Le 25 4 heures, MM. de Brouckere et
Delfosse sont entrés dans la salle des séan
ces de la chambre; un grand nombre de
députés les ont tout aussitôt entourés; on
a su de la bouche de ces deux membres du
cabinet projeté que le Roi n'acceptait pas
le programme ministériel de M. Rogier, et
que tout était rompu.
La combinaison ministérielle de M. Ro
gier est venue échouer contre la volonté
royale. Voici pourquoi
Le programme de ce ministère reposait,
dit-on, sur cinq conditions, dont trois
étaient de la plus hante gravité; ce sont
Le droit de dissoudre les chambres
accordé de manière embrasser toutes les
hypothèses;
2° La démission éventuelle des fonction
naires, comme arme défensive contre ceux
qui se jetteraient dans l'opposition;
3° Le retrait de deux lois; celles du frac
tionnement et de la nomination des bourg
mestres en dehors du conseil. Il aurait en
conséquence fallu obtenir de la majorité
parlementaire actuelle qu'elle consentît
se rétracter.
Les renseignements que nous avons re
cueillis nous mettent même d'affirmer
deux circonstances importantes
Le refus du Roi a porté, non sur la com
position de la liste ministérielle qui lui
était soumise, mais sur le programme.
Parmi les membres désignés pour le mi
nistère en projet, il s'en trouvait au moins
un qui n'avait pas adhéré toutes les con-
ditionsdu programme. Delà sorte, la disso
lution de la combinaison était doublement
inévitable. Si pourtant elle fût arrivée
terme, l'opposition de quelques journaux
avancés était certaine au début, cause
du nom de M. de Bavay qui figurait sur la
liste. (Emancipation.)
Dans sa dernière séance la commis
sion royale des monuments a reçu com
munication d'une dépêche, par laquelle
M. le ministre de l'intérieur fait connaître
qu'adoptant la proposition de la commis
sion, le gouvernement, de concert avec
l'administration communale, complétera
la restauration du bâtiment des halles
Ypres, en faisant successivement exécuter
les statues nécessaires pour remplir les
niches de la façade de cet édifice. Les deux
premières statues représentant l'une la
patrone de la ville, l'autre une figure allé-
forique de l'industrie, sont confiées M.
iers d'Ypres, et M. Michot de Bruges.
La commission a décidé qu'elle rappel
lerait l'attention du gouvernement sa
proposition du 6 septembre 1044. relative
au phare de Nieuport construit il y a six
siècles, par le comte Guy de Flandre. Cet
antique édifice se trouve dans un état
complet d'abandon et s'écroulera prochai
nement, si on ne se décide y exécuter
quelques travaux de restauration. Outre
l'intérêt historique qu'il présente, sa con
servation est utile sous le rapport maritime:
on l'aperçoit de plusieurs lieues en mer et
il sert de point de reconnaissance aux
navigateurs.
Après avoir visité les travaux de res
tauration qui s'exécutent au beffroi de
Tournay, la commission s'est rendue
Menin pour y examiner le beffroi de celte
ville, dans la base duquel une crevasse
s'est manifestée il y a quelque temps.
Le lendemain, la commission a examiné,
sur les lieux, le projet pour l'agrandisse
ment de l'église de Cruyshaulem (Flandre-
Orientale), et s'est séparée, après avoir
minutieusement inspecté les travaux de
restauration en voie d'exécution l'hôtel
de ville d'Audenaerde.
Deux jeunes filles, domiciliés Rou-
lers, se sont rendues Lille il y a peu de
jourset y ont passé la nuit dans la maison
où logeait leur frère. Le lendemain, au
malin, elles ont quitté cette maison, et
aussitôt après leur départ, de nombreuses
traces de sang ont fait soupçonner l'ex
istence d'un crime.
La justice est intervenue, et le cadavre
d'un enfant nouveau-né a été trouvé dans
les latrines. D'après les renseignements
fournis l'autorité judiciaire de Courtrai,
des démarches ont été faites pour décou
vrir la retraite de la femme soupçonnée
d'avoir mis cet enfant au monde. Avant-
le maintient des lois barbares de la bonne Beth, (1)
et se sont déchaînés contre le Je'suites.
Ainsi l'intolérance brutale a emprunté ses argu
ments attx journalistes, aux romanciers, aux histo
riens, aux littérateurs du progrès libéral! Quelle
gloire pour le libéralisme! Quelle recommandation
pour le progrès Mais la raison et l'humanité ont
eu de nobles interprètes qui ont vengé les ordres
religieux injustement attaqués au parlement, indi
gnement calomniés par les catholiques du Consti
tutionnel et du collège de France. Et chose singu
lière presque tous les membres de la chambre des
communes qui ont pris la parole en faveur du bill,
ont flétri énergiquement les ouvrages d'Eugène
Sue. Les lords Morpeth et Manners, MM. Escott et
Borthwick, tous protestants, ont tenu le même
langage que les deux O'Connell.
Cependant que se passe-t-il dans les pays catho
liques ou le libéralisme domine?
En France, MM. Thiers et Dupin exhument
toutes les vieilles lois de persécution, et font dé
clarer par Ta chambre des députés que cette légis
lation rntolérante subsiste encore et doit recevoir
son application. Ils ameutent le journalisme et les
passions des rues co»tre les Jésuites, et forcent le
gouvernement épouser ferrr haine, a disperser les
maisons des Jésuites.
En Suisse, une Bande de Brigands, les corps-
francs recourent an fer et 'a la torche contre les
Jésuites. Et c'est encore un libéral, M. Thiers, qui
ose dire, en pleine chambre, que ses sympathies
sont pour les brigands persécuteurs.
