Chambres, pour le cas où la majorité, soit de la Chambre des Représentants, soit du Sénat, hésiterait soutenir quelque mesure capitale du cabinet. On n'a pas oublié que cette condition a déjà fait ob stacle la formation d'un cabinet par M. Rogier la suite de la démission de M. No- thomb, en juin 1843. Le programme renferme, dit-on, les ba ses d'un projet de loi sur l'enseignement. Une scène qui menaçait un instant de tourner au tragique, mais qui, heureu sement, s'est terninée d'une manière bur lesque, s'est passée Gand vendredi der nier le nommé Louis Passchier, condamné vingt ans de travaux forcés pour vol, était conduit au Marché-aux-Grains pour y être exposé au carcan, lorsqu'au moment de descendre de la fatale.charrette il par vint se dégager des mains des aides de l'exécuteur des hautes œuvres, fendre la foule et s'enfuir toutes jambes, suivi de près par l'exécuteur. Passchier se diri gea par la rue de l'Étoile et se proposait d'enfiler la rue Saint-Michel; mais le pont de ce nom était précisément ouvert, et le condamné, n'ayant pu s'arrêter temps, tomba dans le canal; l'exécuteur n'hésita pas s'y précipiter aussi pour saisir sa proie. Jusque là il n'y avait que sujet rire, mais la violence du courant entraînait au loin les deux lutteurs, et tout faisait craindre une catastrophe lorsqu'heureu- sement le caporal Philistan du 6e de ligne passant par le quai des Récollets avec un siquet pour relever la garde, s'élança 'eau, et parvint au péril de ses jours, es retirer de l'eau près du pont de l'entre pôt. Passchier fut reconduit au Marché- aux-Grains par son sauveur et attaché au carcan. On écrit de Bonn, que l'association de Saint Charles-Borromée, fondée il y a moins d'une année, pour la publication d'ouvrages catholiques, compte déjà plus de dix mille souscripteurs. Elle commen cera ses travaux par la publication d'une feuille périodique appropriée l'esprit de son institution, et qui sera gratuitement adressée chacun de ses membres. Le gouvernement de Varsovie fait connaître qu'on peut librement exporter le froment, mais que la farine du froment est défendue l'exportation, de même que le gruau. Le bruit était répandu le 19 que M. Dosne, beau-père de M. Thiers, receveur- général de Lille allait être destitué. Des lettres d'Italie donnent d'assez fâcheuses nouvelles sur l'état de plus en plus inquiétant de la santé de l'illustre maestro Rossini. FRANCE. Paris, 21 Mars. Un douloureux accident est arrivé ce matin sur le chemin de fer de Rouen. La commission chargée d'examiner le projet de loi portant allocation d'un crédit de 37,500,000 francs pour les fortifications du Havre est partie de Paris, 7 heures et demie ce matin, pour se rendre au Havre par un train particulier. Les membres de cette commission sont MM. le général d'Houdelot, le général Paixhans, de La- salle, de Chabaud Latour, le colonel Du mas, Allard, de Loynes et Ardant. MM. Guestier, pair de France, Rondeaux, dé puté, Joseph Perier et Barbet, maire de Rouen, et Boursy, directeur-général des contributions indirectes s'étaient joints la commission. A la station de Bonnières, ce train a ren contré la diligence des Messageries Géné rales venant de Falaise au moment où elle traversait la voie pour se placer l'arrière du train, montant de Rouen vers Paris, qui arrivait au même moment la station. Cette diligence a été culbutée, mise en morceaux. Elle contenait 22 personnes. Les trois voyageurs du coupé ont été lan cés terre. L'un a été tué sur le coup, c'est un tisserand de Mayenne; l'autre est un chef de maison de roulage de Falaise et sa femme qui ont été grièvement bles sés. Ils ne survivront pas leurs blessures. Quatorze personnes sont grièvement blessées; quatre sont sains et saufs. Le train de la commission de la chambre s'est quemment il ignore lui-inêmê les causes de sa séquestration mais il est rare qu'il confie ce qui lui est arrivé pendant le cours de cet événement, même a l'oreille de la plus intime amitié. Une dame, encore vivante aujourd'hui, descen dait de sa voilure en toilette de ballorsqu'elle fut tranquillement emmenée en traîneau; sa destination était la Sibérie. Arrivée au terme de ce long voyage, on la logea dans une cabane; elle ignora tou jours dans quelle région et dans quel gouvernement elle se trouvait. La cabai.e contenait deux pièces séparées l'une de l'autre, et dont chacune condui sait h une cour de quelques pieds carrés, entourée d'une muraille élevée qui ne laissait pénétrer que la lumière du ciel. Une sentinelle veillait au dehors, un geôlier silencieux lui apportait sa nourriture grossière elle resta la deux ans. Au bout de ce temps, la porte de la cour s'ou vrit, et un autre prisonnier y fut jeté; c'était un noble Polonais qui avait longtemps habité la cel lule voisine, et qu'on changeait le lieu pour faire place a un autre. Dans cette chambre ou cet autre elle vécut encore douze ans avec son malheureux compagnonignorant tout la fois et l'endroit de la terre qu'elle habitait et la cause de cette dé- Des militaires belges ont de temps en temps quitté l'armée en désertant, pour aller servir en Algérie. A ceux qui auraient envie de les imiter encore, nous soumettons la lettre suivante, qu'un jeune homme d'Ypres, a peine arrivé en Afrique, écrit ses parents. 