En Espagne, les Jésuites ont été, qui ne se le
rappelle? massacrés ou bannis et dépouillés par les
libéraux révolutionnaires.
Le Portugal a imité les fureurs et les injustices
de sa voisine.
En Toscane, récemment encore, une émeute
libérale éclate comme une mauifestation contre
les Jésuites.
En Belgique, Verviers a ses septembriseurs qui
hurlent des chants de mort, d'atroces menaces
contre les Jésuites vainement protégés par la Con
stitution.Et c'est encore le libéralisme qui applau
dit a cette sauvage intolérance
En Belgique, ce sont les journaux libéraux qui
reproduisentkl'envi l'infâme Juif-Errant. Ce sont
les libéraux qui votent a ce cynique calomniateur
une médaille d'or! au nom des vrais amis de la
religion (2) Ce sont les libéraux d'Anvers qui
offrent une plume d'or a l'écrivain immonde.
(1) Éli:wbetb, reine d'Angleterre.
(o) Eutre autre» le Progrès d'Ypres.
le vrai et le faux ont la même chance de se faire
jour. Habituellement quelques vérités s'y mêlent
aux calomnies et h une manière d'an-anger les faits
qui les dénature entièrement, et tout cela reste au
dossier d'un individu pour être réuni contre lui,
si, avec ou sans intentions coupables, il donne
ombrage la police secrète ou qu'il encoure le
ressentiment de quelqu'un de ses nombreux
agents....
Le secret est le grand principe de la police. Son
esprit machiavélique aime mieux laisser mourir ces
malheureux dans les mines, dans les cachots, dans
les déserts, où ils ont déjà perdu tant d'années,
que de donner la société le scandale de leur
retour. Déjà, malgré toutes les précautions, trop de
vérités, trop de détails se font jour travers l'at
mosphère de brouillard et de silence qui enveloppe
la société moscovite. Si, en général, les hommes
sont trop enclius k oublier les infortunés, en Russie
la crainte et la politique frappent d'un oubli encore
plus prompt les infortunes dont le gouvernement
est l'auteur. Comme le fameux Masque de ferles
prisonniers et les exilés sont toujours inconnus
leurs geôliers ou a leurs gardiens; leurs noms n'exis
tent pas; ils deviennent des nombres. Les chan
gements politiques passent inapetçus pour eux s'il
En Belgique, ce sont les libéraux qui ameutent
sans.cesse la populace contre les Jésuites, qui ne
cessent de les calomnier.
En Belgique, ce sont les libéraux qui publient
des Mémoires pour prouver que la Constitution
n'autorise pas les Jésuites étrangers a enseigner, ni
même ii s'associer sur le sol libre du pays.
C'est en Belgique enfin qu'il se trouve des ca
tholiques qui n'ont pas honte de calomnier les
Jésuites, de concert avec les libéraux dont ils
recueillent des applaudissements honteux.
Quel contraste avec ce qui se passe en Angle
terre! Feuilleton Belge.)
en arrivait qui pussent les toucher ils ne les con
naîtraient pas; car lorsque de longues années de
douleur et d'iudignatiou ont fait place au sombre
désespoirau tranquille idiotismeil n'y a plus de
raison pour qu'au moment même de ces change
ments ils essaient, par quelque effort inaccoutumé,
de se rappeler au souvenir.
D'un autre côté, quan d l'État a ainsi disposé
d'un individu, le démon de l'espionnage cesse de
s'en occuper; les volnmineux in-folio auxquels ont
donné lieu ses actes et ses discours sont clos il n'y
a pas de raison pour qu'on aille de nouveau con
sulter sa liasse; des montagnes de manuscrits nou
veaux sur des hommes politiquement vivants s'ac
cumulent sur le sien et le recouvrent l'adminis
tration l'oublie alors finalement. Les gouverneurs,
les geôliers se succèdent; ils reçoivent héréditai
rement, avec leur charge, ces malheureux abrutis
par la misère et l'emprisonnementet dont ils
ignorent les noms, le monde a cessé de se les rap
peler eux-mêmes en doutent ou les ont oubliés.
Non-seulement le Russe est soumis cette ter
rible surveillance dans l'intérieur de l'empire, mais
k l'étranger, dans ses voyages, elle le suit connue
une ombre. Dans les salons de Paris et de Londres,
il tremble que l'œil de la police secrète ne soit fixé
sur lut. Les étrangers rient de ses terreurs; mais
une pénible expérience lui a trop appris combien
elles sont fondées. La police secrète traite k aussi
bon marché que possible des informations qu'elle
recueilledes espions qu'elle emploie mais elle se
les procure k tout prix. Par un système compliqué
et coûtenx par conséquent, elle s'est faite toute
yeux; les espions même sont espionnés. Les
missions diplomatiques du gouvernement russe,
bien choisies et grassement payées, sa seule branche
de service réellement efficace, sont surveillées
d'aussi près qu'elles-mêmes doivent surveiller les
Russes voyageurs.
Nous tenons d'une source dans laquelle nous
avons toute confiance qu'a Paris seulement cent
cinquante individus correspondent directement et
indirectement avec cette partie de l'administration
russe. Le paiement de la plupart de ces individus
et leurs fonctions apparentes concernent le minis
tère des affaires étrangères, que dirige le vétéran
Nesselrode; mais la splendeur du titre et l'impor
tance présumée de l'emploi ne les empêchent pas
d'être entièrement k la dévotion du grand-maître
de la police....