0S.IX, *7 Février 1§K. Chers père et mère Je saisis la plume pour in'informer de votre santé. Si elle était mauvaise, ce serait pour moi une désolation de plus. Chers parents, je vous en supplie, informez-vous de suite s'il n'y a pas quelque moyen de me réclamer. Quelqu'un s'in téressera bien mon sortpuisque ma désertion de l'armée belge, est comme vous le savez, la pre-^ mière folie que j'ai faite de ma vie. Mon Dieu que je regrette un moment d'égarement!... N'at tendez pas de mettre tout en œuvre: car si je dois finir les cinq années de l'engagement que j'ai pris, dans ces déserts, je pense bien de ne vous voir plus janiasini vous ni mon pays. Je ne suis plus re— connaissahle depuis mon départ: vous ne recon naîtriez plus votre fils. Demandez conseil a M. le Bourgmestre sur ce qu'il y a a faire. Au cas que toutes vos démarches échouent, je n'ai d'autre espoir que d'avoir une jambe ou un bras emporté tention. Un malin sa porte fut ouverte; une voix appela le uuméro par lequel ses geôliers avaient l'habitude de la désigner dans les rares occasions où ils lui adressaient la parole. Elle sortit la porte se referma sur elle, sans qu'elle eût le temps de prendre congé de son compagnon qu'elle ne revit jamais; elle fut entraînée vers un traîneau elle refit un voyage de plusieurs mois, et une nuit elle se trouva dans le bureau du grand maître de la police. On tira d'une petite armoire et on lui présenta la même toilette de bal qui lui avait été enlevée la nuit de son exil les bijouxil est vrain'y étaient plus, mais il ne manquait ni un nœud, ni une fleur, ni un morceau de tulle sa friperie noircie et fa née; on lui restitua même l'éventail et le bouquet desséché, dans lequel une longue génération d'a raignées et de pucerons avaient fait leur nid. Elle fut ensuite remise en liberté. Cette dame ne connut pas plus la cause de sa grâce qu'elle n'avait connu celle de sa position. Comme on lui demandait si elle n'avait jamais cherché s'éclairer h ce sujet: Puis-je être res tée, répondit-elle, si longtemps en Sibérie sans avoir appris a être discrète? Et que dit-on lors de votre réapparition dans la société? Rien; dans l'un ou l'autre combat, et d'obtenir alors mon retour. Répondez moi, et affranchissez votre lettre; la misère où je suis réduit n'est pas dé crire. Ss. sécmmgie. Un nommé Martin vient de mourir, dit-on, h l'âge de cent douze ansa Tarbertdans l'île d'Harris. Cet homme, h l'époque de l'expédition du prince Charles-Edouard, était au service d'un certain M. Mac Leod, de Bernary, compromis dans cette affaire, qui fut forcé de se cacher durant quelque temps dans les rochers. Martin, fort jeune alors, fit, pendant plusieurs mois, douze milles chaque jour, pour aller porter des vivres a son maître. Peu de temps avant sa mort, cet homme faisait encore de longues promenades. Félix Boinmersomme incrusteurné h Liège, est décédé le 7 mars dernier, a l'âge de 3a ans. On lui doit attribuer les progrès sensibles qu'a fait l'art de l'incrustation dans le 19° siècle. catastrophe sur le chemin de fer de rouen. ceux qui m'avaient connue auparavant s'abstinrent de toute commentaire; et ceux qui demandaient: Qui est cette dame? d'où vient-elle? ou vivait elle? il fut répondu simplement Madame*** a passé plusieurs années dans ses terres. Il y a quatre ou cinq ans, un individa, qui avait quelques liaison avec les hommes au pouvoir, eut l'indiscrétion de raconter certaines anecdoctes re latives l'histoire des sociétés secrètessujet pé rilleux sur lequel il iaissa s'exercer sa langue trop librement. Un matin, un officier de gendarmerie se présente dans son salon, et, avec la plus exquise urbanité, le prie de le suivre la chancellerie du comte Benkendorff. Une visite de l'ange de la mort descendu sur terre ne produirait pas de plus forte impression de terreur que l'uniforme bleu-pâle des officiers ou soldats de ce corps, les sbires avoués de la police secrète. Il obéitcomme chacun est tenu de le faire en pareil cas; et, laissant sa famille dans la plus profonde consternationil monta eu traîneau avec le redoutable visiteur. Ce jour-là il ue revint pas, ni le lendemain, ni les jours suivants; cependant ses parents reçurent avis qu'il était sauf, qu'il avait des amis et des protecteurs puissants, et qu'ils le reverraient bientôt Ainsi se passèrent six mois d'angoisses; vers le

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Le Propagateur (1818-1871) | 1846 | | pagina 2